2ème dimanche de l’Avent A
Abbé Jean Compazieu | 29 novembre 2025Messagers du Seigneur

Pistes pour l’homélie
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La bonne nouvelle de ce 2ème dimanche de l’Avent c’est que Dieu a un immense désir de nous sauver. Il ne se contente pas de nous appeler de loin. Il envoie des messagers qui sont ses proches. Ces messagers de Dieu ont pour mission d’annoncer le Christ. Tout au long de ce temps de l’Avent, nous sommes invités à accueillir sa parole et à nous laisser transformer par elle. Le Seigneur attend de nous une réponse qui soit à la hauteur de l’amour passionné qu’il nous porte.
Isaïe (1ère lecture) s’adresse à un peuple qui vit une situation difficile. La population a souffert de la guerre avec les pays voisins. Elle a été humiliée et fragilisée par plusieurs défaites. Mais pour Dieu, rien n’est jamais définitivement perdu. Au nom de sa foi, le prophète réagit. Pour lui, le seul véritable roi c’est Dieu. Il part de presque rien pour faire surgir de l’inattendu. Isaïe nous parle de la “souche de Jessé”. Cette souche, c’est l’image de la désolation et de la mort. La Maison de David a été anéantie au moment de la destruction du temple. Mais Dieu gouverne le monde de manière imprévue. De cette souche morte, va naître un rejeton. Il assurera la paix au peuple mais aussi à l’humanité entière.
Ces paroles d’Isaïe nous rejoignent dans notre monde d’aujourd’hui. De nombreux chrétiens souffrent de la persécution. Le 20ème siècle a connu un grand nombre de martyrs. Et cela continue aujourd’hui. D’autres souffrent de l’indifférence dans laquelle ils baignent. La foi des chrétiens est tournée en dérision. Mais nous ne devons pas craindre cette dictature du relativisme et de la sécularisation. Rien ne peut étouffer le désir de Dieu qui est inscrit dans le cœur de l’homme” disait Saint Augustin. C’est sur lui que nous devons nous appuyer pour construire notre vie.
Dans sa Lettre aux Romains (2ème lecture), saint Paul nous invite à faire un pas de plus. Il rappelle aux chrétiens quels comportements ils doivent avoir en réponse à l’initiative gratuite de Dieu en Jésus Christ. Il insiste sur trois impératifs fondamentaux : méditer les Écritures, vivre dans l’unité et pratiquer l’accueil mutuel. Cette unité n’est pas à construire autour de nos idées ou de nos certitudes mais autour de Dieu. Pour servir cette unité voulue par Jésus, il importe que nous sachions nous accueillir les uns les autres comme lui-même a accueilli tous les hommes. Cet appel nous rejoint dans nos foyers, nos groupes, nos rassemblements. Nous ne serons vraiment crédibles que si nous sommes accueillants à la manière du Christ.
L’Évangile nous parle d’un autre messager de Dieu. Il s’agit de Jean Baptiste, le dernier prophète de l’Ancien Testament, celui qui a directement annoncé la venue du Messie. Sa prédication se passe dans le désert de Judée. Quand on va en pèlerinage en Terre Sainte, c’est par là qu’on commence. Le désert c’est le lieu de la conversion. La question n’est pas d’aller dans le désert de la Judée ni celui du Sahara. Aller au désert c’est une manière de dire qu’on veut se retirer loin des bruits du monde et des sollicitations publicitaires. On choisit de se dépouiller de toute chose superficielle pour ne retenir que l’essentiel.
C’est là dans le désert que Jean Baptiste intervient pour prêcher. Comme les prophètes qui l’ont précédé, il a un double langage : il est doux et encourageant pour les humbles, dur et menaçant pour les orgueilleux. Il ne s’en prend pas à des personnes ni à des catégories de personnes. Son but c’est de rejoindre chacun dans ce qu’il vit : rassurer les petits et réveiller ceux qui se croient arrivés. Il veut attirer leur attention sur des comportements. Quand il les appelle “engeances de vipères”, c’est pour les mettre en garde. Il veut leur montrer qu’ils sont de la même race que le tentateur du paradis terrestre. Ce temps de l’Avent nous invite à revenir à l’Évangile. C’est là que nous apprenons à regarder le monde avec le regard de Dieu, un regard plein d’amour et d’espérance.
“Produisez un fruit qui exprime votre conversion” nous dit encore Jean Baptiste. Prier tous les jours et aller à la messe c’est bien. C’est même indispensable. Mais les fruits que Dieu attend de nous, c’est aussi le respect des autres, c’est le partage avec celui qui a faim et froid, c’est aussi le courage de pardonner à celui qui nous a blessé ; c’est aussi lutter contre tout ce qui détruit une personne, un groupe ou une société. On nous parle parfois des armes de destruction massive. C’est vrai qu’elles existent et elles font mal. Mais celles qui anéantissent le plus notre monde, c’est l’égoïsme, l’indifférence, l’injustice sociale, les scandales financiers qui plongent les plus pauvres dans la misère. Préparer la venue du Seigneur dans notre vie et notre monde, cela passe par des gestes d’accueil, de partage et de réconciliation.
C’est dans ces gestes d’amour et de partage que nous reconnaissons la présence et l’action de l’Esprit Saint. Ils sont le signe que Dieu est déjà parmi nous. Nous aussi, nous sommes invités à l’accueillir et à accueillir tous nos frères. En ce jour, Jean Baptiste nous oriente vers Celui qui doit baptiser dans l’Esprit Saint et le feu. Par ce baptême, il nous donne une force extraordinaire de renouvellement et de recréation capable de saisir les plus grands pécheurs pour en faire des saints. Ce feu dont parle l’évangile c’est celui de l’amour qui est en Dieu.
En te suivant, Seigneur Jésus, nous sommes plongés dans l’amour de Dieu. C’est mieux que les sacrifices de l’ancienne alliance. Que cette Eucharistie nous permette de partager ce bonheur avec tous ceux qui nous entourent. AMEN
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« Préparez le chemin du Seigneur ; tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu. Que tout ravin soit comblé, toute montagne et toute colline abaissées ! Que les escarpements se changent en plaine, et les sommets, en large vallée !’ » (Isaïe 40:3-4)
Le prophète Isaïe exhorte le peuple d’Israël à se préparer à la venue du Messie. À présent, l’Œuvre de la Rédemption est pleinement accomplie par le sacrifice de Jésus sur la croix. Jésus est déjà là, parmi nous. Et Il attend d’être reçu. Le Temps de l’Avent nous invite à redécouvrir sa présence et à nous préparer à une véritable rencontre avec Lui. Désormais, c’est au cœur de nos déserts intérieurs qu’il faut tracer la route que le Seigneur emprunte pour arriver jusqu’à nous. Mais la voie semble bien obstruée. Il y a tant de choses qui occupent notre esprit et notre cœur au point qu’il ne reste aucun espace pour Dieu !
‘Préparez le chemin du Seigneur’, c’est faire place nette dans notre âme, la débarrasser de tout ce qui l’encombre pour accueillir dignement Dieu. C’est défricher notre cœur, le rendre plus aimant pour le Lui offrir pleinement. Une vraie transformation intérieure. Un travail de fond. Il ne s’agit pas simplement de voir nos défauts, nos excès, mais aussi de discerner sur quoi porter nos efforts pour mieux nous améliorer.
‘Préparez le chemin du Seigneur’, c’est Lui préparer un chemin lumineux à travers nos contrées les plus sombres. C’est aussi donner un nouvel élan à notre cheminement vers Dieu. C’est préparer une superbe rencontre entre deux impulsions qui s’attirent l’une l’autre. Le Seigneur se laisse trouver. Alors, cherchons-Le ! Le temps de l’Avent nous invite au ressourcement spirituel et à une révision de vie. C’est un appel à retrouver notre chemin vers Dieu et à mettre notre âme en harmonie avec Lui.
La quête de Dieu et l’effort à fournir pour réorganiser notre chemin de foi sont les points forts de l’Avent. Nous revisitons notre passé pour explorer un nouvel horizon. Cette attitude permet à la grâce de Dieu d’agir efficacement en nous. Il est temps de nous poser une question essentielle : ‘Est-ce que cette période va provoquer un changement dans ma relation avec Dieu, en rétablissant l’ordre dans mon âme, ou vais-je continuer à avancer sans but tout au long de ma vie ?’ Le temps de l’Avent nous invite à prendre le chemin vers la profondeur de notre âme, cet espace intérieur aux horizons si vastes, mais en partie encore récalcitrant et fermé à la grâce. Ce sera une nouvelle étape dans notre progression vers Dieu. Un nouveau souffle. Une nouvelle bouffée d’air pour repartir d’un bon pas à la suite de Jésus. Alors, mettons-nous en route ! Allons résolument à sa rencontre.
Le prophète Isaïe parle d’un monde nouveau. Un monde sans violence et sans haine. Une terre d’amitié et de fraternité. « Le loup séjournera avec le mouton, la panthère se couchera avec le chevreau ; le taurillon, le jeune lion et les bêtes grasses seront ensemble, et un petit garçon les conduira. » (Isaïe 11:6). Une métamorphose complète de notre monde, jusque dans ses instincts primaires. C’est précisément le message d’Amour et de Paix apporté par Jésus : vivre en harmonie avec tous ceux qui nous entourent. « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13:35). Aimer nos proches tels qu’ils sont, mais aussi toutes les personnes avec lesquelles nous ne nous entendons pas bien. « Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent. » (Mt 5:44). L’amour dans toutes ses dimensions. Un message fort de la Bonne Nouvelle !
Saint Jean Baptiste invite tous ceux qui l’écoutent à se mettre dans le bon chemin : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » (Mt 3:1). Il les exhorte à une conversion effective par des actions concrètes : « Produisez donc un fruit qui exprime votre conversion. » (Jn 3:8). Or, afin de garantir la production de bons fruits, il est indispensable de tailler l’arbre pour permettre à la sève de se concentrer sur un nombre restreint de bourgeons, les rendant ainsi plus vigoureux et plus productifs. En adoptant une vie simple, éliminons tout ce qui est superflu pour ne conserver que l’essentiel. « Jean portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. » (Jn 3:4). Bien sûr, nous ne pouvons pas mener une existence aussi austère, mais il est primordial de ne pas nous laisser submerger par un flot de besoins futiles. La clé du bonheur réside dans les petites choses de la vie. Vivons pleinement en toute simplicité !
À présent, Bethléem, c’est nous ! Jésus vient vers nous, ou plutôt, Il essaie de se frayer un chemin à travers nos multiples préoccupations pour nous atteindre. Il est même déjà au seuil de notre porte ! « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Apocalypse 3:20). Préparons notre humble demeure pour que Dieu puisse s’y installer confortablement. Ouvrons-Lui largement la porte de notre cœur et allons à sa rencontre !
Nguyễn Thế Cường Jacques