20ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 6 août 2022« Tu es mon secours, mon Dieu, ne tarde pas ! »
Homélie
Textes bibliques : Lire
Au premier abord, les lectures bibliques de ce dimanche sont assez déroutantes. Et surtout, nous risquons de mal les interpréter. Pour les comprendre, il faut se rappeler qu’elles nous renvoient à des périodes de persécution. Le prophète Jérémie a beaucoup souffert de la haine de ses adversaires, même dans son village natal. On l’a accusé de démoraliser son peuple. Mais le prophète parle de la part de Dieu. En lui, c’est comme un feu que rien ne peut arrêter. On a cherché à le faire mourir. Mais par l’intermédiaire d’un étranger (un Éthiopien), il sera sauvé.
Ce récit nous renvoie aux meurs des temps anciens. Mais nous voyons bien qu’aujourd’hui, ce n’est pas mieux. De nombreux chrétiens subissent les pires horreurs à cause de leur foi en Jésus Christ. Mais comme Jérémie et bien d’autres, rien ne peut les détourner de cette foi qui les habite. Ils ont compris que le Christ est “le chemin, la vérité et la vie”. Lui seul a “les paroles de la Vie Eternelle”.
La lettre aux Hébreux (2ème lecture) a été adressée à des chrétiens persécutés. Cette lettre leur montre les grands témoins de la foi qu’on trouve tout au long de l’Ancien Testament. C’est, nous dit l’auteur de cette lettre, “une foule immense de témoins qui nous entourent.” Mais le plus important pour nous, chrétiens, c’est de fixer notre regard sur Jésus. Il est le témoin toujours présent, celui qui a dit : “Je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin des temps” (Mt 28-20). Il nous précède sur le chemin que nous devons suivre. Avec lui, nous pouvons être sûrs d’arriver au but. Par son obéissance jusqu’à la mort sur une croix, il nous a obtenu la victoire sur toutes les forces du mal. C’est désormais le triomphe de l’amour de Dieu. Cette bonne nouvelle est un message d’espérance pour les chrétiens persécutés de tous les temps. Encore une fois, c’est l’amour qui triomphera.
Dans l’Évangile, saint Luc nous parle du feu que Jésus est venu apporter sur la terre. Non, il ne s’agit pas du feu destructeur. C’est le feu de l’amour passionné qui est en Dieu. Quand saint Luc écrit son Évangile, il mesure les conséquences de l’annonce de la bonne nouvelle, aussi bien dans le monde juif que dans le monde païen. Depuis le feu de la Pentecôte, cette annonce est comme une flamme qui se répand à toute vitesse. Dans le monde juif, elle paraît détruire l’édifice religieux. Dans le monde païen, elle est considérée comme une contagion déraisonnable.
L’incendie est tel que ceux qui deviennent disciples du Christ sont rejetés même par les membres de leur famille. “Chacun a pour ennemi les gens de sa maison”. C’est toujours vrai aujourd’hui. Des gens qui se convertissent au Christ sont obligés de fuir loin de chez eux. En annonçant cela, Jésus parle d’expérience. Lui-même a été rejeté par ses amis d’enfance à Nazareth. On a souvent cherché à le faire mourir. L’annonce du Royaume de Dieu peut nous entraîner à des déchirures douloureuses. Le feu allumé par Jésus conduit ses disciples à des choix radicaux.
C’est important pour nous. Si notre foi se limite à la participation à la messe du dimanche, nous ne prenons pas de gros risques. Il y aura peut-être des moqueries dans certains milieux de travail, de loisir et parfois aussi dans les familles. Mais dans de nombreux pays, ceux qui se convertissent à l’Évangile du Christ sont poursuivis, emprisonnés et mis à mort. Nous en avons tous les jours de très nombreux témoignages.
Tous ces hommes, ces femmes et même ces enfants qui sont morts à cause de leur foi au Christ nous interpellent : Qu’avez-vous fait de votre baptême ? Pourquoi restez-vous installés dans la passivité et la facilité ? Vis à vis de Jésus, il n’y a pas de compromis possible : ou bien on se tourne vers lui et on s’efforce de le suivre, ou bien on regarde vers soi-même, vers son seul profit… et alors le feu s’éteint.
Pour remplir sa mission l’Église a besoin de chrétiens vraiment passionnés de cet amour qui est en Dieu. François Mauriac disait : “Si vous êtes un disciple du Christ, beaucoup se réchaufferont à ce feu. Mais les jours où vous ne brûlez pas d’amour, d’autres mourront de froid.” Alors oui, laissons ici-bas nos cœurs s’embraser de cet amour qui est en Dieu pour le communiquer à tous ceux qui nous entourent.
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Sources : Revues Feu Nouveau et Fiches dominicales – Missel des dimanches et fêtes des trois années – Célébrons dimanche Assemblées la Parole Année C – L’intelligence des Écritures Tome 6 Année C (Marie Noëlle Thabut)
« Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. » (Lc 12:51) Une parole surprenante ! Quel message se cache derrière cet Évangile, car nous sommes habitués à entendre Jésus nous parler d’amour et de Paix. « La paix soit avec vous. » (Jn 20:19) dit-Il à ses apôtres. Une Parole maintes fois répétée après sa Résurrection. Il est Lui-même le repos de l’âme : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. » (Mt 11:28) Il bénit ceux qui contribuent à bâtir un monde plus fraternel : « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. » (Mt 5:9) Aujourd’hui, sa Parole nous laisse perplexe. Nous sommes bien loin du Messie qui vient offrir au monde la Paix de Dieu. Car la Bonne Nouvelle c’est l’Amour mais pas la division ! L’Amour de Dieu dans toutes ses dimensions.
Cependant, avec du recul et en synthétisant les enseignements des Paroles de l’Évangile, c’est bien la Paix que Jésus vient nous apporter mais avec une précision importante : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. » (Jn 14:27) Jésus nous apporte la semence de Paix et Il compte sur nous pour la semer partout. « Heureux les faiseurs de paix, il seront appelés fils de Dieu ! » (Mt 5:9) Cette Paix véritable demande de l’effort de construction. Elle a un prix à payer, car il existe des paix trompeuses, des sécurités bâties sur des compromis qui endorment, des ‘paix’ qui ne font que masquer les vrais problèmes ! Dans un monde où la liberté individuelle exacerbée et la raison du plus fort règnent en maître, il faut du courage et de la détermination pour construire la vraie Paix, une paix durable. La ‘division’ que dit Jésus n’est pas celle de la discorde mais une rupture volontaire pour œuvrer en accord avec un choix personnel, positif et éclairé. « Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois… » (Lc 12:52) Des fois, il nous arrive d’être confrontés à une situation qui nous oblige à choisir entre les valeurs de l’Évangile et les aspirations de notre cercle de vie. Un choix difficile car on doit s’opposer à la façon de vivre ou de pensée des personnes qu’on aime ! Nous devons lutter à contre-courant pour avancer dans notre chemin de foi. Un choix courageux en conformité avec la voie évangélique !
« Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » (Lc 12:49) De tout temps, le feu a été indispensable à l’activité humaine. Il représente une force considérable. Il éclaire et réchauffe… Dans la Bible, le feu est souvent associé au châtiment et à la purification, mais il symbolise aussi la présence continuelle de Dieu auprès de son peuple. Les Israélites devaient entretenir les lampes qui brûlaient du soir au matin en présence de Jéhovah : « Un feu perpétuel brûlera sur l’autel, il ne s’éteindra pas. » (Lévitique 6:6) Dans le Nouveau Testament, le feu est associé au renouveau. Ce feu brûlant rappelle aussi la chaleur de l’amour et de la présence divine : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » (Lc 24:32) se souviennent les deux disciples sur le chemin d’Emmaüs. À la Pentecôte, l’Esprit-Saint se rend visible sous forme de feu au-dessus des apôtres : « Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. » (Actes 2:3) Le feu que Jésus est venu apporter sur la terre est celui de l’Amour ! C’est bien ce feu que Jésus est venu déclencher dans notre monde, mais cela a entraîné bien des hostilités et Lui a coûté le prix du sang. C’est ce feu que Jésus voudrait qu’il soit déjà allumé !
Croire, c’est prendre position. C’est oser affirmer ses convictions. N’ayons pas peur de prendre parti pour Jésus. Soyons fiers d’être son disciple. Ayons de l’audace pour annoncer sa Bonne Nouvelle au monde : « Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. » (Mt 10:32) Saint Paul nous encourage : « Ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de pondération. N’aie donc pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur… » (2 Timothée 1:7-8) La fidélité que le Seigneur attend de nous n’est pas une détermination froide au nom des principes mais elle doit être portée par l’amour. Dieu nous appelle à changer notre manière d’agir, à travailler pour que la Paix et l’Amour règnent au sein notre propre famille pour se propager ensuite tout autour de nous. Cela exige beaucoup de courage et de ténacité de la part de chacun !
Nguyễn Thế Cường Jacques
” Heureux les faiseurs de paix, il seront appelés fils de Dieu ! » Remarquons bien que c’est au pluriel. La paix est construire ensemble
“Les Israélites devaient entretenir les lampes qui brûlaient du soir au matin en présence de Jéhovah” : Cette appellation “Jéhovah” est une mauvaise traduction de Yahweh ; Les bibles catholiques l’appellent “Le Seigneur”