23ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 25 août 2022Comment suivre Jésus jusqu’au bout
sans le souffle de l’Esprit ?
Avec un peu d’avance, voici l’homélie et des commentaires du 23ème dimanche du temps ordinaire : Lire sur la page “Préparons dimanche”
En fin de semaine, je serai au pèlerinage du diocèse de Rodez à Lourdes. Nous revenons lundi soir
« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. […] De même, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. » (Lc 14:26,33) Qui de nous n’a pas été interloqué en lisant ce passage de l’Évangile ? Une requête surprenante de la part de Celui qui est l’Amour qui se donne. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn 15:13) L’Amour inconditionnel jusqu’à l’extrême limite ! Alors, comment interpréter sa Parole aujourd’hui ?
Cela veut-il dire que l’amour familial et le bien-être personnel nous empêchent d’être dans l’intimité de Dieu ? Or nous savons tous combien le lien familial et la joie de vivre sont précieux dans la vie de chacun. C’est une source d’épanouissement et un coup de pouce non négligeable pour vivre notre foi chrétienne. L’harmonie familiale et sociale embaume l’existence. C’est un véritable tremplin vers Dieu. Elle illumine notre foi : aimer Dieu sans oublier le prochain. « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. […] Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Mt 22:37-39) Un double commandement de Jésus. Saint Jean insiste bien sur ce point : « Dieu, personne ne l’a jamais vu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et, en nous, son amour atteint la perfection. » (1 Jean 4:12) « En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. » (1 Jean 4:20) Suivre la voie de l’Évangile tout en parvenant à s’épanouir dans sa vie familiale est le souhait de tout chrétien. Aujourd’hui, Jésus nous demande-t-il de couper tous ces liens ? Y a-t-il une opposition entre l’amour familial et l’amour de Dieu, entre la joie de vivre et l’épanouissement dans la foi ?
Dans son enseignement, Jésus revient souvent sur des thèmes bien austères. Il nous invite à entrer par la porte étroite, à porter notre croix, à faire un choix radical si nécessaire. Une lecture superficielle des Évangiles pourrait nous donner l’impression que la religion est une voie rigide et contraignante ! L’Évangile de ce dimanche nous renvoie à l’appel de Jésus s’adressant à un jeune homme riche : « Vends tout ce que tu as, distribue-le aux pauvres et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi. » (Lc 18:22) Ce qui surprend tous ses auditeurs : « Ceux qui l’entendaient lui demandèrent : ‘Mais alors, qui peut être sauvé ?’ » (Lc 18:26) Telle est aussi la question que nous nous sommes posée aujourd’hui ! En réalité, bien loin d’opposer l’amour de Dieu à celui du prochain, en particulier à notre famille, Jésus ne cesse de nous dire à quel point ces deux amours sont indissociables. Néanmoins, Il insiste sur la hiérarchie dans ces deux amours. Une question de priorité. Jésus ne nous demande pas de délaisser notre famille ni de renoncer au bonheur mais à garder une distance suffisante pour que Dieu demeure le premier en toute chose. Mettre l’amour de Dieu à la source de tout.
Usé par l’épreuve ou stressé par le quotidien, qui de nous n’a jamais eu envie un jour d’envoyer valser son job pour aller explorer d’autres horizons ? Ce côté sombre de notre personnalité émerge de temps à autre. Mais tout quitter pour s’engager à construire un monde meilleur, c’est tout autre chose ! Aujourd’hui Jésus nous invite à Le rejoindre sur un chemin qui demande bien de sacrifices. Tout quitter pour une vie consacrée ou pour se faire proche des plus malheureux. Les exemples ne sont pas rares dans l’histoire de l’Église et aussi dans la société contemporaine. Un don de soi, entier et sincère, au service des autres ! Un chemin exigeant. Pour cela, Jésus nous recommande de prendre du temps pour faire un choix lucide avant de nous engager, surtout s’il s’agit d’un projet qui détermine notre vie. « Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? » (Lc 14:28) Bien réfléchir à la lumière de l’Évangile. Avons-nous mesuré les enjeux d’une telle décision ? Choisir de suivre Jésus nous amène parfois à des choix difficiles, à une véritable remise en question de notre attachement : famille, biens matériels et même notre façon de vivre. Un don de soi qui nous détache de tout ! « Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. » (Mc 1:18) C’est la réponse généreuse des premiers disciples à l’appel de Jésus ! Évaluons donc les efforts à fournir, mais une fois la décision prise, n’hésitons pas à mettre Dieu au centre de notre vie et à tenir jusqu’au bout nos promesses. « Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple. » (Lc 14:27) Porter sa croix, c’est donc accepter avec joie les conséquences de notre choix malgré les épreuves rencontrées sur notre route !
Être disciple du Christ, c’est quelque chose de beau qui donne sens à la vie, mais c’est sérieux, c’est exigeant… comme tout ce qui vaut la peine d’être vécu.
Nguyễn Thế Cường Jacques