31ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 23 octobre 2022
Qui que tu sois, Dieu vient à ta rencontre
Homélie
Textes bibliques : Lire
Il y a une grande correspondance entre la 1ère lecture (Livre de la Sagesse) et celle de l’Évangile : Toutes deux nous invitent à célébrer la miséricorde de Dieu. Il est là pour nous aider à sortir de notre situation de péché. Nous sommes tous appelés à nous convertir. Cette bonne nouvelle est pour nous le point de départ d’une grande espérance.
L’auteur du Livre de la Sagesse nous dit que l’œuvre de Dieu est bonne. Il précise que Dieu aime toutes ses créatures et qu’il patiente envers les pécheurs. Comme un bon pédagogue, il apprécie nos petits pas quand nous nous engageons sur la bonne voie. Ce texte nous montre que tout ce qui est bon vient de Dieu. Il insiste très fortement sur le fait que Dieu est amour. Il est source d’amour, de conversion et de générosité. Il est notre Sauveur. Il n’a aucun mépris pour ses créatures, même pour les plus grands pécheurs. La conversion est ouverte à tous.
Ce message est un avertissement très fort pour ceux qui voudraient déformer l’image de Dieu. Le risque est grand d’en faire une caricature. Les violences et les massacres commis au nom d’une religion ne sont pas voulus par Dieu. Les prêcheurs qui appellent à la violence n’agissent pas au nom de Dieu. Le vrai Dieu est amour, compréhension et miséricorde. Il est du côté de ceux que l’on fait souffrir. Il envoie son Fils Jésus pour chercher et sauver ceux qui vont à leur perte. C’est de cela que nous avons à témoigner par nos paroles et toute notre vie. C’est notre mission et notre responsabilité.
Dans sa lettre aux Thessaloniciens (2ème lecture) saint Paul nous rappelle que nous sommes tous appelés à la sainteté. Son message cherche à stimuler la foi des chrétiens. Dieu nous appelle tous à la foi au Christ et cet appel transforme notre existence. C’est important d’y réfléchir car il nous faut éviter les caricatures de la foi. Saint Paul met en garde les chrétiens contre les fausses rumeurs, les prétendues révélations sur la fin du monde. C’est sûr, le Seigneur reviendra, mais personne ne sait le jour ni l’heure. En attendant, nous devons rester fermes dans la foi et fidèles à notre baptême. Nous prions ensemble le Seigneur, en communion les uns avec les autres : oui, il viendra le jour du Seigneur.
L’événement qui nous est rapporté dans l’Évangile de ce jour est bien connu de tous, y compris dans les groupes d’enfants du catéchisme. Cela se passe à Jéricho, une ville païenne, une ville de pécheurs. Chaque fois que Jésus y entre, c’est pour en faire sortir quelqu’un, pour le sortir du péché et le ramener à Dieu. Jésus n’est pas celui qui accuse le pécheur, bien au contraire, il vient l’éclairer pour qu’il voie son péché et qu’il en sorte.
C’est ce qui va se passer avec le publicain Zachée. Il ne pouvait qu’être détesté par tous ces pauvres gens accablés par les impôts qu’il fallait payer à l’occupant romain. Il avait la réputation d’être intraitable et de profiter de sa position dominante. De plus en tant que chef des publicains, il était tenu pour responsable du comportement et des violences de ses collaborateurs. Sa position le rangeait dans la catégorie des pécheurs infréquentables.
Or voilà que cet homme a un ardent désir de voir Jésus. Il court devant, il monte sur un sycomore pour voir Jésus qui devait passer par là. À partir de ce moment, tout va se passer bien au-delà de ce qu’il avait prévu : Jésus s’invite dans la maison de Zachée ; cette décision provoque des remous. Les “bien-pensants” estiment que Jésus aurait mieux fait d’aller dans une bonne famille. Au lieu de cela, il va chez un voleur infréquentable. Pour eux, c’est un scandale. En ne voyant que le passé de Zachée, ils ne lui laissent aucune chance.
Nous aussi, nous pouvons être comme cette foule. Nous vivons dans une société qui n’a que mépris pour les gens de mauvaise réputation. Mais le Seigneur nous dit qu’il est venu pour chercher et sauver ceux qui étaient perdus. Le salut de Dieu est offert à tous, y compris dans les prisons. Chaque personne est très importante aux yeux de Dieu. Cela doit changer notre regard sur elles. Le chemin pour parvenir à ce changement de regard c’est la prière. À Lourdes, Marie dit à Bernadette et à chacun de nous : “Priez pour les pécheurs”.
Le même Christ s’invite aujourd’hui chez nous ; il vient nous apporter le salut de Dieu. En venant chez nous, il nous fait confiance bien au-delà de tout ce que nous pouvons imaginer. Il rejoint notre assemblée pour nous dire tout l’amour de Dieu pour nous pauvres pécheurs. Avec lui, c’est le salut de Dieu qui entre dans nos maisons. Il suffit que nous nous empressions d’accueillir le Christ qui frappe à notre porte. Que notre rendez-vous à la messe et à l’adoration nous transforme comme il a transformé le publicain de Jéricho.
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Sources : Revue Feu Nouveau, Cahier Prions en Église, Commentaire de Sœur Claire Patier, Pour la célébration de l’Eucharistie (Feder et Gorius), Lectures bibliques des dimanches C (A. Vahoye)
L’Évangile de saint Luc nous relate un magnifique épisode d’un face à face entre deux personnages que tout diffère : Jésus et un collecteur d’impôts. L’événement se passait à Jéricho. Ce jour-là, il y avait une foule nombreuse là où Jésus devait passer. Parmi le public enthousiaste se trouve Zachée, un riche notable récoltant l’argent pour l’occupation romaine. Un métier qui le fait détester par ses compatriotes. « Il y avait un homme du nom de Zachée ; il était le chef des collecteurs d’impôts, et c’était quelqu’un de riche. Il cherchait à voir qui était Jésus… » (Lc 19:2-3) Une belle rencontre qui a changé la vie de Zachée !
Ce jour-là, sans doute par curiosité, Zachée cherche juste ‘à voir qui est ce Jésus’ dont il a beaucoup entendu parler en bien ! Mais la foule est tellement dense qu’il n’y parvient pas. Quand on est de petite taille et qu’on est derrière tout le monde, c’est bien difficile, surtout quand il faut affronter l’hostilité de la foule. Alors, Zachée court. Il devance Jésus. Il repère avec précision l’endroit où Jésus devrait passer. Il monte sur un sycomore et attend son passage. Vraiment, il se démène pour voir Jésus. Son effort va être largement récompensé. Contre toute attente, les rôles s’inversent. Zachée cherche à voir Jésus, et c’est plutôt Jésus qui le trouve. C’est Jésus qui le distingue parmi cette foule compacte pressée autour de Lui. Deux regards se croisent, se transforment en dialogue et précipitent la rencontre. Alors, c’est Jésus qui prend l’initiative et l’appelle par son nom : « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. » (Lc 19:5) En lui offrant sa confiance, Jésus lui apporte une chance de métamorphoser sa destinée. La gratuité de l’amour de Dieu. Qui de nous n’a pas rêvé d’une telle rencontre, inattendue, et qui bouleverse notre existence !
Emblème de la réussite, tout à la fois envié et honni, Zachée a pourtant toujours un vide au creux de l’âme. Son désir profond n’est pas assouvi. La richesse accumulée ne le rend pas heureux. Il aspire à autre chose. Son désir exprime sa foi et son espérance. Zachée cherche à se rapprocher de Jésus, l’Homme juste, mais sa quête est entravée par la foule qui L’entoure. Depuis longtemps, il désire recevoir Jésus mais n’ose pas l’exprimer ouvertement. Sa démarche n’aura aucune chance d’aboutir ! Le fait de travailler pour la nation occupante l’écarte de toute vie sociale. Habitué au regard désapprobateur de la foule, Zachée a perçu dans le regard de Jésus quelque chose de différent, un accueil total. Jésus n’est pas venu que pour les justes mais aussi pour les pécheurs, comme il est dit à propos de Matthieu, cet autre publicain : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. » (Mt 9:12) En rencontrant Jésus, Zachée découvre qu’il a rendez-vous avec lui-même, cette part de sa personnalité qui était restée dans l’ombre. Désormais, il ne sera plus le même. Il a découvert qu’il est encore digne d’être aimé, qu’il est encore temps qu’il change de vie. Le profiteur avide d’argent devient soudain fraternel et partageur : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. » (Lc 19:8) Sans le juger, Jésus lui a ouvert les yeux et le cœur.
L’homme est un chercheur d’Absolu, même s’il avance à petits pas et d’une manière hésitante. Souvent ce désir reste un peu confus. À chacun sa sensibilité, ses possibilités et son questionnement. Le chemin spirituel est le fruit d’un désir d’amélioration et d’une aspiration de changement de vie. Un appel intérieur à donner du sens à sa vie. L’homme cherche Dieu, mais la plupart du temps c’est Dieu qui vient à lui. « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. » (Jn 15:16) Zachée voulait juste voir Jésus passer, il n’a pas fait une démarche particulière pour s’adresser à Lui. C’est Jésus qui l’interpelle et s’invite chez lui. Nombre d’entre nous désirent un face à face comme celui de Zachée. Une rencontre qui va transformer totalement notre vie ! Mais l’opportunité semble lointaine et les obstacles sont nombreux. Et comme pour Zachée, le contexte social ne nous aide guère. Le plaisir, la richesse, les honneurs miroitent et nous cachent le principal objectif, le vrai Bonheur ! Cependant, Dieu est toujours à l’afflux, même d’un petit désir ou d’une petite étincelle, pour se manifester. Sa grâce vient souvent à l’improviste. C’est à nous d’être prêts à l’accueillir !
En ce moment même, Jésus nous révèle son désir de venir chez nous : « Aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. » Dieu vient frapper à notre porte. Il veut s’inviter dans notre intimité ! Sommes-nous prêts ? Comme Zachée, quittons notre lieu d’observation. Descendons au plus profond de notre âme pour une rencontre décisive ! Là nous serons en mesure d’évaluer notre mode de vie. Nous verrons ce qui ne fonctionne pas bien chez nous. En invitant Dieu chez nous, notre vie sera illuminée par l’amour qu’Il nous apporte.
Nguyễn Thế Cường Jacques