Mercredi des cendres
Abbé Jean Compazieu | 17 février 2023
Rends-moi la joie d’être sauvé !
Homélie
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Nous voici parvenus au 1er jour du Carême. C’est une période de quarante jours pour nous préparer à la victoire de Pâques. Aujourd’hui, nous voyons Jésus s’adresser à des disciples rassemblés autour de lui sur la montagne. Les personnes qui ont un peu l’habitude de la Bible savent que la montagne c’est un lieu symbolique très fort. Nous pensons tous à celle du Sinaï quand Dieu a donné ses commandements à Moïse. C’est aussi sur une montagne que Jésus a donné son grand discours de la nouvelle alliance. C’est là que nous avons à le suivre pour accueillir son message.
Dans l’extrait que nous venons d’écouter, il commente les trois principales œuvres de la piété juive, l’aumône, la prière et le jeûne. Il nous adresse des paroles fortes : “Si vous voulez vivre comme des justes, évitez d’agir devant les hommes pour vous faire remarquer”. Ce mot “Juste” n’a pas le même sens que dans notre langage actuel. Il ne s’agit pas de l’équité, de la justice sociale pour laquelle on va parfois manifester. Aujourd’hui, Jésus nous parle plutôt de la droiture et de la rectitude. L’important c’est de marcher droit sous le regard du Seigneur et de se comporter comme un fils envers son Père.
Dans cet évangile, nous voyons Jésus aborder trois pratiques de la religion juive : l’aumône, la prière et le jeûne. Pour les croyants, c’était une manière de montrer leur fidélité au Seigneur. Faire l’aumône, c’est ouvrir son cœur à la pitié, c’est nous rendre miséricordieux. A travers cela, on cherche à ressembler au Seigneur qui veut le bonheur de tous ses enfants.
Par la prière, nous laissons Dieu nous ajuster à son projet ; nous disons : “Que ton Nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel…” Et nous attendons de lui qu’il nous enseigne les vrais chemins du Royaume. Par le jeûne, nous cessons de poursuivre ce que nous croyons nécessaire à notre bonheur et qui risque de nous accaparer.
Le problème dans ces pratiques, c’est la vanité de celui qui fait sonner les trompettes de la renommée. Il s’arrange pour que tous se rendent bien compte qu’il est un homme de prière et de bonnes œuvres. Il cherche à être admiré. Ses exercices de piété ne sont pas pour la gloire de Dieu mais pour sa gloriole personnelle. Nous avons tous à lutter contre cette tentation de nous valoriser aux yeux des autres, dans le domaine profane comme dans le domaine religieux. Pour nous prémunir contre ces dangers, Jésus recommande le secret. Cela ne signifie pas que la pratique religieuse doit être reléguée dans le domaine du privé. Ce qui nous est demandé, c’est de vivre sous le regard du Père et de tout faire pour sa plus grande gloire.
Au début du Carême, nous reconnaissons que tout n’est pas toujours très clair dans notre vie. La Parole de Dieu nous lance un appel à nous convertir. Ce mot “conversion” n’est pas à prendre seulement au sens moral ou religieux mais au sens littéral. C’est un véritable demi-tour que nous avons à faire. Il s’agit de retourner nos pas vers notre Dieu. C’est lui qui nous en supplie car il veut nous sauver de la perdition. Saint Paul nous le dit à sa manière : “C’est Dieu qui prend l’initiative de venir à la rencontre des hommes en la personne de Jésus Christ”.
Ce temps de Carême nous est offert pour nous aider à faire le tri et à discerner dans notre vie ce qui relève de la Lumière et ce qui relève des ténèbres. Le règne du péché et de la mort est arrivé à son terme. Détachons-nous de tout ce qu’il a engendré et tournons-nous vers celui qui est “le Chemin, la Vérité et la Vie”. C’est maintenant le moment favorable. C’est maintenant le jour du Salut. Le Christ est là et il nous attend pour que nous prenions la route avec lui. Prions-le pour qu’il nous donne d’avancer à sa suite dans la paix.
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Merci de nous aider a aimer et vivre comme Jésus