11ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 6 juin 2010
“Il a changé ma vie”
Textes bibliques : Lire
Un jour quelqu’un me disait : “Quand on lit les évangiles, on s'aperçoit que Jésus est souvent à des repas.” C'est vrai : soit il est invité, soit il s'invite, soit il invite lui-même. Ses hôtes sont de tout niveau social. Ils peuvent être nombreux ; dimanche dernier l'évangile de la multiplication des pains nous parlait de cinq mille hommes. Les repas sont en effet des moments que Jésus affectionne. C'est pour lui l'occasion d'apporter aux hommes son message d'amour. Il va chez les uns et les autres avec le même désir de leur bien. Aujourd'hui, nous le voyons chez Simon, un pharisien. La porte reste ouverte et n'importe qui peut entrer. Dans le cas présent, c'est pire que “n'importe qui” : Une prostituée se permet d'entrer et s'approche de Jésus.
Comme on peut s'en douter, cette entrée fait inévitablement sensation. Aux yeux de Simon, c'est une pécheresse. Sa place n'est pas ici. Et pourtant, elle s'avance au devant du Christ ; elle est en pleurs à ses pieds ; bien plus, elle les embrasse et les couvre de baisers et de parfums. Simon ne dit rien mais il est scandalisé. Il en conclut que Jésus n'est pas le prophète qu'il croyait. Nous n'avons pas à juger car, nous aussi, nous avons cette fâcheuse tendance à classer les gens dans des catégories en fonction de leur passé. Nous vivons dans une société qui juge et condamne ceux qui ont mal agi. Elle les enfonce définitivement dans leur réputation et ne leur laisse aucune chance.
Aujourd'hui, Jésus voudrait nous aider à changer notre regard sur ces personnes. Tout d'abord, il ne faut pas oublier qu'il voit mieux que nous ce qu'il y a dans le cœur de chacun. Il voit le péché, oui, bien sûr, mais aussi la recherche désespérée d'un amour authentique. Lui seul est capable de le donner. Il sait que s'il repousse cette femme, il l'enferme définitivement dans sa misère humaine. Il sait que pour la sauver, il doit lui révéler un Dieu qui l'aime. Alors, il l'accueille avec ce qu'elle est capable de donner. Et c'est l'éblouissement pour cette femme. Elle est enfin aimée pour elle-même. Comme saint Paul, elle peut dire : “Là où le péché a abondé, la grâce (l'amour) a surabondé.”
Ils sont nombreux ceux et celles qui peuvent dire de Jésus : “Il a changé ma vie.” Certains menaient une vie de désordre. Et un jour, le Seigneur est entré dans leur vie. Nous pensons tous à François d'Assise, au Père de Foucauld, mais aussi à telle ou telle personne qui a été bouleversée par une rencontre avec Jésus. Pour tous, cela a été l'occasion d'un nouveau départ. S'ils avaient été rejetés à cause de leur passé très lourd, ils ne seraient pas les saints qu'ils sont devenus. Ce changement a été rendu possible parce que des prêtres les ont accueillis au nom de Jésus. Mais le principal travail, c'est lui, Jésus, qui le fait dans le cœur de chacun.
Le même Christ vient frapper à notre porte. Il continue à vouloir sauver ceux et celles qui sont perdus et à leur proposer son pardon. C'est ce pardon qui donne à chacun la force de changer. Avec lui, désormais, plus rien ne pourra être comme avant. L'important c'est que nous nous laissions immerger dans cet amour qui est en Dieu Père, Fils et Saint Esprit. Prenons le temps d'accueillir les paroles que Jésus adresse avec délicatesse et fermeté à Simon. Même dans la vie des plus grands pécheurs, il peut y avoir du grand et du beau. C'est à partir de cette constatation que Jésus arrive à retourner des situations. Une fois de plus, il voit mieux que personne ce qu'il y a dans le cœur de l'homme.
Comme il l'a fait pour Simon, le Christ voudrait nous inviter à faire un pas de plus. Il voit nos relations tendues avec tel ou tel voisin, nos paroles violentes mais aussi nos silences méprisants qui peuvent être pire que nos propos. Enfoncer quelqu'un dans sa réputation et son passé c'est le rejeter. C'est absolument contraire au message de l'évangile. Quand Edmond Michelet a été dénoncé puis envoyé en camp de concentration, il écrivait à sa famille : “Il nous faut pardonner ; c'est la seule attitude qui soit digne d'un chrétien.” Lui-même, à son retour, a rencontré cet homme qui l'avait dénoncé et il lui a pardonné.
Comprenons bien, devant Dieu, nous sommes tous pécheurs. Nous avons tous quelque chose à nous faire pardonner. Or voilà que Jésus est venu. Il a été envoyé par le Père pour nous remettre nos dettes à tous. Celle que Simon traitait de pécheresse avait plus d'amour que lui. Ceux et celles que nous sommes tentés de mépriser en sont peut-être là. Alors oui, demandons au Seigneur qu'il ouvre nos yeux et notre cœur. Qu'il nous apprenne à ne jamais oublier la miséricorde qu'il nous a manifestée. Au lieu de juger les autres, chantons notre reconnaissance pour ce pardon qu'il nous a manifestée.
Un dernier point : les grands messages du Christ se passaient souvent au cours d'un repas. Et c'est toujours vrai aujourd'hui. Le Seigneur nous invite à la table de sa parole et à celle de l'Eucharistie. Si nous voulons être en communion avec lui, nous devons apprendre à regarder les autres avec le même accueil et le même regard d'amour que lui. Nous pensons à ceux qui sont dans ici cette église en même temps que nous mais aussi à ceux qui n'y sont pas encore. Et nous le supplions : “Toi qui es Lumière, toi qui es l'Amour, mets en nos ténèbres ton Esprit d'amour.
D'après diverses sources
Notre Dieu est un Dieu “pardonneur”. Oui, je sais, ce mot n’existe pas dans nos dictionnaires et c’est “impardonnable”.
Une Eglise pardonnée montre mieux son amour
Lorsque les historiens juifs de la Bible tentent d’expliquer pourquoi Israël, le peuple élu de Dieu, vit sous le joug des armées étrangères, ils portent toujours le même diagnostic : nous sommes punis parce que nous n’avons pas observé la Loi de Dieu (cf. 2 Rois 18, 12 ; 24, 3 ; etc.). C’est pourquoi, dans le sillage du mouvement de réforme initié par le scribe Esdras, des Juifs très pieux décidèrent de s’appliquer à la connaissance précise et à la pratique de toute la Torah, convaincus que seule l’obéissance intégrale aux lois et aux traditions rendrait à Israël sa liberté et permettrait la venue du Messie. On les appelait les Pharisiens – de l’hébreu « péroushim » qui signifie « séparés »- car leur application minutieuse de toutes les prescriptions les distinguait du petit peuple, incapable d’observer des exigences parfois pénibles. Certes parmi eux, il y avait quelques hypocrites mais en général, ces hommes faisaient preuve d’une grande droiture et ils veillaient soigneusement à éviter tout contact avec les pécheurs réputés « impurs » et infréquentables.
L’évangile de Luc, en ce dimanche, montre Jésus acceptant une invitation à aller manger chez l’un de ces Pharisiens nommé Simon (il y aura deux autres occasions : 11, 37 ; 14, 1). Celui-ci a sans doute envie de connaître ce prédicateur itinérant au sujet duquel courent toutes sortes de rumeurs : ce Jésus est-il un authentique envoyé de Dieu ? Si oui, pourquoi ne pratique-t-il pas l’ascèse comme Jean-Baptiste ? Ne dit-on pas de lui qu’il est « un glouton et un ivrogne, un ami des collecteurs d’impôts et des pécheurs ? » (7 ,34)
Pour comprendre la scène, il faut savoir que les banquets festifs se déroulent à la manière grecque : les convives sont allongés sur des divans formant demi-cercle et les plats sont servis par l’intérieur. Tout à coup un incident inattendu éclate: une femme se faufile subrepticement dans la maison ouverte et, par derrière, elle se précipite vers Jésus.
Elle apportait un vase précieux plein de parfum. Tout en pleurs, elle se tenait à ses pieds et ses larmes mouillaient les pieds de Jésus. Elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et y versait le parfum.
Surpris par cette intrusion inattendue, Simon et ses amis sont extrêmement choqués. Comment cette femme a-t-elle osé ? Et pourquoi Jésus tolère-t-il ces contacts odieux, ces gestes presque obscènes !
En voyant cela, le pharisien se dit en lui-même : « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu’elle est : une pécheresse ! »
Jésus remarque le scandale provoqué chez son hôte et il lui propose une parabole :
-Simon, j’ai quelque chose à te dire – Parle, Maître.
-Un créancier avait deux débiteurs ; le premier lui devait 500 pièces d’argent, l’autre, 50. Comme ni l’un ni l’autre ne pouvait rembourser, il remit à tous les deux leur dette. Lequel des deux l’aimera davantage ?
– C’est celui à qui il a remis davantage, il me semble.
– Tu as raison ! Tu vois cette femme ? Je suis entré chez toi et tu ne m’as pas versé de l’eau sur les pieds : elle les a mouillés de ses larmes et essuyé de ses cheveux. Tu ne m’as pas embrassé ; elle, depuis son entrée, n’a cessé d’embrasser mes pieds. Tu ne m’as pas versé du parfum sur la tête ; elle m’a versé un parfum précieux sur les pieds.
Si je te déclare que ses péchés nombreux ont été pardonnés, c’est parce qu’elle a montré beaucoup d’amour. Celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour ».
Et Jésus dit à la femme : « Tes péchés ont été pardonnés ».
Les invités se dirent : « Qui est cet homme qui va jusqu’à pardonner les péchés ? ».
Jésus dit à la femme : « Ta foi t’a sauvée. Va en paix ! ».
Il faut évidemment corriger la traduction liturgique qui donnerait à penser que Jésus pardonne à la femme parce qu’elle multiplie des gestes de gratitude : ce serait retomber dans le pharisaïsme qui s’imagine obtenir le salut par des œuvres. Au contraire cette femme a reconnu en Jésus le prophète qui apporte le Royaume de Dieu donc le pardon des péchés et, par conséquent, elle a osé cette démarche un peu folle. Elle était tellement éblouie, émerveillée, bouleversée par la grâce reçue qu’elle tenait à manifester sa gratitude sans nul souci des convenances. Simon, au contraire, en bon pharisien vertueux, n’ayant guère à se reprocher, avait reçu Jésus comme « un maître » avec une politesse correcte et en tout cas pas comme quelqu’un autorisé à lui offrir le pardon de Dieu ! « Celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour ».
Saint Luc – sans doute lui-même un converti – se plaît à raconter la folle joie qui saisit cette femme et le paralytique (5, 25) et Zachée (19, 6)… et tant d’autres, libérés de leur prison par grâce. L’évangéliste aime montrer Jésus à table : s’il mange avec des pécheurs, ce n’est pas qu’il approuve leur conduite mais il s’approche d’eux afin de leur montrer qu’ils ne sont pas des condamnés et qu’ils peuvent être sauvés, délivrés du mal. Le banquet chez l’ex-publicain Lévi est le banquet de noces de l’Epoux qui refait alliance avec une communauté de pécheurs pardonnés (5, 33). Le père offre un festin dans la joie d’accueillir son fils prodigue…mais là aussi l’aîné (le pharisien impeccable) se braque et refuse (Luc 15)
LA MESSE : UNE COMMUNAUTÉ DE PÉCHEURS PARDONNÉS.
Ce texte nous interpelle : nous considérons-nous comme « des gens bien », d’honnêtes pratiquants qui se contentent de répéter du bout des lèvres « Seigneur prends pitié » sans réaliser la faveur extraordinaire du pardon ? Pourquoi la miséricorde du Seigneur nous laisse-t-elle de marbre ? Pourquoi n’exprimons-nous pas mieux notre allégresse pour ce don immérité ? Ne serions-nous pas des pharisiens : peu pardonnés donc aimant peu ?
Comme la belle demeure de Simon, « le séparé », l’intègre, nos assemblées de demain seront secouées par l’arrivée de convertis, de gens que l’on n’attend pas, d’hommes ou femmes longtemps souillés par des fautes graves et qui ne pourront retenir leur joie d’avoir été extraits des ténèbres du mal. Ils « montreront beaucoup d’amour » parce qu’ils auront été beaucoup pardonnés ! Nos paroisses seront-elles scandalisées ? Il ne faudra plus qu’il y ait des « séparés » soucieux de se préserver des « mauvaises fréquentations ». Ensemble nous chanterons la Bonne Nouvelle : tous, nous sommes gratuitement aimés.
La conscience d’être pardonné vaut mieux qu’une collection de vertus.
« Dieu ne nous aime pas parce que nous sommes bons et beaux :
Dieu nous rend bons et beaux parce qu’il nous aime »
Saint BERNARD (phrase souvent citée par Luther)
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DES FEMMES DISCIPLES
Ensuite Jésus passait à travers villes et villages, proclamant la Bonne Nouvelle du Règne de Dieu. Les Douze l’accompagnaient ainsi que des femmes qu’il avait délivrées d’esprits mauvais et guéries de leurs maladies : Marie appelée Madeleine (qui avait été libérée de 7 démons), Jeanne, femme de Kouza, l’intendant d’Hérode, Suzanne et beaucoup d’autres qui les aidaient de leurs ressources.
Jésus poursuit son itinérance et Luc signale qu’il a comme disciples non seulement les Douze mais aussi des femmes ! Initiative tout à fait unique dans la société de l’époque. On les retrouvera près de la croix (alors que les apôtres se sont enfuis – 23, 49), et lors de l’ensevelissement (23, 55). Le lendemain du sabbat, elles viendront très tôt au tombeau avec des aromates et recevront, les premières, l’annonce de la Résurrection (24, 1) – nouvelle que les hommes-apôtres traiteront d’abord de délire ! (24, 11). Puis Luc mentionnera leur présence au cénacle où tout le groupe est rassemblé afin de recevoir l’Esprit-Saint (Ac 1, 14). Les «Actes des Apôtres » et les lettres de Paul signaleront la présence et l’action des femmes dans les premières communautés.
Il y a 45 ans, le concile Vatican II déclarait :
« Comme de nos jours, les femmes ont une part de plus en plus active dans toute la vie de la société, il est très important que grandisse aussi leur participation dans les divers secteurs de l’apostolat de l’Eglise » ( Apostolat des laïcs – § 9 )
Les quelques progrès réalisés en ce sens seront-ils suivis de décisions et d’initiatives plus importantes ? La place des femmes dans l’Eglise reste une question ouverte : sujet de prière et de réflexion pour ce dimanche.
Raphaël D, dominicain
Oh oui, Père Jean, Dieu est un Pardonneur ! D’ailleurs, la prochaine fois que je vais me confesser, j’avouerai au Père B, un péché dont j’ai particulièrement honte. Il s’est passé il y a une vingtaine d’années au moment où je ne reconnaissais pas Dieu. Mais rassure-toi, je n’ai trompé ni tué personne !
Je trouve que Marie – Madeleine était une femme libérée. Mais le Seigneur lui a révélé non pas “l’amour libre” mais l’amour qui rend libre. C’est l’amour qui est gratuit et qui ne s’achète pas. En fait, elle a choisi d’aimer autrement et c’est pour cela qu’elle est pardonnée.
Que je suis heureuse depuis que le Seigneur habite mon cœur ! D’une part, il y a des PECHES QUE JE NE COMMETTRAI PLUS JAMAIS, j’en suis certaine autant que je suis vivante et d’autre part j’aime ma fille Delphine du mieux que je peux malgré son entêtement à ne pas vouloir se soigner.
Il y a quelque chose qui m’intrigue : n’est-ce pas faire référence à Marie – Madeleine quand on utilise l’expression “pleurer comme une Madeleine ?” je serais curieuse de le savoir.
Jésus est merveilleux : Il n’occulte pas le péché mais N’Y RÉDUIT JAMAIS LA PERSONNE. Il regarde au-delà des apparences.
J’ai compris aussi qu’il faut que je cesse de me focaliser sur mes pauvretés, sinon je deviens sourde au murmure du Seigneur qui me dit : “REGARDE-TOI DANS L’AMOUR QUE J’AI POUR TOI.
Voilà c’est tout pour aujourd’hui. Mais je veux ajouter sans faute, que je lis désormais les homélies du dominicain R.D., ce que je ne faisais jamais auparavant. Il m’apporte un autre éclairage de l’Evangile.
Seigneur, merci de tout coeur pour la MAGNIFIQUE PAIX QUI M’HABITE EN CE MOMENT.
Portez-vous bien !!!
Christiane
11ème Dimanche ord.
Les fêtes récentes du Sacrement du Corps et du Sang du Christ, puis du Sacré Cœur de Jésus, nous ont rappelé l’amour de Dieu-Amour dont nous goûterons l’immensité qu’après avoir quitté ce monde. Redit aussi l’appel du Seigneur Jésus, à le rejoindre, lui ouvrir nos cœurs, marcher à sa suite, à son exemple, pour bâtir un monde meilleur.
Dans la liturgie nous entrons dans les dimanches dits « ordinaires », non pas pour demeurer dans une condition ordinaire, sans soucis, sans préoccupations, sans engagements de vie. Nous avons de plus en plus à devenir des chrétiens lucides, avides de vérité, de justice et de paix, sachant que la montagne de Dieu, pour la gravir, nous demande courage, efforts, générosité, pour aimer fidèlement à l’image de Jésus. Il a passé par la croix pour rejoindre le Père, le même don de soi doit s’inscrire en nos cœurs.
Chaque dimanche soyons fidèles à la messe. Sont présentées les exigences divines, celles de l’amour et de la joie. Plus qu’un devoir à respecter c’est une rencontre amoureuse ! Elle demande de nous bouger ! conversion toujours à reprendre. C’est l’esprit de ce dimanche ! Inutile de fermer les yeux, de tourner nos regards uniquement vers ce qui nous plait. Nous sommes peuple de pécheurs. Nous l’affirmons à chaque messe.
Il n’y pensait pas le roi David, mis en cause dans le livre de Samuel (1ère lecture). La beauté de la femme d’un de ses soldats l’a séduit. Pour s’unir à elle, en faire son épouse, il n’a pas hésité, avec ruse, à faire tuer le mari de cette femme. Dieu a vu la gravité de son péché. Il en sera puni, toutefois sans condamnation à mort. Devant Dieu David reconnaîtra sa faute et en demandera pardon. Pardon accordé puisqu’il continuera sa fonction de prophète et de roi. C’est dans sa descendance d’ailleurs que le Messie, en Jésus, prendra naissance. A l’image de David, avec autant ou moins de gravité, combien d’hommes et de femmes, mêmes des saints, ont connu des chutes dans le péché vis à vis de Dieu ou de leurs frères humains. La Bible en abonde.
Le Psaume 31 est le cri d’un pécheur pour être pardonné par Dieu, mais aussi l’expression de la joie de recevoir son pardon : « Heureux l’homme dont la faute est enlevée, le péché remis ». « Hommes droits (on le devient) chantez votre allégresse ! »
L’Evangile (Luc 7, 36-8,3) nous donne une leçon de sagesse. Jésus est invité à un repas chez un pharisien, Simon. Comme cela peut se passer en son époque, voilà qu’une femme, pécheresse connue comme telle, se présente et vient verser du parfum sur ses pieds, geste de profonde affection. Simon juge incongru le geste d’une telle femme. Jésus alors lui fait un récit : celui de deux débiteurs d’un même créancier. L’un lui doit une très forte somme, le deuxième une somme bien modeste. Généreux le créancier remet la dette aux deux débiteurs. « Lequel des deux l’aimera davantage ?» questionne Jésus. « A qui il a remis davantage » considère le pharisien. « Tu as raison » réplique Jésus. Il fait cependant ensuite la comparaison entre la conduite de cette femme et l’accueil de Simon, guère en faveur de ce dernier. « Si ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, c’est à cause de son grand amour, mais à celui à qui l’on pardonne peu, montre peu d’amour ». « Ta foi t’a sauvé » dira Jésus à la femme.
Enseignement de cet Evangile ? Ne pas juger les personnes, même mal cataloguées – faire la vérité sur soi-même – Dieu seul peut pardonner : il le fait par le Christ Jésus et maintenant avec les sacrements de baptême et de réconciliation en son Eglise – la place de l’amour est essentielle dans l’obtention du pardon.
C’est ce que proclame St Paul (2ème lecture) : l’acquisition d’un cœur juste s’effectue dans la foi au Christ, et non dans la loi. « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi ». Que l’Esprit Saint et Marie nous obtiennent une utile conversion pour une vie authentique d’enfants de Dieu.
11e dimanche dans l’année C
C’est du péché dont il est question ce dimanche. Le péché de David d’abord, et puis celui de la pécheresse qui s’invite au repas de Simon le pharisien.
Le péché de David est bien réel. Il a vu une femme très belle, il l’a voulue pour lui, il a péché lucidement avec elle. Et puis, il fait assassiner son mari. Il ne faut rien nier de ce crime abominable, et pourtant il n’enlève rien à la droiture de David. Foncièrement il reste droit. Nous faisons tous l’expérience qu’il y peut y avoir une très grande bonté en nous, et parfois aussi une méchanceté véritablement diabolique. David est droit, parce que justement il va reconnaître sa faute avec simplicité. Souvent, lorsque nous avons fait le mal, nous tentons de nous excuser par mille raisons. C’est manquer de droiture, ce qui est beaucoup plus grave encore que le péché.
« David dit à Nathan : J’ai péché contre le Seigneur. » Il prend conscience que c’est vraiment le Seigneur qu’il a offensé. Quand je manque à une loi, ce n’est pas seulement à une loi que je manque mais à Celui qui m’a donné la Loi et qui me l’a donnée par amour. Je manque donc d’amour à celui qui m’a donné la Loi. David a déjà parfaitement saisi cela, mille ans avant Jésus.
Ne soyons jamais déçus, jamais étonnés de nous sentir capables de faire ceci ou cela. David est un homme qui s’accuse avec humilité. Ne serait-ce pas le manque de pauvreté spirituelle qui est la cause de nos difficultés à nous approcher du sacrement de pénitence ? Nous n’avons plus le sens du péché, nous ne croyons pas assez à la valeur du sacrement comme acte d’un Dieu amour qui vient nous aider…
« J’ai péché contre le Seigneur ! » On a dit très justement que le monde a perdu le sens du péché, parce que le monde a perdu le sens de Dieu. Moins nous aurons le sens de Dieu et moins nos manques d’amour nous apparaîtront comme des péchés. Moins nos péchés nous apparaîtront des manques d’amour, plus nous perdrons le sens de la confession. Le sacrement de confession offre l’occasion de se mettre davantage en présence du vrai Dieu de la Bible. Ce qui est important, ce n’est pas d’accuser x péchés, mais de rencontrer l’amour et d’y croire, d’être décidés – tout en sachant que nous retomberons peut-être le soir même -, d’être décidés à aimer. Il ne faut pas tellement se confesser pour changer mais pour rencontrer l’amour.
On va se confesser parce qu’on aime le Seigneur et qu’on a besoin du Seigneur pour continuer sa route. On sait très bien qu’on retombera ! Pourquoi ne pas accepter de rester pauvres ? Nous voulons être satisfaits de faire des progrès. Quand je médite qui est Dieu, je ne peux plus m’étonner d’être un pauvre. C’est parce qu’on ne connaît pas Dieu qu’on n’accepte pas d’être pauvre. Devant l’infinie sainteté, que voulez-vous que je sois sinon un pauvre ! C’est bien là l’erreur de Simon le pharisien, qui pense que ses mérites lui donnent des droits sur Dieu… Rien de notre pauvreté ne doit nous étonner, dans aucun domaine. Nous voyons bien que nous sommes orgueilleux quand des faiblesses nous étonnent : « Je n’aurais jamais cru que je pouvais en arriver là ! ». La plus grande force de notre vie spirituelle, c’est notre pauvreté. Le vrai pauvre est assez prudent pour ne jamais trop se séparer de son Dieu parce qu’il sait qu’il en a besoin. Il sait tellement que seule la force de Dieu peut l’aider.
C’est ce qu’a découvert cette pécheresse, dont Luc ne précise d’ailleurs pas la faute. Elle s’est sentie aimée par Jésus jusque dans son péché. Ce ne sont ni ses larmes ni le prix élevé du parfum qui l’ont fait aimée de Dieu. C’est parce qu’elle se savait totalement insolvable, c’est parce qu’elle était pauvre de tout, parce qu’elle était totalement vide d’elle-même, c’est parce qu’elle a fait confiance à Jésus que celui-ci lui a accordé son pardon. « Ta foi t’a sauvée. Va en paix ! ».
Thérèse de Lisieux disait : « La sainteté … consiste en une disposition du cœur qui nous rend humbles et petits entre les bras de Dieu, conscients de notre faiblesse, et confiants jusqu’à l’audace en sa bonté de Père » (Carnet Jaune).