Messes de Noël
Abbé Jean Compazieu | 22 décembre 2024
Nuit de Noël
Textes bibliques : Lire
En cette nuit, la liturgie nous parle d’une illumination. Dieu a illuminé cette nuit très sainte de la splendeur du Christ. C’est lui la vraie lumière du monde. Malheureusement, beaucoup ont oublié le vrai sens de Noël. Nous pouvons demander à des enfants quel en est le personnage principal : nous devinons quelle sera leur réponse. Beaucoup pensent d’abord à celui qui leur apporte des cadeaux. On ne peut pas le leur reprocher. Personne ne leur en a vraiment parlé.
Il faut le dire et le redire : le personnage principal de Noël n’est pas celui qui apporte des cadeaux mais Celui qui vient nous sauver la vie. Dans la première lecture, le prophète Isaïe l’appelle “le Prince de la Paix”. En disant cela, il s’adresse à un peuple qui souffre. Le pays est dévasté par une armée étrangère. Face à ce désastre, Isaïe invite son peuple à se tourner vers l’avenir. Il lui annonce une grande joie. La naissance du petit enfant de Noël sera le point de départ d’une nouvelle espérance. Avec la distance des siècles, nous comprenons que cet oracle annonçait la naissance du Messie.
C’est cette bonne nouvelle que l’apôtre Paul annonce aux chrétiens dans la deuxième lecture : “La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes”. Nous croyons que Jésus s’est donné pour nous et nous a sauvés. Dès lors, plus rien ne peut être comme avant : nous devons rejeter “le péché et les passions d’ici-bas pour devenir un peuple pour devenir un peuple ardent à faire le bien”. Tous les hommes sans exception sont concernés par cette bonne nouvelle. L’amour de Dieu est offert à tous. Le seul vrai cadeau de Noël, c’est celui que Dieu fait aux hommes. Il a “tellement aimé le monde qu’il lui a envoyé son Fils unique.
Dans l’évangile de saint Luc, nous lisons l’événement de Noël : le voyage de Marie et Joseph pour le recensement, la naissance de Jésus dans une étable à Bethléem. Nous avons déjà là des signes très parlants : il faut savoir que le nom de Bethléem signifie “la maison du pain”. Ce Jésus qui est déposé dans une mangeoire pour animaux à la “Maison du Pain” se présentera plus tard comme “le pain vivant venu du ciel”, un pain qu’il faut manger pour avoir la vie. C’est déjà une annonce de l’Eucharistie, de ce cadeau que Dieu nous fait pour nous faire vivre de sa vie et de son amour.
Puis nous avons ce qui se passe avec les bergers. Ils passaient la nuit à garder les troupeaux. A travers eux, c’est la bonne nouvelle qui est annoncée aux pauvres : “Aujourd’hui, vous est né un Sauveur, dans la ville de David : il est le Messie, le Seigneur”. Il est roi mais pas à la manière des hommes. Il n’est pas venu prendre le pouvoir avec force et majesté. Il nous a rejoints pour partager le sort des plus pauvres et des plus humbles. Il est celui qui a donné Dieu aux hommes et les hommes à Dieu.
Tout cela nous amène à nous poser une question : Quelle sera notre réponse ? Comment allons-nous vivre Noël en vérité ? Bien sûr, on va se réunir autour d’une bonne table, on va offrir des cadeaux. Les plus généreux vont associer les pauvres à ces festivités. Tout cela est très beau. Mais il ne faut surtout pas oublier Celui qui est à l’origine de cette joie de Noël. Le principal personnage de cette fête c’est ce petit enfant né dans des conditions misérables. C’est lui qui nous invite. Si nous l’oublions c’est un peu comme si des enfants fêtaient l’anniversaire d’un copain sans tenir compte de lui.
C’est important aussi pour nous qui sommes venus dans cette église : Certains n’y viennent que pour retrouver les chants qui ont bercé leur enfance. C’est dommage car là, on oublie l’essentiel. C’est un peu comme si on donnait plus d’importance au papier cadeau qu’au cadeau lui-même. La seule attitude qui convient pour vivre Noël en vérité c’est celle des bergers : “Rendez-vous à l’étable”. Allons à la crèche auprès de l’enfant Jésus. Allons à lui avec toutes nos souffrances. Jésus nous attend. Il nous demande de lui apporter tout ce qu’il y a de méchant et de cassé dans notre vie, nos mensonges, nos calomnies, nos cruautés, nos lâchetés… Il ne se lasse jamais de nous pardonner nos fautes.
Seigneur Jésus, tu as pris notre humanité pour nous faire participer à ta divinité. Nous voulons t’accueillir dans la joie et nous laisser renouveler par toi. Nous te confions toutes nos parts d’ombre et de désespoir. Nous avons la ferme certitude que tu nous remettras sur la voie du Salut, dans la joie et la paix. Amen
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Jour de Noël
Textes bibliques : Lire
Au commencement, était le Verbe…” Commencement, c’est le premier mot de cet Évangile de saint Jean ainsi que celui de saint Marc. Ce mot nous renvoie au premier récit de la Création : “Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre… (Gn 1, 1) C’est une manière de dire que “le Verbe” est à l’origine de toutes choses. C’est ce que nous proclamons dans la troisième préface du Temps ordinaire : “C’est par ton Fils que tu as créé l’homme et c’est encore par lui que tu en as fait une créature nouvelle”.
En ce jour de Noël, c’est un nouveau “commencement” qui s’annonce : En ce petit enfant qui vient de naître dans des conditions misérables, c’est Dieu qui s’est fait homme. “Il s’est fait mortel, fragile comme nous ; il partagé notre condition humaine excepté le péché, mais il a pris sur lui les nôtres comme s’ils étaient les siens. Il est entré dans notre histoire. Il est devenu pleinement Dieu-avec-nous. La naissance de Jésus nous montre que Dieu a voulu s’unir à chacun de nous, pour nous communiquer sa vie et sa joie”. (Pape François)
Cette naissance du Sauveur n’a pas été annoncée aux grands de ce monde. Pour accueillir un tel message, il faut un cœur de pauvre. Les premiers qui l’ont entendu, ce sont les bergers. Ils passaient la nuit dans les champs à garder leurs troupeaux. C’étaient des pauvres gens qui vivaient comme ils pouvaient avec de pauvres moyens. Et surtout, ils vivaient en marge de la société. Ils ne participaient pas au culte. Aux yeux de la haute société, ils ne comptaient pas. Or voici que l’ange du Seigneur vient leur annoncer cette bonne nouvelle : “Aujourd’hui, vous est né un Sauveur ; il est le Messie, le Seigneur… Vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire.” Dès le départ, l’évangile c’est la bonne nouvelle annoncée aux petits, aux pauvres et aux exclus.
Cette bonne nouvelle retentit dans toutes les églises du monde entier : “Aujourd’hui vous est né un Sauveur…” Malheureusement, ils sont nombreux ceux et celles qui ignorent l’origine de cette fête ou qui ne veulent pas en entendre parler. Certains vont même jusqu’à saccager les crèches. D’autres ne pensent qu’à la fête profane : Tout est prévu, le sapin, le réveillon, les guirlandes… Mais on oublie l’essentiel. On oublie que Noël c’est Jésus qui est venu et qui continue à venir pour “chercher et sauver ceux qui étaient perdus.”
Avec les bergers, nous sommes tous invités à nous rendre à la crèche. C’est là que notre Sauveur nous attend. Nous venons nous imprégner de la présence de Celui qui veut naître en nos cœurs. Nous accueillons cette lumière qui est en lui pour qu’elle transforme notre vie. Puis nous sommes envoyés pour la communiquer à tous ceux et celles que nous rencontrerons sur notre route. Cette présence et cet amour de Dieu c’est comme un trésor qu’il nous faut accueillir et partager. Nous ne devons jamais oublier que Noël c’est Jésus qui continue à venir pour nous et pour le monde entier.
Ce Jésus que nous fêtons à Noël est né pauvre parmi les pauvres. Bien plus, il se reconnaît en chacun d’eux. S’il n’y a pas de place pour eux dans notre vie, c’est lui que nous rejetons. “Il est venu chez les siens et le siens ne l’ont pas reçu…” L’Évangile nous fait comprendre qu’il est impossible de fêter Noël sans eux. Si nous voulons le rencontrer et l’accueillir, c’est vers eux qu’il nous faut aller ; il est présent dans celui qui a faim et froid, celui qui est malade et seul, celui qui a perdu ou oublié sa dignité humaine. Vivre Noël c’est aussi accueillir le Christ dans la personne du pauvre et lui donner la place d’honneur.
“Le Verbe était la vraie Lumière qui éclaire tout homme, en venant dans le monde…” Plus tard, Jésus dira : “Je suis la Lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres…” C’est cette lumière que nous recevons en ce jour de Noël. Mais il ne faut pas oublier cette recommandation du Christ : “Gardez vos lampes allumées”. Cette lampe c’est celle de la foi, celle de la prière. En accueillant Jésus et en nous mettant à son écoute, nous apprenons à nous ajuster de plus en plus à l’amour qui est en lui. Avec lui, c’est comme une porte qui s’est ouverte, une lumière nouvelle, une nouvelle manière de regarder la vie.
Aujourd’hui, le Christ rejoint tous ceux et celles qui sont éprouvés par la souffrance, la maladie, le deuil, le chômage, les conflits familiaux… il ne va pas faire un miracle pour résoudre tous ces problèmes. Mais il va nous ouvrir la porte de l’espoir et du courage pour chercher encore. Notre Dieu est un compagnon qui marche avec nous. Parfois même, il nous porte. Et ce qui est extraordinaire c’est que nous pouvons toujours le rejoindre dans la prière. Il est toujours là pour nous aider et nous encourager à pousser des portes entrouvertes.
Nous vivons dans un monde enfermé à double tours, enfermé dans les murs de l’égoïsme, de l’indifférence, du racisme, de la rancune. Mais Noël nous apporte un message d’espérance offert à tous. Nous accueillons dans la joie la visite de Dieu. Elle est pour nous. Accueillons son message d’espérance. Laissons-nous faire par lui. Nous ne le regretterons pas. C’est à ce prix que nous pourrons vivre un bon Noël.
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