13ème dimanche
Abbé Jean Compazieu | 20 juin 2010Répondre aux appels de Dieu
Textes bibliques : Lire
Les lectures de ce dimanche nous parlent des appels de Dieu. Élie est appelé par Dieu pour être prophète en Israël. Il aura pour mission d’inviter le peuple à se détourner des idoles et à revenir vers le vrai Dieu. Plus tard, c’est Élisée qui sera appelé à remplir cette mission. Ce dernier est en train de labourer son champ. Quand Dieu appelle, c’est au cœur de notre vie, de nos activités et notre travail. Élisée a tout abandonné de son ancienne vie. Il s’est rendu totalement disponible. Pour lui, c’est une nouvelle vie qui commence. Désormais, il va se consacrer totalement à la mission que le Seigneur lui a confiée.
L’Evangile nous parle également des appels de Jésus. Lui-même se dirige vers Jérusalem. Il sait parfaitement qu’il sera arrêté par ses opposants, condamné et mis à mort sur une croix. Malgré cette perspective, il ne se dérobe pas à sa mission. Il veut être fidèle au Père et en parfaite communion avec lui jusqu’au bout. Et surtout, il ne veut pas que l’on fasse d’erreur sur ce qu’il est. Certains voulaient profiter de son succès populaire pour faire de lui leur roi. Cela, il le refuse catégoriquement. Rien ne doit le détourner de sa mission. C’est le salut du monde qui est en jeu.
Sur sa route, Jésus rencontre des oppositions et des refus. Il se trouve face à un village de samaritains qui refuse de les recevoir. Les disciples se souviennent d’Élie qui a fait tomber le feu du ciel sur les ennemis de Dieu. Or il y a ici plus grand qu’Élie. Mais justement, parce qu’il est plus grand, Jésus ne veut pas de çà. Lui qui est amour et qui nous parle constamment de l’amour du Père, ne peut envisager des solutions de violence. Dans ses interventions, il ne cesse de nous inviter à prier pour ceux qui nous persécutent et à pardonner à ceux qui nous ont fait du mal. Si nous voulons être de vrais témoins de l’amour de Dieu, nous devons, nous aussi, rejeter les solutions de violence. L’annonce du Royaume de Dieu exige que nous nous ajustions à son à son amour et que nous renoncions à tout ce qui lui est contraire. Il attend de notre part une détermination sans faille. L’appel du Seigneur est une priorité absolue. Certains peuvent être amenés à quitter leur maison, leur famille, leur pays pour s’engager sur des chemins qu’ils n’avaient pas prévus.
Ces appels du Seigneur rapportés par les lectures de ce dimanche sont toujours d’actualité. Nous les entendons au moment où beaucoup se préparent à partir en vacances. Mais Dieu ne prend pas de vacances. Il ne cesse d’embaucher des enfants, des jeunes et des adultes. Il compte sur les uns et les autres pour témoigner de son amour auprès de ceux qui ne le connaissent pas. Ce monde si souvent loin de Dieu a besoin de chrétiens vraiment convaincus qui n’ont pas peur d’affirmer leur foi. Comme le disait Bernadette de Lourdes, nous ne sommes pas envoyés pour faire croire mais pour dire. Et nous ne devons jamais oublier que le Seigneur nous précède dans le cœur de ceux qu’il met sur notre route.
En ce 27 juin, des hommes de divers diocèses sont ordonnés prêtres. Certains ont quitté une brillante situation pour répondre à l’appel de Dieu. Nous les porterons, bien sûr, dans notre prière et nous serons en communion avec les communautés chrétiennes rassemblées pour cet événement. Pour ces hommes c’est une nouvelle vie qui commence. Avec les autres prêtres de leur diocèse, ils vont être appelés et envoyés en mission par leur évêque. Nous devons entendre cet appel de notre pape : “Le monde a besoin de Dieu — non pas d’un dieu quelconque, mais du Dieu de Jésus Christ, du Dieu qui s’est fait chair et sang, qui nous a aimés jusqu’à mourir pour nous, qui est ressuscité et qui a créé en lui-même un espace pour l’homme. Ce Dieu doit vivre en nous et nous en Lui. Tel est notre appel sacerdotal : ce n’est qu’ainsi que notre action en tant que prêtre peut porter des fruits.”
Un dernier point : cet appel à tout quitter pour aller là où Dieu nous envoie n’est pas réservé aux seuls prêtres ni aux super militants. Il est également adressé à tous les baptisés quelle que soit leur situation. L’Église a besoin de tous pour annoncer la bonne nouvelle au monde, en particulier à ceux qui vivent sans espérance. Dans ce contexte de crise et de catastrophes à répétition, c’est absolument nécessaire. Ce monde, Dieu l’aime tel qu’il est et il fait appel à nous tous pour être témoins et messagers de cette bonne nouvelle.
Par notre baptême et notre confirmation, nous avons été consacrés comme prophètes et apôtres du Seigneur pour le monde. C’est dans notre vie de tous les jours, dans notre travail, nos loisirs et nos vacances. Il est urgent que cette bonne nouvelle rejoigne chacun là où il est. Depuis quelques temps, je reçois des nouvelles d’un groupe de jeunes du Togo qui sont très engagés dans l’annonce de l’Evangile dans leur pays. Ensemble, nous sommes la même Eglise. Nous sommes envoyés pour donner le meilleur de nous-mêmes sans regarder en arrière.
En ce dimanche, tu nous appelles, Seigneur, à nous rassembler pour nourrir notre foi, notre espérance et notre amour. Fais de nous des témoins fidèles et passionnés.
D’après diverses sources
Vers quelle élévation ?
De façon énigmatique, et alors que ses prédications et ses miracles lui valaient un succès populaire toujours croissant, Jésus a annoncé à ses disciples ébahis qu’il allait beaucoup souffrir et mourir (évangile de dimanche passé). Aujourd’hui la décision est prise : Jésus se met en route vers Jérusalem où se jouera cette tragédie et il entame cette longue montée que Luc racontera en 10 chapitres (l’entrée dans la ville sera notée en 19, 45). Ce tournant d’une importance capitale est noté par Luc en des termes très solennels dont il vaudrait mieux garder la traduction littérale :
Et il arriva, quand furent accomplis les jours de son enlèvement,
que lui-même (Jésus) durcit son visage pour partir vers Jérusalem.
Tous les évangélistes ont pris soin de contrer une objection que l’on a souvent dû faire aux premiers chrétiens : « Votre maître caressait le rêve utopiste de faire venir le Royaume de Dieu sur terre mais les autorités l’en ont empêché et son projet a échoué ». Pas du tout, explique Luc. Au contraire Jésus était tout à fait conscient de ce qu’il avait à vivre, il était décidé à obéir strictement à son Père qui avait fixé le lieu et le temps de cette manifestation. Le lieu serait le cœur de la religion, Jérusalem et son temple; et le temps serait la prochaine solennité de la Pâque, fête de la libération de l’esclavage.
Au cadran de l’histoire du salut du monde, l’heure est venue, comme dira S. Jean. En fait les autorités de la capitale (pouvoir religieux – Caïphe- et pouvoir politique – Ponce Pilate) vont refuser ce Galiléen en qui ils ne voient qu’un faux prophète dangereux et ils le feront crucifier.
Mais SON ELEVATION SUR LA CROIX SERA SON ENLEVEMENT DANS LA GLOIRE DE DIEU.
« Son enlèvement » : ce mot est unique dans les évangiles mais Luc le reprendra au début de son second livre pour désigner l’ASCENSION de Jésus au ciel (Actes des apôtres 1, 2.11.22). Jésus commence donc son pèlerinage pascal sur les chemins caillouteux de son pays mais, conscient de se heurter bientôt au refus et à la haine des hommes, il sait qu’il va monter, par la croix, dans la véritable demeure du ciel. Jésus, l’HOMME- FILS, va être « enlevé/élevé » vers son Père (à qui il tendra les bras sur la croix) mais ainsi les humains pourront dorénavant vivre en FILS-FILLES DU PERE. Le projet que les hommes voulaient anéantir sera effectivement « accompli » ! Dieu a bien instauré son Règne sur terre.
LE FILS DE L’HOMME EST AUSSI LE SERVITEUR SOUFFRANT
Mais la décision de prendre ce chemin est déchirante, l’horrible perspective de la croix ne peut que susciter angoisse et épouvante : aussi, dit Luc, « Jésus durcit son visage ».
Par cette expression il sous-entend que Jésus réalise la destinée du fameux Serviteur souffrant qu’avait annoncé jadis celui qu’on appelle le « 2ème Isaïe » (l’auteur des chapitres 40-55 du livre attribué au prophète) :
« Le Seigneur Dieu m’a ouvert l’oreille.
Et moi je ne me suis pas cabré, je ne me suis pas rejeté en arrière.
J’ai livré mon dos à ceux qui me frappaient, mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe.
Je n’ai pas caché mon visage face aux outrages et aux crachats.
C’est que le Seigneur Dieu me vient en aide, je ne cède pas aux outrages ;
dès lors j’ai rendu mon visage dur comme un silex, j’ai su que je n’éprouverais pas de honte.
Il est proche celui qui me rend juste » (Isaïe 50, 4-7).
Plus loin Dieu, par son prophète, dira encore de ce mystérieux Serviteur :
« Voici que mon serviteur triomphera, il sera haut placé, élevé, exalté à l’extrême » (Isaïe 52,13)
On dirait aujourd’hui : « Jésus serra les dents ». Il entame l’ultime et terrible étape de sa mission : ses ennemis lui enlèveront la vie, mais lui, en se donnant, enlèvera les péchés de la multitude humaine et ainsi il sera élevé dans la gloire de Dieu son Père. (Isaïe 53).
NE PAS ALLUMER DES BÛCHERS MAIS EMBRASER D’AMOUR
Il envoya des messagers devant lui : ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains pour préparer sa venue. Mais on refusa de le recevoir parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem. Devant ce refus, les disciples Jacques et Jean intervinrent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions que le feu tombe du ciel pour les détruire ? ». Mais Jésus se retourna et les interpella vivement. Et ils partirent pour un autre village.
Pour aller de Galilée en Judée, il faut effectivement passer par la Samarie. Surpassant l’inimitié que l’on portait à ces schismatiques, Jésus veut s’adresser à eux également. On ne voit pas bien la raison de leur refus mais la leçon du texte est claire : Jésus rejette catégoriquement l’intransigeance de ses fougueux apôtres qui voulaient imiter le prophète Elie foudroyant sans merci ses adversaires (2e. Livre des Rois 1, 10-12). Le Royaume de Dieu ne s’impose pas par la force, on ne peut violenter ceux qui ne comprennent pas la signification de la montée à Jérusalem, c’est-à-dire la nécessité de donner sa vie. Jésus apportera bien le feu (« C’est un feu que je suis venu apporter sur la terre et combien je voudrais qu’il soit déjà allumé ! »- Luc 12, 49) mais ce sera « le feu de l’Esprit-Saint », la brûlure de l’amour divin offert à ceux qui acceptent d’en être consumés.
C’est l’exemple de ceux et celles qui sont enflammés par la passion de Jésus qui pourra éveiller chez l’autre le désir de brûler du même feu.
3 PETITS RECITS DE VOCATION.
En cours de route, un homme dit à Jésus : « Je te suivrai partout où tu iras ». Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête ».
Il dit à un autre : « Suis-moi ». L’homme répond : « Permets-moi d’aller d‘abord enterrer mon père ». Mais Jésus lui répliqua : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, va annoncer le Règne de Dieu ».
Un autre encore lui dit : « Je te suivrai, Seigneur, mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison ». Jésus lui répondit : « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le Royaume de Dieu ».
Décidément les exigences du Royaume sont radicales : tout candidat à la « suite de Jésus » doit s’attendre à des privations, des manques, des rebuffades, des sarcasmes. Il ne goûtera plus souvent des mets délicieux, ira dormir parfois le ventre creux, ne s’appuiera plus sur le mol oreiller des idées toutes faites, des douceurs spirituelles, de l’approbation de l’entourage. Tout en aimant ses êtres les plus proches, il devra rompre avec eux, refuser de revenir en arrière, couper les fils du passé et foncer dans un avenir lourd des menaces et des haines de hommes. Mais, comme Jésus, « il durcira sa face » et il s’élancera, sûr que son « enlèvement » deviendra son « élévation ».
CONCLUSIONS.
A nouveau se pose la question récurrente : qui est donc ce Jésus qui impose des conditions qu’aucun rabbin n’aurait osé demander à ses disciples ?
Quelle est l’importance de faire advenir ce Royaume, tâche tellement urgente qu’elle peut forcer à manquer aux devoirs sacrés à rendre à ses défunts ?
Jésus n’entraîne pas la foule mais appelle tel ou tel individu. Dans une armée, il faut des commandos prêts aux tâches périlleuses : au sein de l’Eglise d’aujourd’hui, qui est appelé à marcher vers les affrontements les plus dangereux ?
Quel jeune, quelle équipe, quelle paroisse discernera quand « les jours de son enlèvement sont accomplis », quand il faut perdre sa vie pour la trouver ?
Redire avec sincérité (et appréhension) : « Seigneur, je te suivrai partout où tu iras »…sans aucune illusion mais dans l’absolue certitude que ce chemin conduit à la Vie.
juste pour dire merci a c ecommantateur. oui suivre le Chrsit n’est chose facile; qu’il nous accorde sa force afin de marcher à sa suite au couer de ce monde balloté par le sdifficultés d tout geanre.