3ème dimanche de l’Avent (A)
Abbé Jean Compazieu | 7 décembre 2025Soyez dans la joie…

Pistes pour l’homélie
Textes bibliques : lire
Ce 3ème dimanche de l’Avent est celui de la joie. Si nous sommes dans la joie, c’est parce que le Seigneur est proche. Sa venue dans le monde est source d’espérance. Cette bonne nouvelle, nous la retrouvons tout au long des lectures bibliques de ce jour. Elles nous révèlent un Dieu qui nous délivre du mal. Ce Dieu a un amour de prédilection pour les pauvres, les petits, les exclus. Plus tard, Jésus nous dira qu’ils ont la première place dans son cœur.
Dans la première lecture, Isaïe nous révèle les merveilles du salut à venir. Il s’adresse à un peuple qui a beaucoup souffert. Après avoir passé quarante ans en exil sur une terre étrangère, ils vont pouvoir revenir chez eux. Ce retour est présenté comme un “ouragan de joie”. Dieu ne peut accepter la situation tragique des exilés, des prisonniers, des populations asservies. Il décide alors de changer les choses. Le texte biblique utilise le mot “vengeance”. Mais la vengeance de Dieu n’est pas de punir ni d’écraser. S’il intervient c’est d’abord pour guérir et sauver. En lisant ce texte biblique, nous découvrons qu’il est le prélude à une libération autrement plus importante. Par sa mort sur la croix, et sa résurrection, Jésus va ouvrir à l’humanité toute entière le chemin de la vraie vie. La terre et ses habitants seront transfigurés.
Dans la seconde lecture, saint Jacques nous parle de la venue glorieuse du Seigneur. Ce sera infiniment mieux que le retour d’Israël vers sa terre. Il s’agira de notre entrée définitive dans le monde de Dieu. Saint Jacques nous dit que ce n’est pas pour tout de suite. Il nous invite à la patience. Il nous montre l’exemple du cultivateur. Quand ce dernier a semé, il attend avec patience l’heure de la moisson. De même, c’est tout au long de notre vie que nous nous préparons à cette rencontre définitive avec lui.
Avec Jésus, nous assistons à la réalisation progressive des prophéties d’Isaïe. C’est cette bonne nouvelle qui est annoncée à Jean Baptiste. Ce dernier a été incarcéré car il gênait les autorités en place. Du fond de sa prison, il réfléchit. Il se pose beaucoup de questions sur Jésus. Ce qu’il entend dire de lui ne correspond pas à ce qu’il avait annoncé ; il profite d’un parloir pour demander à ses fidèles disciples d’aller lui poser la question la plus importante : “Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?”
Emprisonné, Jean Baptiste l’est aussi dans son questionnement, dans ses doutes : “Après tout, est-ce que je ne me serais pas trompé ?” Venant de Jean Baptiste, cette question est terrible. Nous n’oublions pas ses débuts provocateurs, ses succès, ses déclarations très virulentes dans le désert et au bord du Jourdain : “Préparez le chemin du Seigneur… Il y a parmi vous quelqu’un que vous ne connaissez pas… Convertissez-vous… changez de vie…” C’était le temps de l’euphorie et de la certitude. Jésus accueille la question de Jean Baptiste avec beaucoup de sérénité. Il montre aux envoyés que les promesses des prophètes se réalisent : “Allez dire à Jean : les aveugles voient, les boiteux marchent, les malades sont guéris… et surtout, la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres.”
Comme Jean Baptiste, nous pouvons aussi être enfermés dans nos doutes, nos questions. Nous pouvons aussi nous enfoncer dans des certitudes qui ne sont pas la vérité de l’Évangile. Trop souvent, nous nous faisons une fausse idée de Jésus. Il sera toujours bien au-delà de tout ce que nous pourrons dire ou écrire de lui. Avec l’évangile de ce jour, nous comprenons que notre Dieu n’est pas un Dieu vengeur mais un Dieu qui relève et qui sauve. Les pauvres, les petits et les exclus ont la première place dans son cœur.
Et si nous voulons être en communion avec ce Jésus sauveur, nous devons nous ajuster à lui. Il nous envoie vers celui qui souffre, celui qui a faim, celui qui est isolé. A travers eux, c’est lui qui est là et qui nous attend. Nous avons besoin qu’il ouvre nos yeux, nos oreilles et surtout notre cœur à leur détresse. C’est avec Jésus que la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres. Si nous avons compris cela, ce dimanche sera vraiment celui de la joie.
En nous rassemblant pour l’Eucharistie, nous nous tournons vers Celui qui est à la source de notre joie. Nous te confions Seigneur ceux qui préparent “les fêtes qui approchent” dans une activité fébrile ou un certain désenchantement. Donne-leur de s’ouvrir au Salut qui vient, au vrai sens de Noël. AMEN
Sources : Revues Feu Nouveau, missel communautaire, Saisons bibliques, dossiers personnels.
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« Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison, des œuvres réalisées par le Christ. Il lui envoya ses disciples et, par eux, lui demanda : ‘Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ?’ » (Mt 11:2-3)
Ce 3ème dimanche de l’Avent est placé sous le signe du doute mais aussi de l’attente d’un heureux événement. L’Évangile nous rapporte la perplexité de Jean-Baptiste sur la mission du Christ. Car pour Jean, en cet instant critique de sa vie, les événements ont mal tourné. Il vient d’être emprisonné. Et Jésus, en qui il place tout son espoir, ne fait rien pour le tirer de cette situation difficile. Il agit différemment de ce à quoi Jean s’attend. Envahi par le doute, Jean ne comprend sûrement pas la façon d’agir de Jésus. Alors, la question se pose : ‘Est-il bien ce Messie qu’il a annoncé ?’ Pourtant, c’est lui qui a baptisé Jésus et a reconnu en Lui le Fils de Dieu : « Voyant Jésus venir vers lui, Jean déclara : ‘Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde. […] Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu.’ » (Jn 1:29,34). Il a une foi profonde en Jésus. « Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : ‘Voici l’Agneau de Dieu’. Les deux disciples entendirent ce qu’il disait, et ils suivirent Jésus. » (Jn 1:36-37). Dès lors, il s’efface et incite ses disciples à suivre ce Messie.
Jean devrait s’attendre à une venue plutôt fracassante du Règne de Dieu. Le triomphe d’un Messie qui va délivrer le peuple d’Israël de la domination romaine. Or rien de tout cela ! Face au désarroi de Jean, Jésus n’évoque que les fruits déjà obtenus grâce à ses actions. Il lui envoie un message : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. » (Mt 11:4-5). C’est la preuve que le Messie est déjà au milieu de son peuple. Mais sa mission n’en est qu’à son début. Jésus, l’Envoyé de Dieu ne vient pas pour restaurer la splendeur d’Israël par la force, mais pour établir un nouveau monde basé sur l’amour. Un message inconnu et surprenant pour les juifs à ce moment-là mais aussi pour Jean-Baptiste ! Jésus l’encourage à rester fidèle à sa foi : « Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! » (Mt 11:6).
En méditant ce passage de l’Évangile, nous nous sentons parfois très proches de Jean-Baptiste ! Pour nous également, la façon d’agir de Dieu dans notre vie nous déconcerte bien des fois. La question de Jean-Baptiste est souvent la nôtre lorsque nous sommes submergés par les épreuves, osons-nous l’avouer. Sa déception est aussi la nôtre, lorsque l’angoisse et la déception nous envahissent. Dieu ne répond pas à nos attentes comme nous l’aurions espéré… C’est ainsi que, dans des moments âpres de la vie, certains remettent en question leur foi en Dieu et s’éloignent de Lui, comme s’Il était à l’origine de tous les malheurs. Un peu comme si Dieu n’était pas présent dans les réalités de notre monde. Quand survient un événement douloureux, n’hésitons pas à ouvrir franchement notre cœur à Dieu et à Lui demander conseil. Dans l’adversité, ne laissons pas le doute ronger notre foi. Jésus nous exhorte : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. » (Jn 14:1)
Le chemin de foi est hérissé de questions et de doutes. Même si parfois l’action de Dieu est difficile à comprendre, ne restons pas sur place à broyer du noir. Débattons-nous pour nous en sortir, même si les résultats tardent à venir. En avant ! Avançons avec confiance, même dans le brouillard, à la suite de l’Étoile de Noël. Le Seigneur se montrera à nous. Restons forts dans l’épreuve. Poursuivons notre avancée même lorsque tout semble partir en vrille. Puisons notre énergie en Dieu lorsque tout semble s’écrouler. Prenons la peine de nous lever et d’agir. Saint Jacques nous donne un conseil lumineux sur la persévérance dans la foi : « Prenez patience. Voyez le cultivateur : il attend les fruits précieux de la terre avec patience, jusqu’à ce qu’il ait fait la récolte précoce et la récolte tardive. » (Jacques 5:7). Dieu ne nous donne pas les fruits, mais seulement les semences. C’est à nous de les cultiver, de les faire fructifier tout en faisant preuve de patience. Ne restons pas figés sur le bord de la route à observer avec envie l’évolution du monde, en nous gardant bien de nous y impliquer. Sachons interroger les événements, les analyser et par la suite nous lancer dans l’action. Il arrive parfois que notre âme soit marquée par l’incertitude. Alors, plus que jamais, tournons nos regards vers Celui qui a déclaré : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. » (Jn 14:6). Le temps de l’Avent nous incite à nous engager pleinement dans cette voie de la clarté. Que le Seigneur nous guide dans sa Vérité. Que sa Vie transforme notre existence.
Une Lumière se lève au cœur même de nos ténèbres. Ô viens, Seigneur Jésus. Ô viens Emmanuel !
Nguyễn Thế Cường Jacques
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