33ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 7 novembre 2010Ne vous laissez pas égarer
Textes bibliques : Lire
L’évangile de ce dimanche nous parle de la destruction du temple, de guerres et de soulèvements. Ailleurs dans la Bible, nous trouvons des récits sur le déluge, l’esclavage en Égypte, l’exil à Babylone et des persécutions contre les croyants. Actuellement, les médias ne sont pas plus optimistes : tous les jours, il y est question d e prises d’otages, de menaces terroristes, de réchauffement de la planète et de catastrophes en tous genre. Les sectes et les gourous en profitent pour réveiller cette peur du futur qui sommeille en nous. Ils profitent de la crédulité et de la faiblesse des gens pour les dominer et les entraîner vers des voies sans issue.
Mais le vrai Dieu ne se laisse pas enfermer dans cette image que certains se font de lui. Dans l’évangile de ce dimanche, le Christ nous recommande de ne pas nous laisser égarer par les prophètes de malheur et de ne pas marcher derrière eux. Ces gens qui prétendent parler au nom de Jésus ne représentent qu’eux-mêmes. Si nous voulons reconnaître le Christ ressuscité, il ne faut pas le chercher dans ce qui affole ni dans ce qui dramatise l’histoire. Nous le reconnaîtrons dans la paix qu’il nous donne au milieu des épreuves. Quand tout va mal, il est celui qui nous donne le courage de vivre et de travailler à un monde plus juste et plus fraternel.
Et pourtant, certaines paroles du Christ ont de quoi faire peur. Il avertit les siens qu’ils seront détestés de tous. Mais si nous regardons les évangiles de plus près, nous voyons bien que lui-même a été détesté à cause de ses engagements. Nous aussi, il nous arrive d’être critiqués à cause de notre foi et de l’amour que nous avons pour le Seigneur et pour les autres. L'Église est souvent tournée en dérision. Alors nous pouvons faire nôtre cette prière de Saint François : “Seigneur, que je ne cherche pas tant à être aimé qu'à aimer.”
L'important c'est de nous rappeler que l'évangile est une bonne nouvelle, un message d'espérance pour tous les blessés de la vie. il a été écrit pour des communautés de chrétiens qui avaient à subir la persécution et la violence. Saint Luc leur rappelle les consignes de Jésus : Ne vous effrayez pas ! N’ayez pas peur ! Le mal n'aura pas le dernier mot. C'est vrai pour notre monde d'aujourd'hui. Nous n'avons pas à nous inquiéter des turbulences de notre monde. Le Christ lui-même nous a donné l'exemple : dans les guerres et les troubles qui se succèdent en Palestine, il a fait preuve d'une confiance et d'une liberté surprenantes. Cela l'a conduit jusqu'à la mort sur une croix. Ses adversaires croyaient en avoir fini avec lui. Mais en ressuscitant d'entre les morts, il est vivant pour toujours. Il est avec nous tous les jours jusqu'à la fin du monde. Rien ni personne ne pourra nous séparer de son amour.
Les lectures bibliques de ce dimanche visent donc à réveiller notre foi. Trop souvent, nous ne voyons que ce qui va mal dans nos paroisses. On se lamente mais on ne bouge pas. Le Christ nous invite aujourd'hui à vivre une vie digne de l'alliance dans laquelle nous sommes engagés. Quand nous regardons vers la croix, nous comprenons qu'il s'est donné entièrement et jusqu'au bout. C'est sur cette route que nous sommes invités à le suivre. Les épreuves seront au rendez-vous. Mais ceux qui les endureront au nom du Christ seront sauvés. C’est là que le Seigneur nous attend pour témoigner de l’espérance qui nous anime. Inutile de chercher les mots : Le Seigneur lui-même s’en charge. Et là, nous en avons de nombreux exemples : Bernadette de Lourdes qui était la plus ignorante de sa ville a eu des réponses extraordinaires devant les policiers qui l’interrogeaient. Si Jésus nous envoie son Esprit Saint, c’est pour que nous puissions témoigner de la foi et de l’espérance qui nous animent.
Alors que l'évangile nous parle de guerres et de détresses, le psaume nous invite à la louange : “Acclamez le Seigneur car il vient.” En ce dimanche, nous nous unissons tous à cette action de grâce car le Seigneur nous rejoint au milieu des drames qui frappent notre monde. Même à travers la mort, nous sommes assurés de rester vivants de la vie de Dieu. Et quelles que soient les persécutions, rien n’empêchera la Parole de Dieu de progresser. En ce dimanche, nous sommes venus vers le Seigneur. Nous voulons l'accueillir et lui donner la première place dans notre vie. C'est avec lui que nous pourrons travailler à la construction d'un monde plus humain.
Oui, Seigneur, tu es là au cœur de nos vies. Pour toi, nous restons en éveil car “c'est un bonheur durable de servir constamment le créateur de tout bien”. Élargis nos cœurs aux dimensions du tien. Que par notre prière, nos paroles et notre solidarité, nous soyons de vrais témoins de l'espérance qui nous anime. Amen
D'après diverses sources
33ème dimanche ordinaire – année C – 14 novembre 2010 – Evangile de Luc 21, 5 – 19
Que va-t-il nous arriver ?
En cette année 30, à Jérusalem, alors que les pèlerins affluent par milliers pour la fête de la Pâque, Jésus, inlassablement, pendant plusieurs jours, enseigne sur l’esplanade du temple. Le sanctuaire, cœur d’Israël, est d’une grandeur et d’une magnificence stupéfiantes: depuis près de 50 ans, des milliers d’ouvriers s’y sont activés afin de réaliser le rêve d’Hérode le Grand, le roi fou d’orgueil et criminel. Le peuple se presse pour écouter le Galiléen (21, 37) qui annonce et explique son Evangile mais ce succès même attise la rage des autorités décidées à supprimer au plus vite ce blasphémateur (22, 2)
C’est alors que Jésus va tenir son ultime et plus long discours : nous en écoutons aujourd’hui le début. Attention ! il s’agit bien d’une lumière sur l’histoire que nous vivons encore.
1. LA DESTRUCTION DU TEMPLE.
Certains disciples de Jésus parlaient du temple, admirant la beauté des pierres et les dons des fidèles. Jésus leur dit : « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit ». Ils lui demandent : « Maître, quand cela arrivera-t-il ? Et quel sera le signe que cela va se réaliser ? » Jésus répondit : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer car beaucoup viendront sous mon nom en disant : « C’est moi », ou encore « Le moment est tout proche ». Ne marchez pas derrière eux…. »
Douche froide sur l’enthousiasme des disciples ! Ce magnifique édifice qui n’est même pas encore terminé sera détruit ???…Oui et très vite. Au temps où Luc rédige son évangile, la prophétie s’est en effet réalisée : excédé par une occupation écrasante, le peuple juif a pris les armes mais hélas, en l’an 70, Rome l’a emporté, la ville et son sanctuaire tout neuf ont été détruits ! Jésus, prévoyant cette issue, avait pleuré sur le destin tragique d’une ville qui refusait son message de non violence pour préférer Barabbas, partisan de la rébellion armée (19, 41)
Sans préciser la date demandée, Jésus commence par mettre en garde ses disciples. Il sait qu’il va disparaître, que l’histoire va se poursuivre et que, périodiquement, des individus vont se présenter comme le Messie qui apporte la libération, qui promet le bonheur, qui prévient de l’imminence de la fin du monde. Beaucoup de chrétiens, déçus par l’Eglise, renieront leur foi et se tourneront vers ces menteurs. Combien n’en avons-nous pas vu se lever depuis un siècle : Joseph Staline, « le petit père des peuples », Adolf, « le führer », Mao, « le grand timonier », Pol Pot et combien d’autres ! Discours enflammés, fascination du chef, promesses mirifiques… et au bout du compte carnages, ruines, victimes par dizaines de millions !
Aujourd’hui savons-nous discerner les faux prophètes, les enjôleurs qui, à grand renfort d’images, de musiques et de publicités, manipulent les foules en délire et les conduisent à l’abattoir ?
2. UNE HISTOIRE CHAOTIQUE
« Quand vous entendrez parler de guerres et de soulèvements, ne vous effrayez pas : il faut que cela arrive d’abord mais ce ne sera pas tout de suite la fin…On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre, et ça et là des épidémies de peste et des famines. Des faits terrifiants surviendront et de grands signes dans le ciel »
Jésus sait qu’il n’apporte pas un bonheur paisible : nous sommes dans un monde fragile où les éléments connaissent des soubresauts imprévus et poursuivent leurs affrontements ; des hommes déclenchent des conflits ; des calamités font des ravages. Contrairement à ce que disent des sectaires allant de porte à porte pour annoncer l’apocalypse finale et plonger les gens dans la frayeur, il ne faudra pas voir dans cette succession de catastrophes des présages de la fin du monde mais des phénomènes inévitables. « Il faut que cela arrive » : le cosmos est en gésine, le mal est là omniprésent, il nous fait souffrir parfois atrocement mais il ne peut nous décourager. La lutte contre lui provoque nos capacités, renforce notre courage, développe nos solidarités et ses blessures peuvent même ranimer notre espérance.
3. UNE EGLISE DE TEMOINS
« Mais avant tout cela, on portera la main sur vous et on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues, on vous jettera en prison, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon Nom. Ce sera pour vous l’occasion de rendre témoignage. Mettez-vous dans la tête que vous n’avez pas à vous soucier de votre défense. Moi-même, je vous inspirerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront opposer ni résistance ni contradiction »
Voilà la nouvelle stupéfiante : non seulement les chrétiens seront pris dans les chocs planétaires, emportés par les tempêtes des guerres et des maladies, mais en outre ils seront la cible de la vindicte générale. Pouvoirs religieux et politiques se ligueront contre eux : on ne se moquera pas d’eux comme de doux dingues mais on les haïra comme des individus dangereux. Objets d’enquêtes, soumis à la question, ils seront sommés de répondre. Sans s’étonner de ces mauvais traitements comme s’il y avait là quelque chose d’anormal, ils devront au contraire y voir des moments de grâce. Face à leurs accusateurs, ils devront s’exprimer, rendre raison de leur foi. Qu’ils ne préparent pas des morceaux d’éloquence, des plaidoiries bien ficelées à la façon des avocats, qu’ils ne s’emportent pas contre leurs bourreaux : au contraire qu’ils s’en remettent à leur Seigneur qui, invisible mais bien présent, leur mettra sur les lèvres des paroles de douceur et de foi auxquelles nul de leurs accusateurs ne pourra répondre. Pas plus que Jésus, ils n’échapperont à la condamnation des âmes perverses mais ils rempliront, comme lui, leur rôle de témoins – ce mot, en grec, se dit « martus » et se traduit « martyr ». Ecrire l’Evangile dans la vie ne se fait qu’avec du sang.
4. PAR LA MORT VERS LA VIE
« Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis, et ils feront mettre à mort certains d’entre vous. Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu.
C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la Vie »
La menace se précise et s’aggrave. Oui c’est bien la paix indicible du Royaume que Jésus apporte à ses disciples mais la foi est un engagement personnel que chacun doit prendre…même s’il est le seul de sa famille et de son entourage. Alors il arrivera que sa décision provoque la colère et le déchirement. Paradoxe : le don de la Paix de Jésus suscitera la dispute, l’emportement, la haine. Déjà Jésus avait prévenu (12, 51-53). Tout de suite, dès les premières générations chrétiennes, certains en effet furent dénoncés par leurs proches, jetés en prison et mis à mort!
La terreur pourra menacer les croyants mais encore une fois qu’ils n’oublient jamais que le Christ est vivant et poursuit en eux sa Passion, que le Père ne les abandonnera jamais et que l’Esprit les remplira de courage.
Ainsi ils pourront PERSEVERER : le mot grec se dit « upo-monè » qui signifie « demeurer-dessous ». Le chrétien est témoin du Christ lorsque, accablé sous le poids des épreuves et des humiliations, il tient bon, serrant les dents, refusant de déserter son poste. Blessé et pauvre, il sait qu’il est riche de la promesse de la Vie divine.
5. CONCLUSION.
1) Pour la Gloire de Dieu, l’Eglise élève des édifices majestueux dont certains sont des chefs-d’œuvre. Qu’elle n’y mette pas son assurance : « tout sera détruit ». Seul demeurera le « Corps du Christ », la communion du Ressuscité et des croyants.
2) Dès le catéchisme, il faut prévenir les enfants : la foi en Jésus n’est pas promesse de bons points, de réussite, de respect des autres. Aller à la messe attire aujourd’hui les moqueries de la majorité – même dans l’enseignement « catholique » ! Mais nos petits voient-ils des adultes qui témoignent joyeusement de leur foi au sein des contradictions ?
3) Beaucoup de croyants hélas commencent sans terminer, ils abandonnent en cours de route : il est nécessaire de demander la grâce de la persévérance. Même (surtout) dans une Eglise décevante.
Raphaël D. , dominicain
Merci Pères Jean et Raphaël pour vos homélies. Je n’aime pas du tout l’Evangile de ce dimanche, il me met mal à l’aise. Mais pas autant que les rares personnes avec qui j’échange sur ma foi et qui me rejettent à chaque fois.
Ca ne fait rien car je sais bien, moi, le bien que me fait Jésus par ses multiples attentions. Et il est tellement merveilleux d’avoir UN VERITABLE BUT dans la vie, celle d’avoir une vie éternelle après le passage de la mort !
Delphine est hospitalisée pour trois mois au moins et Henri et moi soufflons un peu. Dans sa chambre d’hôpital, elle lit PELERIN et a des contacts étroits avec une personne chrétienne, elle aussi hospitalisée. Elle dit que vraiment LES CHRETIENS SONT TOUS TRES GENTILS !
La vie comporte bien des épreuves, mais j’ai une énorme espérance chevillée au coeur et je ressens une certaine PAIX. J’ai confiance en le Seigneur et cela m’aide énormément à vivre.
Je souhaite à tous une très belle semaine.
Christiane
Bonne homélie, comme toujours de l’Abbé Jean. Belle exégèse du Père Raphaël. Merci.
Bien plus, il s’agit du 33ème dimanche, c’est-à-dire, l’avant dernier de l’année liturgique. Les textes qui nous sont proposés ne nous offrent-ils pas l’occasion de faire un bilan de l’année liturgique pour savoir ce que nous avons fait objectivement de la Parole de Dieu reçue. Ce bilan, nous pourrons nous en servir, pour méditer sur notre fin dernière avant l’avènement du Christ Roi de l’univers. Ceci permettant de méditer sur son ultime sort, tel que le prévient le prohète Malachie: “dies illa, dies irae, calamitatis et miseriae”, pour les impies; tandis que le soleil de justice se lèvera pour ceux qui craignent Dieu.
Bonnes fins d’année liturgique à tous!
« Voici que vient le jour du Seigneur », annonce du prophète Malachie (1ère lecture).
Apparemment il ne semble guère jour de joie, du moins pour ceux qui font le mal, « commettent l’impiété ». Ce jour, « comme la paille .. les consumera ».
Pour les « craignant » du Seigneur, traduisons ceux qui vivent dans l’amour de l’Amour, « le Soleil de justice se lèvera », apportant la guérison, traduisons le pardon, la paix, la vérité, la liberté, le véritable amour source de vraie joie, hors ténèbres pour advenir à sa lumière.
Le Psaume 97 nous rassure sur ce jour : « Il vient, le Seigneur, gouverner le monde avec justice », une justice imprégnée d’amour et de miséricorde affirmera Jésus. D’où :« Acclamez votre roi, le Seigneur ! » – « Jouez pour le Seigneur … de tous les instruments », et la terre entière se mêle aux applaudissements. Un autre psaume (116) nous dit : « Louez le Seigneur tous les peuples, fêtez le tous les pays, son amour envers nous s’est montré le plus fort », plus fort que le mal, plus fort que la mort !
Dans l’Evangile (Luc 21, 5-19) des disciples de Jésus lui parlent de la beauté du Temple de Jérusalem. « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit » assure Jésus. Nous savons qu’en l’an 70, bien peu après sa mort, effectivement ce temple sera complètement détruit pour laisser place au nouveau Temple qu’il est Jésus lui-même. En lui Dieu est présent.
Mais le jour du Seigneur, le jour où il triomphera de la mort, du Mauvais et de tout mal, jusqu’à quand faudra-t-il attendre pour le voir et «quel sera le signe que cela va se réaliser ? » s’inquiètent les disciples .
Jésus ne donnera pas de date, elle est le secret du Père (Mt 24, 36). Il indique cependant un certain nombre de signes qui manifesteront cette venue, tout en signalant de se méfier de ceux qui alors pourraient se présenter en son nom.
Guère réjouissants ces signes. Ils aboutissent à la destruction totale de notre planète telle que nous la connaissons : « tremblements de terre, épidémies, famines, faits terrifiants, grands signes dans le ciel » S’y associeront auparavant des persécutions de chrétiens, des guerres, des divisions jusque dans les familles, des mises à mort. « Vous serez détestés de tous à cause de mon Nom ». Ce sera « l’occasion de rendre témoignage » pour ceux et celles unis à Lui, et « par votre persévérance vous obtiendrez la vie », vie éternelle prédite avec la résurrection semblable à la sienne, en un monde nouveau.
Que cette prédiction ne soit pas une attente passive comme le vivaient un certain nombre de disciples, croyant le jour du Seigneur presque immédiat. St Paul (2ème lecture) leur demande de ne pas vivre dans l’oisiveté, sans rien faire et prescrit la nécessité du travail. A son imitation les chrétiens, mais aussi tous les hommes, se doivent d’aimer Dieu, l’Esprit Saint source de l’amour, pour bâtir avec lui la civilisation de l’amour.
Concluons en citant un autre psaume (79). Au Seigneur nous disons :« Fais nous revenir », appel à la conversion ; « que ton visage s’éclaire », Jésus l’a éclairé en nous révélant qu’il est l’Amour, unité parfaite du Père, du Fils et du Saint Esprit ; « et nous serons sauvés », assurance du bonheur éternel, ressuscités au Royaume des cieux.
Faisons encore un nouvel appel à Marie. En mémoire de sa présence à Bethléem, à Cana, au pied de la croix, au Cénacle avec les Apôtres, Béni soit Dieu !
Père Jean Mourdon
33e dimanche dans l’année C
Les images d’apocalypse de cette page d’évangile, ne nous impressionnent sans doute plus guère. Temple rasé, guerres, révolutions, tremblements de terre, famines, épidémies… Toutes ces terreurs, qui hantaient l’imaginaire des contemporains de Jésus, nous avons en vu pire. De l’effondrement, en direct, les tours jumelles au tsunami qui a submergé en quelques minutes les rivages de l’océan indien.
Une chose n’a pas changé : l’homme. Il est toujours aussi prompt à s’effrayer des situations qu’il a lui-même créées. Et certains politiques, de l’Atlantique à l’Oural excellent à utiliser la peur et le besoin de sécurité pour asseoir leur pouvoir sur les autres.
C’est justement ce que Jésus, ici, refuse de faire : sombrer dans le catastrophisme, céder à la panique. Bien sûr, dit-il en substance, il se produira des événements épouvantables. Mais n’ayez pas peur ! Ces violences spectaculaires ne sont pas grand-chose en comparaison de la violence intérieure qui ronge le cœur des hommes. La clé de la vie n’est pas dans la puissance des armes, des virus, des volcans. La clé de la vie est dans le cœur des hommes.
A côté de la violence extérieure et spectaculaire, Jésus parle la violence intérieure : la violence qui peut être faite à quelqu’un quand on lui demande de renier ses convictions, de parler contre sa conscience, d’agir contre sa foi. Là est la vraie violence, là est aussi le vrai courage. Courage de ne pas parler contre sa conscience, de ne pas agir contre sa conscience. Courage de ne pas adopter le double langage.
Alors, que faire ?
Le prieur des moines de Tibbherine a écrit, et c’est repris comme tel dans le beau film qui leur sont consacrés : « J’ai longtemps repensé à ce moment-là, ce moment où Ali Fayattia et ses hommes sont partis. Après leur départ, ce qui nous restait à faire c’était à vivre. Et la première chose à vivre c’était, deux heures après, de célébrer la vigile et la messe de Noël. C’est ce que nous avions à faire. Et c’est ce que nous avons fait. Et nous avons chanté Noël et nous avons accueilli cet enfant qui se présentait à nous absolument sans défense et déjà si menacé… Et après, notre salut a été d’avoir toutes ces réalités quotidiennes à assumer : la cuisine, le jardin, l’office, la cloche… Jour après jour. Et il a fallu nous laisser désarmés. » Saint Paul le dit très clairement aujourdhui : « A ceux-là, nous adressons dans le Seigneur Jésus Christ cet ordre et cet appel : qu’ils travaillent dans le calme pour manger le pain qu’ils auront gagné » (2e lecture).
Vous savez, entre le souvenir que la mémoire déforme et qui devient en quelque sorte abstrait, et l’avenir toujours plus mauvais que nous l’espérons et meilleur que nous le redoutons, il y a le présent. Un adage monastique dit ceci : « l’heure que tu vis, la tâche que tu œuvres, l’homme que tu rencontres en ce moment sont les plus importants de ta vie. « C’est le présent, ici et maintenant, qui nous fait toucher l’éternité. L’éternel présent de Dieu ne se donne qu’à celui qui se rend totalement présent à ce moment. Ce qu’on appelle le mémorial eucharistique c’est ce qui rend actuel le don du Fils au Père et le don de son Fils par le Père. En Dieu, tout est présent et frémissant de vie. « Voici que vient le jour du Seigneur » (1ere lecture)
Entrons dans la prière et dans l’eucharistie pour faire de chaque parcelle du temps qui nous est donné, un passage de la crainte à l’amour, du repli sur soi à l’accueil de Dieu et des frères.
Les homélies sur kerit.be
Merci Père Jean pour l’homélie de ce dimanche. Sa richesse tire ses souces des observations concrètes de notre monde à son état actuel où les prohètes de malheur semblent nous faire croire que le mal a prédominance sur les grandes grâces que le Seigneur ne cesse de nous combler tous les jours. Pour cceux qui veulent nous faire que nous vivons un monde sans Dieu et que la foi chrétienne serait pure naïveté, je voudrais retorquer que le mal dans le monde est l’oeuvre de ‘homme (guerres meurtrières, attentats, prises d’otage, catastrophes naturelles dues aux modifications par l’homme du milieu environnemental) et non celle de Dieu qui fit toute chose bien au début de la création (Cf. Genèse 1). Bon courage Père pour ces textes qui ne cessent de nourrir la foi des fidèles.