5ème dimanche du temps ordinaire – 6 février
Abbé Jean Compazieu | 29 janvier 2011
Journée chrétienne de la communication.
Textes bibliques : Lire
Ce premier dimanche de février, c’est la 45ème journée des communications sociales. Le pape Benoît XVI nous invite à réfléchir sur l’expansion de la communication à travers le réseau Internet. Certains ne se sentent peut-être pas concernés. Mais on ne peut pas fermer les yeux sur ce qui est en train de se passer, ne serait-ce que pour interpeller les jeunes générations. Avec les nouvelles technologies, on peut non seulement “échanger des informations mais aussi partager une vision du monde, ses espérances et ses idéaux”. Le “phénomène” Internet est présent dans toutes les couches de la société : enfants, jeunes, adultes, aînés. Des personnes malades ou isolées trouvent là un moyen pour sortir de leur solitude et rencontrer des amis. L’important, c’est de mettre tout cela “au service du bien intégral de la personne et de l’humanité entière.
C’est ainsi que des hommes, des femmes et des enfants ont trouvé là un nouveau moyen de communiquer avec le monde entier. On peut même communiquer l’Évangile, la vie de l’Église, les événements, les projets, les fêtes. Avec Jésus, l’Église est soucieuse de la catéchèse, de la connaissance de l’Évangile, de la culture religieuse, de la vérité. Nous connaissons tous des chrétiens qui sont devenus très compétents dans divers domaines, mais pour ce qui concerne les connaissances religieuses, ils n’ont pas progressé. C’est pour cette raison que l’Église utilise aussi les moyens actuels. C’est une chance de plus qui lui est donnée pour rejoindre le plus grand nombre.
Mais la communication n’est pas automatique. Elle a besoin de la technique ; oui, bien sûr, mais il lui faut aussi des oreilles qui écoutent, des yeux qui regardent, des cœurs qui s’émerveillent, des volontés qui s’engagent : cela peut se résumer en quelques mots : “Communiquer c’est aimer”. L’amour devrait animer tous les moyens de communication. C’est vrai pour notre relation avec Dieu mais aussi avec tous nos frères. On ne peut pas communiquer sans aimer.
L’évangile de ce dimanche nous apporte un éclairage nouveau : pour vraiment communiquer, il nous faut être “le sel de la terre” et “la lumière du monde”. Et cela ne sera possible que si nous sommes réunis autour de Jésus. Le Christ est comme une saveur qui donne à chaque être humain un goût qui vient de l’intérieur. Nous devons veiller à ne pas la laisser s’affadir et à ne pas laisser d’autres saveurs (amertume, acidité, âpreté) prendre le dessus. L’important c’est de tout faire pour donner à notre vie le goût de Dieu. C’est pour répondre à cet appel que nous nous rassemblons le dimanche dans les églises. C’est lui qui nous invite pour puiser à la source de l’amour qui est en lui.
Le sel et la lumière sont des éléments indispensables à la vie. Ils n’existent pas pour eux-mêmes mais pour les services qu’on leur demande. Quand Jésus nous dit que nous sommes le sel de la terre et la lumière du monde, ce qui est important c’est la terre et le monde. Cela signifie que nous sommes appelés à nous mettre en situation de missionnaires. Notre présence est indispensable mais il ne faut pas oublier que l’Église n’existe que pour le monde. Voilà qui devrait nous remettre à notre juste place.
Le sel et la lumière sont des révélateurs ; le sel met en valeur les aliments. La lumière fait connaître la beauté des êtres et du monde. Les aliments existent avant de recevoir le sel. Les êtres et le monde existent avant d’être éclairés. Cela en dit long sur la mission que Jésus confie à ses disciples et à nous-mêmes. Personne n’a besoin de nous pour exister. Mais nous avons tous un rôle particulier à jouer. Le Seigneur compte sur nous.
En tant que sel de la terre, en communion avec le Christ, nous avons à révéler aux hommes la saveur de leur vie. Ils ne nous ont pas attendus pour vivre des gestes d’amour et de partage très beaux. Nous en voyons qui s’engagent à la banque alimentaire et dans diverses associations à but humanitaire. Certains y laissent même leur vie. Notre mission c’est de témoigner que Dieu est là dans tous ces gestes et ces paroles d’amour. Notre rôle c’est de révéler le nom de Celui qui agit à travers eux. Dieu est présent partout où il y a de l’amour.
“Vous êtes la Lumière du monde”, nous dit encore Jésus. Naître c’est venir au jour, c’est voir la lumière. Personne ne peut vivre dans le noir, pas plus les humains que les plantes. Le noir fait mourir ; la lumière c’est la vie et la joie de vivre. En tant que lumières du monde, nous sommes là pour mettre en valeur la beauté du monde. C’est le regard d’amour qui révèle le vrai visage des personnes et des choses. Mais cela ne peut se faire que dans la discrétion. Trop de sel finit par rendre les aliments répugnants. Une lumière trop vive peut provoquer des accidents sur la route. Pour être sel et lumière, il faut d’abord aimer. L’évangélisation n’est pas une conquête ; c’est l’annonce d’une bonne nouvelle. Cela ne peut se faire que dans une présence d’amour.
Le Christ nous met en garde contre le sel qui s’affadit. Un chrétien qui s’éloigne de Dieu finit par perdre le goût de la foi. Il ne vit plus de la sagesse du Christ. Il n’est plus bon à rien. Pour retrouver la saveur évangélique, nous devons sans cesse revenir à celui qui en est la source. Ainsi, nous pourrons la transmettre à d’autres autour de nous. L’Évangile est une bonne nouvelle à laquelle il nous faut sans cesse revenir pour nous en nourrir. Nous ne pouvons pas nous contenter de ce que disent les médias chaque jour. L’important c’est que notre vie témoigne chaque jour de l’amour qui est en Dieu.
Oui, Seigneur, garde-nous unis à toi. Tu es notre seule lumière. Donne-nous de la rayonner par toute notre vie.
D’après diverses sources
en faisant les nuits je lis la lectio divina c’est une lecture qui apaise
etre dans le monde et ne pas etre attirer par ceux qui brille
car l’humain est irremplaçable l’or ce sont de fausses idoles
L’Eglise dans le Monde
Jésus a commencé à circuler à travers son district paganisé de Galilée en proclamant l’arrivée de l’événement décisif de l’histoire : Dieu vient établir son règne. Annonce ambiguë : révolution politique ? Apocalypse ?…Non ! Cette BONNE NOUVELLE doit être accueillie par la décision personnelle et volontaire de changer de manière de vivre, de chercher le bonheur selon l’enseignement donné par Jésus et balisé par les huit Béatitudes.
Les hommes et les femmes qui croient Jésus et lui font confiance deviennent « ses disciples » : il ne leur est pas demandé de fuir le monde dans la solitude (communauté de Qumran) ni de s’enfermer dans une secte de purs (pharisaïsme). Dans leur pays, au sein de la société dont ils sont membres, dans tout état de vie, à tout âge, ensemble ils remplissent une fonction capitale.
Car les Béatitudes ne sont pas un poème à calligraphier, un cantique à fredonner, un idéal de mystiques, un programme « trop beau pour être vrai ». Elles sont à vivre. Et leurs pratiquants ont à remplir, dans la marche du monde, un rôle essentiel, irremplaçable.
Telle est la conclusion que Jésus donne aujourd’hui à la révélation de ses béatitudes.
PREMIERE PETITE PARABOLE DE L’EVANGILE
Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus sur la montagne, il leur disait (tout de suite après les Béatitudes): « Vous êtes le sel de la terre. Si le sel se dénature, comment redeviendra-t-il du sel ? Il n’est plus bon à rien : on le jette dehors et les gens le piétinent. »
Le sel est enfermé à part dans un récipient que la cuisinière prend, retourne et secoue au-dessus du plat. Elle évalue quelle quantité est nécessaire : peu, pas trop, suffisamment. Si par mégarde elle l’oublie, la nourriture, quelles que soient la qualité des produits et la justesse du temps de cuisson, sera fade et désagréable.
Ainsi, dit Jésus à ses disciples qui viennent d’écouter la proclamation des béatitudes et qui ont décidé de vivre selon leur appel, vous n’avez pas à former un groupe à l’écart. Vous devez « vous secouer », repousser vos peurs et vous mêler à l’humanité en recherche. Non pour la commander de haut mais pour lui révéler le sens de la vie. Donner de la saveur, du goût de vivre. Pour prouver que l’homme n’est pas condamné à l’absurde. Que la vie n’est pas un circuit sans fin, une aventure douloureuse et inutile.
Il n’est nul besoin que vous soyez très nombreux, ne rêvez pas d’être la majorité. Tout en partageant les conditions des voisins, en accomplissant les mêmes tâches, en exerçant les mêmes professions, en fréquentant les mêmes écoles, en travaillant dans les mêmes entreprises, acceptez d’être différents. Et même de choquer.
Le péril, souligne Jésus, ne vient pas du côté de la société qui refuse de vous écouter, prône d’autres valeurs, se déchaîne dans la violence et la débauche, vous tourne en dérision et même vous persécute. Le seul véritable danger est que « le sel se dénature »c.à.d. que ceux qui se présentent comme chrétiens ne le soient que de nom, suivent les modes régnantes et se laissent contaminer par les façons de vivre de la masse en y ajoutant quelques rites bizarres.
Si l’on ne voit plus la différence apportée par les disciples de Jésus, s’ils n’osent pas leur originalité, s’ils ne se démarquent pas, alors « la foi est dénaturée », la vie manque de sens profond, de goût, de profondeur. N’est-il pas effrayant de constater que, dans nos sociétés opulentes, le suicide est la 2ème cause de mort des jeunes. Souvent comblés de biens, ils étouffent dans l’absurdité d’une vie basée sur la jouissance immédiate et qui leur offre si peu d’avenir.
Et, sans des disciples béatifiés par l’Evangile, on ne comprend plus ce que le Christ a apporté et pourquoi il a vécu de la sorte. Or, pour authentifier son message et pour le vivre en vérité, Jésus a accepté d’être contredit, moqué, détesté, haï, exécuté sur une croix. Il savait l’enjeu de son message : que le monde ne pouvait subsister sans lui.
2ème PETITE PARABOLE
Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut pas être cachée. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau : on la met sur le lampadaire et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux.
La foi ne peut se ratatiner en quelques vagues convictions cachées, ni se réduire à une opinion privée et l’Eglise ne peut accepter d’être une secte qui se contente d’organiser des cérémonies et de bénir les tournants de l’existence. Si vous essayez de vivre selon mes béatitudes, dit Jésus, il est impossible que vous demeuriez dans l’ombre.
Vous n’avez pas à faire du spectacle, à vous vanter de votre identité, à vous croire supérieurs : en effet, de soi, pratiquer la pauvreté spirituelle et le détachement, désirer passionnément la réussite du projet de Dieu, avoir faim de justice, exercer la miséricorde, unifier son cœur, lutter pour bâtir la paix et supporter patiemment les persécutions pour le Christ- bref incarner les Béatitudes -, cela ne peut pas ne pas se voir.
La vie évangélique n’éblouit pas : elle éclaire. Elle n’écrase pas : elle appelle ceux qui errent dans la nuit. Comme un phare, elle signale les écueils aux âmes en perdition et montre le chemin du port.
La dernière béatitude nous prévenait des risques inhérents de contradiction (« Heureux si l’on vous persécute… ») : il n’est donc pas surprenant que nous soyons critiqués et attaqués. Toutefois des hommes et des femmes pourront voir le bien accompli, être convaincus que les béatitudes ne sont pas une utopie irréalisable, qu’avec elles, la vie vaut la peine d’être vécue.
Intrigués puis emportés par le bien effectué sous leurs yeux, « ils glorifieront Dieu le Père ».
Ils comprendront que cette conduite évangélique a son origine non dans les qualités ou l’héroïsme de certains mais dans un Dieu PERE.
L’Eglise ne cherche pas à impressionner, à conduire à elle-même mais à révéler le vrai Dieu, Père
Car les béatitudes constituent le comportement des « enfants de Dieu ».
CONCLUSION
Ainsi la parabole du sel révèle la puissance interne de la foi vécue, sa force d’imprégnation, sa capacité de donner de la saveur aux gestes quotidiens.
La parabole de la lumière montre combien elle apporte des raisons de vivre lorsque la monstruosité du mal nous écrase, lorsque le doute nous taraude, lorsque la nuit s’étend sur la terre.
Les Béatitudes ne sont pas un texte à lire, à savoir, à proclamer, à afficher : elles sont actes, décisions, options nettes et clairs refus.
Elles ne sont pas un message daté, réservé à une époque, à un pays, à une religion. Toujours et partout, chez tous les peuples et jusqu’à la fin du monde, elles interpellent, elles parlent en vérité, elles donnent sens et clarté, elles renversent les murs d’incompréhension et d’indifférence.
Plus le monde accélère sa marche, plus il possède des instruments d’une puissance extraordinaire, plus il multiplie les communications planétaires, plus il a besoin urgent de la Bonne Nouvelle des Béatitudes vécues.
Une Eglise qui construit des édifices sans édifier de vraies communautés, une Eglise qui organise des pèlerinages sans apprendre à vivre l’austérité d’une vie en marche, une Eglise qui baptise dans l’eau sans plonger véritablement dans un autre Esprit, n’a pas grand chose à dire au monde.
Elle semble une organisation désuète et ennuyeuse et laisse indifférent.
Lorsqu’elle pique comme le sel, lorsqu’elle apporte une autre lumière venue d’ailleurs, elle intrigue, elle énerve peut-être mais elle attire. Elle manifeste que Dieu n’est pas inutile, que cela vaut la peine d’être chrétien. Car il ne s’agit rien moins que de l’avenir du monde.
Raphaël D.