Homélie du 5ème dimanche de Pâques
Abbé Jean Compazieu | 14 mai 2011
Je suis le Chemin
Lectures bibliques : Lire
Cet évangile, nous l’avons entendu souvent. Il s’agit de paroles de Jésus à ses disciples quelques heures avant sa mort. Ils sont très inquiets car ils sentent le danger qui le menace. Ils se rendent bien compte que l’étau se resserre sur lui mais aussi sur eux. Tout au long de ce discours, il leur annonce que désormais ils ne vont plus le voir. Quand saint Jean écrit son évangile, au premier siècle, il s’adresse à des communautés chrétiennes également désemparées. Les disciples du Christ sont pourchassés et mis à mort à cause de leur foi. Dans le monde d’aujourd’hui, les chrétiens se sentent aussi insécurisés. Ils doivent faire face à l’incroyance, l’indifférence, la dérision et, dans certains pays, la persécution.
Tout cela, le Christ l’avait prévu. Le message qu’il adressait à ses disciples est aussi pour nous aujourd’hui. Tout au long de la Bible, nous lisons cette parole : “Ne crains pas… je suis avec toi.” C’est aussi ce que Jésus redit aux chrétiens de notre temps. Il est avec nous tous les jours et jusqu’à la fin du monde. Il nous invite à mettre en lui notre foi et notre confiance. Quoi qu’il arrive, rien ne peut nous séparer de l’amour qui est en Dieu. Le mal qui accable tant de personnes n’aura pas le dernier mot. Le Christ ressuscité veut nous associer tous à sa victoire sur la mort et le péché.
Dans l’évangile que nous venons d’entendre, Jésus nous rappelle le sens de son départ imminent : “Je pars vous préparer une place dans la Maison de mon Père.” Voilà une parole que nous oublions un peu trop facilement. Nous pensons plutôt à nous installer sur cette terre et à nous y comporter comme si c’était notre demeure définitive. C’est alors que Jésus vient nous rappeler le vrai but de notre vie. Il ne se contente pas de nous préparer une place. Il reste avec nous pour nous guider vers ce qu’il appelle la Maison du Père.
A ce sujet, il convient d’apporter une précision importante. Quand l’évangile nous parle de la “Maison du Père”, on pourrait croire qu’il s’agit du temple ou d’une église. En fait, c’est bien plus que cela : ces nombreuses demeures qu’on y trouve désignent une cohabitation fraternelle dont nous sommes incapables ici-bas. Notre monde construit des appartements et des maisons à demeures uniques qui sont le symbole de notre individualisme. Et c’est la montée du racisme, de la violence et des injustices de toutes sortes. Depuis des années, nous en avons de douloureux exemples. Mais l’Evangile est là pour nous rappeler que le grand projet de Dieu c’est de rassembler tous les hommes et qu’il leur réserve une maison où tous se sentiront accueillis avec amour.
Pour avancer vers ce monde nouveau qui nous attend, c’est par le Christ que nous devons passer. Dimanche dernier, il nous disait : “Je suis la porte des brebis.” Ce matin, il nous dit : “Je suis le chemin…” Si c’était maintenant, il nous parlerait sûrement du GPS. Pour ceux qui ne savent pas, c’est un petit appareil sur une voiture pour guider le conducteur tout au long du trajet. Il indique : “Tournez à droite… continuez tout droit…” Et si on se trompe, il nous remet sur la bonne route. Avec le Christ, nous avons un bon guide sur la route de notre vie. Nous pouvons toujours compter sur lui.
L’évangile de ce dimanche, nous invite à faire un pas de plus. Le Christ ne se contente pas de nous montrer un chemin. Il est lui-même LE chemin. Ses paroles sont celles de la Vie Eternelle. En dehors de lui, nous allons à notre perte. Personne ne va au Père sans passer par lui. C’est lui, Jésus, qui nous révèle le vrai visage de Dieu. Il nous fait regarder la direction du Ciel. Grâce à lui et avec lui, notre vie terrestre retrouve tout son sens.
Cette bonne nouvelle, nous ne pouvons pas la garder pour nous seuls. Comme les apôtres, nous sommes envoyés dans le monde pour en être les messagers. Nous témoignons aux yeux du monde que nos chemins de la terre sont balisés par l’évangile de Jésus Christ. Nous avons là un repère essentiel pour la marche. Il est absolument indispensable d’y revenir chaque jour pour recentrer notre vie sur le Christ. Aux heures les plus éprouvantes comme dans les moments de joie, Jésus est là. Sa présence est invisible mais bien réelle. Elle nous redonne l’espérance et le goût de vivre. Nous retrouvons en lui force et courage pour continuer notre route et marcher à sa suite.
Ne craignons pas de montrer à tous, en particulier aux enfants, que nous savons où nous allons. Au-delà de notre mort, Jésus veut nous conduire dans la Maison du Père. C’est de cette espérance que les communautés chrétiennes sont appelées à témoigner lors de la célébration des obsèques. Dans notre monde actuel, beaucoup sont sceptiques. Déjà, Thomas disait : “Nous ne savons pas où tu vas…” Et aujourd’hui encore, ils sont nombreux ceux et celles qui ne savent pas où ils vont. L’Evangile nous annonce cette bonne nouvelle : dans la lumière de Jésus ressuscité, nous savons où nous allons. Alors, nous pouvons rendre grâce pour cette lumière de la foi qui nous a été donnée. Par elle c’est le Christ qui éclaire nos pas plus ou moins hésitants en direction du Royaume de Dieu.
Dans la célébration eucharistique, tu nous donnes, Seigneur, la nourriture indispensable pour continuer notre route à ta suite. Nous te prions les uns avec les autres. Rends-nous disponibles pour témoigner de ton amour qui vient sauver tous les hommes. Amen
D’après diverses sources
Père Jean, merci pour cette homélie. J’ai lu aussi attentivement l’Evangile.
Je suis maintenant ancrée en Dieu. Je vis au niveau de l’être : “je suis” et non plus de l’avoir : “je possède”. Je respecte au mieux LES DIX COMMANDEMENTS : ce sont des valeurs qui aident, non pas un enfermement.
Je sens toujours que le Seigneur est là qui me guide. Et lorsque je fais une erreur, il ne me juge pas mais me remet sur le bon chemin. D’ailleurs moi aussi je ne juge presque plus, car j’ai appris à voir la part de cristal de chaque personne.
Le Seigneur est merveilleux : chaque jour en effet, Il m’apporte son lot de petites ou grandes grâces. Elles m’aident à vivre et me montre que le Seigneur s’occupe de ma vie même dans les plus petits détails.
Seigneur, aujourd’hui, je chante tes louanges. Tu m’es devenu indispensable comme le boire et le manger puisque je ne puis vivre sans toi.
Seigneur, avec toi je mène une vie digne d’être vécue.
Je suis très contente car dimanche 22 mai c’est mon anniversaire et Henri a bien voulu me réabonner pour un an au PELERIN. Chaque jour en effet, je lis quelques pages de mes revues chrétiennes, juste après le sport.
Seigneur, comme je ne te le dis pas assez souvent, MERCI POUR TOUT ! Je ne veux pas être une personne qui ne fait que demander ou se plaindre je veux aussi te louer pour tous les bienfaits que tu m’apportes.
Seigneur, je suis ta servante.
Christiane
je suis le chemin la vie la vérité celui qui crois en moi même s’il meurt il vivra éternellement,si quelqu’un m’aime il gardera ma parole……………
moi seigneur je ne suis rien mais rien du tout
tu me donnes l’espérance de croire,car je suis en colère contre toutes les injustices
contre la pauvreté!
Vous pensez mieux imiter la parole du CHRIST pour cheminer, vériter, prendre la voie à Dieu Qui vous donnera le don de l’amour pour les pécheurs et oubliez pas de penser notre disciple PIERRE avait suivi en parole de notre Seigneur Jésus christ en Cène à la Jeudi SAINTE à imiter et servir pour laver les pieds malgré qu’il ne voulait pas de faire ça quand même il devait accepter d’imiter la servitude de notre Maître à Cause de leur amour et leur mémoire à la préparation de la mort de Notre Jésus christ.
Simplement il faut trouver la lumiere du ciel pour votre âme qui peut comprendre et prier sans cesse à DIEU pour déborder l’eau dans son coeur purifié.
Nous vivons, semble-t-il, des temps que certains jugent « apocalyptiques ». Sans vouloir dire que tout va mal notre monde connaît des événements qui peuvent bousculer nos façons de voir, de juger, de considérer l’avenir de notre humanité et même de notre planète.
Où allons-nous ? Quel sens à notre vie ? A qui nous fier ? Chez nous les nouvelles élections de l’an prochain peuvent interroger sur la dernière question.
Pour nous chrétiens, sans exclure ceux qui ne le sont pas, le temps pascal nous présente Jésus Christ, non comme choix humain mais divin, comme il l’affirme. Dimanche passé il se montrait comme le « Bon Pasteur » qui aime ses brebis – tous les hommes – pour les conduire à un Royaume d’Amour dont il est « la Porte » d’entrée.
Dans l’Evangile de ce jour (Jean 14, 1-12) quelle magnifique présentation fait-il encore de lui-même et de ce qu’il attend de nous. « A l’heure où il passe de ce monde à son Père », ressuscité, il tient à réconforter ses disciples : nous en sommes ! « Ne soyez donc pas bouleversés : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi ». Il s’égale à Dieu. « Dans la maison de mon Père .. beaucoup peuvent trouver leur demeure ». La demeure de Dieu n’est pas logement restreint. Elle est prévue pour toute l’humanité. « Où je suis vous y serez aussi, vous savez le chemin » Thomas, l’un des Apôtres s’interroge sur ce chemin. Jésus répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » ; « personne ne va vers le Père sans passer par moi » ; « croyez en ce que je vous dis ». Un appel à la foi tout en confirmant son union intime et parfaite avec Dieu : « Celui qui m’a vu a vu le Père ».
Interrogeons-nous sur ce Chemin qu’est Jésus. Il mène à la Vérité (entière) et à la Vie (éternelle). A l’heure actuelle les chemins ont pris de l’importance. Ils sont très divers : des routes de toutes catégories jusqu’à des auto-routes où s’engouffrent parfois des millions de voitures. Les routes maritimes et aériennes nous connaissons même sans les avoir pratiquées. Se développent les randonnées : chemins pour ceux et celles qui prennent du temps pour cheminer. C’est un temps pour observer la nature avec ses paysages, mais aussi les œuvres humaines comme églises, châteaux, monastères, musées, jardins, etc… temps apprécié souvent pour des rencontres, des regroupements où l’on apprend à se connaître, à dialoguer, à se détendre joyeusement. S’y rattachent aussi, au plan religieux, des pèlerinages de plus en plus fréquentés par des jeunes de toutes nations ; citons en exemples : St Jacques de Compostelle, le Puy en Velay, Lourdes, Fatima … des lieux marqués par un amour de Jésus, Marie, où un saint reconnu par son amour et sa bienfaisance.
Pas de chemin normalement sans but. Nous savons hélas que certains le prennent surtout pour se divertir égoïstement, voir pour se prodiguer dans des actions extrêmement répréhensibles : drogue, abus d’alcool, terrorisme, vols, crimes, désirs charnels jusqu’au viol et la pédophilie.
Sachant que Jésus est le Chemin, son précurseur Jean Baptiste disait : « Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers ». Ce n’est pas un chemin sans problèmes, c’est un sentier. De plus un sentier de montagne à gravir en aimant avec Lui pour arriver au sommet. Il y est parvenu, dans la gloire du Père, tête de l’Eglise dont nous sommes invités à devenir par l’Esprit des membres fidèles.
Il est parfois facile, avec les tentations, d’avancer sur de mauvais chemins. « Rendez droits pour vos pas les sentiers tortueux » (Hébreux 12, 13). St Pierre (2ème lecture) nous dit : « Approchez-vous du Seigneur Jésus ». S’il est chemin il est aussi « pierre vivante, éliminée par les hommes mais choisie par Dieu parce qu’il en connaît la valeur ». Avec lui nous sommes invités à devenir « pierres vivantes » pour « construire le Temple spirituel », édifice rappelant celui de Jérusalem en son temps mais maintenant Lui en personne, en son Corps mystique qui veut englober toute l’humanité. L’Eucharistie nous y introduit après le Baptême. Avec joie vivons-en le mystère !
« La terre est remplie de son amour » ; « chantez-lui un cantique nouveau » Oui, comme nous y invite le Psaume, chantons le Seigneur, et prions Marie, notre Mère du ciel , de nous aider à mieux aimer en vérité, et Dieu, et tous nos frères et sœurs humains.
La Victoire sur la Peur : CROIRE
Rédigeant son livret longtemps après les autres (vers la fin de notre premier siècle ) et enrichi par plusieurs dizaines d’années de vie évangélique, de réflexions, de débats, de prière et de pratique de l’Eucharistie, Jean a considérablement étoffé le récit de l’ultime soirée de Jésus avec ses disciples. Non seulement il a remplacé le récit de l’institution de l’Eucharistie par celui du lavement des pieds, mais il a mis dans la bouche de Jésus un très long discours d’adieu qui s’étend sur les chapitres 14 à 17. Il ne s’agit ni d’une transcription directe ni d’une élaboration théologique personnelle. Du sein de sa communauté croyante accrochée au souvenir vivant de Jésus et animée par son Esprit de Vérité, Jean peut exprimer ce qui est comme « le testament du Seigneur ».
La lecture de ces quelques pages extraordinaires peut constituer la méditation du chrétien tout au long de ce temps pascal : il n’est nulle meilleure préparation aux fêtes de l’Ascension et de la Pentecôte.
La liturgie de ce dimanche nous fait entendre le début de ce discours (suite dimanche prochain)
CROIRE POUR ESPERER
A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples :
« Ne soyez donc pas bouleversés : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi.
Dans la maison de mon Père, beaucoup peuvent trouver leur demeure – sinon est-ce que je vous aurais dit : « Je pars vous préparer une place » ? Quand je serai allé vous la préparer, je reviendrai vous prendre avec moi ; et là où je suis, vous y serez aussi. Pour aller où je vais, vous savez le chemin…. »
« Bouleversés », ils le sont, les pauvres disciples et il y avait de quoi ! En quelques minutes, ils viennent de vivre une succession d’événements qui sont autant de coups de massue. D’abord le Maître, prenant tout à coup la posture d’un esclave, s’est agenouillé devant chaque disciple pour lui laver les pieds ! La tournée finie, il leur a enjoint d’agir de la même manière les uns envers les autres ! Puis, le teint livide, il leur a annoncé que l’un d’eux allait le trahir et le livrer à ses ennemis ! Comme il murmurait le nom du traître à Jean, Judas s’est levé de table et a brusquement quitté la pièce ! Là-dessus, Jésus a annoncé qu’il allait les quitter en ordonnant: « Aimez-vous les uns les autres » ! Et enfin à Simon Pierre qui se prétendait capable du martyre en défendant son Maître, il a rétorqué qu’il allait le trahir !
Un Seigneur esclave, une Eglise où chacun doit servir l’autre, des apôtres qui trahissent, un « pape » qui renie !!! Jean dit à ses lecteurs (à nous aujourd’hui) : « Voilà bien ce que nous avons vécu et ce que vous vivrez ».
Comment surmonter ce bouleversement panique ? Un seul remède : CROIRE.
Croire en Jésus du même mouvement que l’on croit en Dieu. Jean ne connaît pas le nom de « foi » : il dit toujours « croire ». L’adhésion n’est pas un sentiment, une opinion, une vague croyance qui doute toujours d’elle-même : elle est acte, verbe, don, mouvement vers, certitude, confiance.
Premier résultat de ce « croire » : l’espérance. Jésus sait qu’il va à la mort mais, en vérité, il s’en va non dans un nirvana anonyme mais dans la Maison de son Père. Et il rassure les siens dont il perce la faiblesse, la fragilité, la lâcheté, le péché : Je ne vous rejette pas : par ce chemin sanglant du don de moi-même sur la croix, je vous permettrai d’aller vous aussi dans cette Maison car je vous « assumerai » (« vous prendre avec moi »). Croire que « Jésus mort est en Dieu » assure de le rejoindre. Il leur a lavé les pieds pour signifier qu’ils pourront emprunter ce chemin. Quel chemin ???
Les trois « V » : VOIE…VERITE …VIE
Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas ; comment pourrions-nous savoir le chemin ? ».
Jésus lui répond : « Moi je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. »
Dans les autres évangiles, Jésus apprenait le comportement du Royaume, il révélait la Vérité, il montrait la voie de la Vie ; ici il affirme qu’IL EST EN PERSONNE CES REALITES ESSENTIELLES et il l’explique tout de suite par les trois petites phrases suivantes :
LE CHEMIN – « Personne ne va vers le Père sans passer par moi »
La vie humaine n’est pas un chaînon dans une suite biologique (ascendants….descendants) : elle a un sens, elle chemine vers un but. Pour aller au Père, il est nécessaire de passer par le Fils, de croire au Fils au point de suivre son chemin et de devenir « fils » en lui, comme lui.
LA VERITE – « Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père »
« Connaître » dans Jean ne se réduit pas à un savoir mais signifie une communion profonde. Si les disciples ne se contentent pas d’écouter un maître de sagesse, mais accueillent ses paroles comme « une révélation » qui, du même coup, révèle son être de Fils, alors ils entrent dans la Lumière de la Vérité.
LA VIE – « Dès maintenant vous le connaissez et vous l’avez vu »
La Bonne Nouvelle, ce n’est pas de recevoir des commandements ou une simple promesse d’un avenir bienheureux, c’est être heureux sur le champ, goûter à l’instant même cette certitude de « connaître », de communier à la Vie du Père. « Maintenant » ??? Qu’est-ce à dire ?… Le dialogue rebondit.
CROIRE AU FILS ET AU PERE ENSEMBLE
Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père : cela nous suffit ».
Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous et tu ne me connais pas, Philippe ?… Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : « Montre-nous le Père » ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même mais c’est le Père qui demeure en moi et qui accomplit ses propres œuvres.
Croyez ce que je vous dis : je suis dans le Père et le Père est en moi. Si vous ne croyez pas ma parole, croyez au moins à cause des œuvres.
L’apôtre achoppe sur l’affirmation de Jésus: oui, on voudrait savoir, « connaître Dieu ». Qui donc est ce Père ? Comment le comprendre ? Et Jésus de faire une réponse sidérante : Quand je t’ai appelé, Philippe, tu avais compris que moi, fils de Joseph de Nazareth, j’étais le Messie annoncé dans les Ecritures (Jn 1, 43-45) mais depuis le temps que nous vivons ensemble, que tu m’as si souvent entendu, que tu m’as vu accomplir des actions hors du commun, tu aurais dû conclure : Jésus est plus que Moïse, plus qu’un Prophète, plus qu’un Sage. C’est le Père qui parle par lui, c’est le Père qui agit par lui. Père et Fils sont ensemble.
« CROYEZ » donc, insiste Jésus : c’est une question de confiance car ses enseignements et ses miracles ne constituent pas une preuve contraignante. Des multitudes l’ont écouté, ont été témoins de ses guérisons et ne l’ont jamais cru (ces « miracles » ne sont-ils pas des récits inventés par ses disciples ?).
C’est pour répondre à cette objection que Jésus continue – et ici il faut poursuivre la lecture liturgique qui oublie les versets 13-14 qui terminent cette section.
PRIER LE PERE PAR LE FILS
Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi.
Il en accomplira même de plus grandes puisque je pars vers le Père.
Tout ce que vous demanderez en mon Nom, je le ferai, de sorte que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous me demandez quelque chose en mon Nom, je le ferai.
Le double amen introductif souligne l’importance et la certitude de l’affirmation. Comme nous, Jean a expérimenté que raconter les miracles de Jésus ne convainquait pas grand monde : on peut toujours demeurer sceptique et accuser les chrétiens d’affabulation. C’est pourquoi Jésus déclare que la puissance divine qui lui a permis d’agir, continuera à agir dans les disciples.
Il est habituel aujourd’hui de pointer les erreurs de l’Eglise, de dénombrer ses péchés, de la couvrir de sarcasmes mais il est profondément (scientifiquement) injuste de passer sous silence les merveilles que des croyants ont accomplies dans l’histoire. L’université, l’hôpital, l’enseignement gratuit pour les pauvres, le souci des lépreux, des aveugles et des sourds, la Croix-Rouge, les soins palliatifs et mille œuvres diverses ont été créées par des chrétiens. (Ce qui n’empêche évidemment pas d’avouer les tares de l’Eglise et d’admirer les croyants d’autres religions ou athées ont accompli aussi des merveilles pour l’humanité).
Les géants de la foi – comme jadis saint François d’Assise, saint Vincent de Paul, le père Damien et tous les autres – ne se vantent jamais de leurs qualités : tous et toutes, à l’unanimité, avouent leurs faiblesses, leurs péchés, et ils disent que c’est la prière, leur lien au Christ Seigneur, qui a été leur force. Tous et toutes déclinent les compliments, refusent de devenir les idoles des foules : dans leurs réalisations, c’est « le Père qui a été glorifié dans le Fils ».
Et l’Eglise prolonge la prière des premiers apôtres en répétant comme eux : « …..Par Jésus Christ ton Fils notre Seigneur…… ». Ce n’est point là un refrain à marmonner par habitude : c’est au contraire le point d’appui de la demande. La prière « au nom de Jésus » n’est pas une formule magique mais dit la nécessité de prier par l’intermédiaire de Jésus, de parler et de faire des œuvres comme lui, avec lui, en communion avec lui.
QUESTIONS
Quels « bouleversements » vivons-nous aujourd’hui en Eglise ? Ces scandales étouffent-ils notre foi ?
Sommes-nous enlisés dans les mœurs du monde ou portés par l’espérance de la Maison du Père ?
Si Jésus est VOIE, VERITE et VIE, comment dialoguer avec les autres religions ?…
Pouvons-nous raconter les merveilles accomplies par des chrétiens ? Ou la foi nous semble-t-elle inefficace ?
Prions-nous vraiment ? Que signifie de terminer nos oraisons par : « Par Jésus-Christ ton Fils…. » ?
Raphaël D.
5e dimanche de Pâques A
Après nous avoir décrit Jésus comme le Bon Pasteur dimanche dernier, les textes de ce cinquième dimanche de Pâques mettent en valeur notre mission de baptisés. L’accroissement du nombre des disciples entraîne, non sans tension, la diversité des groupes chrétiens. Juifs autochtones parlant araméen, Juifs venus d’ailleurs et de langue grecque se confrontent. Ce qui amène les apôtres à devoir inventer d’autres « ministères » la création de sept premiers diacres.
L’Eglise est à la fois sainte et pécheresse. Sainte car elle est porteuse de la présence de Dieu. Et pécheresse aussi, nous le savons bien en nous rappelant la manière désastreuse avec laquelle elle a traité les problèmes de crimes pédophiliques en son sein. Et ce n’est donc pas sans trembler nous lisons la deuxième lecture où saint Pierre dresse le portrait de la communauté des baptisés : « Nation sainte, sacerdoce royal, race choisie. » Nous voilà donc ensemble, avec et par Jésus, envoyés pour porter témoignage. « Prêtre, prophète et roi ».Cela nous fut annoncé au jour de notre baptême.
Pour nous permettre de garder courage, Jésus, dans l’évangile nous parle de son Père. « Je m’en vais vers mon Père, personne ne peut aller au Père sans passer par moi. Je suis dans le Père et le Père est en moi. » Jésus Christ est le sacrement de la présence du Père dans le monde. Il est venu montrer le Père. Il est tellement dans le Père que le voir, c’est voir le Père. Il nous fait une promesse étonnante: « Celui qui croit en moi fera les mêmes œuvres que moi et même de plus grandes. » Jésus n’est pas venu pour lui d’abord. Il est venu nous placer dans une relation d’alliance avec son Père. Il est venu nous demander de vivre la même relation que lui avec le Père. Jésus est le Chemin, la Vérité, la Vie.
Le chemin, la vérité et la vie font référence aux trois dimensions essentielles du ministère de Jésus: Prêtre, Prophète, Pasteur. Ce sont aussi les trois dimensions essentielles du baptême. C’est la route vers le Père.
Jésus nous a donc montré que nous sommes des êtres de relation avec le Père. Cette relation se réalise dans une vie de communion avec Lui au quotidien dans la prière, dans la « manducation » de la parole de Dieu. Voilà la dimension sacerdotale de notre baptême : nous permettre de vivre cette relation et de la célébrer dans l’action de grâce.
Jésus nous a révélé aussi que nous sommes des êtres de relations avec les autres. Nous sommes invités à vivre la communauté de foi, d’amour et de partage. Toute la vie du Christ et son enseignement nous font comprendre cette dimension essentielle de notre vie. Jésus a été pasteur pour nous rassembler, il nous invite à être pasteur à notre tour et à sa suite pour construire la communauté humaine. C’est la dimension pastorale de notre baptême.
Pour vivre cette vie de baptisé, nous avons besoin de lumière sur la route vers le Père. Jésus dans la dimension prophétique de sa mission est cette lumière qui nous guide. Participant à sa mission, nous devenons par notre témoignage de vie des révélateurs de la présence du Christ. Ainsi nous éclairons d’une certaine façon la route des autres, et nous nous éclairons les uns les autres. C’est la dimension prophétique du baptême.
Nous sommes donc envoyés faire connaître le ressuscité, nous rassembler les uns avec les autres dans l’amour et célébrer ensemble cette vie de communion dans cette eucharistie.
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