Homélie du 6ème dimanche de Pâques
Abbé Jean Compazieu | 21 mai 2011
L’Esprit de Vérité
Textes bibliques : Lire
Dans la seconde lecture, l’apôtre Pierre nous adresse un appel de la plus haute importance. Il faut savoir que sa lettre a été écrite pour des chrétiens menacés par une persécution violente. Il leur demande de ne pas craindre de rendre compte de l’espérance qui les anime. Il ne s’agit pas pour eux d’argumenter sur les divers aspects de la foi chrétienne pour défendre l’Eglise. Le plus important c’est de témoigner par des actes et de ne pas flancher devant les tortionnaires. Les chrétiens auxquels l’apôtre s’adresse ne sont pas tous héroïques. Beaucoup ont renié leur foi au moment du danger. La lettre de Pierre les met en face du Seigneur Jésus. Lui, le juste, a préféré souffrir en faisant le bien plutôt que de faire le mal. Mais par sa victoire sur la mort et le péché, il nous introduit devant Dieu. C’est de cette espérance que les chrétiens doivent témoigner.
Cette lettre de Pierre nous rejoint aujourd’hui. Son message s’adresse aussi à chacun de nous dans la situation qui est la nôtre. Nous vivons dans un monde où beaucoup ont oublié l’espérance chrétienne. Dans bien des pays, ceux qui veulent rester fidèles à leur foi en Jésus Christ sont persécutés et mis à mort. Le plus souvent, ils sont ridiculisés. Les fêtes chrétiennes sont devenues des week-ends dont on a oublié l’origine. Mais rien ne peut arrêter la progression de la Parole de Dieu. La première lecture nous montre des chrétiens obligés de fuir la persécution. Mais là où ils sont, ils annoncent la bonne nouvelle de Jésus Christ. Le monde d’aujourd’hui a également besoin de témoins solides et convaincus qui ne craignent pas de rendre compte de leur attachement au Christ et de leur espérance en la résurrection.
Dans le prolongement de cette lettre de Pierre, l’évangile nous apporte un éclairage nouveau. Dimanche dernier, Jésus nous disait : “Je suis le chemin, la vérité et la vie. Aujourd’hui, il ajoute : “Je prierai le Père, il vous donnera l’Esprit de vérité.” Cet Esprit de Vérité nous a été donné au jour de notre baptême et de notre confirmation. Mais aujourd’hui, nous pouvons peut-être nous poser la question : De quelle vérité s’agit-il?
Nous vivons une époque plutôt curieuse : d’une part, on est très sensible à tout ce qui est mensonge, hypocrisie, tout ce qui sonne faux. On veut être authentique et faire tomber les masques. Mais en même temps, notre époque vit le mensonge organisé, mensonge de la publicité, mensonge de la politique, de l’information, scandales financiers. Et c’est là que nous rejoignons la question de Pilate au moment de la Passion du Christ : “Qu’est-ce que la vérité ?” Cette question c’est aussi la nôtre chaque fois que nous nous laissons déstabiliser par l’actualité vertigineuse qui nous est livrée chaque jour en pâture par les médias.
Mais il y a une réponse. Nous la trouvons dans l’évangile : “Jésus nous dit : “Je suis la Vérité”. Pour nous, Jésus est la vérité sur l’homme. Il est l’homme tel que Dieu le veut, totalement libre, pleinement responsable de ses actes. Il est totalement honnête avec sa conscience, vrai avec lui-même et avec les autres. Et dans le même temps, il est la vérité sur Dieu : “Qui me voit, voit le Père.” Notre connaissance de Dieu passe par lui. Il nous révèle le vrai visage de Dieu, un Dieu qui est Père et qui aime chacun de ses enfants. Il suffit de relire la parabole du fils prodigue. Quand ce fils est retrouvé, c’est un jour de joie : Dieu fait la fête avec ses anges. Et il nous invite à nous associer à sa joie.
Il nous appartient de tirer les conclusions de cette bonne nouvelle : accueillir cet Esprit de vérité que Jésus veut nous donner, nous laisser transformer par lui. C’est pour nous un appel à marcher chaque jour dans la clarté de l’évangile. C’est en les lisant et en les priant que nous découvrons le vrai visage de Dieu et le vrai sens de l’homme. Cette vérité n’est pas seulement une connaissance intellectuelle. Ce que l’Esprit Saint nous révèle est encore plus merveilleux. Il nous annonce que nous sommes une grande famille réunie dans l’amour : “Je suis en mon Père, vous êtes en moi et moi en vous.”
C’est dans le concret de notre vie que nous pouvons découvrir la présence de l’Esprit de Vérité. Son action est multiple. C’est par exemple ce besoin qui nous pousse à participer à l’Eucharistie, non par obligation mais parce qu’elle apporte un ressourcement intérieur qui nous est nécessaire. L’action de l’Esprit Saint c’est encore l’attention savoureuse à la Parole de Dieu pour qu’elle nourrisse notre foi ; c’est aussi l’affinement de notre conscience quand on fait attention à ne plus dire de parole blessante. C’est l’Esprit Saint qui nous permet de faire la vérité en nous. Il est cette lumière intérieure qui illumine notre chemin et notre vie.
Aujourd’hui, nous te prions, Seigneur : Viens raviver ce don que tu nous as fait au jour de notre baptême et de notre confirmation. Qu’il nous inspire et nous soutienne pour témoigner au cœur du monde de la joie et de l’espérance qui nous habitent à cause de Jésus ressuscité. Amen
D’après diverses sources
Pere Jean,
Merci pour ce message. Il me rappelle les différentes étapes de mon initiation dans la foi chretienne jusqu’a ma recente ordination a la pretrise.
Avec mes amities et mes prieres,
Jean Fils+
PERE JEAN
c’est beau de nous dire pour l’évangile qui m’interesse pour le chemin , la vérité, la vie pour connaitre le père qui est dans son fils jésus christ que je puisse démeurer en lui par son esprit saint et seule famille quand j’ai besoin d’elle en suivant les humbles et les simples.
amicalement
solange
J’aime ces commentaires de l’abbé Jean Compazieu, un des rares commentaires qui osent trouver au moins une reponse a la soif très souvent inasouvie des auditeurs des homelies: “Et nous que devons-nous faire”? Courage, Mr l’abbé, plus l’homelie est moins abstraite, pratique et concrete, plus elle nous parle et nous interresse. Gloire à Dieu: Amen
La Communauté, Maison de l’Esprit
Le comportement de Jésus, son arrestation et sa condamnation par les autorités, sa mort en croix, sa résurrection puis sa disparition avaient été, pour ses disciples, une effarante et bouleversante succession d’événements totalement imprévisibles. Un tsunami ! Mais ensuite, et de façon étonnamment rapide, une communauté était née, s’était développée et avait essaimé, éclairée par la Parole de Jésus, nourrie par son Pain de Vie, animée par son Esprit dans un grand élan missionnaire.
Le grand discours d’adieu de Jésus (Jean 14-17) montre comment, en quelques dizaines d’années d’expérience de vie chrétienne « DANS L’ESPRIT », les disciples ont pu intégrer les secrets de la Vie nouvelle, résister aux moqueries et aux attaques, surmonter les peurs, témoigner de la Bonne Nouvelle avec joie.
Nous avions écouté le début de ce discours dimanche passé : en voici la suite immédiate.
1ère PROMESSE DE L’ESPRIT-SAINT
A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples :
« Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements. Moi, je prierai le Père et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous. C’est l’Esprit de Vérité.
Le monde est incapable de le recevoir parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas.
Mais vous, vous le connaissez parce qu’il demeure auprès de vous et qu’il est en vous… »
C’est la première fois que Jésus appelle les siens à l’aimer. Lui, depuis le début, les aime. Et jusqu’au bout, jusqu’à leur laver les pieds, jusqu’à donner sa vie pour eux sur l’horrible croix. En retour, il ne leur impose pas des ordres mais il les invite à l’aimer librement (« SI… »). Ils ne sont pas des disciples soumis à la férule d’un maître, esclaves de règlements : ils sont regardés, connus, bouleversés par une Personne, Jésus, qu’ils reconnaissent maintenant comme leur Seigneur aimant. Sa croix est leur pardon. S’ils accueillent son amour, ils pourront pratiquer ce qu’il leur a dit. Son amour les rendra fidèles. Non par une décision héroïque, par un courage surmultiplié mais par son Esprit.
Le Bon Berger avait dit qu’il donnait sa vie pour ses brebis (10, 11, 15…). Les bras ouverts sur la croix révèlent au croyant que Jésus est mort en attitude de prière, d’imploration. En s’offrant par amour, il demandait – dans un geste éternel – que ses pauvres disciples qui l’avaient lâchement abandonné soient pardonnés, purifiés, comblés par la Miséricorde du Père. Et c’est de son cœur transpercé que coule l’Eau vive de l’Esprit. Sa Passion est une Prière exaucée.
Sa disparition provoque la venue d’un « autre Défenseur ». Le mot grec est « paraclètos » qui se traduit en latin par « ad-vocatus », en français par « avocat » : il désigne donc celui qu’un accusé reçoit pour le défendre. Jésus a été le premier Défenseur et il a pu affirmer qu’il avait gardé tous les siens et qu’aucun d’eux ne s’était perdu (sauf celui qui, volontairement s’était séparé de lui : 17, 12).
Mais Jésus ne pouvait veiller sur les siens que pour une courte période et en étant à côté d’eux tandis que l’Esprit désormais « sera POUR TOUJOURS AVEC VOUS…il demeure AUPRÈS DE VOUS… il est EN VOUS ». Le jeu des prépositions montre admirablement l’intériorisation croissante et indéfectible de l’Esprit dans les chrétiens ; son œuvre sera peu à peu dévoilée au cours des 5 grandes promesses qui balisent ce grand discours d’adieu :
« C’est l’Esprit de Vérité » car il est l’Esprit de Jésus qui est « le Chemin, la Vérité et la Vie » (14, 6).
Il remplira de confiance le cœur des disciples bouleversés par la peur (14, 1).
En eux, il témoignera de Jésus, c.à.d. qu’il les convaincra de sa vérité, et ainsi ils pourront eux-mêmes rendre témoignage à Jésus le crucifié Seigneur (15, 26-27).
Et ils iront d’émerveillement en émerveillement : en effet l’Esprit « les fera accéder à la Vérité tout entière car il ne parlera pas de lui-même…Il glorifiera Jésus et il vous le communiquera » (16, 13-15)
« Le monde » – c.à.d. comme souvent chez Jean, la part humaine qui renâcle à la Révélation de Jésus, qui refuse de « faire la vérité »- est incapable de comprendre cette réalité de l’Esprit. Pour lui ce n’est qu’un mot, un mythe. Les vrais disciples, au fur et à mesure qu’ils accueillent l’amour de Jésus et s’appliquent à l’aimer, c.à.d. à s’aimer les uns les autres, « connaissent » l’Esprit ; ils « co-naissent » avec lui car l’homme doit « naître de l’eau et de l’Esprit » (3, 5)
L’AMOUR EST LA DEMEURE DU PERE, DU FILS ET DES DISCIPLES.
« Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous.
D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi.
En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous.
Celui qui a reçu mes commandements et y reste fidèle, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l’aimerai et je me manifesterai à lui »
Pour Caïphe, Pilate, les grands prêtres, les soldats, les scribes, Jésus est bien mort sur la croix et son corps a été enseveli ; il a disparu pour toujours ; la tombe vide n’est pas un argument. Qu’on ne nous dise rien d’autre. Les siècles n’ont pas modifié cette certitude. « Le monde ne me verra plus » : Jésus l‘avait bien dit.
Mais à la face du monde, en plein monde, les premiers disciples osent affirmer – et Jean le raconte, 60 ans plus tard :
« Le soir de ce jour qui était le premier de la semaine, alors que par crainte des Juifs, les portes de la maison où ils se trouvaient étaient verrouillées, Jésus vint, il se tint au milieu d’eux et leur dit : « La paix soit avec vous »…Il leur montra ses plaies. En voyant le Seigneur, ils furent tout à la joie… Il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint… » (20, 19-23).
Expérience unique, fondatrice : « Je reviens vers vous …Vous me verrez vivant, et vous vivrez, vous aussi ». Le lecteur des Actes des Apôtres et des Lettres des Apôtres ne peut que constater que ces derniers sont bien des VIVANTS : quel dynamisme, quel feu, quelle certitude, quel élan ! Rien ne les arrête, ni les critiques ni le dénuement ni les menaces ni les persécutions ni les tortures.
Mais cela allait les conduire bien plus loin encore : ils ont compris, avec l’aventure de Thomas, qu’il ne fallait plus exiger d’apparition (20, 24) mais être heureux de croire sans voir (20, 29).
Sans « voir Jésus » mais afin de « perce-voir » que son Esprit les habite.
Par conséquent – fait stupéfiant quand on sait l’amour des Juifs pour leur Temple de Jérusalem –, il n’est plus besoin de se rendre à un édifice du culte, si magnifique soit-il, car
DIEU PERE …JESUS FILS…DISCIPLES EN ESPRIT : TOUS SONT UN DANS UN UNIQUE AMOUR.
La communion trinitaire s’est ouverte à la communion des disciples.
En finale, le passage reprend l’affirmation du début: la foi est amour de Jésus mais dans une pratique persévérante et onéreuse de ses préceptes : attention de se leurrer avec une piété superficielle. Le disciple est « fils du Père » car, comme le disait déjà le Prologue : « A ceux qui l’ont reçu (le Verbe fait chair), qui croient en son Nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (1, 12).
COMMENT MANIFESTER JESUS ?
Le texte se clôt sur une promesse mystérieuse : « Je l’aimerai et je me manifesterai à lui ».
L’apôtre Jude exprime la stupeur des disciples : « Comment es-tu « manifeste » à nous, les croyants, et non aux autres hommes (au monde) ?…Comment pouvons-nous affirmer que tu vis alors que les gens ne voient rien et ne comprennent rien ? ». Le Seigneur explique :
« Si quelqu’un m’aime, il observera ma parole et mon Père l’aimera ;
nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure ». (16, 22-23).
Il faut cesser d’attendre des apparitions fulgurantes, des phénomènes surnaturels, un bouleversement du monde. C’est la communion des disciples appliqués à pratiquer le commandement d’amour de Jésus, qui « manifestera » par elle-même la Présence réelle, en son sein, du Père et du Fils.
Lorsque l’Evangile est vécu par des croyants, ils deviennent « la manifestation » de la Bonne Nouvelle. Nul besoin d’organiser des défilés, des « manifs », des processions : c’est l’existence concrète du groupe dit « chrétien » qui est l’épiphanie de la Présence du Père et du Fils et de l’Esprit. La communauté pratiquante est « Demeure de Dieu dans l’humanité ». Les apôtres n’ont jamais inventé d’ « ostensoir » pour exhiber « la Présence réelle » de Jésus dans l’hostie. C’était la communauté, « hostie » offerte dans la vie évangélique, qui était apparition concrète, monstrance de Vie et de Lumière. L’assemblée dominicale réunie par la Parole et le partage du Pain était – et reste toujours- la grande Manifestation.
CONCLUSION
A la veille de l’Ascension (disparition visible du Jésus extérieur) qui conduira à la Pentecôte (descente de l’Esprit et donc venue du Jésus intérieur), il importe en ce dimanche d’insister fortement sur ce Testament de Jésus, sur l’importance de méditer ces chapitres de Jean.
– l’Eglise n’est pas une école où des professeurs enseignent aux élèves ce qu’ils doivent faire.
– Elle est communauté « aimée » de Jésus et donc vouée à l’aimer en vivant comme il l’a dit.
– En ce cas, l’Esprit de Vérité l’habite ; il est son avocat, il la défend contre toute attaque.
– En conséquence, elle est Maison du Père, du Fils, de l’Esprit.
– Par son existence même, elle témoigne, elle « manifeste » la Vérité, la Lumière et la Vie.
– Notre société se vante d’exalter le corps mais elle en fait un objet, une marchandise. L’Eglise parfois l’a dévalorisé et s’en méfie. Jésus, lui, l’a sur-exalté comme « sujet » : Le Père et le Fils habitent le croyant-pratiquant qui devient un « tabernacle ». O chrétien, reconnais ta grandeur.
Frère Raphaël D
La VERITE –
« Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » ; « personne ne va vers le Père sans passer par moi ». Dimanche passé nous avons cité ces paroles de Jésus prononcées la veille de sa mort et de sa mise au tombeau. S’intitulant « Chemin » il l’est sans équivoque pour rejoindre le Père, Dieu, ne faisant qu’un avec Lui. « Qui m’a vu a vu le Père » Dans la même annonce, d’un seul tenant, il se dit la Vérité et la Vie.
Aujourd’hui dans l’Evangile (Jean 14, 15-21), suite de l’allocution précédente, Jésus poursuit ses instructions aux disciples : « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements ». Ils sont ceux en premier d’aimer, et Dieu, et son prochain. Celui qui va donner sa vie en amour pour sauver l’humanité pécheresse n’est-il pas en droit d’attendre l’amour de la part des sauvés ? L’amour appelle l’amour ! Cela ne sera pas toujours le cas : « parce que je dis la vérité … vous ne me croyez pas » (Jean 8, 46)
Jésus connaît les faiblesses humaines, la force de certaines tentations, les doutes inspirés par de dures épreuves. Il annonce donc sa prière pour le don du Père « d’un autre Défenseur .. l’Esprit de vérité ». Comme lui « l’Esprit est la Vérité » (1 Jean 5, 6).
La Vérité ! Elle fait couler bien des paroles. Il suffit de contacter les médias pour découvrir l’importance qu’on lui donne, dans de nombreux procès, dans des culpabilités d’accidents bien divers, comme dans des recherches scientifiques, économiques ou politiques. Les échecs de sa réalité ? La vulnérabilité humaine, non exempte de mensonge.
« Quiconque est de la vérité écoute ma voix » énoncera Jésus à Ponce Pilate au cours de son procès, ce à quoi Pilate dira : « Qu’est-ce que la vérité ? » (Jean 18, 37-38) Il n’en tiendra aucun compte laissant condamner Jésus qu’il reconnaît innocent.
Jésus est la Vérité. Il est Dieu-même. « Vraiment cet homme était Fils de Dieu » dira un soldat témoin de sa mort en croix. Même des pharisiens qui pensent le piéger reconnaîtront : « nous savons que tu es véridique et que tu enseignes la voie (le chemin) de Dieu avec vérité » (Matthieu 22, 16). Accepter ce don est nécessaire pour la posséder intérieurement : « celui qui pratique la vérité vient à la lumière »(Jean 3, 21) ; « si la loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité nous sont venues par Jésus Christ » (Jean 1, 17)
Que de citations pourraient être rajoutées avec les lectures du Nouveau Testament, surtout avec St Jean et St Paul. Nommons pour les conséquences liées à la vérité : Le témoignage de Jean Baptiste, martyr de l’avoir divulguée – de la Samaritaine félicitée pour l’avoir exprimée, en partie ! – de la femme adultère, susceptible d’être lapidée d’après la loi. « Moi non plus, je ne te condamne pas : va et désormais ne pèche plus » (Jean 8, 11).
Vivre toujours dans la vérité, la pratiquer dans l’amour, sont des exigences fortement rappelées par St Paul en ses lettres ; comprendre « en vérité que Dieu ne fait pas acception de personne » St Pierre l’affirmera à Césarée à un romain pour marquer la même valeur accordée par le Seigneur aux juifs et aux païens. Ni racisme, ni favoritisme !
En 1ère lecture, Pierre et Jean sont envoyés de Jérusalem en Samarie pour donner le St Esprit à ceux qui n’ont reçu que le Baptême : cas actuel de bien des baptisés invités à recevoir le sacrement de confirmation. L’Esprit aussi est force et amour pour témoigner.
En 2ème lecture Pierre souligne la nécessité de « croire dans le Christ ; à le reconnaître comme le seul saint » et aux chrétiens « de rendre compte de l’espérance qui est en vous » … « avec douceur et respect ! »
Puissions-nous, comme il nous y invite, accepter les souffrances, nos croix, même injustifiées, en union avec Jésus « qui est mort pour les péchés » ; « dans sa chair il a été mis à mort, dans l’esprit il a été rendu à la vie ». Sa résurrection est le motif premier de notre espérance en la vie éternelle. Prions Marie de nous aider à la garder jusqu’au « Jour du Seigneur » Il arrivera et nous en serons témoins !
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Homélie pour le sixième dimanche de Pâques, année A
vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements.” (Jn 14,15)
Lorsque nous aimons quelqu’un, nous sentons ce qui lui ferait plaisir, pour accomplir sa volonté. Après avoir beaucoup demandé qu’on croie en lui, Jésus demande qu’on l’aime : « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements » (Jn 14,15) Si nous écoutons vraiment cet appel de Jésus, peut-être découvrirons-nous combien il est le vrai libérateur.
Cet évangile nous interpelle et nous invite à nous interroger sur notre fidélité au Christ. De quelle manière est-ce que je vis ma vie de chrétien ? Celle-ci se réduit-elle simplement à quelques pratiques extérieures, à des rites religieux ou a un vague sentimentalisme, alors qu’elle devrait être surtout affaire de changement de vie, de mentalité, de conversion continuelle à l’esprit de l’Évangile. Cet esprit de l’Évangile dont le mot principal est AIMER nous dit : ne jugez pas et vous ne serez pas jugés, pardonne à ton frère, réconcilie toi avec lui, heureux les pauvres, les coeurs purs, aimez-vous les uns les autres…
Jésus nous redit : « Celui qui a reçu mes commandements et y reste fidèle, c’est celui-là qui m’aime » (Jn 14,21) Aimer ! Observer les commandements ! C’est la condition pour que Dieu se manifeste à quelqu’un. Connaître Dieu est tout autre chose que de recevoir un bon enseignement doctrinal.
Nous ne sommes pas seuls. Jésus nous le rappelle dans cet Évangile. Quand on croit que l’on est seul, on est quatre : soi-même, Jésus, le Père et l’Esprit Saint. Essayez de souhaiter la bienvenue à ces hôtes secrets. Essayez de leur parler, dites-leur des mots d’amour… N’attendez pas le dernier jour de votre vie pour découvrir cette merveille.
Nous avons été baptisés au nom du Père… Pour nous qui prions Dieu en lui disant « Notre Père », tout homme est-il bien un frère créé lui aussi à son image ? Nous avons été baptisés au nom du Père et du Fils… Sommes-nous le familier du Fils… ? Jésus est-il vraiment le Seigneur de notre vie, Lui qui s’offre à nous dans les sacrements de son Église ? Nous avons été baptisés au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit… Cet Esprit Saint reçu dans le sacrement de Confirmation, le laissons-nous agir en notre personne ? Si c’est l’Esprit de vérité, il a forcément quelque chose à voir avec la vérité d’où qu’elle vienne.
Prenons du temps chaque jour dans notre prière pour relire notre journée, nos rencontres… en disant à Dieu, comme autrefois le jeune Samuel : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute! » Défenseur et Consolateur, l’Esprit nous est donné pour nous encourager à ne pas faiblir dans notre combat contre le péché. L’Esprit Saint nous invite à ne jamais désespérer, ni des autres, ni surtout de Dieu, ni même de soi-même. L’Esprit est assez patient pour nous mener là où Dieu veut, si toutefois nous lui confions notre vie. Frères et soeurs, rappelons-nous : nous avons été baptisés au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit !
“Ce ne sont pas ceux qui disent Seigneur, Seigneur… qui entrent dans le Royaume des Cieux, mais celui qui fait la volonté de mon Père !” (Mt 7, 21-23). Sommes-nous de ceux qui disent ou de ceux qui font ? La qualité de notre amour pour le Christ se reconnaît à notre fidélité à ses enseignements dans notre comportement de tous les jours. Amen
Michel Houyoux, diacre permanent
La foi chrétienne nous invite à prendre nos responsabilités, sur le plan de la société autant que sur celui de notre vie spirituelle. Prenons la première lecture, celle du livre des Actes. Elle offre une leçon sur l’audace de celui qui prend ses responsabilités. Luc raconte l’histoire d’un diacre qui était simplement voué par les apôtres à s’occuper d’aides matérielles. Philippe fait ainsi partie du groupe des Sept qu’a animé le jeune Étienne. Or celui-ci a été assassiné (Actes 7, 54-60). Ses proches ont dû s’éloigner de la Jérusalem. Philippe trouve refuge dans une région de schismatiques, la Samarie. Sans hésiter, il se consacre à ces activités même que les apôtres s’étaient réservées : il annonce la Parole de Dieu, il multiplie les exorcismes et les guérisons, et il baptise. Le succès est tel que les apôtres en sont informés. Vont-ils le condamner ? Le mettre en garde ? Lui conseiller la prudence ou émettre des réserves ? Au contraire, ils se rendent sur place pour lui signifier leur approbation. Finalement, ils tiennent toute cette activité pour une bonne préparation à la venue de l’Esprit Saint. Ils imposent alors les mains et la Pentecôte se renouvelle au bénéfice de ce peuple de dissidents de la religion juive. Dès lors, l’acte de fondation de l’Église est posé en Samarie. Il ne faut pas attendre seulement l’initiative de l’évêque ou des prêtres pour oser annoncer et vivre les valeurs de l’évangile. De par notre baptême, nous sommes envoyés au monde par le Christ qui nous a donné l’Esprit Saint. Osons prendre nos responsabilités.
La deuxième lecture nous dit que prendre ses responsabilités ne signifie pas se livrer à des prises de position intempestives ou à des provocations puériles ! La responsabilité se fonde sur « la raison », « de la douceur et du respect », nous dit saint Pierre. « Rendre compte de l’espérance qui est en nous » présuppose nous puissions comprendre ce que nous croyons. La foi chrétienne suppose donc tout un travail personnel d’appropriation et d’intelligence. La foi se cultive. Nous nous entraînons dans la musique ou dans le sport ; nous nous exerçons à pratiquer les langues ou les mathématiques ; nous cherchons à progresser dans notre profession. Pourquoi en serait-il autrement à l’égard de la foi ? Beaucoup de chrétiens semblent tenir qu’on est chrétien une fois pour toutes, comme une fois pour toutes on a les yeux bleus ou noirs. Or la foi se cultive, sinon elle dépérit, de même que sans exercice nous oublions la pratique de la clarinette, du sport ou des langues.
L’évangile enfin nous procure les moyens de cette prise de responsabilité dans l’imprévu de la vie. Jésus commence par énoncer la condition fondamentale de cet avenir : « Celui qui a reçu mes commandements et y reste fidèle, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. » Pour prendre fidèlement nos responsabilités de chrétien, il faut continuer à aimer Jésus. Tout alors devient possible : nous aurons, à la différence du monde, la connaissance de l’Esprit Saint. Il nous habitera de l’intérieur et nous mettra en communion de personne à personne, avec le Père dans le Fils.
La vie chrétienne apparaît à la lumière de Pâques comme une vie de responsabilité. Nous trouvons là une clef pour l’avenir de l’Église pour avancer sur le chemin de l’amour trinitaire révélé par Jésus. Jésus a enseigné la responsabilité à ses disciples en se retirant après avoir donné l’exemple d’un engagement jusqu’à la mort. En « partant vers le Père », il a effectivement révélé aux disciples qu’ils étaient responsables de l’avenir du Royaume de Dieu. C’est en les rendant responsables qu’il a donné un avenir à l’Église. N’est-ce pas pour cette raison que nous la disons « fondée sur les apôtres » ? Comment l’Église peut-elle grandir sans que ses membres se rendent responsables de sa croissance et sans que l’on fasse confiance aux baptisés pour qu’ils prennent des responsabilités et exercent des ministères au sein de l’Église ?
Kerit.be
Je suis bien d’accord avec le commentaire de Pascal. En effet, Père Jean, si tes homélies étaient abstraites et théologiques comme il m’arrive parfois d’en entendre, je n’aurais pas le courage ni les moyens, ni les connaissances pour te répondre.
En tout cas, c’est vrai ce que tu dis : les gens ne voient en majorité que les week-ends de congé dans toute fête religieuse. Cela me blesse énormément.
Mais tu vas être agréablement étonné, Père Jean : Henri a mis dans l’autoradio de la voiture, le dernier CD des PRETRES. C’est merveilleux, ainsi nous écoutons leurs belles chansons au moins un quart d’heure par jour. Et cela me fait le plus grand bien et cela me rapproche du Seigneur.
Pour me rapprocher du Seigneur, chaque jour je lis désormais LE SERMON SUR LA MONTAGNE, Matthieu 5 à 8. Les paroles de Jésus me recentrent sur les vertus essentielles et des priorités moins dérisoires.
D’ailleurs, en ce moment, j’accumule moins. Pourquoi avoir peur ? Pourquoi accumuler davantage et encore davantage ? Lorsque nous serons devant Dieu, il faudra bien nous faire tout petits et laisser les valises qui nous empêcheront de passer par la porte étroite.
La vérité de Dieu est belle car elle nous rend libres. Alors, écoutons encore et toujours la voix de notre conscience qui nous mène tout droit vers Dieu.
BONNE FIN DE SEMAINE A TOUS !
Christiane