Homélie du 23ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 27 août 2011Peuple de frères
Textes bibliques : Lire
"Si ton frère a péché, va lui parler seul à seul." Le mot important c'est "frère". Un frère, c'est celui qui fait partie de la même cellule familiale, père, mère, enfants. Dans le monde oriental, c'est l'ensemble des cousins qui font partie de la même tribu. Mais pour l'Evangile, c'est beaucoup plus. C'est toute la communauté des croyants. Au jour de notre baptême, nous sommes devenus des enfants de Dieu. Nous sommes devenus des frères et sœurs en Jésus Christ. Nous chrétiens, nous sommes membres de la même famille de Dieu qui s'appelle l'Eglise.
En lisant les évangiles, nous découvrons que Dieu nous aime tous d'un amour qui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. Nous n'aurons jamais fini d'en mesurer toute la grandeur et de lui rendre grâce. Mais quand nous regardons notre vie, nous découvrons que bien souvent, nous en sommes loin. Le péché dont nous parle l'Evangile, ce n'est pas seulement une faute morale ni une infraction ; c'est le contraire de l'amour ; c'est notre indifférence envers celui qui nous a sauvé la vie. Pécher c'est tourner le dos à l'amour qui est en Dieu. En se coupant de Dieu, le pécheur se coupe également de la communauté des frères.
Le péché est donc un grand malheur. Mais pour Dieu, il n'y a pas de situation désespérée. Il s'arrange toujours pour mettre les personnes qu'il faut sur la route du pécheur. C'est ainsi que le prophète Ezéchiel est devenu un guetteur pour la maison d'Israël. Le guetteur c'est celui qui est attentif aux dangers qui pourraient faire du mal à son peuple. Et en même temps, il doit l'avertir. C'est un peu comme le maître nageur qui surveille la plage pour éviter les noyades. Dans l'évangile, c'est le même appel, mais en respectant des étapes. On va voir le pécheur seul, puis avec quelques frères. Et si on n'obtient pas de résultat, on en parle à la Communauté de l'Eglise.
Il y a un autre danger qu'il nous faut absolument éviter : nous ne sommes pas envoyés vers ce frère pour le corriger ni pour lui faire la morale. Nous avons bien mieux à faire. Pour le comprendre, c'est vers le Christ que nous sommes invités à regarder. En lisant les évangiles, nous découvrons qu'il est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus. Et aujourd'hui, il compte sur nous pour partager sa mission en nous aidant mutuellement à vivre en enfants de Dieu. Nous savons bien que cela n'est pas toujours facile. Mais le Seigneur nous envoie vers les autres pour témoigner de l'amour qui est en Dieu. Notre mission n'est pas d'épier le pécheur mais de lui montrer le chemin qui peut le sauver.
Le mal qu'il nous faut dénoncer, nous le connaissons bien : c'est l'argent roi, la course au profit, la violence, les abus dont sont victimes les plus faibles. Tout cela, nous devons le dénoncer et le condamner. Mais nous ne devons pas oublier que le frère qui a péché est d'abord un frère. Il a besoin d'être aimé et soigné. Nous sommes loin du regard soupçonneux et accusateur qui enfonce le coupable dans son mal. A travers nous, c'est Jésus qui est là pour accueillir, relever et redonner confiance au pécheur. Il est évident que pour être fidèles à cette mission, nous avons un grand besoin de la force de l'Esprit Saint. C'est pour cela que les grands témoins de la foi ont commencé par passer de longues heures en prière. Rappelons-nous saint Paul : "Ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi."
Si nous allons vers le frère qui a péché, cela doit toujours être avec le Christ en nous, avec beaucoup de délicatesse et beaucoup d'amour. Nous nous adressons à ce frère seul à seul. Il est hors de question de lui faire honte devant tout le monde. Si la démarche n'aboutit pas, le Christ nous invite à agir comme le médecin qui fait appel à un ou deux confrères. A plusieurs, on arrivera peut-être à mieux persuader le pécheur. S'il refuse de les écouter, nous le dirons à la communauté de l'Eglise. Elle va tout faire pour le porter dans sa prière et le ramener vers Dieu. S'il refuse d'écouter la communauté considère-le comme le païen et le publicain. Ce n'est pas la condamnation finale. Jésus a fait preuve d'une grande sollicitude envers ces personnes. Désormais, nous entrons dans une nouvelle étape d'amour et d'évangélisation envers celui qui en a encore plus besoin.
Ce frère qui s’est mis dehors, il faut le ‘gagner’, c’est à dire le sauver. Le pouvoir des clés qui est donné à l’Eglise c’est d’abord un pouvoir de salut. Il s’agit d’ouvrir la porte pour que le pécheur puisse retrouver toute sa place dans la communauté. Nous avons tous pour mission de poser des gestes d’ouverture et d’accueil. L’évangile c’est d’abord la Bonne Nouvelle annoncée aux pauvres, aux malades et aux exclus de toute sorte. L’Eglise détient le pouvoir de lier mais aussi de délier, de réintégrer le pécheur repentant. Lorsqu’un frère s’écarte de la communauté, celle-ci en garde le souvenir dans la prière. Le Christ est présent parmi ceux qui sont ainsi réunis en son nom. Il leur apprend à s’ajuster à la patience de Dieu pour en témoigner par toute leur vie. Quand on a compris cela, ça change tout dans notre vie.
Et surtout n'oublions pas : Pour gagner tous ses frères, Jésus s’est donné jusqu’au bout, jusqu’à la mort sur une croix. Alors, aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur. En ce jour, nous te prions Seigneur : Augmente notre foi à l'écoute de tes appels ; augmente notre confiance pour prier les uns avec les autres ; augmente notre capacité d'aimer, afin que nous soyons des agents de réconciliation dans les divisions du monde. Amen
texte difficile pour moi depuis toujours :si j'en comprends le sens et l 'intérêt , je recule devant l'application . Dans l'esprit d'une communauté monacale..peut-être? mais je me souviens dans des cas bien précis de la "chasse aux sorcières " de certaines interventions, ou simplement de la maladresse qui blesse plus qu'elle ne guérit .Je me souviens par contre d'avoir été moi-même l'objet d'un tel "'redressement" (justifié et accepté) pour une parole peu charitable de ma part..Je sais encore que je suis intervenue moralement auprès d'ados(ça faisait partie de mon métier)…mais en matière de foi, de comportement d'adulte, de l'intimité du coeur ?le faire dans un esprit d'accueil ? sans doute…mais pour se réconcilier,il faut reconnaître ses torts ? Il me manque , c'est sûr, quelque chose pour faire confiance et attendre une réponse positive du présumé coupable. Alors, Père, si vous pouvez m'aider à entrer dans la mise en pratique de ce texte, merci! car je sais que Jésus ne parle pas pour proposer des choses impossibles.
Merci pour cette réflexion. Ce serait bien que d'autres disent ce qu'ils en pensent.
Le prophète Ezéchiel nous parlait à l'instant du «guetteur», c'est-à-dire de celui qui veille, aux aguets, attentif aux moindres dangers. La collectivité compte sur lui. Il est responsable de la vie des autres. S'il s'endort, s'il est négligent, ses compagnons seront menacés. Par contre s'il reste à l'affût, s'il lance l'alerte à l'approche de l'ennemi, mais qu'on ne l'écoute pas, sa responsabilité est dégagée.
En bâtissant son Eglise comme une fraternité, Jésus ne s'est pas fait d'illusion. Il savait les dissensions, les misères et les mesquineries humaines que l'on rencontre dans toute communauté. Et ici, -cela ne va pas sans un certain malaise, quand on pense à l'usage odieux qu'on a pu faire de cette parole au temps de l'Inquisition ou qu'on peut encore en faire dans des groupes sectaires -, l'évangile de Matthieu donne la démarche à suivre pour reprendre un frère qui pèche. La procédure est identique à celle du Manuel de discipline des Esséniens de Qumram. Elle comprend trois instances : l'avertissement en tête-à-tête pour ne pas faire perdre la face, puis l'appel à d'autres frères pour éviter des jugements trop subjectifs, et, en dernier recours le jugement de la communauté.
Il ne s'agit pas du tout ici d'être un redresseur de torts, toujours prêt à faire la leçon aux autres ou à pratiquer la délation. Mais il est souvent plus lâche encore de se taire ou de ne parler que dans le dos de celui qui se fourvoie. L'écrivain grec Plutarque, contemporain de nos évangiles, faisait déjà remarquer : « Parce que maintenant l'amitié n'a qu'un filet de voix, quand il s'agit de faire de remontrances, bavarde qu'elle est pour flatter, et muette pour avertir, c'est de nos ennemis que nous sommes réduits à attendre la vérité ». Et le philosophe Proudhon, disait que « les lâches humains ont plus peur de dire une petite vérité à un homme que de se battre avec lui ».
En réalité, c'est d'une procédure de miséricorde dont parle l'évangéliste : tout doit être tenté pour maintenir dans la communion fraternelle celui qui est sur le point de s'en exclure. La correction fraternelle exige courage et délicatesse d'un côté, humilité et compréhension de l'autre. Elle ne se conçoit que dans un climat d'amour. Et si le frère s'endurcit et refuse d'écouter, il ne reste plus qu'à l'abandonner à la miséricorde du Pasteur suprême : lui fera l'impossible pour ramener la brebis égarée. Mais cela ne nous décharge pas de l'aimer, puisque nous devons aimer « même nos ennemis », comme nous le rappelle le même évangile (Mt 5, 43).
Si le péché fait éclater la communauté, la prière renforce son unité. Si, au milieu même de leurs conflits, deux ou trois frères «sont réunis au nom de Jésus», « il est là », au milieu d'eux. Si nous restons au ras du sol, nous nous divisons. Si nous nous élevons dans la prière, nous convergeons. La prière communautaire, – en couple, en famille, en Eglise -, est créatrice d'unité et porteuse de la présence du Christ. Faut-il désespérer quand nous ne voyons pas le succès de nos efforts de réconciliation ? Non. Il faut croire à l'efficacité, inobservable par nos moyens humains, de la prière. Et plutôt que de critiquer les autres, prions pour eux. Voilà une bonne manière d'être responsable de ses frères.
Les homélies sur kerit.be
mon pere dire à un proche qu'il n'ai pas sur le bon chemin ces facile mais pour le convaintre ces trop difficile parce qu'il ne va pas t'ecouté j'aime meme la preuve et j 'ai deja essayé plusieur fois mais sa ne fontionne pas mon pere comme le 23eme dimanche nous le recommende encore je vais encore reessayé de faire comme jesus
23ème dimanche – année A – 4 septembre 2011 – Evangile de Matthieu 18, 15 – 20
S’AIDER À GRANDIr EN ÉGLISE
Matthieu a composé son évangile en alternant les épisodes de mouvements et d’actions avec cinq grands enseignements de Jésus. Nous voici au 4ème de ceux-ci : son auditoire est privé, il concerne les disciples de Jésus (18, 1) c.à.d. ceux et celles qui décident de «le suivre », de mettre en pratique son message là où ils vivent : c.à.d. nous les chrétiens. Cette réponse de foi est personnelle, elle se concrétise selon la liberté de chacun mais elle ne se vit jamais en solitaire ; on ne peut se déclarer chrétien en vivant dans son coin, en interprétant à sa guise les conseils reçus. Tous les disciples de Jésus, toujours, ne peuvent vivre qu’en relation les uns avec les autres puisque l’Evangile a pour but d’unir, de rassembler dans l’amour.
Or la communauté chrétienne- qu’elle soit famille, paroisse, couvent, groupement – a une mission considérable à remplir dans la société: là où elle existe, elle a le devoir de témoigner de la présence du Christ Seigneur, de la vérité de l’Evangile, de la venue du Royaume de Dieu, de l’urgence de la conversion. La mission chrétienne en effet n’est pas d’abord éloquence, organisations, gestes miraculeux mais pratique de vie.
Les incroyants ne lisent pas (ou peu) les publications chrétiennes, ils n’écoutent pas nos sermons mais ils regardent comment nous vivons. Et surtout comment nous nous comportons ensemble.
Chaque chrétien est donc responsable pour lui-même mais également, pour sa part, du tonus, du climat de la communauté où il est inséré. Car tout manquement grave d’un membre lèse le groupe, obscurcit son rayonnement, atrophie sa mission, suscite le scepticisme et l’incroyance.
L’enseignement de ce jour ne concerne donc pas les offenses entre disciples (sujet de dimanche prochain) mais les défaillances remarquées chez l’un ou l’autre membre. Que doit faire un disciple qui fait cette découverte ? La Tradition appelle cela « la correction fraternelle » et Jésus en enseigne la procédure difficile et délicate.
LA CORRECTION FRATERNELLE : 1ère ETAPE
Jésus disait à ses disciples : « Si ton frère a commis un péché (ne pas lire : « un péché contre toi »), va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute. S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère. »
L’autre chrétien n’est pas un collègue, un membre de l’association, un voisin à la messe : c’est un frère, une sœur ! Jésus n’a-t-il pas déclaré que ses disciples formaient sa famille :
« Montrant de la main ses disciples, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, c’est lui mon frère, ma sœur, ma mère » (12, 19)
Donc au point de départ, le frère scandalisé par la conduite d’un autre ne peut se désintéresser ni se taire. Mais pas question non plus d’ameuter la foule, de répandre des rumeurs, de sonner l’hallali. Tout doit commencer par une entrevue seul à seul où il s’agit de « montrer » sa faute à l’autre. Car parfois il n’en est pas conscient. Il va peut-être même rétorquer que, contrairement aux apparences, ce qui lui est reproché n’est pas une faute.
Si le péché est reconnu, donc si l’autre s’engage à se corriger, il sera « gagné » c.à.d. il redeviendra un frère actif et honnête de la « fraternité ». Dans un passage célèbre, saint Paul explique comment il a su s’adapter à ses divers auditoires (juif ou païen) non pour s’attirer des sympathies mais pour les « gagner au Christ » :
« .. J’ai partagé la faiblesse des faibles pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en gagner sûrement quelques-uns. Tout cela je le fais à cause de l’Evangile, afin d’y avoir part » (1 Cor 9, 19-23).
L’entrevue n’a donc pas pour but la fierté d’avoir raison et de prouver à l’autre qu’il a tort mais de l’aider à ouvrir les yeux, à admettre sa faiblesse et à redevenir un vrai « frère du Christ », membre sain de son Corps.
2ème ETAPE
« S’il ne t’écoute pas, prends encore avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de 2 ou 3 témoins »
Il est possible que l’autre se rebiffe et n’accepte pas la remontrance, persuadé de n’être pas en tort ou bien décidé à ne pas modifier son comportement. Dans ce cas, comme l’exigeait la Loi afin d’éviter le risque de faux témoignages (Deutér. 19, 15), il faut recourir à 2 ou 3 autres frères. Ainsi, de concert, on pourra juger ensemble de la vérité de l’accusation, disposer de plus d’arguments pour convaincre le fautif, trouver un moyen discret de le réintégrer – tout en n’ébruitant pas l’affaire plus loin.
3ème ETAPE
« S’il refuse de les écouter, dis-le à la communauté de l’Eglise ;
s’il refuse encore d’écouter l’Eglise, considère-le comme un païen ou un publicain ».
Si les deux premières tentatives ont échoué, c’est donc que le cas en question est grave et que le frère refuse absolument d’abandonner sa conduite scandaleuse. En conséquence, on est conduit à porter l’affaire devant toute la communauté : l’Eglise. Ce mot, très rare, désignait d’abord la communauté voulue par Jésus (« Je bâtirai mon Eglise » 16, 18) : ici il désigne la communauté locale (la paroisse, dirait-on aujourd’hui). Car elle est concernée : par le péché d’un seul, son image est ternie, sa force spirituelle étiolée, son rayonnement missionnaire obscurci. Certes l’Eglise ne peut pas être dure, intransigeante et pharisienne : la parabole de l’ivraie lui a appris à ne pas tomber dans l’intolérance, le jugement catégorique et le rejet impitoyable (13, 24). Mais elle ne peut non plus accepter en son sein des compromissions graves, des défaillances scandaleuses. Il ne faut pas vouer cet homme aux gémonies, le condamner à l’enfer mais, à contrecœur, lui signifier que son comportement le tire hors de la communauté.
Le considérer « comme païen ou publicain » n’a rien d’un rejet méprisant et définitif : c’est au contraire continuer à le traiter avec affection et poursuivre les efforts pour le ramener sur le droit chemin. Car tel était bien le comportement de Jésus qui, accusé pour ses fréquentations, répondait :
« Ce ne sont pas les bien portants mais les malades qui ont besoin de médecin.
Allez apprendre ce que signifie « C’est la miséricorde que je veux et non les sacrifices ».
Car je suis venu appeler non pas les justes mais les pécheurs » (8, 12-13)
Et Jésus accorde à la communauté ce qu’il avait promis à Simon Pierre (16, 19) : la décision de l’Eglise est avalisée dans le Royaume :
Amen je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. »
LA PRIERE EN COMMUN
« Encore une fois je vous le dis : si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quelque chose, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux.
Quand deux ou trois sont réunis en mon Nom, je suis là, au milieu d’eux ».
Venant à la suite de l’instruction précédente, cette promesse semble donc insister sur l’importance de la prière commune dans le but de bien exercer la correction fraternelle et d’obtenir la réintégration de l’exclu. Car lorsque des disciples se mettent ensemble pour prier et demander la consolidation de l’Eglise « au nom de Jésus », c.à.d. selon son Esprit, sans appui sur des considérations humaines, Jésus est bien activement présent comme Fils, gage certain de l’exaucement par son Père.
CONCLUSION
La correction fraternelle est donc enseignée comme une obligation chrétienne. Mais que sa pratique est difficile !
Les scandales récents qui ont éclaboussé l’Eglise universelle ont montré le danger du silence, le péril de jeter un voile sur des comportements coupables, sous prétexte de préserver l’honneur de l’institution !
Seuls l’amour de Jésus, la certitude de sa présence au milieu de ses frères, la force de la prière en commun, la confiance dans le pardon, le sens de la responsabilité de chaque membre pour le corps de l’Eglise, la conscience de la mission communautaire pourront nous aider à lutter ensemble pour « être délivrés du Mal ».
Raphaël D
L’Evangile (Matthieu 18, 15-20) nous met au contact de Jésus et ses disciples. Ils se rendent à Jérusalem où Jésus connaîtra passion, mort et résurrection. Il enseigne ceux qui le suivent. Ils sont loin de comprendre ce qu’il annonce. Dans l’amour qu’il porte à tous les hommes avec son désir de les sauver, les libérer, il indique avis et conseils sur tel ou tel point particulier. Ce jour c’est sur la relation avec « un frère qui a commis un péché » Il ne s’agit pas évidemment d’une bricole mais d’une faute très grave. Jésus indique :
Jésus, Fils de Dieu, aime à pardonner et en a donné le pouvoir à ses apôtres en son Eglise. Que ses sentiments soient aussi les nôtres ! C’est pourquoi il recommande « un accord entre plusieurs pour demander quelque chose : ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux », demande valable si effectuée selon la volonté de Dieu. « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux » Jésus ne nous a pas quitté et nous comprenons l’importance de notre réunion dominicale de l’Eucharistie, notre messe.
Que viennent compléter les autres textes de la liturgie ?
En 1ère lecture le prophète Ezékiel dicte la Parole du Seigneur : « Fils d’homme, je fais de toi un guetteur pour la maison d’Israël. Lorsque tu entendras une parole de ma bouche, tu les avertiras de ma part ». Jésus, Fils de Dieu mais aussi Fils d’homme, l’Envoyé de Dieu par excellence, est la Parole même, communiquée aux hommes en particulier dans l’Evangile. Tous nous sommes invités à le lire et le méditer, pour être, peut-être, nous aussi des guetteurs, de ceux et celles qui transmettent la Bonne Nouvelle, l’amour de Jésus Sauveur du monde, de tous nos frères humains.
Avec le Psaume 94 « Aujourd’hui ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur » – « par nos hymnes de fête acclamons-le ». Oui, la vie avec le Seigneur intègre joie, chants, des hymnes ! Le chrétien se doit d’être joyeux toujours intérieurement !
Quant à St Paul (2ème lecture) l’amour est son thème favori. Il convient de « ne pas garder de dette envers personne, sauf la dette de l’amour mutuel ». L’Apôtre rappelle la Loi : elle interdit adultère, meurtre, vol, convoitise. Elle se résume « dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait rien de mal au prochain » ; « l’accomplissement parfait de la Loi, c’est l’amour ».
Finalement saurons-nous nous aimer vraiment, fidèlement, profondément les uns les autres ? Avec Jésus et Marie nous gagnerons le Paradis de Dieu, la civilisation éternelle de l’Amour !
En général, je ne dis pas à mon prochain qu'il est dans l'erreur, même s'il me semble qu'il l'est. En effet, qui suis-je pour me permettre de porter un jugement sur mon prochain ? Ne dois-je pas enlever d'abord la poutre qui est dans mon oeil ?
C'est aussi parce que mes péchés me rendent humble que je BENIS REMERCIE ET LOUE DIEU CHAQUE JOUR. En effet, je reçois tellement de bienfaits petits ou grands de Dieu que cela me rend joyeuse et j'ai vraiment l'impression d'être aimée à l'infini par Lui.
J'essaierai mieux dès demain d'aimer mon prochain. En effet, j'ai tendance ces derniers temps à faire ce que je veux sans bien tenir compte de mon mari. Alors Seigneur, aide-moi à ne pas écouter que moi. Je prends la ferme résolution de faire beaucoup plaisir à mon mari dès demain.
Je vous souhaite à tous une formidable fin de semaine. Et ouvrez grand votre coeur, vous verrez le Seigneur presque partout.
Christiane
Qu’il est difficile ce texte!!! Difficile a expliquer aux japonais, difficile a comprendre pour eux et difficile d’appliquer a leur culture et mode de vie. Ceux qui sont sinceres, vous diront quand ils ont bu(etat dans lequel ils s’ouvrent le plus) que cet evangile la ne correspond pas a notre culture. On juge nombre de choses par rapport a la culture et a leur mode de vie ici. Et comme la culture le leur recommande et enseigne, on n’aime pas la confrontation, on ne se plaint pas publiquement, on observe le silence. Ailleurs on dira: “qui ne dit mot conscent”. Mais ici tel n’est pas le cas. Je connais des parents qui ne parlent jamais a leurs enfants, des soeurs qui ne se parlent jamais ou qui se sont promis de ne jamais se rencontrer. Alors la meilleure facon d’eviter tout ce qui peut conduire aux divisions et confrontations, on fait cavalier seul, on cree son monde, on se referme sur-soi. Ici on ne veut pas perdre la face(Aite ni maketaku nai: je ne peux pas perdre face a l’autre). Ce qui revient a dire que faire une demarche pour demander pardon ou se reconcilier est un signe de faiblesse et d’humiliation. Chacun campe sur sa position. Mon probleme est le mien, pas le tien, pas non plus celui de l’eglise. Les rapports avec cette derniere sont des rapports lies a la messe. Une fois finie, pas de rapport. Que des chretiens qui ne se connaissent meme pas alors qu’ils prient ensemble et appartiennent a la meme communaute. Quand un probleme surgit, on reclame ses papiers et l’on s’en va s’inscrire dans une autre paroisse afin d’eviter la personne avec laquelle on ne s’entend pas. Mais dans cet environnement quasimment difficile, nous ne baissons pas les bras, nous nous faisons des Ezekiels d’aujourd’hui et nous invitons tous les chretiens a le devenir. Voila pourquoi nous nous recommandons a vos prieres et recommandons de meme tous les chretiens et peuples japonais a ces memes prieres afin qu’ils s’ouvrent a ce message et l’integrent dans leur vie.
Merci pour ce témoignage. un prêtre de chez nous, missionnare au Japon, nous prlait de ces difficultés dues à la différence de culture. Je pense que nous pouvons prendre à notre compte la parabole de Sainte Bernadette : “Je ne suis pas chargée de vous faire croire mais de vous dire.” Le “faire croire” c’est l’oeuvre de l’Esprit Saint.
Dans l’évangile de ce dimanche, nous voyons Jésus s’adressant à ses disciples pour leur indiquer quelle conduit tenir à l’égard du frère qui a péché. Ici, il ne s’agit pas de l’ensemble de ceux qui le suivent, mais des Douze, ceux à qui il a donné le pouvoir de lier et de délier.
Lier et délier, qu’est-ce à dire ? Lier, c’est créer des liens ; c’est une démarche directement inspirée par la foi, car la foi qui nous fait adhérer au Christ et à Dieu nous agrège à la communauté des croyants, et nous pousse à créer d’autres liens, à partager avec d’autres ce que nous croyons, à construire ainsi le corps de L’Eglise. Et délier, c’est défaire des liens ; non pas cette fois des liens qui unissent, mais des liens qui entravent. Délier, c’est libérer les autres de ce qui les empêche d’être pleinement vivants dans L’Eglise.
Si ton frère vient à pécher, s’il se laisse enfermer dans des liens qui l’empêchent de vivre pleinement sa vie en Eglise, tu dois tout faire pour le délier, le libérer de ses liens. Quel est ce péché dont parle l’Evangile ? Je dirais que ce n’est pas seulement le scandale qui fait la une des médias. Cela peut arriver, et il faut le dénoncer. Mais ce qu’il faut regarder aussi, c’est ce qui se passe dans nos familles, avec les enfants et petits enfants, dans nos villages, nos quartiers, nos paroisses. Il y a parfois des problèmes qui surgissent, des différends. Cela provoque des rancunes. Le désir de vengeance couve dans les cœurs.
Alors que faut-il faire ? La tentation est grande de faire circuler des rumeurs dans le dos des personnes concernées. C’est ce qui se pratique trop souvent. Alors, la situation ne fait que se détériorer. Quand cela concerne des chrétiens, cela devient un contre-témoignage. Aujourd’hui, Jésus nous invite à avoir le courage d’en parler entre nous, seul à seul, de nous expliquer calmement, d’essayer de nous comprendre. Nous ne sommes pas le juge de l’autre.
Il ne s’agit pas de lui faire la leçon mais de le gagner, de lui éviter de se perdre. Cela suppose une qualité de présence, de relation, une richesse d’humanité ; Si on n’a pas ces qualités d’écoute, il vaut mieux s’abstenir! Et si on n’y arrive pas seul, pourquoi ne pas se faire aider par des amis de bon conseil. A deux ou trois, on y voit beaucoup plus clair, on a plus de discernement. On arrivera à mieux persuader celui qui s’engage sur une voie sans issue. Et s’il refuse d’écouter les deux ou trois, dis-le à la communauté de l’Eglise. Si quelqu’un se fâche avec tous ses voisins, cela concerne l’ensemble. Si quelqu’un s’éloigne de Dieu, cela nous concerne tous. S’il persiste, s’il refuse d’écouter la communauté, considère-le comme le pharisien et le publicain.
Il ne s’agit pas ici du jugement final et hâtif qui exclut définitivement le pécheur. Ce n’est pas l’Eglise qui l’a exclu. C’est lui qui s’est mis en dehors. Mais il n’est pas abandonné à son triste sort. Tout doit être entrepris par l’ensemble de la communauté pour ramener celui qui s’égare, celui qui prend une mauvaise orientation. Nous sommes tous concernés. Personne ne peut dire : « Ce n’est pas mon problème » Ces diverses démarches doivent être guidées uniquement par l’amour d’un frère, l’amour du devoir et l’amour de Dieu. Quand un frère prend un mauvais chemin, je me dois de l’avertir, j’en suis responsable. Un jour, Dieu me dira : « Qu’as-tu fait de ton frère ? »
Et puis, il y a cette très forte insistance sur la prière. Jésus se tient au milieu de ceux qui prient en commun. Les deux ou trois qui sont rassemblés pour la prière sont à rapprocher des deux ou trois qui vont reprendre le pécheur. C’est donc dans un climat de prière que doit se trancher le désaccord avec le frère coupable. Cette prière commune a donc pour but de demander à Dieu la lumière nécessaire dans les cas délictueux.
Tout à l’heure, nous irons communier au Corps et au sang du Christ. Mais ce qui est premier, c’est de refaire la communion qui est cassée, c’est de poser des gestes de paix et de réconciliation. Si nous sommes divisés entre nous ou fâchés avec d’autres, nous ne pouvons pas être crédibles. Alors, aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur.
A LHOSTE je reponds:
Tu as raison, bien que les principe du devoir chretien de corriger “le frere” avec amour et charité reste eternel et universel, mais l’application est à adapter aux circonstances, à la culture et au temps=adaptation. Ex: il me semble facile de convaincre (mieux de faire accepter à qlq’1 ses tort seul à seul qu’à 2 ou 3, parce qu’on en vient à la defensive. Si j’echoue de le faire seul à seul, je n’ai pas d’espoir de gagner à 2. (l’exemple d’accusation de sorcellerie en Afrique en est un ex)
@ Rosetteabena je reponds:
Sgr, nous avons peché toute la nuit sans rien prendre, mais sur tes paroles je jetterai encore le filets (revoir la methode, la readapter, sans se fatiguer…)
@jony Ntumba
Corriger fraternellement est un devoir absolu pour un chretien. Ce que tu decris est une fuite de responsabilité ds ta communauté. ce qu’il faut etudier ce sont les methodes à adapter et à readapter du jour au jour.
@ christiane je dis
Denoncer l’erreur est un devoir chretien et on ne peut pas s’en derober en flattant, mais comment, chercher à dire le mal mais sans jamais OFFENSER. Comment? Methode à etudier, à re étudier selon la culture, le caractere individuel, …
@ raphael D je dis
Mon Pere, une reflexion breve ns permettrait de te lire avec interet (rarement je lis ton texte, sa longueur m’intimide en avance. pourtant je suis convaincu qu’il contient de bons elements
@ TOUS je dis
Mon experience personelle est que: si je prie en avance seul à seul avant de m’engager dans un processus de reconciliation ou de correction, je reussi mieux que si j’oublie ou neglige de le faire