Homélie du 29ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 8 octobre 2011Dieu et César
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“Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.” Voilà une expression qui est devenue célèbre. Dans notre esprit, c’est clair : si telle chose appartient à telle personne, il faut absolument la lui restituer. C’est une question de justice. D’autre part, chacun a des droits et des devoirs par rapport aux autres. Quand on s’attaque aux plus faibles pour s’accaparer de leurs biens, on se détourne du message de l’Evangile. Si nous voulons être en accord avec le grand commandement de Jésus, il est indispensable de respecter les autres dans leurs personnes, leurs idées et leurs biens.
Mais l’évangile de ce dimanche va beaucoup plus loin. Nous sommes face à des adversaires de Jésus : D’un côté, nous avons les partisans d’Hérode qui sont fidèles au pouvoir de l’occupant Romain ; Ils se joignent au complot des chefs religieux. En effet, les uns et les autres ne supportent plus le message de Jésus. Alors, ils se mettent d’accord pour lui poser la question : “Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur ?” S’il répond oui, il sera traité comme un collaborateur qui trahit la cause de son pays. S’il répond non, il sera dénoncé comme un ennemi de l’empereur. Dans les deux cas, c’est le piège qui le conduira à la condamnation.
Il y a là une question qui nous rejoint tous aujourd’hui. Le piège tendu à Jésus est toujours bien actuel : Des hommes et des femmes s’engagent pour témoigner de leur foi dans le monde d’aujourd’hui. Leur engagement au service des plus pauvres les amène à dénoncer les injustices, les magouilles, les violences. Alors on fait tout pour les compromettre en les faisant parler. On n’hésite pas à les accuser d’actes qu’ils n’ont pas commis. Ainsi leur parole ne sera plus crédible ; ils seront donc mis hors circuit. Mais le Seigneur n’abandonne pas ses envoyés. Tout au long de la Bible, nous lisons un message qui revient souvent : “Ne crains pas, je suis avec toi.”
La question piège des adversaires de Jésus concerne l’impôt à César. En répondant positivement ou négativement, il aurait mécontenté les deux groupes. Mais le piège le plus sournois est ailleurs. Jésus se présente comme l’Envoyé du Père. Il vient annoncer la bonne nouvelle aux petits, aux pauvres, aux exclus. Ce message dérange ceux qui sont bien installés dans leurs certitudes. Au lieu de se laisser interpeller, ils font tout pour le piéger. Leur question commence par des flatteries : “Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le vrai chemin de Dieu ; tu ne te laisses influencer par personne, car tu ne fais pas de différence entre les gens.”
Jésus a très bien repéré leur hypocrisie. Alors il se fait lui-même interrogateur : “Montrez-moi la monnaie de l’impôt.” Puis il leur pose cette question : “cette effigie et cette légende, de qui sont-elles ?” – “De l’empereur” répondent-ils. Dans sa réponse, Jésus remet chacun à sa juste place : “Rendez à César ce qui lui appartient et à Dieu ce qui lui revient.” Or sur la pièce qu’ils montrent, on pouvait lire : “Tibère divin César. Les empereurs romains se donnaient le titre de dieux. Ils voulaient se faire vénérer comme des dieux.
C’est là que Jésus n’est plus d’accord. César n’est pas Dieu. On n’a pas à lui rendre un culte. On n’a pas à lui obéir quand il s’attribue des droits qui n’appartiennent qu’à Dieu. Dans la Bible, nous lisons cette parole de Dieu : “Je suis le Seigneur et il n’y en a pas d’autre en dehors de moi.” Nous pouvons faire notre le refrain du psaume 95 : “Au Seigneur notre Dieu, tout honneur et toute gloire.” Le problème de notre monde d’aujourd’hui, c’est que certains hommes haut placés se prennent pour le “Bon Dieu” ; parfois on fait appel à eux ; la tentation est grande de “ramper” devant eux et d’accepter des compromissions qui ne sont pas en accord avec notre conscience. Quand c’est l’argent qui est roi, les règles du jeu ne sont pas les mêmes.
Mais l’évangile voudrait nous ramener à l’essentiel. La pièce de monnaie portait la marque de César. Nous chrétiens, nous portons la marque de Dieu. Au jour de notre baptême, nous avons été marqués de la croix du Christ ; nous sommes devenus des enfants de Dieu. C’est une marque qui doit orienter toute notre vie. Désormais, nous cherchons à nous imprégner de la présence et de l’amour de Dieu. Quand on aime vraiment, on ne cherche plus à savoir ce qui est permis ou défendu. Celui qui aime comprend qu’il doit aimer comme Dieu. Jésus invite tous les hommes à vivre en “citoyens du ciel” et en “voyageurs en marche vers le Royaume de Dieu.”
Cela ne signifie pas que l’action politique est sans importance. Nous avons tous à nous engager pour plus de justice. Il est urgent de lutter pour que la dignité des plus pauvres et des plus défavorisés soit reconnue et respectée. C’est dans ce monde tel qu’il est que nous sommes tous envoyés comme messagers de l’Evangile. En ce mois de la mission, nous sommes invités à prendre conscience de notre responsabilité. Le Christ veut que nous soyons en état de mission quel que soit notre âge et notre situation.
Le dimanche c’est bien le jour idéal pour rendre à Dieu ce qui est à Dieu. Il nous est donné de le faire, non pas chacun dans son coin, mais en peuple de Dieu qui se rassemble et se disperse pour aller vers les autres. Au cours de la messe, nous nous associerons à l’offrande du Christ à son Père et nous communierons à son corps et à son sang. Rendre à Dieu ce qui est à Dieu, ce n’est pas faire des choses extraordinaires, c’est les vivre de manière pas ordinaire, à la manière de Jésus sous la conduite de l’Esprit. Sans lui, nous en serions incapables. “Par lui, avec lui et en lui” : voilà tout simplement l’orientation de notre vie ! Seigneur, fais de nos vies une eucharistie, une action de grâce à la louange de ta gloire. Amen.
D’après diverses sources
ADAP : Lire
merci pour cette invitation à méditer sur un problème de choix essentiel et actuellement très pressant : être un citoyen chrétien ou un chrétien citoyen ?Personnellement j’opte pour ” chrétien d’abord et citoyen par le lieu de naissance” du moins pour la plupart de mes compatriotes ; dans le cas contraire par le choix plus ou moins délibéré d’un lieu de vie . Personnellement je fus une “chrétienne prof dans l’Education nationale”J’ai toujours été honnnête envers mon “patron” l’Etat, i.e “laïque ” par exemple,Mais je sais les cas de conscience que j’ai connus:(avec d’autres collègues , bien sûr!) mai 1968- guerre d’Indochine, d’Algérie, rapport avec les autres,avec les syndicats…et avec sa conscience.Il arrivait que des élèves des grandes classes (terminales )vous posent des questions “directes” ( non point “retorses et perfides !mais normales à mon avis !).Façon un peu rude de constater cette vérité : Par l’Esprit qui est en nous , nous sommes “dans le monde”, mais nous ne sommes pas “du monde “. ou bien encore nous sommes comme” des brebis envoyées dans la gueule du loup”.Comme il faut prier pour communiquer cette leçon de vie à notre jeunesse qu’assaillent les tentations du monde:choisir Dieu n’est pas une solution de facilité, entre Lui et tous les” césars”, on dérape facilement (tous les scandales connus…et inconnus),mais si les ” sacrifices” que vous ferez d’ ambition , de fortune..vous paraissent difficiles à supporter, soyez convaincus que vous n’êtes pas seuls:En Lui, avec Lui et par Lui le plus faible d’entre nous ne craint rien ni personne.
N’importe qui trouverait que je mène une vie bien ordinaire. Mais ce n’est pas tout à fait vrai car chaque jour je fais quelque chose de manière extraordinaire. Aujourd’hui, par exemple, je me suis appliquée à faire une tarte à l’oignon pour faire plaisir à mon époux. Puis j’ai écrit sur des sites chrétiens que j’avais délaissés. Maintenant, j’écrirai chaque jour.
Le Père Jean est toujours là pour me remettre sur les rails de la foi par l’intermédiaire de Renée. Car j’ai une fâcheuse tendance à être encore attirée par les sirènes du dérisoire : je lis des revues féminines creuses mais avec de belles images de mannequins bien habillés qui font rêver. D’ailleurs, ce mois-ci j’ai beaucoup dépensé pour ma garde-robe d’hiver et il faut que cela cesse.
Heureusement, il me reste mon chapelet le soir pour me rapprocher du Seigneur et les magnifiques messages de bons chrétiens qui redressent ma pensée.
Alors, je laisse à César mes dépenses assez inconsidérées et je rend au Seigneur la “toute-petite” Christiane qui ne se sent vraiment bien que tout près du Seigneur.
Que le Seigneur augmente ma foi !
Christiane
Merci beaucoup. Cette méditation que vous nous proposez est très enrichissante. Comme chrétien et comme prêtre ( je suis rwandais ) j’en profite beaucoup. Continuons à méditer pour dimanche et pour la vie.
JESUS ET LA POLITIQUE
Sur l’esplanade du temple envahie par les foules croissantes de pèlerins tout heureux de retrouver la Maison de Dieu, Jésus continue d’annoncer la venue du Royaume de Dieu. Autour de lui, les gens s’interrogent : « Est-il un vrai prophète ou un faussaire ? S’il est le messie, allons-nous enfin recouvrer l’indépendance ? ». Le préfet Ponce Pilate s’est installé dans la citadelle, sur le coin nord-ouest d’où il surveille tout et ses légionnaires quadrillent la ville, prêts à réprimer toute velléité d’insurrection. Car la résistance juive est active, opère parfois des coups de main, possède des caches d’armes dans des coins secrets. Ne dit-on pas que le Messie doit survenir lors de la Pâque, quand on fait mémoire de l’ancienne libération d’Egypte, promesse et gage des libérations futures ?
En ces quelques jours, comme nous l’avons déjà vu, les autorités religieuses harcèlent Jésus de questions. Et le pauvre Galiléen a toujours des réponses admirablement adéquates : celle de ce jour est même devenue proverbiale. C’est une des déclarations les plus capitales de la Révélation.
JESUS L’ENSEIGNANT AUTHENTIQUE DE DIEU
Les pharisiens se concertèrent pour voir comment prendre en faute Jésus en le faisant parler.
Ils lui envoient leurs disciples, accompagnés des partisans d’Hérode :
« Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le vrai chemin de Dieu ; tu ne te laisses influencer par personne car tu ne fais pas de différence entre les gens … »
Cette entrée en matière n’est pas, dans la bouche de ces hommes, un compliment flatteur, une reconnaissance des qualités de Jésus. Lancée à haute voix, elle veut obliger Jésus à ne pas louvoyer dans des arguments subtils et à se prononcer sur ce point chaud devant le peuple. Ainsi croient-ils le coincer.
Mais en effet il est tout à fait exact que Jésus est vrai et donne les enseignements de Dieu sans aucune compromission : nul besoin qu’on l’accule à être authentique !
Et voici la fameuse question : « Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur ? »
Depuis des siècles, les Ecritures sacrées affirmaient à Israël que le Dieu unique a fait alliance avec lui, lui a promis la bénédiction à jamais, lui a donné sa Loi, l’a assuré qu’il demeurait dans ce Temple de Jérusalem. Or voilà plus de 6 siècles que le pays est occupé par les Babyloniens puis par les Perses puis par les Grecs puis maintenant par les Romains. En cette année 30 de notre ère, il y a 93 ans que le général Pompée a conquis la ville et a osé profaner le Saint des Saints. L’Empire païen écrase la population sous un joug de fer, impose ses mœurs, instille sa culture, dresse ses statues idolâtriques, construit gymnases, théâtres, stades. Des grandes familles juives se laissent contaminer par ce rayonnement, renoncent à leurs traditions religieuses. Et les impôts pleuvent, réduisant le peuple à la misère, aggravant le chômage, forçant à l’exil.
« Faut-il payer l’impôt ? » : la question était gravissime et elle se débattait dans tous les milieux. Accepter de payer, c’était reconnaître la mainmise de Rome sur la terre de Dieu. Par contre refuser, c’était manifester une révolte ouverte, s’exposer à l’arrestation, provoquer une répression violente. 25 ans auparavant Judas le Galiléen et le pharisien Sadoq avaient lancé un appel à la désobéissance : le mouvement zélote était né. D’autres essais avaient suivi mais chaque soulèvement avait été noyé dans un bain de sang.
Sur le coin de l’esplanade, la question posée a creusé un silence total : que va répondre le jeune Galiléen ?…………
RENDEZ A CESAR ……….
Mais Jésus, connaissant leur perversité, riposta : « Hypocrites ! Pourquoi voulez-vous me mettre dans l’embarras ? Montrez-moi la monnaie de l’impôt». Ils lui présentèrent une pièce d’argent.
Il leur dit : « Cette effigie et cette légende, de qui sont-elles ?
– De l’Empereur César, répondirent-ils.
Alors il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ».
Seul le pouvoir en place a le droit de battre monnaie -laquelle porte souvent l’effigie du souverain – et ainsi de contrôler la vie économique du pays. Donc celui qui utilise ces pièces reconnaît qu’il est un citoyen qui doit rendre ses devoirs civiques à l’autorité en fonction. Jésus se démarque donc totalement des zélotes qui refusaient de s’acquitter de l’impôt. Pilate comprendra bien que ce Jésus était inoffensif et qu’il valait mieux garder Barabbas, l’émeutier, en prison.
Mais Jésus est-il pour autant un collaborateur ? Avalise-t-il les conquêtes militaires ? Ce n’est pas si simple. Car le pouvoir politique a des limites et n’a pas mainmise sur l’entièreté de l’existence. S’il faut rendre à César ce qui est marqué par son image (les pièces de monnaie), il faut, bien davantage encore et surtout, rendre à Dieu ce qui porte son image…c.à.d. l’homme lui-même, créé « à l’image et à la ressemblance de Dieu » (Genèse).
César et Dieu ne sont donc pas sur le même plan. Il n’y a pas deux secteurs : d’une part les devoirs civiques (obéissance aux lois en vigueur, payement des impôts, etc.) et d’autre part les devoirs religieux (prière, actes de culte, croyances). C’est la vie tout entière qui doit être « rendue à Dieu ». Sinon « la religion » se réduirait à une opinion privée et à quelques cérémonies sacrées.
L’ORIGINE EVANGELIQUE DE LA LAÏCITE
Le grand historien R. Rémond a montré le paradoxe : la laïcité qui a dû lutter longtemps et durement contre l’hégémonie des Eglises a son origine dans cette déclaration tout à fait originale de Jésus : « Rendez à César… ». Résumons brièvement son chapitre :
Les premiers chrétiens, fidèles à l’enseignement de leur Seigneur et des Apôtres, se voulaient de bons citoyens de l’Empire, obéissant aux lois de leur société.
« Que tout homme soit soumis aux autorités……C’est encore la raison pour laquelle vous payez des impôts…Rendez à chacun ce qui lui est dû : l’impôt, les taxes, la crainte, le respect, à chacun ce que vous lui devez… »
(S. Paul aux chrétiens de Rome 13, 1-7)
Mais lorsque le Pouvoir voulut les forcer à adorer César et à sacrifier aux dieux, ils refusèrent au nom de la liberté de conscience. Et des vagues de persécutions s’ensuivirent.
Mais curieusement, au 4ème siècle, lorsque l’empereur se convertit et que le christianisme devint religion d’Etat, l’Eglise se montra tout à fait intolérante vis-à-vis de toute autre croyance. Pendant des siècles, au nom de la vérité, elle prétendit guider le Pouvoir qui, en retour, lui accordait des privilèges et assurait son hégémonie. Le souverain utilisait l’Eglise pour calmer toute révolte et assurer l’unité du royaume.
L’aspiration à la liberté mit du temps à s’affirmer. Au 18ème siècle, le mouvement des Lumières – au nom de la même liberté de conscience – parvint à desserrer cette tutelle de l’Eglise. En 1789, la Révolution française marqua un tournant décisif: la Déclaration des Droits de l’homme reconnut la liberté de conscience et provoqua la dissociation de l’Etat et de la religion en promulguant : « Nul ne peut être inquiété pour ses opinions, même religieuses » (article X).
« L’ère constantinienne » (l’amalgame Eglise/Etat), dit-on, ne prit fin qu’avec le concile Vatican II et notamment la Déclaration sur la liberté religieuse (1965) qui déclara :
« Le Christ Jésus a invité et attiré les disciples avec patience…Il ne se voulait pas messie politique…Il reconnut le pouvoir civil et ses droits, ordonnant de payer le tribut à César, mais en rappelant que les droits supérieurs de Dieu doivent être respectés : « Rendez à César… »…Son Royaume en effet ne se défend pas par l’épée mais il s’établit en écoutant la vérité et en lui rendant témoignage… » (§ 11)
Donc « personne ne doit être contraint à embrasser la foi malgré lui… » (§ 10).
(cf « Les Grandes Inventions du Christianisme » sous la direction de René Rémond – où il est montré que les grandes valeurs modernes (la démocratie, la personne, la science, la laïcité, la place de la femme…) ont une grande part de leur origine dans l’Evangile) — Ed. Bayard 1999.
Mais, par un mouvement de balancier, aujourd’hui, certaine tendance de la laïcité aurait tendance à interdire toute déclaration publique de l’Eglise et à faire de la foi une opinion privée.
Le débat reste donc ouvert pour arriver à une situation équilibrée.
Il serait important en ce dimanche d’aider les chrétiens à redécouvrir la portée révolutionnaire de la déclaration de Jésus et à chercher ensemble comment situer la foi personnelle, la requête de la liberté religieuse, la place de l’Eglise dans une société pleinement laïque.
Raphaël D, dominicain
Les impôts ! 29ème Dim. ord. 2011 – 16 octobre
Aujourd’hui je me permets d’évoquer un passé qui me concerne. Durant la guerre 39-45, sous l’occupation allemande, durant presque 5 années, je fus employé du Trésor à la perception de Buxy. Du fait d’événements liés à la guerre j’ai dû même exercer plusieurs mois le rôle de percepteur intérimaire. Le recouvrement des impôts figurait dans mes fonctions. Chacun sait sa nécessité dans la marche d’un Etat, fut-il une République. Il doit manifester contribution et partage pour assurer la vie de nombreux organismes publics ou privés et le bien commun de toute une nation.
Ce n’est pas sans poser souvent bien des problèmes : impositions jugées exorbitantes – injustices entre riches et majorité des contribuables – délais des versements – places des pauvres, non imposés faute de ressources … La politique et l’économie ont leur mot à dire, et leur jugement intéresse. On n’est pas sans savoir qu’existent parfois des moyens, justifiés ou illicites, de payer moins … ou rien du tout ! Réclamations et poursuites sont dans l’ordre de la fonction.
Eh bien, voilà qu’en ce jour, l’Evangile (Matthieu 22, 15-21) traite d’une question d’impôt. Jésus est interrogé par des pharisiens et partisans d’Hérode. Bien connu, pour son action propageant une Bonne Nouvelle ; sa bonté, ses miracles et guérisons ; les questionneurs commencent par le complimenter : « tu es toujours vrai et enseignes le vrai chemin vers Dieu » ; « ne te laisse influencer par personne » ; « ne fais pas de différence entre les gens ». Mais la question posée est un piège : « Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur ? », les juifs étant sous occupation romaine. Répondre « oui » il aura la réprobation des juifs qui ne désirent pas verser une contribution à l’occupant ; répondre « non » il sera dénoncé à l’autorité romaine qui le condamnera.
« Connaissant leur perversité » Jésus se fait montrer « la monnaie de l’impôt », et demande quelle effigie figure sur la pièce de monnaie : « de l’empereur César ! » Alors il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » Ainsi place-t-il une utile distinction en ce qui concerne la gestion d’un état et la vie avec Dieu.
La liturgie va nous en instruire.
Puisque nous parlons « impôt » signalons que Jésus lui-même fut noté comme redevable (Matthieu 17, 24) A Pierre, intermédiaire, il saura lui indiquer que « le fils d’un roi », à cette époque, est exempté. Et on ne lui voit guère payer un impôt sur le revenu ! Pour satisfaire un publicain il enverra Pierre pécher un poisson dont la bouche renfermera un statère, pièce suffisante « pour moi et pour toi ».
En 1ère lecture Isaïe rapporte la Parole du Seigneur au roi Cyrus. Il l’a appelé alors qu’il était pour lui inconnu : « En dehors de moi il n’y a pas de Dieu » Il l’a « rendu puissant » Cyrus, roi de Perse, rendra la liberté au peuple d’Israël prisonnier à Babylone. Dans une joie enthousiaste, ils reviendront à Jérusalem. Dieu « maître du ciel et de la terre » étend sa puissance bien au-delà d’Israël. Qui pourrait lui réclamer taxe ou impôt ?
« Au Seigneur notre Dieu, tout honneur et toute gloire » nous a fait chanter le Psaume. « Chantez au Seigneur ses merveilles » ; « lui, le Seigneur a fait les cieux » ; « Adorez le Seigneur éblouissant de sainteté » N’exerce-t-il pas constamment sa miséricorde ?
En 2ème lecture, Paul, Silvain et Timothée félicitent les chrétiens de Thessalonique. Après des souhaits de grâce et de paix St Paul signale qu’ils ont eu « une foi active, une charité qui se donne de la peine, une espérance tenant bon en Jésus ». Chez eux l’Evangile « n’a pas été simple parole, mais puissance, action de l’Esprit Saint » Voilà un programme à suivre par tous les chrétiens.
En ce mois du Rosaire prions Marie de nous rendre vrais enfants de Dieu et ses enfants affectueux pour entrer un jour au Royaume de l’Amour où il n’y aura plus ni taxes, ni impôts, mais l’amour vécu profondément entre tous, source de bonheur.
29e dimanche dans l’année A
« Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu », la maxime est célèbre et elle est souvent employée quand on parle de faire la part des choses, par exemple, entre ce qui relève du religieux et ce qui dépend de la politique…. Mais était-ce vraiment là le propos de Jésus ?
Le contexte semble bien indiquer que non. La question posée à Jésus était piégée. On lui tendait un traquenard en espérant bien l’y voir tomber. « Est-il permis oui ou non de payer l’impôt à César ? » n’est pas une question posée par quelqu’un qui désire s’instruire, tel ce jeune homme qui demandait : « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? ». Les questionneurs n’attendaient rien des réponses de Jésus, sinon de leur fournir l’occasion de le mettre dans l’embarras.
En les tançant d’hypocrites, Jésus met en lumière leur fourberie. En déjouant la duplicité de ses contradicteurs, il fait plus que de marquer un point contre eux. Il leur donne un enseignement spirituel. Il leur demande en effet : « de qui est cette image ? et cette inscription ? » – « De l’empereur César – Rendez donc à César ce qui est à César, mais à Dieu ce qui est à Dieu. »
Sur cette pièce de monnaie présentée à Jésus, on voyait l’image de l’empereur. L’argent, comme le pouvoir politique, est une création de l’homme. Il n’est pas en lui-même un mal. Gagné loyalement comme prix d’un travail, car l’ouvrier mérite son salaire (Luc 10,7), et par la suite bien utilisé, l’argent peut devenir instrument de service et d’amour. Si nous en usons sans nous laisser dominer ou asservir par lui, l’argent peut nous aider à aimer. Le pouvoir politique et la gestion financière sont autant de bons serviteurs, mais aussi de redoutables tyrans, s’ils sont idolâtrés.
Car seul Dieu est Dieu. L’homme n’appartient ni au politique, ni aux puissances d’argent, ni aux mécanismes économiques. Nous sommes créés à l’image de Dieu. « Dieu créa l’homme à son image » (Genèse 1, 27) Le Christ qui nous a pris dans sa pâque, nous fait participer à la vie de Dieu. « Le Temple de Dieu est sacré, et ce Temple, c’est vous », dit Paul (1 Corinthiens 2,17). L’homme, tout homme est sacré, parce qu’il est « créé à l’image de Dieu » (Genèse 1, 27). Mais pas le parti, l’Etat, ou la Finance…
Jésus nous rappelle donc que César n’est pas tout puissant, et qu’il n’est pas Dieu. L’État joue certes un rôle important et nous avons à en être les citoyens responsables, mais il ne peut avoir le monopole de nos vies. Il n’est pas sacré. Le message est donc clair : César n’est pas Dieu. Mais rendre à Dieu ce qui est à Dieu c’est donc aussi prendre ses responsabilités au service de l’homme et de tous les hommes, c’est aussi se salir les mains dans le combat politique, c’est aussi payer honnêtement ses impôts, car c’est un devoir de justice.
« Si nous voulons être réellement une image de Dieu, nous devons ressembler au Christ, puisqu’il est l’image de la bonté de Dieu », écrivait un docteur de l’Eglise, Laurent de Brindisi. Que la Parole de Dieu, reçue et méditée ensemble, inspire notre prière et notre action. Qu’à l’exemple de Jésus, nous soyons attentifs à ceux qui souffrent de maladie, de solitude, à partager de nos revenus avec les plus pauvres. Soyons artisans de paix et semeurs de joie.
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