Homélie de Noël
Abbé Jean Compazieu | 18 décembre 2008
Evangile : Lire ici
Cet évangile de la Nativité, nous le connaissons bien parce que nous l’avons entendu souvent. Tout y est si beau, si simple et si grand. Le Dieu transcendant, qui est au-dessus de tout, se fait tout proche. Pour mieux se faire accepter, l’amour se fait tout petit dans les bras d’une maman, ou couché dans une mangeoire. C’est une scène inépuisable qu’on ne se lasse pas de contempler.
Puis, il y a ce message de l’ange : “Je vous annonce une grande joie : Aujourd’hui, vous est né un Sauveur, qui est le Seigneur.” Cette bonne nouvelle n’a pas été annoncée aux grands de ce monde mais à des petits, des pauvres, des exclus, à ceux qui en avaient le plus besoin. Les bergers faisaient partie de cette catégorie. Ils ont été les premiers bénéficiaires de cette bonne nouvelle annoncée aux pauvres. Pour eux, c’est le point de départ d’une grande joie. Ce mot “joie” devrait nous prendre tout entiers. De fait, c’est un mot du ciel, une réalité qui n’est vraie que si elle est perçue en Dieu. C’est cette joie qu’il veut nous faire partager dès la naissance de son Fils parmi nous. Jésus se présente à nous comme la porte ouverte pour accueillir la joie et la vie de Dieu. Vivre Noël, c’est accueillir en notre vie le Sauveur que Dieu nous donne.
Jésus Sauveur, voilà les mots lumières de ce temps de Noël. D’ailleurs c’est bien ce Jésus Sauveur venu pour nous et pour notre salut qui dit le mieux la totalité de l’amour qui est en Dieu. Cet amour Sauveur vient à nous dans la pauvreté d’un nouveau-né. Sauver quelqu’un c’est éloigner un péril, c’est le tirer d’un danger où il risquait de périr. L’acte de sauver s’apparente à la protection, à la libération, au rachat, à la guérison. Nous n’aurons jamais fini de redécouvrir toutes les facettes de cette action de Dieu Sauveur. Nous la trouvons tout au long de la Bible. Jésus se présente à nous comme celui qui apporte le Salut. Il ne vient que pour cela.
Vivre Noël c’est donner au mot Salut, toute sa plénitude de rachat, de suppression d’un péril, surtout celui du péché. Mais le grand projet de Jésus va bien plus loin. Il vise notre accomplissement en Dieu, notre divinisation. Il veut que nous soyons en communion avec le Père. Voilà ce chemin que Jésus est venu nous ouvrir, à nous et à tous les hommes. Le mot “Salut” est synonyme de paix et de vie. Ainsi, nous devenons aptes à la communion avec Jésus et par lui, avec le Père et l’Esprit Saint.
En ce temps de Noël, nous sommes tous appelés à rencontrer et à accueillir le Christ Sauveur. Nous sommes invités à nous laisser renouveler par lui et à nous laisser purifier. Nous lui ouvrons notre porte pour lui laisser toute sa place dans notre vie. Nous laissons sa grâce nous libérer de tout ce qui retarde notre communion filiale par lui avec le Père. Vivre Noël c’est accueillir Jésus qui vient et le laisser tout remettre à neuf, et cela à chaque instant du jour.
La grande joie du Christ, c’est d’être Sauveur. C’est toute sa raison d’être. C’est son amour miséricordieux qui vient au devant de notre besoin de salut. Il vient à nous pour nous libérer du péché et de ses esclavages, pour rendre possible la vie avec lui. Le grand péril qui nous menace, c’est la médiocrité, c’est l’à peu près dans nos vies, j’en prends et j’en laisse. Et même sans aller jusque là, nous sentons bien que tout est entaché, embourbé par l’environnement ou l’inconscience. Oui, tout a besoin d’être sauvé, remis à neuf pour entrer pleinement dans le projet de salut voulu par Dieu. En lui, tout n’est qu’amour. Avec tous les anges du ciel, nous pouvons chanter et proclamer : “Gloire à Dieu et paix sur terre aux hommes de bonne volonté.”
C’est une joie extraordinaire de penser que Jésus est là à chaque instant. Il est là pour nous purifier, faire du neuf avec nos pauvres guenilles, avec la poussière de nos misères. Celui qui a goutté cette joie peut dire qu’elle a été sa paix. Aujourd’hui, chacun de nous pense à la pauvreté de son quotidien. Mais la bonne nouvelle c’est que nous pouvons l’offrir à Jésus pour que son amour y mette notre salut. Nous pouvons offrir Jésus au Père pour réparer, purifier, suppléer à tout ce qui est déficient dans nos vies. Nous pouvons aussi lui offrir notre petite réponse ou notre essai de réponse de notre amour quotidien. Tout cela, nous le confions à l’amour gratuit de Jésus Sauveur. Lui seul peut nous mettre sur le chemin du Salut. C’est un sauvetage où il nous convie et où il nous attend.
En ce jour de Noël, nous remercions de tout cœur celui qui s’est fait notre Sauveur. Nous le remercions d’être venu jusqu’à nous, de s’être inséré dans notre humanité pour nous sauver tout entiers. Nous lui demandons pardon pour tout ce qui est défectueux dans notre réponse à tant d’amour. Nous sommes invités à aller à la crèche avec tout ce qu’il y a de cassé en nous. Tout cela, nous le remettons entre les mains du Seigneur. Cette fête de Noël nous indique le chemin du cœur de Jésus. Et il nous y attend tous les jours.
Bon Noël à tous.
D’après diverses sources
Merci pour cette superbe homélie “Lumière”! Lumière qui vient éclairer nos coeurs- nos vies….
Lumière pour la paix
Lumière pour la joie
Lumière pour la vérité
Lumière pour l’AMOUR qui se DONNE!
Gloire à DIEU, Gloire à l’EMMANUEL Dieu avec nous!
CENTRE DOMINICAIN DE LIEGE – FETE DE NOEL 2008
Un Dieu tout petit qu’on peut prendre dans ses bras
En décembre 1940, dans un stalag allemand, une foule de soldats français se morfondaient, prisonniers, écrasés par la défaite. Comme Noël approchait, un prêtre demanda à l’un d’eux, qui était professeur de philosophie et qui avait déjà publié plusieurs livres, d’écrire un jeu scénique. Bien que totalement incroyant, le professeur (35 ans) accepta et écrivit une pièce intitulée “Bariona” avec le projet de rendre espoir aux prisonniers de tous bords, croyants et incroyants. Il se prit lui-même au jeu, mit en scène son œuvre et y interpréta le rôle d’un roi mage avec tellement de zèle et de conviction qu’il conduisit un camarade à la conversion.
Après la libération, cet écrivain devint très célèbre, suscitant d’âpres polémiques et s’attirant louange et haine. Après avoir longtemps refusé, il accepta que le texte de cette pièce de Noël soit publié à l’intention de ses anciens camarades.
C’est ainsi que, il y a quelques années, l’abbé René Laurentin, théologien, découvrit cette oeuvre et, publiant un florilège des plus beaux textes écrits sur la Vierge Marie depuis 2000 ans, il y glissa un extrait de cette pièce en disant:
“Cette page accède à l’essentiel…Une description sublime…S’il fallait jeter à la mer les textes de (mon) livre, c’est un des dix que je garderais”
( R. Laurentin: Marie, Mère du Seigneur ; éd. Desclée 1984)
UN ATHÉE PARLE DE MARIE ET SON ENFANT
Vers la fin de la pièce, un montreur d’images, aveugle, évoque la scène de la nativité à Bethléem et voici comment il s’adresse à la foule:
” La Vierge est pâle et elle regarde l’enfant.
Ce qu’il faudrait peindre sur son visage, c’est un émerveillement anxieux qui n’a paru qu’une fois sur une figure humaine. Car le Christ est son enfant, la chair de sa chair et le fruit de ses entrailles.
Elle l’a porté neuf mois et lui donnera le sein et son lait deviendra le sang de Dieu. Et par moments, la tentation est si forte qu’elle oublie qu’il est Dieu. Elle le serre dans ses bras et elle dit: ” Mon petit”.
Mais à d’autres moments, elle demeure interdite et elle pense: Dieu est là, et elle est prise d’une horreur religieuse pour ce Dieu muet, pour cet enfant terrifiant.
Toutes les mères sont ainsi arrêtées par moments devant ce fragment rebelle de leur chair qu’est leur enfant, et elles se sentent en exil devant cette vie neuve qu’on a faite avec leur vie et qu’habitent des pensées étrangères. Mais aucun enfant n’a été plus cruellement et plus rapidement arraché à sa mère, car il est Dieu et il dépasse de tous côtés ce qu’elle peut imaginer…
Mais je pense qu’il y a aussi d’autres moments, rapides et glissants, où elle sent à la fois que le Christ est son fils, son petit à elle, et qu’il est Dieu. Elle le regarde et elle pense: ” Ce Dieu est mon enfant. Cette chair divine est ma chair. Il est fait de moi, il a mes yeux; et cette forme de ma bouche, c’est la forme de la mienne, il me ressemble. Il est Dieu et il me ressemble”.
Et aucune femme n’a eu de la sorte son Dieu pour elle seule,
un Dieu tout petit
qu’on peut prendre dans ses bras et couvrir de baisers,
un Dieu tout chaud qui sourit et qui respire,
un Dieu qu’on peut toucher et qui rit.
Et c’est dans ces moments-là que je peindrais Marie si j’étais peintre”.
Qui est l’auteur de cette page:? C’est Jean-Paul Sartre lui-même, lui s’est toujours déclaré farouchement athée et qui osa écrire tant de blasphèmes.
Dans son autobiographie (“Les mots”), il raconte qu’il reçut une éducation chrétienne, qu’il fit sa communion.…mais il sentit que cette éducation était purement formaliste, sans âme, sans véritable foi. Et tout jeune adolescent, il se déclara un jour :” Dieu ? Il n’existe pas “. Point c’est tout.
Néanmoins l’écrivain ambitieux qui venait de rater le prix Goncourt avec son roman “La Nausée” et qui voulait faire une grande carrière n’avait pas oublié la scène apprise au catéchisme. Mieux que les prêtres du stalag, il sut évoquer – et avec quelle délicatesse! – la relation unique entre Marie et son nouveau-né.
Qui est ce Jésus dont on ne finit pas de parler?
Nouveau-né semblable aux autres et Dieu ! Comment était-ce possible ?
L’impossible a eu lieu, l’incroyable s’est réalisé.
Et il se réalise encore. Car le salut de notre existence ne peut se réduire à un vague souvenir d’un événement passé ni se projeter dans un avenir indéfini.
NOËL DANS L’EUCHARISTIE
Il ne suffirait pas, comme Sartre le suggérait, de peindre la scène. Le chef d’œuvre de Dieu ne peut rester enfermé dans les musées. Noël doit se réaliser tout au long de l’histoire. Le salut est présent – au double sens du mot: présent aujourd’hui……et présent comme cadeau.
Car ce n’est pas pour rien que Jésus est né dans le village de Bethléem – mot qui signifie “maison du pain” – et que sa mère Marie le déposa sur la paille d’une crèche c’est-à-dire d’une mangeoire.
Dès son apparition, il se manifestait comme un Dieu qui ne veut plus être dans les étoiles mais qui, par amour, a envie de nous habiter, de demeurer en nous. Il n’a pas besoin d’édifices somptueux, de cathédrales gigantesques: ce qu’il veut, c’est nous aimer, habiter notre cœur. S’incarner tous les jours.
C’est pourquoi Jésus, à la fin de sa vie, au moment de mourir, chercha le moyen de re-naître dans nos cœurs et il inventa le repas eucharistique.
Et depuis lors, chaque dimanche il invite les hommes et les femmes, les jeunes et les âgés, les bergers et les mages, les pauvres et les savants, à se rassembler, à tendre leur main puis à ouvrir leur coeur à sa présence. Afin qu’ils apparaissent et agissent comme Sa Présence réelle dans l’aujourd’hui des siècles.
Notre pape Benoît XVI disait la semaine passée:
” C’est le Fils du Dieu vivant qui s’est fait homme à Bethléem…
Un Dieu qui s’est fait notre prochain, qui a du temps pour chacun de nous…
“Une telle chose est-elle possible?” …
Nous nous serions inclinés plus facilement devant une Puissance;
mais Lui ne veut pas que nous nous inclinions.
Il fait appel à notre cœur et à notre libre choix d’accepter son amour.
Il s’est incarné librement pour nous rendre véritablement libres.
Libres de l’aimer”. Libres pour nous aimer.
JOYEUX NOËL A TOUS.
R. D…, dominicain
Joyeux Noël!!!
Je vous remercie beaucoup!
Je trouve votre site qui est très formidable!
Bonne Fête à tous!
Jérôme