NOEL 2011
Abbé Jean Compazieu | 14 décembre 2011Bonne nouvelle
Textes bibliques : Lire
“Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière.” Ces paroles du prophète Isaïe valent aussi pour nous aujourd’hui. Nous sommes de ce peuple souvent envahi par les ténèbres, ténèbres de la guerre, de la violence, des scandales en tous genres, de l’exclusion. Les pauvres y deviennent de plus en plus pauvres et de plus en plus nombreux. Cela, nous le voyons tous les jours. Mais au milieu de ces ténèbres, une lumière a resplendi : ce sont les restos du cœur, Médecins sans frontières, les enfants qui visitent les personnes âgées dans les maisons de retraite. A travers ces gestes de solidarité des uns et des autres, c’est un peu plus de lumière qui vient éclairer notre monde.
En cette nuit (ce jour) de Noël, nous entendons cette bonne nouvelle : “Une Lumière a resplendi, un enfant nous est né. On proclame son nom : Merveilleux conseiller, prince de la Paix.” L’Eglise a vu dans cette parole prophétique une annonce de la venue de Jésus. C’est lui le vrai prince de la paix qui a porté au monde la Lumière de Dieu. Il est celui qui a tendu la main aux petits, aux pauvres, aux exclus, aux blessés de la vie. Il nous présente Dieu comme un Père aimant, toujours prêt à accueillir le fils prodigue et à pardonner. Il est le bon Berger, toujours soucieux de la plus faible de ses brebis. Avec lui, plus rien ne peut être comme avant.
La bonne nouvelle c’est que Jésus est “Emmanuel”, c’est-à-dire “Dieu avec nous”. Jusqu’alors, on le considérait comme “Dieu au dessus de nous” ou encore “Dieu en face de nous”. Désormais, il est “Dieu avec nous” dans notre nature, avec nous dans sa grâce, avec nous dans notre faiblesse et notre misère. Il est avec nous par sa miséricorde, sa tendresse et sa compassion. Il est devenu semblable à nous, prenant tout ce qui est nôtre et nous donnant tout ce qui est sien. C’est cela le message de Noël, Dieu avec nous, Dieu pour nous.
Cette bonne nouvelle est confirmée par le nom donné à Jésus : nous n’oublions pas que ce nom signifie “Le Seigneur sauve”. C’est très important pour nous : il y a en effet beaucoup de ratés dans le passé et le présent de notre humanité : nous pensons à la violence gratuite, l’exploitation des petits, l’indifférence des puissants. C’est dans notre monde tel qu’il est que Jésus vient. II continue à vouloir le sauver de la perdition. Les petits ont la première place dans son cœur. Chacun y est accueilli comme un frère, une sœur en humanité. Il fait de nous des enfants de Dieu. Voilà ce chemin que Jésus offre à notre monde pour être sauvé.
Quelqu’un a dit que Jésus apparaît aussi comme “sauveur de Dieu”. Voilà une réflexion qui peut apparaître un peu paradoxale. Dieu aurait-il besoin d’être sauvé ? Et pourtant, quand nous y regardons de plus près, nous voyons bien à quel point il continue à être malmené. Son image a été déformée et souvent caricaturée. On a fait de lui un tyran, un juge impitoyable, un contrôleur sévère, ou encore un magicien, un chef d’armée. Cette fête de Noël nous révèle que le vrai Dieu n’est rien de tout cela. Elle nous montre un Dieu qui s’est fait petit enfant. Dans ce monde plein de violence et de haine, il est Celui qui apporte l’amour, la Lumière. Seuls les pauvres de cœur peuvent comprendre ce message.
C’est ainsi que Noël est un jour de joie. Dieu vient demeurer chez les hommes. L’Evangile nous dit qu’il n’y avait pas de place pour son Fils dans la salle commune. Ce constat est toujours actuel : dans le monde entier, on fête Noël, on réveillonne, on offre des cadeaux. Mais ils sont de plus en plus nombreux ceux et celles qui oublient l’origine de cette fête. Et pourtant, le Christ veut demeurer chez nous. Il veut être “Emmanuel”, Dieu avec nous. Trouvera-t-il une place dans nos cœurs ? Il n’enfonce pas la porte. Il attend que nous lui disions d’entrer.
Si le Christ souhaite venir chez nous et en nous, c’est pour nous combler de son amour, un amour qui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. Vivre un vrai Noël, c’est accueillir Jésus, c’est le suivre et lui donner la première place dans nos cœurs. C’est avec lui que nous trouverons la vraie joie. Cette joie de Noël, nous pourrons la partager avec tous ceux et celles qui nous entourent, les membres de nos familles, les enfants, les personnes malades ou seules. Cette présence et cet amour de Dieu, c’est comme un trésor qu’il nous faut accueillir et partager.
Noël, c’est Jésus qui vient et qui nous invite à travailler ensemble à la construction d’un monde plus juste et plus fraternel, un monde d’amour. Avec Jésus, nous apprenons à regarder ce monde avec le regard même de Dieu, un regard plein d’amour. En cette nuit (ce jour), nous nous tournons vers toi, Seigneur. Tu fais sans cesse le premier pas vers nous. Tu fais de nous des messagers de ta paix et de ton amour. Nous te prions : “Toi qui es Lumière, toi qui es l’amour, mets en nos ténèbres ton Esprit d’amour”. Amen
Sources : Textes bibliques, Dimanche en Paroisse, Feu Nouveau, Signes, Journaux de la semaine
Jour de Noël : Lire
actuellement c’est le peuple syrien qui est confronté aux tenebres de son president qui assoiffé de pouvoir tue son peuple les fetes de noel ont un gout amer
c’est comme la voie dans le desert
aplanissez le chemin du seigneur
et nous nous sommes impuissant
Cette homélie est superbe Père Jean, je vois que tu y as mis tout ton coeur.
Je voudrais rebondir sur un point : “DIEU EST AVEC NOUS”. C’est tellement vrai, dès que nous l’appelons, il est là. Pour preuve, j’avais une journée terrible hier, j’ai alors appelé Jésus, et il m’a aidée à supporter les épreuves.
Seigneur, je te suis tellement reconnaissante d’être toujours à mes côtés et dans mon coeur. Tu me fais tellement de bien en modifiant mon comportement égoïste et indépendant. Tu m’apprends le sens des nuances et ainsi je m’améliore de jour en jour.
Seigneur, je t’ai promis d’écouter soigneusement les évangiles du jour en vidéo dès que j’aurai mes enceintes. DE TOUT COEUR, je tiendrai ma promesse.
Christiane
jesus dieu sauve je présente l’humanité en detresse accorde aux accablés la paix aux boureaux,la conversion et la misericorde.
dieudonné
Saint Luc nous a finement dépeint un sublime tableau d’annonciation. Il nous dit, dans le prologue de son évangile, avoir pris de bonnes informations, peut-être dans la famille de Jésus, peut-être même auprès de Marie qu’il nous décrit à deux reprises « retenant tous ces événements dans son cœur » (2, 19.51).
Le récit qu’il nous livre est tout entier composé à partir de réminiscences bibliques, comme la phrase sublime de l’annonciation à Sara et Abraham : «Y a-t-il rien de trop merveilleux pour le Seigneur ? » (Genèse 18, 14) ou le cri de joie d’Anne à la conception de Samuel : « Mon cœur exulte dans le Seigneur » (1 Samuel 2, 1). Comment l’évangéliste pouvait-il traduire en mots l’expérience unique de la Parole de Dieu faite chair et accueillie par Marie, sinon en puisant dans le vocabulaire et les images du Premier Testament ?
Saint Luc met en parallèle deux annonces de naissance : celle de Jean Baptiste à Jérusalem et celle de Jésus à Nazareth ; la première dans le Temple prestigieux, la deuxième dans une bourgade perdue ; l’une à un prêtre qui n’y croit pas, l’autre à une jeune fille qui ouvre tout son être à Dieu et à la vie…
La phrase que la jeune fille de Nazareth prononce est l’une des plus belles qu’un être humain puisse adresser à Dieu. Permettez-moi de faire ressortir un facile point de grammaire du texte grec de l’évangile pour saisir toute la profondeur de la réponse de la Vierge. Lorsque saint Matthieu nous rapporte la prière du Notre Père, il dit par exemple : « Que ton règne vienne ! » Il emploie un impératif qui exprime un désir bien défini. Marie ici utilise le même verbe grec γινομαι mais à la forme optative, qui exprime un souhait beaucoup plus fin. Avec une exquise délicatesse, elle invite le Seigneur, s’il lui plaît, si tel est son désir, à entrer au cœur de sa vie et à laisser naître en elle le mystère qu’il vient de lui proposer par son messager.
Si tu le souhaites, alors, que ton projet prenne naissance en moi qu’il vive entièrement et qu’il habite au cœur de mon être. Comme la petite esclave juive de la femme de Naaman, le général syrien qui dit simplement : «Ah! Si seulement mon maître s’adressait au prophète de Samarie! Il le délivrerait de sa lèpre… » (2 Rois 5, 3), Marie laisse avec simplicité passer par elle l’œuvre étonnante de Dieu. Il est difficile de trouver plus beau modèle de l’Avent.
Car l’ange de Dieu est envoyé à chacun de nous pour être le messager de la naissance de Dieu en tout homme. «Dieu engendre à tout moment son Fils en toi », s’écrie le poète mystique allemand Angelus Silesius. Chacun est appelé à recevoir en soi le germe de la vie divine, à héberger Dieu, à devenir la demeure où la Parole divine prend chair. Chacun peut être recouvert par la nuée de la Shekinah, de la Présence divine, dans le sanctuaire de son cœur.
Demandons à Marie de nous obtenir un peu de sa simplicité et de sa disponibilité. Il suffit de dire vraiment « oui » pour que fleurisse notre désert et que soit fécondée la terre de notre coeur.
Les homélies sur kerit.be
Gloria in excelsis Deo (Noël 2011)
En entrant dans un hypermarché voilà ce que j’ai entendu :
Les anges dans nos campagnes ont entonné l’hymne des cieux
A croire que je m’étais trompé de lieu ?
Non, j’étais bien dans ce que j’appelle : les temples de la consommation,
Que sont nos supermarchés et nos hypermarchés.
La foule allait et venait, grouillait de partout.
On aurait dit une fourmilière et une vague délirante.
Les gens semblaient pressés par le temps,
Ils ne prenaient pas le temps.
L’ambiance était plus de l’ordre de la fête foraine
Et, je n’ai pas trouvé un havre de paix et de douceur.
J’étais dans un monde féérique et plein de lumière,
Dans un monde clinquant et artificiel.
Les lumières, aux multiples formes, scintillaient.
Les branches des sapins se pliaient sous le poids des cadeaux accrochés.
Assis sur un fauteuil de roi, le père Noël amusait les enfants.
Il y avait bousculade pour être pris en photo, avec le père noël !
Les rayons débordaient de tout, il y en avait pour tous.
La nourriture regorgeait de partout à vous écoeurer.
On se battait pour acheter l’Iphone dernier cri
Des offres d’achat jaillissaient un peu partout,
Avec crédit-report dans trois mois !
Un tableau offert à vous couper le souffle.
J’ai même vu des Jésus en chocolat de toutes les tailles.
Qu’a-t-on fait de Noël ?
Est-ce une fête qui se vit à prix d’argent ?
Est-ce une fête qui s’achète ?
Si oui, les pauvres sont exclus.
Alors, je me suis posé cette question : Noël, c’est quoi,
Et j’ai ouvert l’évangile de Luc en son début.
J’ai regardé ce qu’il nous dit du mystère de Noël.
J’ai compris qu’on avait volé le mystère de Noël.
On a volé le mystère de l’enfance avec indécence.
On a volé le mystère de la crèche sans aucune pudeur.
Le chant «Gloire à Dieu », c’était à Bethléem.
Noël, c’est le mystère de l’Amour de Dieu.
Noël, c’est le mystère de l’Amour de Dieu gratuitement donné ;
On peut le consommer avec exagération : cet amour fait vivre.
Il est origine et source de notre vie.
Dieu se revêt de notre chair pour en épouser les contours.
Dieu se donne en son Fils Jésus, à travers un enfant.
Noël, ça se passe au cœur de la nuit.
Noël, ça se passe dans la solitude.
Noël, ça se passe dans la nudité.
Noël, ça se passe dans la pauvreté.
Noël, c’est aujourd’hui dans le cœur de l’homme.
A Bethléem, point de pub pour les derniers écrans de télé.
A Bethléem, point de pub pour le meilleur foie gras.
A Bethléem, point de pub pour la dernière console de jeu.
Le seul message entendu à la crèche :
GLOIRE A DIEU ET PAIX AUX HOMMES DE BONNE VOLONTE.
Je suis allé jusqu’à la crèche sous la lumière de la lune.
J’ai vu un bébé couché dans une mangeoire d’animaux,
Et, ce bébé emmailloté de langes était posé sur de la paille.
J’ai un vu une femme, une jeune accouchée au teint livide.
Elle avait les traits tirés par l’enfantement de l’instant.
Cette femme était celle de l’annonciation : son nom était Marie.
J’ai vu Joseph contemplant l’enfant, il était tout perplexe,
Les mains calleuses jointes sur la poitrine ;
Mains du travail, mains burinées par le travail du bois ;
Il ne comprenait pas tout du mystère.
Il regardait et son cœur était tout en prière.
J’ai vu des bergers entourés de leurs moutons.
Ils ont entendu la voix des anges, alors ils sont venus.
Le bêlement des moutons brisaient le silence de la nuit glaciale.
Ils ne sont pas venus avec leur carte bancaire,
Ils sont venus avec leur cœur offrir leurs moutons.
J’ai vu un âne respirant fortement ;
Il est vrai, il était avancé en âge.
Il réchauffait de tout son mieux l’enfant couché.
Oui, il faisait froid dehors.
J’ai vu un bœuf à peine tiré de son sommeil ;
Il regardait tout hébété et abasourdi,
Peu habitué à assister à un tel évènement.
Il semblait reconnaitre Jésus comme son maître.
Voilà ce que j’ai vu, ça se passait dans une étable.
C’était en pleine nuit et il faisait froid.
Preuve en est, les deux bestiaux dégageaient beaucoup de buée.
Alors, a-t-on défiguré un peu Noël aujourd’hui ?
N’avons-nous pas volé à Noël son propre mystère
Quand s’offre à nous un décor mercantile,
Une consommation à outrance…
Ne nous trompons pas de route.
Prenons le bon chemin, celui de Bethléem.
Là est le vrai message de Noël.
Là est la vraie lumière.
Allons à la crèche :
– Mettons-nous à genoux
– Faisons silence
– Regardons l’enfant sauveur
– Prions
Cet enfant ne fait pas appel à la richesse de notre porte- monnaie.
Cet enfant fait appel à la richesse de notre cœur et à son ouverture.
L’amour de cet enfant est gratuit : il se donne.
Dans ce mouvement d’amour,
Cet enfant nous invite à l’amour et au don.
Ne nous laissons pas voler Noël et son message.
Noël : visage d’amour et icône de Dieu
Noël : visage de pauvreté dans sa matérialité et sa vulnérabilité.
Noël : visage de faiblesse à travers une vie commençante.
Noël : visage de la fragilité dans ce corps de bébé.
Noël : visage du dépouillement et de la nudité.
Noël : visage de l’enfant porteur de paix.
Retrouvons la lumière de Noël,
Nous marchons parfois dans les ténèbres.
Avec Isaïe disons : « Un enfant nous est né,
un fils nous est donné, éternelle est sa puissance »
René FRENEL Noël 2011-12-15
FÊTE DE NOËL – Année B – Dimanche 25 décembre 2011 – Evangile de Luc 2, 1- 20
ADMIRER LA CRÈCHE OU EN ÊTRE UN PERSONNAGE ?
CELEBRATIONS : Il est conseillé de lire à la suite les évangiles des « messes de la nuit et de l’aurore »
qui constituent un tout et permettent d’entendre la note capitale sur l’attitude de Marie.
Il y avait environ 40 ans que Jésus avait été crucifié à Jérusalem lorsqu’un disciple, appelé Marc, collecta quelques souvenirs à son sujet et les présenta non comme une biographie mais comme un « EVANGILE » (Une première dans l’histoire de l’humanité !). Il commença son texte par le récit du baptême car pour lui ce qui s’était passé auparavant dans la vie de Jésus n’avait pas d’importance. Seul comptait le déploiement de sa mission jusqu’à la croix et l’annonce que Jésus était ressuscité.
Dans les nombreuses communautés chrétiennes de l’époque, des questions se posaient, des débats éclataient : au fond Jésus n’était-il qu’un homme qui, lors de son baptême, avait reçu une illumination ? N’était-ce pas à ce moment inaugural que le charpentier de Nazareth avait bénéficié du don de l’Esprit-Saint qui avait fait de lui un « fils de Dieu » ? C’est pour réfuter cette opinion, pour préciser davantage l’identité réelle de Jésus et étoffer ses enseignements que, dans les années 80, deux nouveaux Evangiles parurent : sous les patronages de Matthieu et Luc et s’inspirant du texte de Marc, ils remontèrent jusqu’à la naissance du personnage et même à sa conception. En affirmant la conception virginale en Marie, les auteurs ne voulaient ni dénigrer la valeur du mariage ni raconter un prodige mais enseigner que le Messie Sauveur du monde ne pouvait absolument pas être l’œuvre de l’homme. En précisant que l’être-Jésus était fruit de l’Esprit -c.à.d. de la Force divine- présent dans le sein d’une femme, ils voulaient affirmer son identité originelle de Fils de Dieu prenant naissance au cœur de la chair. Quelques années plus tard, Jean donnera la formule de l’incarnation : « Et le Verbe s’est fait chair ».
Voilà pourquoi NOËL n’est pas une fête folklorique et sentimentale ni le charmant tableau d’une jeune mère avec son nouveau-né ni une légende brodée par la 2ème génération chrétienne ni une élaboration théologique.
« Faire une crèche », c’est bien : encore faut-il comprendre « le signe ». Que nous enseigne saint Luc à travers son célèbre récit ?
Que Jésus soit né à Bethléem, le village de David, veut dire qu’il est bien le Messie que les Ecritures annonçaient comme héritier de la dynastie. Depuis des siècles, cette lignée royale ne disposait plus d’aucun pouvoir : aussi Jésus, le lointain descendant, est-il un roi pauvre, démuni, ignoré, sans puissance. Son Royaume ne s’appuiera plus sur les armées, le prestige ou le faste mais sur l’amour. Le petit prince est sur la paille. Il ne donne aucun ordre : il mendie notre amour. Renversement total de l’idée de pouvoir.
Que Jésus soit né au hasard d’un voyage, suite à un édit de recensement organisé par le pouvoir romain, signifie qu’il est bien un homme inscrit sur les listes de la population, un être humain apparu à tel moment de l’histoire et non un mythe. Juif soumis au pouvoir politique, il n’a rien d’un Messie nationaliste pour tramer un soulèvement contre l’oppression romaine. Plus tard il accueillera un officier de l’armée romaine, il ne maudira pas le préfet Pilate qui le juge et le condamne. Avec ses parents, Jésus subit les aléas des circonstances, il est bousculé, entraîné là où il ne voulait pas. Son Royaume s’établira selon les refus et les décisions des hommes de son temps. Autrement dit, la volonté de Dieu se réalise à travers les ordonnances des hommes. Là où César manipule les foules, la grâce de Dieu apparaît en silence. Là où le hasard bouscule, un projet se réalise. Nous maudissons des circonstances qui, plus tard, s’avèrent providentielles.
Que l’enfant naisse en pleine nuit nous suggère qu’il est bien la Lumière scintillant –oh si peu !-dans les ténèbres mais qui rayonnera de sa clarté jusqu’aux limites du monde, éclairant les âmes de sa vérité. Les ténèbres du péché ne seront jamais assez épaisses que pour empêcher la venue du pardon et de la joie.
Que des bergers soient les premiers à venir le reconnaître n’est pas une image bucolique. Ces jeunes sont des hommes éveillés, sur le qui-vive, protégeant les troupeaux des attaques des prédateurs ; ils sont catalogués par les bien-pensants comme chapardeurs, illettrés, minables, infidèles à la Loi. Plus tard ne sont-ce pas des pauvres, des publicains, des prostituées, des hors-la-loi qui se presseront pour venir écouter Jésus et se convertir ? « Veillez » sera l’ultime consigne de Jésus : rien n’est plus essentiel à écouter dans une société qui nous anesthésie !
Des Anges innombrables louent Dieu en chantant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur terre aux hommes qu’il aime ». Dieu s’humanise, l’abîme entre ciel et terre, entre Dieu et nous, est comblé. Si, par la science, l’homme peut aller marcher sur la lune (où sa condition reste inchangée), par la foi il peut accueillir Dieu qui vient marcher sur la terre et sa condition change du tout au tout ! Jésus est signe vivant de l’amour de Dieu. Donc sa présence unit. Quand la Gloire de Dieu est reconnue et chantée, la vraie paix peut s’établir entre les hommes. Crier « Paix sur terre » sans louer la Gloire divine : tentation permanente des peuples, toujours vouée à l’échec, aux carnages, aux ruines.
« Marie cependant retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur ». Lors de l’Annonciation, un garçon lui était promis qui serait roi au trône éternel….et là voilà, pauvre mère jetée dans une détresse qu’elle ne pouvait prévoir. Mais pas plus que naguère, elle n’exige des éclaircissements, des garanties, des explications. Tout doit avoir sens, même ce qui paraît inexplicable et scandaleux. L’exil, la nuit, la mise à l’écart, la crèche, la paille, les bergers… : il faut retenir les moindres détails, méditer sur les circonstances, les rassembler, les éclairer par les Ecritures antiques. A l’Annonciation « elle était bouleversée … elle se demandait ce que pouvait signifier » ce message qu’elle percevait par bribes (4ème dimanche de l‘Avent). Ici à nouveau Marie est vraiment « intel-ligente » (non au sens scolaire) : elle nous apprend à « lire-dedans », à entrer dans la profondeur du vécu.
C’est pourquoi lorsque saint Luc et sa communauté divulguent leur Evangile après avoir, comme Marie, « retenu et médité », ils ne précisent ni le jour ni l’année de l’événement, ce qui le renverrait dans l’histoire ancienne. Ils ne conseillent à leurs lecteurs ni d’installer une crèche avec des santons ni de partir en pèlerinage à Bethléem. Ils racontent ce qui nous est encore lu aujourd’hui. Et les premiers chrétiens, toisés de haut par les malins, suspects au pouvoir, dépouillés de leurs biens, quittent leurs maisons dans la nuit et se hâtent vers l’Eglise qui, pour eux, n’est pas un édifice mais une communauté. Ils tendent la main, ouverte comme une crèche, pour recevoir un pauvre morceau de Pain et, pleins d’allégresse, ils chantent:
« Gloria ! Gloria ! …Gloire à Dieu qui nous aime et paix entre nous ».
Ce qui est arrivé arrive encore. Une paroisse est un « Beth-léhem » – en hébreu la MAISON DU PAIN – toujours ouverte pour accueillir ceux et celles qui veillent dans la nuit et qui, méditant dans leur cœur la vie de Jésus et leur propre histoire, comprennent, comme Marie, le Mystère dans lequel ils sont investis.
* * * JOYEUX NOËL * *
*
Raphaël D
Le message de René FRENEL m’a beaucoup marquée grâce à sa justesse.
Je ne retrouve pas Noël dans cette course effrenée dans les magasins. Je ne veux pas mentir, j’ai acheté du foie gras et du saumon fumé et des marrons glacés mais à la différence des autres personnes du magasin, j’ai le Christ dans mon coeur.
J’essaie même de parler brièvement de Jésus dans ma famille athée mais hélas, Henri me remet en place. Cela prouve que je n’aime pas assez Jésus sinon je rayonnerai l’Amour et ma famille s’en rendrait compte.
Alors, je me plonge dans les messages chrétiens sur les sites, je lis beaucoup et j’écoute souvent sur RADIO ESPERANCE des enseignements. Cela me fait le plus grand bien, mon niveau spirituel monte d’un cran, je me défais un peu du dérisoire, et je vais à l’ESSENTIEL.
Seigneur, Jésus est né. Pas la moindre crèche dans mes supermarchés mais beaucoup de clinquant,, de Père Noël. Mais quand même je comprends les gens, en ces temps si durs, ils ont BESOIN DE REVER. Laissons-les se consoler comme ils peuvent, dans les cadeaux et la bonne bouffe.
SEIGNEUR, TU SERAS DANS MON COEUR LE 25 DECEMBRE. Je me sens déjà très recueillie.
Christiane
Noël ! « Eclatez en cris de joie … car le Seigneur a consolé son peuple » Reprenons à notre compte ces paroles du prophète Isaïe. En ce dimanche c’est Noël. Nous est renouvelé un message de joie et d’amour, vraiment une Bonne Nouvelle ! Qu’il est beau, qu’il est grand le messager de cette bonne nouvelle, messager de paix. Beau et grand car ce messager c’est Dieu même !
St Paul (2ème lecture) nous le certifie : « Dieu nous a parlé par ce Fils (« Tu es mon Fils ») qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes ». L’Evangile (Jean 1, 1-8) nous le précise : « la Parole de Dieu, le Verbe était Dieu » ; « Par lui tout s’est fait ». Créateur du monde il est aussi Lumière du monde. Il est la Vie, la lumière de l’humanité. Ces affirmations, d’une façon ou d’une autre, Jésus les prononcera sur les routes de Palestine. Noël nous fait revivre cet instant où le Verbe, Jésus, se fait chair par Marie, vient habiter parmi nous.
Quelle Bonne Nouvelle ! Il vient en Sauveur des hommes, dissiper les ténèbres du mal, de la haine, du mensonge, de l’égoïsme et de l’orgueil pour que resplendisse la lumière de la vérité et de l’amour « aux yeux de toutes les nations » et pour nous donner accès, la mort et Satan éliminés, à la résurrection et la vie éternelle.
Etrange cependant ! Par St Jean l’Evangile nous dit : « Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu ». Ces paroles peuvent nous faire penser à la porte de la salle commune de Bethléem, fermée devant Joseph et Marie qui va bientôt donner naissance à l’Enfant-Dieu. Nous pouvons voir aussi le roi Hérode, au courant de cette naissance et cherchant à le faire mourir. Ne pouvons-nous pas voir encore tant d’hommes et de femmes ne donnant pas foi à l’Evangile et préférant vivre comme si Dieu n’existait pas ?
Avec les anges, nous aussi, chantons notre joie : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur le terre aux hommes qu’il aime » Oui, c’est par amour de l’humanité toute entière que Dieu se fait homme. Par amour il accepte de prendre la condition des plus petits, des plus pauvres, afin que ceux-ci se sentent aimés de Dieu, privilégiés même dans son amour. Par amour toute sa vie sera remplie de pauvreté, de service, d’humilité, d’attention aux autres, jusqu’au don total de sa vie sur une croix.
Noël ! La fête est si souvent défigurée aujourd’hui par le luxe, les plaisirs égoïstes, la bombance de ceux et celles que n’attirent guère la misère et la souffrance des autres, si nombreuses aujourd’hui.
Noël ! Dieu nous fait signe. Il nous donne un cadeau immense, incommensurable, infini. C’est Jésus, c’est son Fils. Ce cadeau c’est l’Amour, l’Amour devenu humain. Il nous est offert. Allons-nous, comme une crèche nouvelle, accepter de le recevoir … ou fermer notre porte ? Le recevoir, lui ouvrir notre cœur, en devenant un peuple ardent à faire le bien ?
Il se présente à nous dans les malades, les souffrants de toutes catégories, bien nombreux dans notre monde où règnent la guerre, le terrorisme, l’exploitation humaine, en particulier les enfants et des femmes. « Ce que vous faites aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites » : Paroles de Jésus !
Recevoir le Christ, ne l’oublions pas, c’est aller à lui dans son Eglise pour obtenir le pardon de nos péchés. Par son sacrifice il ôte les péchés du monde entier ! C’est communier à sa présence tout particulièrement dans l’Eucharistie, pain d’amour, comme ce dimanche nous le rappelle.
Joie de Noël ! Marie nous t’adressons notre prière. Toi qui as été choisie, pour être, comme pour Jésus, par l’Esprit Saint, notre Mère du ciel, apporte-nous un amour indéfectible et généreux de Jésus. Tu l’as porté en ton sein, en ton ventre, vu naître dans une crèche, nourri de ton lait, bercé dans tes bras maternels. A ta façon, à Noël, tu traduis l’Amour de tendresse et éternel de Dieu présent parmi nous. Comme à Lui nous t’en rendons grâce ! Merci Marie !
Nuit de Noël
Cette nuit, se manifeste la gloire de Dieu au milieu des hommes : non pas dans le fracas d’une toute puissance redoutable, mais dans la fragilité de la chair, dans la douceur d’un tout petit enfant. Cette nuit, Dieu vient habiter notre terre.
Dieu vient nous rejoindre. Il « a demeuré parmi nous », Lui qui est la Vie, il est entré dans le cours de la vie ; Lui qui est la Lumière, Il s’est rendu visible à nos yeux en resplendissant dans un enfant. Lui qui est Créateur de toutes choses, Il s’est fait l’un de nous en prenant chair dans le sein d’une femme.
Avec la naissance du Sauveur, l’amour de Dieu devient, palpable, accessible, fait de chair et de sang. C’est un amour vulnérable comme un enfant, qui ne s’impose pas, qui peut ne pas être reconnu et qui peut même être rejeté. Mais c’est un amour « fort comme le mort », car il est un Oui total à la vie humaine. Si Dieu n’aimait pas le monde, il se serait bien gardé de venir l’habiter… Si Dieu n’aimait pas notre humanité, ou s’il méprisait le corps, il ne serait certainement pas devenu chair humaine et palpitante. En devenant l’un de nous, nos yeux se remplissent de lumière, et nous comprenons que la plus humble vie humaine a du prix, qu’elle vaut la peine d’être vécue, pleinement et dans la joie. Nous comprenons que le bonheur n’est pas seulement pour plus tard, ni dans la fuite, ni dans un autre monde.
Nous ne sommes plus seuls dans la nuit, car « un enfant nous est né, un Fils nous a été donné » ! Non, nous ne venons pas des ténèbres, et nous ne retournerons pas aux ténèbres, et nous ne marcherons plus dans les ténèbres… car Il est avec nous ! Non, nous ne sommes pas des poussières d’étoiles, promises à disparaître bientôt, à être dispersées par l’entropie des physiciens, condamnées à l’oubli du n éant… car Il est avec nous ! Non, nous ne sommes pas des automates programmés dès notre conception, formatés par notre éducation, mais sommes créés libres, capables de choisir notre vie, capables de choisir Dieu… car Il est avec nous !
Cette nuit, Dieu vient épouser notre terre et faire de nous sa joie. Désormais notrevie humaine devient une vie nouvelle, bienheureuse, sans ténèbres, elle devient une vie divine. Et cette vie, elle n’est pas pour Lui seul, ni pour demain : elle est pour ce monde-ci, et elle est pour nous, elle est pour tous ! Oui, riches et pauvres, jeunes et vieux : cette nuit, ce que le cœur de l’homme attendait depuis l’aube des temps se réalise, ce que le cœur de l’homme désirait ardemment devient réalité : un temps de grâce s’ouvre, un monde nouveau se lève, un peuple nouveau se dresse, « ardent à faire le bien », car Dieu se donne et nous invite à partager sa vie, en faisant de nous ses fils.
Jour de Noël
La grande, et bouleversante nouvelle de l’incarnation de Dieu est donnée comme un aveu discret à deux ou trois bergers invités à contempler un signe ténu ans la nuit : un nouveau-né, couché dans une mangeoire.
Saint Jean, « l’ami » qui suivi l’aventure de Jésus jusqu’à la résurrection a décodé la faible balise donné aux pâtres de Bethléem. A l’évangile de la crèche proclamé à minuit et qui touche la sensibilité, répond en écho l’évangile du Verbe proclamé le jour, et qui vient éclairer l’intelligence du cœur.
Le petit enfant vulnérable de la nuit de Noël est Dieu en sa Parole, sa Parole qui se fait chair. En Jésus, né de Marie, Dieu vient dire qui il est et nous révéler ce que nous sommes. Il nous dévoile à nous-même, comme le fait tout amour. Parce qu’Il nous aime, il vient partager notre destin, nos soucis et nos peines, nos épreuves et nos espoirs.
L’incarnation de Noël, c’est un aveu murmuré d’en haut. Un aveu offert à tous les hommes sans restriction. Un feu qui veut nous réchauffer, nous éclairer, nous purifier et nous traverser pour en atteindre d’autres de proche en proche. Quand ce don est accueilli, portes grandes ouvertes, et reçu en nos pauvres bergeries, voici que la paille devient or, le pavé se change en diamant et la nuit s’éclaire de lumière. « Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire… »
N’avons-nous pas besoin d’un autre pour être simplement nous-mêmes ? Qui d’autre que Dieu peut-il vraiment nous rendre humain ? Le Christ nous révèle tout à la fois Dieu et l’homme. Dieu se fait pauvreté offerte pour nous enrichir par sa pauvreté. Dieu se fait homme pour que l’homme devienne Dieu. Le Vivant traverse la mort et les ténèbres pour faire de nous des vivants.
Noël est la fête d’une présence qui ne s’impose jamais et ne contraint personne. Une présence qui nous redit que, tels nous sommes aujourd’hui, tout n’est pas joué, tout est toujours possible, une nouvelle naissance est proposée. A ceux qui ne voient que les décombres, le prophète Isaïe vient redire : « Eclatez de joie, ruines de Jérusalem ! ».
C’est Noël aujourd’hui et c’est Noël chaque jour quand nous osons croire au renouveau, quand nous osons la fraternité, le partage et la réconciliation. C’est Noël quand j’ose aimer et me laisser aimer. Dieu se montre quand le cœur s’ouvre à un autre, quand la rencontre devient possible.
Accueillons cette paix fragile comme une nouvelle naissance, précieuse comme un amour fidèle. Et, dans cette eucharistie, protégeons-la. Nous ne sommes plus seul dans l’immensité des mondes. Dieu se fait enfant. L’Emmanuel, « Dieu avec nous », nous accompagne sur la route, jusqu’au jour où il nous fera rentrer dans la Maison paternelle.
Retour à Kerit
Les homélies sur kerit.be