1er dimanche du Carême
Abbé Jean Compazieu | 18 février 2012Le Dieu de l’Alliance
Textes bibliques : Lire
Depuis mercredi dernier, nous sommes entrés dans le temps du Carême. Ils sont nombreux ceux et celles qui ne savent pas très bien ce qu’est cette période. Quand nous en parlons, beaucoup pensent privations, jeûne, sacrifice, mortifications. Certains le comparent au Ramadan des musulmans. Mais le Carême, ce n’est pas le Ramadan. Pour le comprendre et le vivre, il nous faut revenir à la Parole de Dieu. Les textes bibliques de ce dimanche sont très parlants.
Ce qui est premier dans le Carême, c’est de redécouvrir que Dieu fait alliance avec les hommes. C’est le message de la première lecture : Dieu apparaît comme unique. Il a le souci de communiquer avec l’humanité. Il s’engage en faisant alliance. L’arc en ciel que tous peuvent voir en est le signe. Dieu créateur veut se faire partenaire de l’homme et devenir son compagnon de route. Il veut partager sa vie. Vivre le carême, ce n’est pas d’abord faire des sacrifices ; c’est regarder vers ce Dieu, c’est prendre conscience de sa présence active, de son engagement ferme et de son amour indéfectible. Si nous comprenons bien cela et si nous l’intégrons dans notre vie, notre carême sera rempli de cette présence de Dieu.
Cette certitude, nous la retrouvons dans la prière du psaume. Nous comprenons désormais que nous pouvons nous adresser à Dieu personnellement. Il nous aime au point de se communiquer à nous pour nous “enseigner ses voies”. Il est le Dieu qui nous dirige avec tendresse pour nous sauver. Sa bonté est offerte à, tous, même aux pécheurs qui se sont éloignés de lui. Les humbles profitent particulièrement de son alliance. Ils sont libérés de cet orgueil qui les aurait empêchés de l’accueillir. Tout au long de ce Carême nous nous tournons vers le Seigneur pour contempler son visage de bonté. Il est là pour nous montrer le chemin vers la Terre promise, le lieu de la Paix. Il importe que nous ayons assez d’humilité pour remettre nos mais dans ses mains dans une totale confiance.
La première lettre de saint Pierre nous invite à faire un pas de plus. Elle nous montre Jésus Christ et Sauveur. C’est par sa mort et sa résurrection que nous sommes introduits auprès de Dieu. Désormais, plus personne ne reste prisonnier de la mort. Mais n’oublions pas, si le Christ nous sauve, il ne nous sauve pas sans nous. Vivre le carême c’est s’engager fermement sur le chemin qu’il nous ouvre, c’est se mettre à l’écoute de Dieu. C’est à ce prix que nous pourrons entrer dans l’alliance de Pâques.
L’évangile de sait Marc nous montre que ce chemin de conversion est un combat contre les forces du mal. Après son passage à travers les eaux du Jourdain, Jésus se retrouve quarante jours au désert. Cet épisode nous rappelle le passage de la Mer Rouge au temps de Moïse ; le peuple d’Israël est resté quarante ans au désert. C’est aussi dans le désert que Jésus se retrouve “propulsé” par l’Esprit. C’est comme une force contraignante qui pousse Jésus à affronter Satan. La présence de l’Esprit en Jésus l’oblige à se dévoiler. Satan se trouve contraint de l’affronter sans échappatoire possible.
On comprend mieux la hâte de l’Esprit et de Jésus. Pour que le règne de Dieu arrive, il faut déposséder celui qui se croit le maître du monde. Il faut remporter sur lui la victoire décisive. Marc ne se donne même pas la peine de désigner le vainqueur. La suite de l’évangile va nous rapporter des expulsions de démons. Désormais avec Jésus, l’adversaire est définitivement vaincu. Quand saint Marc écrit son évangile, les chrétiens sont persécutés. La victoire du Christ sur les forces du mal est une bonne nouvelle qui vient raviver leur espérance et la nôtre. Quand tout va mal, il est là. Nous pouvons toujours compter sur sa présence et son amour.
Il est urgent que tous puissent entendre et accueillir cette bonne nouvelle. Immédiatement après les tentations, Jésus part pour la Galilée et se met à annoncer l’Evangile de Dieu. Il appelle les hommes à la conversion et à la foi : “Les temps sont accomplis, le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la bonne nouvelle.” Cet appel nous est également adressés à tous au début de ce Carême. Nous avons tous besoin de prier pour une conversion continuelle. Se convertir c’est laisser de côté certaines choses secondaires et nous diriger avec fermeté vers ce Dieu qui n’a jamais cessé de nous aimer. Lui seul peut nous donner le bonheur véritable.
Pour nous guider sur ce chemin de conversion, nous avons l’Evangile. Nous y trouvons “les paroles de la Vie éternelle”. Quand nous le lisons, c’est Jésus qui est là et qui nous parle. “Durant ce temps de grâce du Carême, change notre cœur, Seigneur Jésus ! Rempli-le de ton amour pour le Père et pour tous les hommes, nos frères.” Amen
Sources : Revues Signes, Feu Nouveau, Lectures bibliques des dimanches (Albert Vanhoye), La Parole de Dieu chaque jour 2012 (Vincenzo Paglia)
Autres sources possibles : Lire
merci Bon carême à vous
Cette année, je ne sais pas pourquoi, je me sens presque prête à aborder le Carême. Je me recueille beaucoup et je prie avec beaucoup de foi. J’ai déjà un peu planifié le Carême : pour moi ce sera beaucoup de PARTAGE.
Pour moi, le Carême ne sera pas des sacrifices, les uns à la suite des autres mais ce sera regarder Dieu le plus souvent possible et me plonger dans son Amour inouï.
Pour être bien efficace durant ces quarante jours, je penserai à me CONVERTIR CHAQUE JOUR. Je lirai aussi soigneusement l’Evangile, surtout Matthieu 5 à 8, le Sermon sur la Montagne.
Seigneur, aide-moi à te ressembler, juste un petit peu et je serai la plus heureuse des femmes.
BON CAREME A TOUS, et n’oublions pas d’être heureux.
Christiane
Je remets mon petit commentaire car il a disparu. J’ai dû faire une mauvaise manoeuvre lol.
Je suis très proche du Seigneur en ce moment, aussi je peux dire que j’aborde sous les meilleurs auspices le Carême. Pour moi, ce ne sera pas un temps de sacrifices, mais le temps du PARTAGE.
Je continue à alimenter ma foi en lisant les Evangiles, surtout Matthieu 5 à 8, le Sermon sur la montagne.
Seigneur, je serais si heureuse si je pouvais te ressembler un petit peu.
BON CAREME A TOUS, et n’oublions pas d’être heureux.
Christiane
Carême 2012 – 1er Dimanche – 26 février
Depuis mercredi, disciples de Jésus Christ, nous voici embarqués dans le temps du Carême. En un temps où la barque de l’Eglise, comme pour les apôtres, est secouée par de violentes tempêtes, il est heureux de trouver ou retrouver la présence de Jésus. Lui seul peut donner dans son alliance un cœur nouveau rempli d’espérance et de joie. La liturgie de ce 1er dimanche peut contribuer aussi à redonner à l’Eglise un visage nouveau.
L’Evangile (Marc 1, 12-15) situe Jésus après son baptême par Jean Baptiste dans le Jourdain. Il part au désert, lieu de silence, de réflexion et de prière, où il séjournera dans le jeûne durant 40 jours. Il y sera tenté par Satan, prince des démons.
Le Carême ? Ne serait-ce pas pour nous tous, déjà un temps où l’on est capable d’une vie nouvelle avec des restrictions comme le suggère l’Eglise, mais aussi avec un recours à bien penser, à nous instruire, dans le silence et des enseignements divins. Existe toujours, aux visages multiples ou dans l’obscurité, celui qui cherche à nous détourner du bon chemin.
Jésus part pour la Galilée. Comme la Bourgogne pour les parisiens la Galilée, « territoire des Gentils », est lieu de passage pour gens de races, nations diverses, en ce pays d’Israël. Jésus proclame la Bonne Nouvelle pour tous : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche » (Pour Dieu un jour est comme mille ans et mille ans comme un jour). « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle » Voilà l’objectif du Carême : se convertir – et qui en serait dispensé ? – et donner sa foi, sa confiance, son amour, à Jésus, venu en Sauveur du monde.
Les autres textes de la liturgie sont également enseignement.
La 1ère lecture de la Genèse nous situe au début de la Bible où Dieu-Créateur a condamné une humanité séparée de Lui, pour vivre selon des vues uniquement humaines. Le déluge en est la conséquence catastrophique, sauf pour Noé et sa famille restés fidèles au Dieu révélé, unique et bon. S’établit une Alliance non seulement avec eux et ses descendants, mais avec tous les êtres vivants : oiseaux, animaux domestiques et sauvages. Dieu aime toute sa création : « plus de déluge pour ravager la terre !» Il donne comme signe de son alliance l’arc en ciel ! Ses belles couleurs capables de s’unifier ne sont-elles pas signes d’une humanité appelée à s’unir dans ses différentes réalités de races, nations, communautés, religions ? Comment vivre ?
Le Psaume 24 nous dit : « Tes chemins, Seigneur, sont amour et vérité pour qui garde ton alliance » – « Seigneur enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route » ; « Rappelle-toi, ta tendresse, ton amour de toujours ». Comment oublier Dieu, le méconnaître, le réduire à simple notion humaine ? « Oublie les péchés de ma jeunesse » Jésus accorde largement son pardon à qui s’accroche à lui. Il est venu non pour condamner mais pour sauver.
« Il enseigne aux humbles son chemin ». Il s’est dit lui-même : le Chemin, la Vérité et la Vie.
St Pierre (2ème lecture) nous découvre un visage de Jésus « mort pour les coupables », pour « introduire devant Dieu ». « Dans l’esprit il a été rendu à la vie », sa résurrection ! Et Pierre parle du déluge avec Noé comme image du baptême. Mais comme Jésus a connu son baptême en deux temps : cultuel avec Jean Baptiste et achèvement sur la croix, le nôtre demande de « s’engager envers Dieu avec une conscience droite pour participer à la résurrection avec Jésus Christ ».
Concluons : Notre vie de chrétiens réclame notre union intime avec Jésus, dans l’écoute de son enseignement et l’imitation de sa vie. Ressuscité il demeure avec nous, en particulier comme pain de vie et d’amour dans l’Eucharistie. Avec le baptême, naissance à la vie divine, tous les autres sacrements perfectionnent, en toutes situations, notre marche à sa suite : Confirmation, Mariage, Ordre, Sacrement des malades et la Réconciliation dont nous avons tous besoin.
Profitons du Carême avec ce but … et avec le recours de l’aide maternelle de Marie.
1er dimanche de carême
Car. . . aime !
Mercredi dernier, l’Eglise est entrée en carême. Il est probable que pour une grande partie des chrétiens, cela ne signifie pas grand-chose. Jadis on savait : carême, c’était faire de petits sacrifices, se priver de friandises, manger du poisson à certains jours. Aujourd’hui, on nous prie de nous montrer plus généreux lors des collectes du « carême de partage », de participer à un « souper bol-de-riz ». C’est mieux mais un peu court comme programme ! Lorsque tant de choses sont oubliées, il importe de rappeler l’essentiel.
« Carême » (du latin « 40 ») signale que, dans 40 jours, nous célébrerons Pâques. Nous faisons donc mémoire des 6 dernières semaines de la vie de Jésus. Quittant la Galilée, il a décidé de monter à Jérusalem lors de la fête de la Pâque afin d’y achever son œuvre : annoncer que le Règne de Dieu s’approche, appeler à se convertir. Ce message concerne tout le monde, au premier chef les autorités religieuses dont il lui faudra dénoncer l’hypocrisie, le légalisme et la cupidité. Jésus sait qu’il va se heurter à leur refus catégorique et donc qu’il payera de sa vie son audace. Il ne pourra purifier le temple qui est la « maison de son Père » mais, par son amour vécu jusqu’à la mort, il entrera dans la véritable Maison céleste du Père et du coup en ouvrira le chemin pour tous les croyants en lui. C’est cette même visée qui doit motiver notre carême, MARCHE VERS PÂQUES.
LE POINT DE DEPART : LE BAPTEME
Si Jésus a le courage de cette démarche, s’il peut mener jusqu’au bout la mission reçue de son Père, c’est à cause de son baptême. La plongée dans l’eau lui a donné le courage de passer par le baptême de feu de la souffrance. C’est pourquoi notre premier évangile de carême nous rappelle cette scène :
Jésus venait d’être baptisé. Aussitôt l’Esprit le pousse au désert. Et dans le désert, il resta 40 jours, tenté par satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages et les Anges le servaient.
Descendu de Galilée, Jésus est venu écouter ce prophète véhément qui secoue l’apathie des foules, annonce l’imminence du jugement de Dieu, presse ses auditeurs à confesser leurs péchés et à descendre dans l’eau pour obtenir le pardon. Impressionnés, les gens obtempèrent puis s’en repartent chez eux : il y a tant de rites, tant de cérémonies qui n’ont ainsi aucun impact sur l’existence ordinaire. Jésus, lui, fait une expérience bouleversante : en remontant de l’eau, saisi par un flux de l’Esprit de Dieu, il a perçu nettement un appel : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi je me complais ». Le charpentier doit cesser de construire des maisons pour commencer à reconstruire l’humanité.
Comment faire ? L’appel divin était net mais muet sur la méthode. Jésus, seul, s’enfonce dans la solitude du désert de Judée pour trouver la réponse : Il y est tenté, d’une façon que Marc ne précise pas, mais qui est normale. Car d’une part lorsque se profile la réalisation du projet de Dieu, les forces du mal se déchaînent, les objections pleuvent, les résistances se durcissent. Et d’autre part l’appel de Dieu ne bride pas la liberté mais la suscite au maximum. A la différence de ses ancêtres qui, dans le désert, pestaient contre le manque d’eau et de nourriture, récriminaient contre leur chef et envisageaient même de retourner à l’esclavage, Jésus assume sa vocation et opte pour la méthode de Dieu : 1) vivre de la Parole de Dieu dans la pauvreté, 2) ne pas subjuguer la foule par des prodiges, 3) ne pas user de violence.
La suite de l’Evangile montre comment Jésus a mis en œuvre ce programme et donc comment, sur ses traces, l’Eglise se doit d’agir. Qu’elle ne s’étonne pas des tempêtes des tentations, qu’elle s’en relève lorsqu’elle y succombe, qu’elle revienne de ses dérives, qu’elle garde le cap de l’Evangile de son Seigneur.
LA MISSION FONDAMENTALE
Après l’arrestation de Jean Baptiste, Jésus partit pour la Galilée proclamer la Bonne Nouvelle de Dieu. Il disait : « Les temps sont accomplis, le Règne de Dieu est tout proche : convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ».
La rumeur se répand : Jean a été arrêté et, on s’en doute très vite, il sera exécuté. La menace de mort plane sur celui qui cesse de ronronner des discours pieux et inoffensifs et qui, comme prophète, ose dénoncer la turpitude des grands de ce monde. Jésus sait déjà ce qui l’attend.
IL PART POUR LA GALILEE. Non qu’il craigne ses ennemis (il saura les affronter en temps voulu) mais d’abord il lui faut commencer sa mission et il a décidé, à la différence de Jean, non pas de se fixer dans la solitude pour y attendre les gens mais de circuler dans sa région. Il y a un temps de prière et de réflexion dans la solitude puis le temps de la mission en plein monde. Jésus part à la rencontre des gens, pour les rejoindre dans leur milieu naturel : c’est dans la vie ordinaire et quotidienne que la Bonne Nouvelle doit être dite afin d’y être vécue dans toutes les situations.
Que fait-il ? IL PROCLAME LA BONNE NOUVELLE DE DIEU. Après, il y aura l’enseignement, la catéchèse, la liturgie, la pastorale, la gestion…mais l’ensemble ne reste vivant que suspendu à cette joyeuse annonce qui ne doit jamais être sous-entendue, considérée comme accomplie, supposée connue. Dieu est toujours en train de venir. Son oubli conduit l’humanité aux déséquilibres, aux guerres, à la mort de l’homme.
Que dit Jésus ? Quel est son kérygme (proclamation publique d’une nouvelle importante) ?
LES TEMPS SONT ACCOMPLIS. L’histoire ne se déroule pas au rythme des empires, des conquêtes militaires, des grandes inventions, des événements spectaculaires pour les médias mais bien selon un certain Plan de Dieu. Si le cœur humain n’est jamais satisfait, jamais comblé, toujours en manque, c’est parce qu’il est fait pour Dieu. Présence que Jésus apporte. Son accueil est l’accomplissement du temps qui devient ouvert sur la dimension de l’éternel.
LE REGNE DE DIEU EST TOUT PROCHE. Pourquoi ne pas dire qu’il est là ? Parce que Dieu ne viole pas notre conscience et qu’il attend toujours que l’homme l’accueille. Et aussi parce qu’il s’insinue dans le temps, se prête à nos patiences, se développe selon nos décisions. Dieu ne cesse de venir.
CONVERTISSEZ-VOUS. Si l’homme écoute l’appel, il saisit immédiatement qu’il adorait ce que la bible appelle des idoles c.à.d. des faux dieux, des fausses valeurs que la société est si prompte à placer sur des trônes et qui mobilisent les foules. La moindre lueur du Royaume qui vient révèle leur vanité, leur péril car sous des promesses de mieux vivre, d’être à la mode, elles mènent à la compétition, l’envie, le désarroi, le désespoir. Mais quelle que soit la puissance de contagion de ces idoles, la conversion est possible. C’est une des grandes nouvelles apportées par la révélation biblique : rien n’est fatal, définitif, irrémédiable. Toujours il y a une fissure dans les murs de nos prisons, une aurore dans nos ténèbres. Changer, se retourner, aller vers la Vie qui vient : là est le vrai sens du mot « pénitence » qui, hélas, en est venu à désigner des privations et de la tristesse.
ET CROYEZ A LA BONNE NOUVELLE. Si son appel nous parvient à peine dans le brouhaha des cris et des musiques, si le poids de nos fautes nous pèse, si l’Eglise nous déçoit, si le changement nous fait peur, si nous craignons d’être traités de naïfs, ayons le courage de l’avenir de Dieu. « Croyez » c.à.d. faites confiance à ce message : il semble vieux de plusieurs siècles, il a souvent avorté, il n’est pas « à la mode »(dit-on) mais il reste NEUF comme aux premiers jours.
CONCLUSION
Donc d’après cette lecture, le carême est décision de marcher vers Pâques, avec un projet de conversion (de soi-même et de l’Eglise). Il faut re-proclamer la Bonne Nouvelle comme Jésus (cf. ci-dessus). Cela coûte cher. Nous n’en aurons la force qu’en « réalisant » ce que signifie le baptême, en retrouvant notre identité de « fils de Dieu », en priant dans la solitude, en écartant les tentations idolâtriques si puissantes aujourd’hui, en osant aller à contre-courant des modes. Le chrétien doit redevenir un « original ».
Raphaël D, dominicain
Premier dimanche du carême B
Au premier dimanche du Carême, la liturgie nous donne de contempler Jésus au désert. Pour la mentalité biblique, le désert est le lieu privilégié de la rencontre avec Dieu, mais tout autant celui de la tentation. « Jésus, nous dit saint Marc, fut baptisé dans le Jourdain par Jean. Aussitôt, remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit comme une colombe descendre vers lui, et une voix se fit entendre : ‘Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur’. »
« Tu es mon Fils ». Pour contempler l’amour de ce Père, pour comprendre ce que c’est qu’être pleinement le fils de ce Père, Jésus a besoin de faire l’expérience de quarante jours de solitude et de prière. La chiffre 40 est symbolique. Il indique le temps d’une gestation, d’un mûrissement : il faut 40 semaines pour façonner un petit d’homme dans le sein de sa mère. Il faut 40 ans au Sinaï pour former le peuple de l’Alliance. Il faut 40 jours à Moïse et à Elie pour se préparer à la rencontre avec Dieu. Il faut une quarantaine, un « carême », pour renaître à la joie pascale.
Mais aller au désert, c’est encore faire l’expérience de la tentation, du Satan, l’Adversaire, du diabolos, le diviseur. Le mal qui divise les hommes entre eux, qui fait de moi un être partagé, qui creuse les ségrégations, les séparations : tout cela vient du Satan, du diabolos. L’union, l’entente, l’acceptation de l’autre et la coopération viennent de l’Esprit de Dieu, qui est un esprit d’union et de communion. Jésus a vaincu Satan. Il nous apprend à le vaincre avec lui.
L’évangéliste notre ensuite : « il était avec les bêtes sauvages et les anges le servaient. » Pourquoi ce détail étrange ? Parce qu’il renvoie à la prophétie d’Isaïe 11, 6-9 : « Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira … Il ne se fera plus rien de mauvais ni de corrompus sur ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer. »
Jésus, le Fils de l’Homme, rétablit l’harmonie entre toutes choses, Il vient réconcilier l’homme avec la création, et les hommes entre eux, et les hommes avec Dieu. Il vient révéler un Dieu qui veille sur l’homme pour lui apprendre à devenir comme Lui, généreux et infiniment respectueux de sa liberté. Il réunit ciel et terre, animal et ange, homme et Dieu. Il est l’homme-Dieu, il est Dieu fait homme…
Pour retrouver cette harmonie il nous invite à un vrai retournement : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. » Saint Pierre nous parle de cette conversion : « être baptisé, ce n’est pas être purifié de souillures extérieures, mais s’engager envers Dieu avec une conscience droite, et participer ainsi à la résurrection de Jésus-Christ qui est monté au ciel, au-dessus des anges et de toutes les puissances invisibles, à la droite de Dieu ».
Voilà : le chemin vers Pâques est tracé. A chacun de nous, de le suivre, en baptisés, en fils et fille de Dieu confiants dans de l’alliance offerte à Noé, et plus encore livrée en Jésus : « je mets mon arc au milieu des nuages, pour qu’il soit le signe de l’alliance entre moi et la terre … je me souviendrai de mon alliance avec vous et avec tous les êtres vivants » (Genèse 9, 13.15).
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Que Dieu nous bénisse tous. Sutout, laissons-nous aimer par Lui
Jean-Pierre, au Rwanda