2ème dimanche du Carême
Abbé Jean Compazieu | 24 février 2012
Allons à la Montagne du Seigneur
Textes bibliques : Lire
En ce 2ème dimanche du Carême, nous n’oublions pas l’appel qui nous était adressé le mercredi des Cendres : “Revenez à moi de tout votre cœur.” Chaque chrétien doit prendre le carême au sérieux. C’est le Seigneur qui nous appelle à un véritable retournement. Nous allons à lui tels que nous sommes, avec nos blessures, notre péché. Dans le sacrement du pardon et celui de l’Eucharistie, le Seigneur est là pour nous accueillir, nous nourrir et nous redonner la joie d’être pardonnés. C’est ainsi pourrons progresser dans notre marche vers Pâques
Les lectures de ce dimanche nous parlent précisément de cette marche comme d’une véritable expédition. Elles nous amènent au sommet d’une montagne. Dans le premier texte, il s’agit de la montagne de Moriah ; c’est le lieu du sacrifice d’Abraham. Dans l’Evangile, c’est le Tabor, lieu où Jésus a été transfiguré devant ses disciples les plus proches. Et dans la seconde lecture, l’apôtre Paul nous renvoie à la montagne du Calvaire. C’est là que Jésus a été livré et crucifié pour nous.
Pourquoi cette insistance sur la montagne ? Il faut savoir que dans le monde de la Bible, c’est un lieu symbolique très fort. C’est le lieu par excellence de la rencontre avec Dieu. C’est là que Dieu s’est manifesté à Moïse. Il lui parlait “face à face, comme on parle à un ami”. Le prophète Elie y a également fait l’expérience de Dieu. Dans l’évangile, nous voyons Jésus se retirer sur la montagne, loin de la foule, de préférence la nuit. C’était pour lui un lieu de rencontre privilégié avec le Père dans une prière silencieuse. Et puis, nous n’oublions pas la montagne des béatitudes. Jésus y a proclamé des paroles très fortes d’amour et de vie.
Comprenons bien, il ne s’agit pas de nous lancer dans l’Alpinisme. L’important c’est peut-être de prendre de la hauteur par rapport à ce que nous vivons. Trop souvent, nous nous laissons accaparer par les soucis de la vie, les problèmes matériels. Et nous avons du mal à entendre les appels du Seigneur qui nous invite à venir à lui. Le Carême c’est un temps de retraite. Nous sommes en marche vers la Pâque du Christ. Le grand message de ces lectures c’est toujours un appel à avancer.
Dans l’évangile de ce jour, la réalité dépasse tout ce qu’on aurait pu imaginer : Jésus amène trois de ses disciples sur une montagne. Saint Marc nous dit qu’il fut transfiguré devant eux. Il est tout entier donné dans sa prière à son Père. Il se montre avec toute la chaleur et l’incandescence de son amour. Moïse et Elie sont là. Moïse représente la loi et Elie les prophètes. Ils se rejoignent dans cette rencontre avec Dieu. Cette rencontre veut préparer les disciples à ce qui va suivre. Aujourd’hui, ils voient son visage transfiguré. Dans quelques jours, ils le verront défiguré. Ils sont invités à lui faire confiance quoi qu’il arrive.
Vivre le Carême, c’est gravir la montagne et se mettre à l’écoute de Jésus. On n’y parvient pas tout de suite. Il faut de la patience et du courage. Il faut monter pour contempler les choses. Gravir la montagne c’est prendre le temps de l’écoute, c’est se réserver chaque jour du temps pour la prière. Si nous ne gravissons pas cette montagne avec Jésus, nous manquerons quelque chose d’absolument essentiel. Comme pour les trois disciples, Jésus veut nous libérer du sommeil de l’individualisme et de la tristesse. Il est urgent que nous mettions le Christ au centre de notre vie.
Pierre ne sait pas très bien quoi dire. Il propose à Jésus de dresser trois tentes, une pour lui, une pour Moïse et une pour Elie. Mais la voix du Père se fait entendre pour l’inviter à voir les choses différemment : ces tentes, il faut les construire dans le monde, dans les cœurs endurcis des humains, dans la vie ordinaire. Dans la Bible, la tente c’est le lieu de la présence de Dieu. Dieu voit ce monde défiguré par la haine, les guerres, les violences de toutes sortes. Or c’est dans ce monde que Dieu veut habiter. Et il compte sur nous pour lui construire une demeure digne de lui. Il nous invite à construire un monde rempli de son amour. Cette beauté qui est en lui, Jésus veut nous en revêtir en nous faisant partager sa divinité. Ecoutons-le dans la prière. Lui seul peut nous transfigurer.
En ce jour, nous te supplions, Seigneur : “Toi qui es Lumière, toi qui es l’amour, mets en nos ténèbres ton Esprit d’amour.”
Sources : Revues Signes et Feu Nouveau, Avec saint Marc (Claire Patier), Lectures bibliques des dimanches (Albert Vanhoye), la Parole de Dieu pour chaque jour Vincenzo Paglia
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merci pour ces moments que je recois.
que dois je comprendre par cette phrase : “nous devons semer le Verbe afin qu’il produise des fruits en tout genre et de toute nature. Car c’est par le verbe que nous sommes reliés au divin”
merci à toute personne qui pourrait m’apporter la lumière de ce texte
hugues
Pouvez-vous me dire de qui est ce texte que vous citez ? Merci
Le Verbe c’est Jésus. Nous sommes invités à l’accueillir, à nous imprégner de sa présence et de son amour pour le porter au monde. C’est avec lui que notre vie portera du fruit.
C’est par Jésus que nous sommes reliés à Dieu. Il est le Médiateur entre Dieu et les hommes
Avec lui en nous, nos visites pourront devenir des “visitations”
ces commentaires m’édifient énormément et rythment mes journées je peut vous assurer que je vis ces méditations tout au long de ma journée ce qui me permet de toujours rester en contact spirituel avec Dieu
Bonjour à tous,
Jusqu’à présent, je prends bien le Carême au sérieux : je ne jeûne pas, mais je partage du mieux que je peux et j’apprends LA PATIENCE.
Au sens propre, je ne peux aller sur la montagne : mon asthme se manifeste alors violemment. Mais, je peux toujours prendre de la hauteur sur ce que je vis : ne pas pécher trop, développer mes vertus, et surtout monter l’exemple à ma famille qui est athée. Pour cela, le Seigneur m’accompagne tout au long du jour et j’ai pris maintenant l’habitude de me “connecter” à lui à tout moment et n’importe où.
Il faut aussi que je m’abîme dans la prière. Or, cela fait deux fois que je m’endors lors de mon chapelet. Mais les anges le finissent pour moi !
Seigneur , aujourd’hui, c’est ton jour, c’est dimanche, alors je n’oublierai pas de chanter tes louanges.
BON CAREME A TOUS.
Christiane
Transfigurés ! – Carême 2012 – 2ème Dimanche – 4 mars
Si le Carême – nous l’avons signalé – appelle conversion, renouvellement de l’esprit et des cœurs, il n’en reste pas moins que nous comportons un corps qui lui-même doit donner un témoignage correspondant. La liturgie de ce jour nous y engage.
L’Evangile (Marc 9, 2-10) le commente déjà avec la Transfiguration de Jésus. Il s’est élevé sur une haute montagne (symbole du site de Dieu) avec Pierre, Jacques et Jean, les apôtres les plus étroitement associés à son itinéraire spirituel. Il se trouve « transfiguré devant eux » : vêtements resplendissants et d’une blancheur exceptionnelle. St Matthieu (Mt. 17,2) note aussi son visage qui « resplendit comme le soleil ». Tout l’homme est transfiguré !
La présence alors de Moïse et d’Elie situe l’événement en lien avec le peuple d’Israël. Ils figurent la Loi et les Prophètes dans l’Ancien Testament.
Soumis « à une grande frayeur », les apôtres sont aussi dans la joie, souhaitant qu’elle demeure : « dressons donc trois tentes ». D’une nuée, qui vient les couvrir, Dieu même fait entendre sa voix : « Celui-ci est mon fils bien aimé. Ecoutez-le ». Redescendant de la montagne Jésus leur défend de parler de cette transfiguration avant d’être « ressuscité d’entre les morts », réflexion qui les laisse perplexes.
Il est bien certain que cet épisode évangélique veut fortifier la foi des apôtres en Jésus. Bientôt ils seront éprouvés par son arrestation, sa passion et sa mort en croix. Il révèle aussi la condition humaine d’un corps ressuscité à la fin du monde dans la gloire de Dieu.
Toutefois cette transfiguration de Jésus ne nous appelle-t-elle pas à une certaine transformation ? N’aurions-nous pas nous-mêmes, dans l’écoute du Seigneur, à témoigner de notre foi, surtout dans notre cœur ? L’aspect corporel n’est pas oublié … jusque dans les vêtements.
J’ai eu un père tailleur d’habits. Il confectionnait des costumes qui se devaient être d’un bon tissu, adaptés à chaque destinataire, dans une mode convenable. Les grands couturiers actuels organisent des défilés de mode où le gout du jour évacue facilement une tenue respectueuse. Et « le visage ensoleillé » ?
Sans nous préoccuper en premier des détails vestimentaires (« de quoi allons-nous nous vêtir ? » Mt 6, 31), par notre tenue, notre visage, n’aurions-nous pas à offrir au monde un aspect marqué par notre foi ? Agréable le sourire, très utile la préoccupation des mal vêtus, sans logements, malades, infirmes, vieillards, toutes conditions de corps défaillants ! Gardons cependant ce désir d’une transfiguration de nos cœurs, c’est la plus importante !
La 1ère lecture marque la nécessité d’une foi authentique, à l’exemple de celle d’Abraham. A l’écoute de Dieu il n’hésite pas à offrir son fils en sacrifice. Au moment de s’exécuter Dieu lui fait dire : « ne porte pas la main sur l’enfant, ne lui fait aucun mal. Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton fils unique ». Dans cet épisode chacun découvre l’annonce lointaine du sacrifice de Jésus, Fils de Dieu, sans bélier pour le remplacer sur la croix. Il se donne entièrement pour le salut du genre humain. La grandeur de l’amour va jusqu’au don de sa vie pour l’humanité … mais, ce que ne comprenaient pas les apôtres à ce moment, va suivre la résurrection du corps où nous achemine le Carême avec Pâques. C’est la victoire de l’amour sur la mort !
St Paul (2ème lecture) le précisera : « il n’a pas refusé son propre fils, l’a livré pour nous tous » – « Il est ressuscité, à la droite de Dieu, intercède pour nous »
Déclarons avec le Psaume 115 : « Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants » – « J’invoquerai le nom du Seigneur » – « Je tiendrai mes promesses au Seigneur »
Mes promesses ? Celle surtout de gravir en amour dans nos cœurs : de Dieu qui dans l’Esprit, offert par Jésus, nous en donne le pouvoir – de tous nos frères humains, sans aucune distinction, à l’image de Jésus. Marie saura nous y aider. Elle nous a donné son fils !
2ème dimanche de carême – année B – 4 mars 2012 -_Evangile de Marc 9, 2-10
UN VISAGE ÉCLATANT … SANS « ANTI-ÂGE »
Le texte lu ce dimanche – la Transfiguration de Jésus – omet la notation chronologique par laquelle Marc (comme Matthieu) ouvre son récit. Alors que d’habitude il ne précise pas la succession des événements, ici, il prend bien soin de souligner que cette scène s’est passée « 6 jours après ». Après quoi ? Après le jour où Pierre a confessé que Jésus était le Messie attendu et où, pour la 1ère fois, Jésus a commencé à enseigner qu’ « il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes et que, 3 jours après, il ressuscite » (8, 31). Et il a ajouté à l’adresse de tous (disciples et foule) que celui qui voulait le suivre devait, lui aussi, se renoncer et prendre sa croix.
On imagine le choc, la stupeur, l’incrédulité, le bouleversement provoqués sur le coup chez les disciples par cette révélation totalement imprévisible. Pierre ose même réprimander Jésus d’avoir dit cela.
Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean et les emmène, seuls, sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux…..»
Il existe donc un lien profond entre les deux scènes. Parce que Jésus veut accomplir jusqu’au bout la mission reçue au baptême, il a besoin de prière plus intense, de contact plus profond avec son Père (symbole de la montée dans la montagne). Devant la perspective épouvantable qui l’attend, le visage livide, les traits crispés, il assume son destin et ose le dire à tous : c’est pourquoi là-haut son Père le remplit de paix, de confiance, de lumière. Ne crains pas : je suis avec toi.
« Elie et Moïse leur apparurent : ils s’entretenaient avec Jésus ».
Le premier a guidé la libération de l’esclavage, a contracté l’alliance avec YHWH, a apporté la Loi. Il est le grand législateur, la figure grandiose. Le second est le prophète enflammé, le défenseur de la Loi contre l’invasion des cultes idolâtriques. Tous deux ont reçu le privilège de l’intimité de Dieu sur la montagne du Sinaï mais tous deux ont péché et ils n’ont apporté qu’un salut précaire et partiel. A présent, sur la montagne, ils confortent Jésus dans sa décision. Ils viennent reconnaître qu’ils n’étaient que des prophètes, des porte-paroles de Dieu, des précurseurs. Jésus les dépasse infiniment : lui seul, le Fils, va conduire à terme l’œuvre qu’ils n’avaient qu’esquissée. L’Ancien Testament culmine en Jésus qui est, en personne, la Nouvelle Alliance.
« Quel bonheur d’être ici ! Dressons 3 tentes, une pour toi…une…une … »
Pierre, qui s’était insurgé contre la nécessité de la croix, est comme transporté, il aimerait prolonger ce moment de grâce. Le Royaume de Dieu n’est-il pas arrivé ? Oubliées les Béatitudes exigeantes ! Oubliée l’annonce de la croix ! Jouissons du moment présent, de l’extase. Dressons, bâtissons, construisons…pour l’honneur de Dieu et de Jésus.
« Il ne savait que dire. Survint une Nuée qui les couvrit de son ombre, et, de la Nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : ECOUTEZ-LE »
Pierre se croyait dévoué en multipliant les petits sanctuaires. Mais lorsque, dans l’accueil de la croix, Jésus commence à être glorifié, c’est l’inverse qui se produit : c’est Dieu (dont la Nuée est toujours le symbole de la présence) qui fait un temple unique avec un peuple unique. Moïse et Elie, David et Jean-Baptiste….Pierre, Jacques, Jean, Paul…François d’Assise, Dominique, Vincent de Paul, la petite Thérèse : l’infinie multitude des disciples, à travers l’histoire, devient LE SEUL TEMPLE VIVANT recouvert, englobé par la « shékinah », l’Esprit de Sainteté, la même Lumière. Il n’y a plus d’ancien et de nouveau testaments, mais une seule ALLIANCE.
Dieu redit ce qu’il avait confié à Jésus seul lors de son baptême (Toi mon Fils)…mais il ajoute à l’intention de tous : ECOUTEZ-LE. Qu’a-t-il dit ? Ce qu’il enseigne depuis le début et surtout la révélation qu’il vient de dire récemment : « Il faut que…Et si quelqu’un veut me suivre… ». La croix n’est pas un accident pour Jésus, une éventualité pour des candidats au martyre, un moyen parmi d’autres de libérer l’humanité. « Il la faut » non parce que Dieu veut des victimes mais parce que les hommes – même des responsables religieux de haut niveau – refusent le Royaume tel que Dieu, en Jésus, veut l’établir sur terre. Trop dur, trop universel.
« Regardant tout autour ils ne virent plus que JESUS SEUL AVEC EUX »
De façon furtive, comme un flash, on vient d’entrevoir le mystère de cet homme désigné par Dieu. On le retrouve comme avant, visage tendu de quelqu’un qui sait ce qui l’attend, qui va se heurter à la haine des hommes. Mais IL EST AVEC EUX. Seul il compte. Il ne les abandonnera jamais. Même dans leur lâcheté.
« En descendant il leur recommanda de ne rien dire à personne jusqu’à ce qu’il ressuscite d’entre les morts ».
Le moment n’est pas venu de s’arrêter dans l’extase béatifique : il faut redescendre de la montagne, rejoindre les hommes et poursuivre la route. Maintenant on sait où elle mène.
Jésus à nouveau intime le silence. Pas plus que des miracles, il ne faut parler des visions et des extases : ce serait, chez les uns, alimenter une religion de prodiges et de merveilleux, et, chez les autres, susciter moqueries et incrédulité. D’ailleurs cette grâce de transfiguration n’a pas converti les trois apôtres : lorsque le danger à Gethsémani surgira, ils s’enfuiront comme les autres, refusant cette issue dramatique et accrochés à leur certitude : Oui au Royaume mais sans la croix !
KIPPOUR ET FÊTE DES TENTES : ANNONCE DE MORT ET VISAGE DE LUMIÈRE
Après Pâques, éclairés par l’Esprit, les disciples reliront leurs Ecritures et ils remarqueront qu’il y a ce même intervalle de jours entre deux grandes fêtes (en ce temps, on compte les jours en jeu) :
1) Le 10 du 7ème mois, Israël célébrait la grande Fête du Pardon : YÔM KIPPOUR. Par l’offrande de plusieurs animaux, et en accomplissant le rite du bouc émissaire (symboliquement chargé de tous les péchés et voué à la mort dans la solitude du désert), le grand prêtre obtenait la purification totale pour lui, sa maisonnée, le sanctuaire et tout le peuple : « C’est pour vous une loi immuable : au 7ème mois, le 10, vous jeûnez…On fait sur vous le rite d’absolution… Devant YHWH, vous serez purs de tous vos péchés » (Lévitique 16, 29) Aujourd’hui encore, pour les croyants juifs, il s’agit du grand jour de l’année : jour de jeûne total, de prières intenses, le seul jour où tous les péchés de l’année sont pardonnés.
2) Le 15 de ce même mois, avait lieu la grande FÊTE DES TENTES. Pendant 8 jours, le peuple vivait dans des cabanes en faisant mémoire des ancêtres hébreux qui, après la sortie d’Egypte et le don de l’Alliance, avaient marché à travers le désert, logeant sous tente, avant de pénétrer dans la terre promise. Et on évoquait le souvenir de Moïse qui avait le privilège d’entrer dans la Tente du Sanctuaire où il recevait la Parole de YHWH et dont il sortait, dit-on, le visage si rayonnant qu’il devait le couvrir d’un voile (Exode 34, 29-35).
Merveilleuse découverte pour Marc et les 1ers chrétiens ! Ainsi donc le calendrier des fêtes traçait la destinée de Jésus. Annonce de La Passion puis Transfiguration étaient comme les signes prémonitoires de ce qui allait se produire à Jérusalem :
La croix met fin aux sacrifices d’animaux : le sang de Jésus (rejeté comme le bouc émissaire) est versé pour offrir le pardon des péchés du monde, c’est le Yom Kippour pour le monde.
La Transfiguration finale est celle de la Résurrection le 3ème jour (intervalle resserré)
Jésus glorifié et ses disciples sont un seul peuple, dans la communion de l’Esprit.
CONCLUSION
Les fêtes liturgiques se suivent dans une succession logique et constituent la formation permanente du peuple chrétien. Elles ne sont pas des ritournelles ennuyeuses parce que toujours les mêmes. Bien comprises, bien vécues, elles balisent le chemin de la foi, elles nous apprennent à vivre.
Le 1er dimanche de carême nous faisait réentendre l’appel du baptême qui nous donnait notre identité (TU ES MON FILS), il nous pressait de rejeter les tentations du monde grâce à la prière.
Le 2ème dimanche nous fait réécouter la voix de Dieu : Oui vous avez raison de suivre Jésus. Si vous en avez la grâce, jouissez des moments de bonheur qu’il vous offre en vous donnant, par l’Eucharistie, le pardon de tous vos péchés. Mais n’arrêtez pas l’histoire, ne fuyez pas le monde, poursuivez votre mission, cherchez la conversion de l’Eglise, proclamez la Bonne Nouvelle. Et acceptez peu à peu, et dans la douleur, les échecs, les croix de la vie : en vous faisant grandir dans l’amour, ils vous conduiront en ce nouveau monde où il n’y aura plus de faces défigurées, de corps violés et meurtris mais des Visages de Lumière dans un monde transfiguré.
Raphaël D., dominicain
Deuxième dimanche du carême B
Ils sont redescendus de la montagne, tous en profond recueillement, et en silence. Ils ont repris la route avec Jésus, seuls avec lui, montant vers cet autre haut lieu où devait se dresser la croix pour la mort et le sacrifice du Bien-aimé. Certes, le jour viendra, par-delà le troisième jour, où ils iront joyeusement sur les chemins pour annoncer : Dieu a ressuscité son Fils ! Ils en seront témoins, mais témoins d’une foi qui ne révèle la splendeur de sa lumière que dans le clair-obscur de la nuit du monde.
Qu’est ce que cela veut dire que Jésus Christ, le Fils de l’homme, soit ressuscité d’entre les morts ? Cette question vitale demeure à travers tous les siècles de notre foi. Pour y répondre, il faut traverser le domaine et l’agonie de la mort et être transfiguré par le face à face avec le Dieu vivant, où le Seigneur Jésus siège à la droite du Père. Dieu seul peut révéler à notre foi le mystère insondable de la mort.
Dieu nous l’a révélé en s’engageant lui-même dans la mort et le sacrifice de son Unique bien-aimé. « Il n’a pas refusé son propre Fils, il l’a livré pour nous tous ! » Et, à l’avance, notre père Abraham en était la figure, obéissant dans la confiance la plus totale au seul mystère qui nous atteigne jusqu’au fond de nous-mêmes : faut il donc mourir pour vivre ? Il n’y a pas d’autre chemin. Dieu n’est jamais autant le Dieu de vie surabondante qu’en ce moment où il nous donne tout en s’engageant à perdre tout, car le seul bien de Dieu est son Fils unique, celui qu’il aime de toute éternité, livré pour nous et pour la multitude. Dieu nous aime jusque dans la folie de la haine, de la violence et du mal. Dieu i descend jusqu’à l’abîme de l’horreur et d’innommable pour y mettre sa vie et chasser les puissances de mort.
Le cœur de ce que nous appelons le mystère pascal n’est pas la poussière et la cendre, mais la transfiguration de la mort inhumaine par le feu de l’amour jusqu’à l’extrême. Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité : il l’est en demeurant toujours le Crucifié en croix, l’Agneau de Dieu immolé, glorieux, intercédant pour nous. Que dire, sinon que Dieu a intégré la mort jusqu’en sa propre vie, source de toute vie ? « Celui-ci est mon Fils bien aimé ! » Il nous le dit en élevant nos yeux jusqu’à la croix sur la colline qui réunit le ciel avec la terre.
Préférons-nous lever notre regard vers la montagne où resplendit la gloire du Transfiguré ? Mais c’est Jésus le Crucifié qui est transfiguré ! Sa croix est notre vie. Ne craignons rien ! Et pour rester dans la paix et le calme intérieurs, il est essentiel pour nous, d’entrer en contact avec Dieu de façon régulière chaque jour, pour ensuite vivre avec Jésus le grand passage pascal à travers nos joies et nos peines quotidiennes.
Le dimanche de la Transfiguration est un peu comme une oasis au milieu du désert, un puits dans une steppe aride, une source d’eau vive sur notre route vers l’éternité de Dieu. Dans ce moment de rencontre avec Dieu qu’est la prière, le Seigneur nous rassure et nous rappelle que nous sommes toujours les filles et les fils bien-aimés de notre Père du ciel.
Si Dieu est à ce point pour nous, qui sera contre nous ? (2e lecture) Ni la mort ni la nuit, ni les ténèbres, rien ne pourrait nous séparer de son amour. Au feu de cet amour, nous entrons, à travers nos souffrances et nos morts vécues avec Jésus, dans l’intimité même du Père. C’est cela « ressusciter d’entre les morts ».
Les homélies sur kerit.be
La transfiguration, texte très riche pour nous chrétiens. Le Christ nous donne l’avant-goût de la beauté éclatante du ciel. Pierre veut y demeurer mais il s’oublie car il se savait encore indigne. Voilà pourquoi il propose au Christ de construire trois tentes: l’une pour le Christ, l’une pour Moïse, l’une pour Elie.
Bon carême à tous!
Dans notre montée vers Pâques, voici une halte. C’est l’étape de la montagne. Le lieu de ressourcement à l’ombre de Dieu. Jésus nous y a entraîné. Il veut nous faire approprier sa marche ou sa démarche. La contemplation, la prière et l’écoute. Et nous avons souffisament de ressources pour descendre de la montagne pour reprendre notre route. Illuminés par la lumière du Christ Transfiguré, nous pouvons ainsi illuminer les autres. IIluminer nos fatigues, nos angoisses, nos interrogations sans réponses, Nous pouvons transfigurer les situations des ténèbres, de désespoirs. La tentation est grande de nous replier sur le statu quo. L’expérience de la montagne avec le Chrsit et à côté de lui nous donne l’assurance d’avancer car Dieu est plus fort que tout ce blocage. La victoire est au bout chemin. Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu. En tout cela nous sommes de grands vainqueur. La transfiguration est ainsi la résurrection avant la lettre. Mais le chemin vers Pâques est hérissé de petites croix…
J’ai cassé mon rythme, je n’arrive pas à me débarrasser de ma fatigue. Et le piratage n’a pas arrangé les choses. Dieu merci, c’est super ce système de recevoir les homélies par courriel.
Ce deuxième dimanche de Carême, c’est une épiphanie, Dieu se manifeste dans toute la splendeur du Christ Lumière du monde. Cadeau qui nous est offert en cette deuxième étape sur la voie pascale. Dieu se fait proche de l’homme qui peine dans les combats quotidiens : Il parle et nous encourage à écouter son Fils : “Celui-ci est mon fils bien-aimé en qui j’ai mis tout mon amour, écoutez-le.”
La Transfiguration de Jésus manifeste l’intimité unique qui l’unit au Père. La grâce de Dieu s’est rendue visible. Après nous avoir donné comme modèle de croyant Abraham, la liturgie nous rappelle aujourd’hui notre vocation, qui est d’annoncer l’Evangile de Jésus Christ, nous dit Paul dans sa lettre à Timothée. Dieu nous a sauvés et nous a donné un vocation sainte, non pas à cause de nos actes, mais à cause de son projet à Lui et de sa grâce.