Homélie du 4ème dimanche de Pâques
Abbé Jean Compazieu | 21 avril 2012Le bon Berger
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Cette image du bon berger, nous la connaissons bien. Il est celui qui veille sur son troupeau. Ses conditions de vie et de travail peuvent être difficiles. Quand on est sur les pentes des alpages et des estives, il faut surveiller, il faut rechercher les brebis égarées, soigner celles qui sont blessées. C’est un métier difficile, surtout quand la météo est défavorable. Jésus avait bien observé tout cela dans son pays de Palestine. Il nous conforte dans l’idée que le métier de berger n’est pas de tout repos.
“Je suis le bon Pasteur” nous dit le Christ. Quand nous lisons les évangiles, nous voyons que sa vie est un combat de tous les jours. Il doit faire face aux faux prophètes, aux pharisiens, aux docteurs de la loi. Et puis, il y a les disciples qui ont du mal à comprendre, les malades qu’il faut guérir, les possédés qui le poussent dans ses retranchements. Au moment de la Passion, ce sera l’abandon du Père au Jardin des Oliviers, le reniement de Pierre, le baiser de Judas. Tout au long de son ministère, il a dû affronter l’incrédulité, la mauvaise foi et les attaques de toutes sortes.
En ce dimanche, nous chantons : “Jésus berger de toute humanité…” Nous ne devons pas en rester aux belles paroles. Nous ne pouvons pas oublier que ce bon berger, c’est celui qui donne sa vie pour ses amis. Il court après les brebis pour les rassembler en un seul troupeau (tout en respectant la liberté des uns et des autres). Il les connaît toutes personnellement. Pour lui, connaître quelqu’un ce n’est pas dire “je vois qui c’est” ; Jésus nous connaît avec le cœur. Chacun de nous est important pour lui. Nous ne sommes pas des pions interchangeables. Pour Dieu, nous sommes uniques. C’est pour nous un appel à une fidélité totale.
Le bon berger n’hésite pas à quitter la bergerie pour aller à la rencontre des brebis perdues. Il part de nuit comme de jour pour les retrouver. Jésus expose sa vie pour protéger ses brebis. Il va jusqu’au bout en se donnant totalement à ceux qui viennent l’arrêter. Il donne sa vie pour le salut du monde. Lui-même a dit : “Ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne.”
Cet évangile nous renvoie à notre vie. Nous chantons et nous proclamons Jésus “berger de toute humanité”. Mais il ne faut pas en rester à des belles paroles. L’important c’est d’accueillir vraiment le Christ et de lui donner la première place dans toute notre vie. C’est précisément ce que nous faisons chaque dimanche en venant à l’Eucharistie. Nous accueillons l’amour qui est en lui pour qu’il nous transforme. Lui-même nous dit ailleurs qu’il est le Chemin, la Vérité et la Vie. C’est par lui que nous devons passer pour aller au Père. Alors aujourd’hui, cela vaut la peine de se poser la question : Jésus est-il vraiment notre chemin, notre Vérité et notre Vie ? Quelle place lui donnons-nous tout au long de nos journées ?
En lisant cet évangile, nous devons faire un pas de plus. Jésus notre berger nous confie les uns aux autres. L’Eglise est le prolongement du Christ sur la terre. Comme lui, nous sommes amenés à quitter nos bergeries pour aller à la rencontre des autres. Etre disciple du Christ c’est une grande aventure ; ce n’est pas de tout repos. La tentation est grande de refermer sa porte et de rester bien au chaud à l’intérieur. Mais nous ne pouvons pas nous enfermer dans la nostalgie du passé. La bonne nouvelle de l’Evangile doit être annoncée aux pauvres et aux exclus dans le monde entier. Il importe que celle-ci se réalise en actes. Si nous rejetons telle ou telle personne parce qu’elle ne pense pas comme nous, c’est le Christ que nous rejetons.
Pour mieux comprendre ce que le Christ attend de nous, il nous faut inlassablement revenir à l’Evangile. Au jour de la Pentecôte, les apôtres étaient enfermés dans le Cénacle. L’Esprit Saint les a poussés au dehors pour proclamer à tous les merveilles de Dieu. Ils se sont retrouvés face à ceux-là même qui avaient mis le Christ en croix. Nous aussi, nous sommes tous envoyés pour participer à l’œuvre de salut du Christ ressuscité. Notre mission de baptisés c’est d’apporter notre pierre à la construction de l’Eglise du Christ. Il est lui-même la pierre angulaire. C’est autour de lui que se réalise l’unité de son Corps.
Depuis la Pentecôte, les apôtres sont devenus des témoins de cette bonne nouvelle. Après la résurrection de Jésus, Pierre a connu une transformation très forte. Lui qui avait peur au moment de la Passion fait preuve d’une force merveilleuse. Il n’hésite pas à proclamer devant tous ses adversaires qu’en dehors de Jésus, il n’y a pas de salut. Ce n’est que grâce à lui que nous pouvons obtenir la vie nouvelle qui fait de nous des enfants de Dieu. C’est de cela que nous avons à témoigner tout au long de nos journées. Nous sommes tous engagés pour le royaume de Dieu. Les évêques, les prêtres, les diacres, les laïcs sont tous donnés à l’Eglise et au monde comme le Christ notre berger. Nous ne sommes pas à notre compte mais à celui de Jésus qui nous appelle et nous envoie pour être les témoins de la Bonne Nouvelle de l’Evangile.
En ce jour, nous te prions Seigneur : Fais-nous reconnaître ta voix parmi les bruits du monde. Ta Parole nous révèle le chemin qui mène à toi. Donne-nous de l’accueillir et de la garder pour qu’elle transforme notre vie et celle de nos frères. Amen.
Sources : Revues Signes et Feu Nouveau, La Parole de Dieu pour chaque jour de 2012 (Vincenzo Paglia), Lectures bibliques des dimanches B (Albert Vanhoye)
Le Seigneur est vraiment merveilleux : absolument chaque jour, j’ai de petites grâces de sa part. Ce ne sont pas de gros cadeaux, mais plutôt des petits riens qui améliorent mon quotidien.
Le Seigneur m’a accordé la santé, un toit, une famille unie. Que demander de plus ? En tout cas, je peux proclamer la Bonne Nouvelle par mes actions car parler du Seigneur ne suffit pas et surtout agace ma famille.
Je ne suis pas d’accord quand tu dis :” l’abandon du Père au jardin des Oliviers”. Dieu le Père n’a pas abandonné Jésus, il s’est juste tu.
En ce moment, j’ai une belle-soeur qui m’énerve. J’essaie de combler ce péché par une grande patience et une belle disponibilité. Pourtant, les faits sont là et je n’ai pas tout à fait tort. Qu’à cela ne tienne, j’apaise les tensions.
Je me souviens quotidiennement chaque matin de cette formule que je trouve très juste : “SOUVIENS TOI QUE TU AS ENCORE AUJOURD’HUI”.
Alors, Seigneur , aide-moi à faire de chaque journée un pas en avant vers l’amour des autres.
MERCI DE TOUT COEUR.
Christiane
Quatrième dimanche de Pâques B
Nous sommes peut-être trop habitués à entendre dire que Dieu est notre Père et qu’il nous aime. Nous sommes devenus des enfants gâtés et blasés qui ne s’étonnent plus. Mais quel bouleversement lorsque saint Jean ou saint Paul l’annonçaient aux parias des grandes cités de l’Empire romain, à ces masses d’esclaves exploités, aux mal-aimés d’Ephèse ou de Corinthe. Tout se renversait à leurs yeux et à leur profit.
Le monde de Dieu n’est pas le monde du pouvoir, n’est pas le monde de l’avoir, n’est pas le monde du savoir. Il est le monde de l’amour, parce que Dieu est Amour. « Voyez comme il est grand l’amour dont Dieu nous a comblés : Il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu «. Et ajoute Jean, l’inimaginable s’est produit : «Il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu, et nous le sommes » (Deuxième lecture).
Oui, par le baptême, nous devenons le fils, la fille bien-aimée de Dieu en étant de plus en plus identifiés au Fils Unique qu’est Jésus, dont le « nom, donné aux hommes, est le seul qui puisse nous sauver. » (Première lecture). Il suffit d’accepter de nous laisser aimer ! C’est là l’importance de la prière dans nos vies, où nous goûtons la joie de nous sentir aimés et prenons profondément conscience de notre dignité.
Cet Amour de Dieu, l’évangile nous en montre l’une ou l’autre facette par l’image du Bon Pasteur. Jésus se présente comme « le » Beau Berger, celui qui s’engage et fait ses preuves. Ce lui qui prend le risque d’être rejeté et qui dépose sa vie, qui donne sa vie, qui est prêt à tous les dangers pour protéger le troupeau dont il a la garde.
Et il ajoute ce nouveau trait : « Je connais mes brebis «. Il est le vrai berger qui appelle chacune de ses brebis par son nom. Il est ce pasteur capable de partir à la recherche de celle qui s’est perdue. Connaître, ce n’est pas posséder un savoir purement cérébral, comme on dit d’un ministre qu’il « connaît bien ses dossiers ». Connaître, pour la Bible, signifie aimer. Et cet amour est réciproque. Le Bon Berger connaît ses brebis, et ses brebis le connaissent. J’ai habité, il y plus de vingt ans, une maison que bordait une grande prairie avec des moutons. Le mois de mars était enjolivé par la naissance des agneaux. Mais lorsque j’essayais de les approcher, ils me fuyaient. Mais quelle fête et quels bondsne réservaient-ils à mon voisin qui était leur berger !
Oui, les brebis de Jésus l’aiment d’une intime connaissance ! Cette connaissance, Jésus n’hésite pas à la comparer à celle du Père pour le Fils, du Fils pour le Père.
Cette image du Pasteur Jésus l’étend aux dimensions de toute l’humanité. Il est le Pasteur universel. De manière ou d’autre, tous les hommes font partie de sa bergerie. Mais hélas, le péché, les mauvais guides, les faux prophètes les ont dispersés. Jésus vient pour « rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés » (Jean 11, 52).Tout homme un jour, si perdu soit-il, entend sa voix et se sent regardé avec bienveillance par lui. Une inscription chrétienne datant du second siècle dit d’un certain Abercius : « Je suis le disciple d’un saint Pasteur, qui fait paître ses troupeaux sur les montagnes et dans les plaines, qui a de grands yeux, dont le regard atteint partout. » Jésus est ce Pasteur aux grands yeux dont la mort a supprimé les enclos pour élargir la bergerie aux dimensions de l’univers. La communauté de Jésus est à la fois le petit troupeau de ceux qui le connaissent et lui sont fidèles, et la foule immense de ceux qu’il sauve très largement.
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Où allons-nous ? Pâques 2012 – 4ème Dimanche – 29 avril
Où allons-nous ? Chez nous le temps des élections présidentielles, et législatives qui suivront, doit nous faire prendre conscience de ce que nous vivons, si nous voulons être des chrétiens « ardents à faire le bien » Cela concerne notre vie personnelle mais aussi notre société familiale, communautaire, nationale et même internationale.
Le Paradis n’est pas sur terre. Gémir ne sert à rien et regretter le passé n’est pas une activité chrétienne liée aux exigences de liberté, égalité, fraternité sans oublier celle indispensable de vérité.
Les yeux tournés vers l’avenir en cherchant à grandir en amour, cela doit inspirer nos esprits et nous cœurs pour bâtir un monde meilleur dans toutes ses composantes matérielles et spirituelles.
Avec le récit des Actes des apôtres (1ère lecture), peu après la mort et la résurrection du Christ Jésus, nous voyons Pierre convoqué au grand conseil d’Israël. Il est interrogé au sujet de la guérison d’un infirme. « Rempli de l’Esprit Saint » il déclare qu’elle est venue « grâce au nom de Jésus le Nazaréen ». Il en profite pour annoncer sa résurrection et « qu’en dehors de lui, pas de salut ». « Son nom, donné aux hommes, est le seul qui puisse sauver ». C’est évidemment prêcher la divinité de Jésus et la nécessité de s’en remettre à lui pour une conduite de vie individuelle et collective.
Facile alors de comprendre le Psaume 117. Il demande de rendre grâce au Seigneur, « éternel est son amour » ; « mieux vaut s’appuyer sur le Seigneur que de compter sur les hommes », fussent-ils « puissants ». Enregistrons en cette période électorale !
St Jean (2ème lecture) conforte cet éloge en rapportant la grandeur d’amour du Père : « il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes ! » Si tout n’est pas très clair sur notre devenir, « lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui », espérance qui ne devrait pas décevoir !
L’Evangile (Jean 10, 11-18) vient confirmer cette vision dans notre relation à Jésus. Dans sa déclaration aux juifs il adopte des notions, peut-être un peu oubliées en notre siècle. Elles sont en rapport avec la vie des juifs de son époque où la vie des troupeaux et de leurs gardiens était coutumière à l’esprit de tous.
Jésus nous dit : « Je suis le bon berger, le vrai berger » … « qui donne sa vie pour ses brebis ». Nous savons qu’il a accepté, après toute une vie où l’amour a été continuellement son témoignage, de subir volontairement une passion extrêmement douloureuse et sa crucifixion, pour que soient remis nos péchés, et puissions entrer dans la bergerie. Elle n’est autre qu’accès auprès du Père, au Royaume de l’Amour. Et nous connaissons la joie de Dieu pour une seule personne qui se convertit (cf. Luc 15, 11)
Jésus fait la comparaison avec le mauvais berger. Quand vient le loup, il s’enfuit. Il ne cherche que son intérêt propre, sans penser aux autres dont il a la responsabilité.
Jésus reprend : « Je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent » … une connaissance parfaite de la vie de chacun, où le pardon tient une place essentielle. Il a aussi « d’autres brebis, pas de cette bergerie : celles-là aussi, il faut que je les conduise » … à Dieu et « il y aura un seul troupeau et un seul pasteur » Viendra le moment où l’humanité sera rassemblée dans l’unité d’un amour sans faille. Jésus qui a « pouvoir de donner sa vie et de la reprendre » assure de sa résurrection, mais aussi de la nôtre. Nous ne formerons avec lui qu’un seul Corps, terme de notre vie ici-bas, pour posséder la vie éternelle auprès du Père, de Marie, notre mère du ciel, et de tous les saints.
Où allons-nous ? Vers un bonheur éternel et sans fin, celui-là même de Dieu, voulu pour l’amour de toute l’humanité. Merci, Seigneur !
4ème dimanche de Pâques – année B – 29 avril 2012 – Evangile de Jean 10, 11-18
LA BREBIS DE JESUS N’EST PAS UN MOUTON DE PANURGE
Croire à la résurrection de Jésus n’est pas une croyance en plus, un dogme à caser dans la liste du credo. Si Dieu a ressuscité Jésus, cela signifie qu’il a repris son procès en cassation, qu’il lui donne raison, qu’il proclame son innocence, qu’il authentifie son comportement et son enseignement, qu’il accepte sa mort en croix comme don d’amour pour le pardon, qu’il le proclame comme son Image, son Fils, le Seigneur Vivant. Ainsi, en arrivant à la dernière page de l’évangile, nous le lisons en le remontant: si nous acceptons la résurrection, alors la mort de Jésus nous pardonne tout, alors il nous faut mener notre existence comme il l’a dit, alors nous avons à demander ou assumer le baptême et à prendre Jésus comme Seigneur et Guide.
POURQUOI LE PASTEUR EST « BON ».
Si Lazare réanimé reprit le fil de sa vie prolongée avant de « remourir », Jésus ressuscité a pris la tête de l’humanité croyante et c’est lui qui conduit l’histoire spirituelle du monde à son achèvement. Aussi lorsqu’il proclamait « JE SUIS LE BON PASTEUR », il ne s’agissait pas d’une déclaration bucolique pour émouvoir les amateurs de poésie mais bien d’une affirmation qui révélait sa valeur unique (scandaleuse pour beaucoup), le sens vrai de l’autorité et la liberté paradoxale de l’obéissance chrétienne.
Jésus disait aux Juifs : « Je suis le Bon Pasteur. Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis.
Le berger mercenaire, lui, n’est pas le pasteur car les brebis ne lui appartiennent pas ; s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; le loup s’en empare et les disperse.
Ce berger n’est qu’un mercenaire et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui… »
Le métier de berger était dangereux car des prédateurs rôdaient : aussi l’homme embauché pour ce travail ne risquait pas sa vie en cas de danger. Tant pis pour les brebis égorgées. D’ailleurs le propriétaire du troupeau, lui-même, s’il s’acharnait peut-être davantage pour défendre ses bêtes, préférait sauver sa propre vie. Les brebis n’ont qu’une valeur marchande : de toute façon elles sont destinées à l’abattage. De même, dans le monde, ceux qui se prétendent les plus compétents pour guider les hommes, leur apporter le bonheur, le niveau de vie, la paix, on voit, lorsque le danger menace, combien ils sont prompts à s’esquiver, à se sauver eux-mêmes tout en laissant « les petits » (les soldats, les ouvriers, les employés…) payer le prix de la casse et être les victimes du conflit, de la crise, des prédateurs financiers. La salle du Q.G. et le bureau du P.D.G. sont d’habitude des lieux sans risque mortel !
Pour moi, affirme Jésus, c’est tout le contraire. Je ne suis animé par aucun désir de puissance ou de cupidité et mes disciples ne sont pas pour moi des recrues, des étrangers, des numéros inscrits sur une liste, des naïfs embauchés pour faire nombre.
Moi, je suis le Bon Pasteur : je connais mes brebis et mes brebis me connaissent comme le Père me connaît et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis.
La « connaissance » ici ne se réduit pas à un savoir (« je sais » les noms de ceux que je dirige) : elle désigne une relation profonde, cordiale, intime. D’une profondeur inimaginable puisqu’elle n’est rien moins que celle « entre le Père et le Fils ». Le lien de foi n’est pas un acquiescement intellectuel, une inscription sur le registre des baptêmes : il est communion de vie divine, entrée dans un amour divin. C’est pourquoi Jésus trouve normal de donner sa vie pour ses disciples en danger : ils ne sont pas des élèves, des employés, des subalternes. Par lui et avec lui, ils entrent dans le cœur de Dieu. Ils « sont connus », ils « connaissent », ils « co-naissent », ils naissent ensemble dans l’amour infini.
MISSION UNIVERSELLE POUR L’UNITÉ DES HOMMES
J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie : celles-là aussi il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul Pasteur.
Jésus s’adresse d’abord à ses compatriotes, aux enfants d’Israël mais il se sait Sauveur du monde, il a mission de rassembler des humains de toutes origines, de tous milieux. La mission chrétienne est la vraie « mondialisation », commencée bien avant qu’on en parle, sans nivellement des différences, sans projet lucratif, sans déni de la dignité de l’homme et de ses droits. L’Eglise est de soi « catholique » au sens originel = universelle. Toute communauté chrétienne doit se sentir partie d’un tout, indispensable, unique, originale. La plus petite ne doit pas être jugée de haut par les importantes. Toutes doivent avoir souci les unes des autres. Ce qui se passe au Vietnam concerne Paris ; ce que vit l’église de Kinshasa concerne celle de Varsovie. Mais quelle tristesse épouvantable de constater les déchirements séculaires qui font obstacle à la mission ! Scandale !
Le Père m’aime parce que je donne ma vie pour la reprendre ensuite. Personne n’a pu me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner et le pouvoir de la reprendre : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père ».
Et pour finir, Jésus revient sur le don de soi-même. Il insiste sur sa conscience de don volontaire : il n’a jamais été victime d’un complot. Certes il a tremblé devant la perspective du supplice, il a connu peur et tremblement mais dans cette agonie indicible, il s’offrait pour que les siens soient libérés de la mort éternelle, pour qu’ils cessent de se mépriser et de se battre, pour qu’ils se rassemblent dans l’amour du Père, pour qu’ils constituent une communauté unique. Alors que l’on dit toujours que c’est le Père qui ressuscite son Fils, ici Jésus affirme son initiative permanente. Je donne … Je reprends. Ainsi, lors du dernier repas, il déposera son manteau puis il le reprendra – signe de sa maitrise.
CONCLUSION
L’image du Pasteur n’est donc pas un thème folklorique mais induit une conception de l’autorité et de l’obéissance dans l’Eglise. La tête de l’Eglise n’est pas un prélat mais le Christ Seigneur : que tout responsable d’Eglise, à tous les échelons, ne l’oublie jamais.
Loin d’enrégimenter et de faire marcher au pas des adhérents, le Christ s’élance seul sur le chemin de la réalisation du Projet de son Père : ce projet de vie se heurte au refus catégorique et doit donc affronter la mort. Jésus seul va au Golgotha : son exécution par les ennemis devient, par le don de lui-même, exécution finale de ce projet.
Ceux et celles qui décident librement de le suivre ne forment pas un troupeau d’inconscients aveugles et d’imbéciles heureux : chacun et chacune est « connu(e) » c.à.d. introduit(e) dans la relation d’amour du Père et du Fils. Chacun(e) est donc souverainement libre et ensemble ils constituent une communauté libre.
Donc chanter le célèbre cantique « Le Seigneur est mon berger» n’est pas le bêlement benoît de moutons de panurge soumis aux diktats du Vatican et tenus de dire « amen » à tout. Au contraire ceux qui se croient autonomes, libérés des liens de la foi, sont soumis aux slogans enjôleurs, aux caprices des modes, aux désirs contradictoires, jouets de puissants qui les poussent vers des lendemains qui déchantent.
Mais pourquoi donc tant de brebis du Christ ont-elles aussi marché derrière des drapeaux rouges en chantant «L’Internationale » qui conduisait au goulag ? Pourquoi tant d’autres ont-elles vénéré un führer qui les galvanisait et les guidait à la mort dans un amas de ruines ? Pourquoi d’autres, plus nombreuses encore, sont-elles séduites aujourd’hui par les sollicitations d’une société insensée où la consommation frénétique de quelques-uns se paie par la consumation de la majorité des autres ?
Que signifie d’être une brebis d’un Seigneur qui donne sa vie pour les autres ?
« LE SEIGNEUR EST MON BERGER : RIEN NE SAURAIT ME MANQUER »
Raphaël D