Homélie du 14ème dimanchedu temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 28 juin 2012Jésus à Nazareth
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Les lectures bibliques de ce jour nous rejoignent dans ce que nous vivons. Nous sommes dans un monde où le message de l’Evangile n’est pas toujours bien accueilli. Les envoyés de Dieu sont souvent affrontés à l’indifférence ou aux moqueries. Dans certains pays, ils sont arrêtés et mis en prison. Mais rien ni personne ne peut les empêcher de témoigner de l’espérance qui les anime. La Parole de Dieu doit être annoncée à temps et à contretemps dans le monde entier.
C’est ce qui se passe dans l’évangile qui vient d’être proclamé. Nous y voyons Jésus revenu à Nazareth. A l’époque, ce n’était qu’un simple village où tout le monde se connaissait. Jésus y avait passé trente années de sa vie dans le silence d’une vie ordinaire. En grandissant, il avait appris le métier de charpentier. Personne n’imaginait qu’il pouvait être autre chose qu’un simple petit artisan. C’est vrai pour nous aussi. Nous croyons bien connaître les gens et nous avons tendance à les classer et à les enfermer dans des catégories dont ils ne peuvent sortir.
Mais un jour, Jésus est parti. Il a quitté sa famille et ses amis pour accomplir la mission que le Père lui a confiée. Il s’est mis à parcourir toute la Galilée et même au-delà. Il enseignait tous ceux qui venaient à lui ; il guérissait les malades. On venait de partout pour écouter l’enseignement nouveau qu’il donnait. Dans l’évangile de ce jour, nous le voyons revenir à Nazareth. Il ne veut pas laisser de côté ceux parmi lesquels il a vécu. Le jour du Sabbat, il se rend donc à la Synagogue comme tout bon juif pratiquant. Là, il leur partage ce qui remplit son cœur. Mais les gens ne comprennent pas. Cet homme n’est que le fils du charpentier. Il n’est pas différent d’eux. Ceux qui l’entendent n’acceptent pas qu’il puisse leur parler avec autorité de leur vie et de leur conduite. Qui est-il pour se mettre au dessus des autres et prétendre les enseigner?
Jésus constate qu’un prophète n’est méprisé que dans son pays et sa propre famille. A ce sujet, une précision s’impose : le prophète ce n’est pas celui qui prédit l’avenir. C’est d’abord quelqu’un qui parle de la part de Dieu ; c’est celui qui dénonce le péché de son peuple et l’invite à se convertir. Les prophètes d’autrefois ont eu beaucoup à souffrir. La première lecture nous montre Ezéchiel face à un peuple rebelle et obstiné. Pour lui, cela n’a pas été facile. Mais rien ne peut l’arrêter dans sa mission : “qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas, ils sauront qu’il y a un prophète au milieu d’eux.”
L’apôtre Paul est également affronté à de grandes épreuves. Il est accablé de difficultés et d’humiliations de toutes sortes. “Ce sont des gifles de Satan” dit-il. Mais le Seigneur lui a répondu : “Ma grâce te suffit.” Quoi qu’il arrive, l’amour de Dieu est toujours présent ; il nous est acquis une fois pour toutes. Ce qui nous est demandé, c’est tout simplement de l’accueillir à pleine mains. Cela ne sera possible que si nous arrêtons de nous enfoncer dans nos certitudes. Le Seigneur est là pour nous montrer le chemin. Il veut chaque jour nous encourager à faire un pas de plus sur le chemin de la conversion.
La bonne nouvelle de ce dimanche, c’est cette présence du Seigneur. Comme à la synagogue de Nazareth, il nous rejoint pour nous annoncer la bonne nouvelle de l’Evangile. Ses paroles sont parfois déroutantes mais ce sont celles de la Vie éternelle. C’est lui que nous sommes invités à suivre et à écouter. Il vient à nous pour nous révéler la Vérité sur Dieu, sur nous-mêmes et sur notre monde. Parfois ce message dérange parce qu’il vient bousculer nos habitudes, nos traditions et nos idées. Mais cette vérité, nous devons l’accueillir parce qu’elle vient de Dieu et parce qu’elle nous est transmise par l’Église.
Cette bonne nouvelle, nous ne pouvons pas la garder pour nous. Elle doit être annoncée à tous dans le monde entier. C’est Jésus lui-même qui nous le demande. Il nous appelle à le suivre, à accueillir cet amour passionné qui est en lui et à le rayonner dans notre vie de tous les jours, en particulier auprès de ceux et celles qui sont loin de la foi. Il faut que tous ceux qui nous entourent puissent découvrir que Dieu c’est quelqu’un de vivant et qui les aime. Par notre baptême et notre confirmation, nous sommes appelés à être en ce monde des témoins du Dieu vivant, témoins de son amour, de sa présence et de son action dans notre vie et dans le monde.
Avant de nous lancer dans cette mission, nous te prions, Seigneur : envoie-nous ton Esprit Saint. Qu’il vienne nous rappeler ce que tu as dit ; qu’il nous apprenne à reconnaître que tu nous précèdes dans le cœur de tous ceux et celles que tu mets sur notre route. Seigneur, augmente en nous la foi. Amen
Sources : Revues Signes et Feu nouveau, La Parole, de Dieu pour chaque jour 2012 (Vincenzo Paglia), pensées sur l’Evangile de Marc (Cardinal Christoph Schönborn), dossiers personnels.
La sortie du Christ dans sa terre natale se solde par un échec! Il est contesté par les siens. Il arrive chez les siens et les siens ne le reçoivent pas. Que peut-il sortir de ce charpentier du village dont on connait la vie, le passé et la parenté. Conséquence, pas de miracle dans ce village incrédule et bourré de préjugés et des idées reçues. Voilà ce qui arrive quand on se ferme à l’autre, quand on se montre peu réceptif et ouvert à nos plus proches. Qui sait? C’est sans doute, ceux qui nous connaissent mieux qui peuvent mieux nous instruire et nous montrer la voie à suivre. Ceci semble avoir échappé aux compatriotes de Jésus de Nazareth. On dit souvent en Afrique que c’est souvent en dehors de son village que le dévin récolte plus de succès. Et pourtant il ne manque pas de malade à guérir chez lui. L’évangile aujourd’hui nous rappelle que l’autre quelque soit sa proximité avec nous demeure une richesse. Une rechesse à exploiter dans une attitude de confiance, de docilité et d’ouverture.