Homélie du 2ème dimanche de Pâques
Abbé Jean Compazieu | 30 mars 2013Dimanche de la Miséricorde
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Nous célébrons aujourd’hui le deuxième dimanche de Pâques. Depuis quelques années, il est appelé dimanche de la miséricorde. C’est le pape Jean-Paul II qui a institué cette fête. Il répondait ainsi au désir que le Seigneur avait transmis à sainte Faustine : “En ce jour, disait Jésus, les entrailles de ma miséricorde sont ouvertes ; je déverse tout un océan de grâces sur les âmes qui s’approcheront de ma miséricorde… La fête de la miséricorde est issue de mes entrailles. Je désire qu’elle soit fêtée solennellement”.
Les lectures de ce jour sont précisément des témoignages de cette miséricorde de Jésus ressuscité. Nous le voyons dans les premiers mots qu’il adresse qu’il adresse à ses apôtres. Il aurait pu leur reprocher de l’avoir renié et abandonné. Au lieu de cela, c’est un message de paix qu’il leur adresse : “La Paix soit avec vous !” (Shalom en Hébreu). Cette paix ce n’est pas seulement l’absence de conflit. C’est la paix intérieure, le pardon, la joie retrouvée. Jésus ressuscité est source de paix. Par sa victoire sur la mort et le péché, il réconcilie tous les hommes avec Dieu. Les forces hostiles à Dieu ont été vaincues ; il fait triompher la paix.
Dans un deuxième temps, l’évangéliste fait remarquer que Thomas n’était pas avec eux lors de la première rencontre. Quand ses amis lui en parlent, il refuse de croire : nous avons entendu ses paroles : si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas mes mains dans son côté, non, je n’y croirai pas.” Bien sûr, nous avons l’habitude de sourire de son incrédulité. Et ils sont nombreux aujourd’hui ceux et celles qui disent : “Je ne crois que ce que je vois… Comme je ne vois rien, je ne crois pas.” C’est implacable.
Mais il est important que nous lisions cet évangile jusqu’au bout. Nous voyons en effet Thomas se mettre à genoux devant Jésus. Il est allé plus loin que les autres dans son acte de foi. Les apôtres avaient reconnu en Jésus l’ami d’autrefois. Mais Thomas fait un pas de plus car il est le premier à dire “Mon Seigneur et mon Dieu”. Comme lui, nous sommes invités à croire en accueillant la présence de Jésus ressuscité et en recevant sa parole. Quand nous rentrons à l’église pour l’Eucharistie c’est lui qui nous accueille. Comme Thomas, nous pouvons nous tourner vers lui et lui dire “Mon Seigneur et mon Dieu”. Heureux sommes-nous si nous croyons sans voir. C’est à cette condition que nous deviendrons témoins de sa miséricorde.
La première lecture nous montre précisément une communauté de chrétiens qui a bénéficié de cette miséricorde de Jésus et qui en témoigne. On faisait leur éloge pour ce qui s’y passait. En eux c’est Dieu qui accomplissait des merveilles. Hommes et femmes de plus en plus nombreux adhéraient à la foi. Avant d’être un contenu doctrinal, la foi est une rencontre avec la personne de Jésus ressuscité. Il ne peut pas y avoir d’évangélisation sans la foi ni sans le témoignage d’une vie fraternelle. Les divisions, les violences et les rancunes sont un contre témoignage. Elles font obstacle à l’annonce de l’Evangile. Celle-ci ne peut être accomplie que par des communautés unies.
Dans la seconde lecture, nous avons un texte de l’Apocalypse de Saint Jean. Il s’adresse à des chrétiens persécutés à cause de leur foi. Lui-même est exilé à l’île de Patmos. Dans le texte de ce jour, il nous fait part de sa vision du Christ ressuscité, debout au milieu de son Eglise persécutée. Les sept chandeliers représentent les sept communautés chrétiennes auxquelles s’adresse saint Jean. Il leur annonce que le Ressuscité est le Maître de l’histoire. Il la domine du premier au dernier jour.
Aux chrétiens inquiets à cause de la persécution, il va révéler le sens de leurs souffrances présentes. Il va surtout leur dire que le mal et la mort n’auront pas le dernier mot. Ceux et celles qui auront tenu bon jusqu’au bout auront la Vie éternelle avec lui.
Ces trois lectures nous renvoient à nous. Nous vivons dans un monde indifférent ou hostile à la foi. Dans certains pays, il est interdit d’être chrétien. Mais malgré les menaces qui pèsent sur leur vie, beaucoup font preuve d’un courage extraordinaire. Il suffit de lire les témoignages des revues “Aide à l’Eglise en détresse”. Ces chrétiens ont la ferme certitude que Dieu se tient bien présent au milieu des siens. Le livre de l’Apocalypse est là pour nous dire que le vrai bonheur succède à l phase dramatique de l’histoire humaine.
En ce dimanche, nous te prions, Seigneur : rends-nous plus disponibles à la force de la foi. Sois avec nous pour que nous soyons plus courageux dans le témoignage. Garde-nous plus généreux dans la pratique de la charité fraternelle. “Toi qui es Lumière, toi qui es l’amour, mets en nos ténèbres ton Esprit d’amour”. Amen
Sources : Revues Feu Nouveau, Dimanche en Paroisse – Missel communautaire (A Rebré) – Lectures bibliques des dimanches Année C (A Vanhoye)
Témoignage de Lee Ok Soon
« Dans mon pays, toute personne soupçonnée d’être chrétienne est emprisonnée ou exécutée. Oui, dans mon pays, les chrétiens doivent être tous tués jusqu’à la troisième génération.
Dans mon pays, il est interdit aux chrétiennes de donner naissance. C’est pour cela que dans les camps, on injecte un poison aux femmes enceintes. Après 24 heures de souffrances atroces, l’enfant meurt dans leur ventre. Si elles accouchent d’un enfant vivant, les gardes le tuent immédiatement sous leurs yeux.
Dans mon pays, on envoie des familles entières dans des camps. Les chrétiens ont un traitement spécial, ils travaillent davantage, 18 heures par jour, et on leur réserve les travaux les plus pénibles. Ils n’ont pas le droit de lever la tête ou de regarder le ciel. Ils ne reçoivent pratiquement pas de nourriture et ont de l’eau sale à boire. Contrairement aux prisonniers politiques, ils n’ont aucun espoir de libération.
Dans mon pays, les chrétiens ne renient jamais leur foi. J’étais impressionnée de les voir se tenir par la main et chanter avec beaucoup de joie autour des mourants. Un jour, j’ai vu les gardes, les ayant surpris, leur marteler le visage à coups de pied pour les défigurer. Leurs cris déchirants résonnent encore en moi « Seigneur ! Seigneur ! ».
Dans mon pays, la propagande prétend que les chrétiens sont des malades mentaux. Je servais le régime, et je croyais cela. Un jour j’ai désobéi aux ordres, et pour cela j’ai passé 7 années en camp. J’y ai rencontré des chrétiens pour la première fois.
À ma sortie, bien que courbés, ils m’imploraient des yeux « cette liberté n’est pas seulement pour toi, tu as été libérée pour parler de nous ». Non, je n’oublierai jamais cette lumière dans leurs yeux.
Aujourd’hui, grâce à eux, je crois en Jésus et je veux témoigner de ce que j’ai vu : Il n’y a pas d’endroit plus terrible sur terre pour les chrétiens que mon pays.
Mon pays, c’est la Corée du Nord. »
Lee Ok Soon, prisonnière politique, a été libérée après 7 ans de détention, puis a réussi à fuir en Corée du Sud où elle vit actuellement. Profondément athée en arrivant au camp, elle s’est convertie au christianisme au contact des chrétiens, impressionnée par leur bonté et leur espérance au cœur de l’horreur.
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Merci ,