Fête de l’Assomption de Marie
Abbé Jean Compazieu | 10 août 2013Textes bibliques : Lire
Comme chaque année, les chrétiens sont nombreux à se rassembler pour fêter l’Assomption de la Vierge Marie. Beaucoup ont choisi de se rendre à Lourdes, Fatima, La Salette et dans divers autres lieux de pèlerinages. Ensemble, en communion les uns avec les autres, nous nous tournons vers Marie pour invoquer sa protection. Dans la grande famille des chrétiens, elle joue un rôle maternel. C’est Jésus qui l’a voulu quand il était sur la croix. S’adressant à Jean, il dit “Voici ta mère”. À travers lui, c’est l’ensemble des disciples qui sont confiés à l’amour maternel de Marie.
Les lectures bibliques de ce jour nous apportent un enseignement de la plus haute importance. Nous avons tout d’abord le récit de l’Apocalypse de Saint Jean. C’est un texte écrit en période de persécution. C’est pour cette raison qu’il est écrit en langage codé et symbolique. Cette femme qui intervient dans l’histoire est d’abord la communauté juive restée fidèle à l’attente du Messie. C’est elle qui donne le jour à l’enfant promis, celui qui va sauver son peuple. Les forces du mal n’auront aucun pouvoir contre lui. Jésus ressuscité est vainqueur du mal et de la mort.
L’apocalypse nous parle d’un énorme dragon, rouge feu. L’auteur de ce livre ne donne aucune précision sur ce dragon. Est-ce Lucifer, l’ange révolté ? L’empereur Romain qui persécute les chrétiens ? Ou tout simplement chacun de nous avec ses tendances égoïstes. En fait, c’est sûrement les trois en même temps. Les chrétiens persécutés sont prévenus que la vie chrétienne est un combat de tous les jours contre les puissances du mal. Ils ne doivent pas prendre de risques inutiles mais en même temps, ils doivent rester fermes dans leur foi.
St Jean nous annonce une bonne nouvelle : il nous dit que le mal n’aura pas le dernier mot. Le Christ vainqueur veut nous associer tous à sa victoire sur le mal et la mort. Et Marie est là pour nous apprendre à faire naître le Christ dans le cœur de tous ceux qui nous sont confiés. Malgré nos chutes et nos échecs, nous pouvons la prier de nous garder courageux dans notre combat contre le péché. Si nous le voulons bien, elle sera toujours là pour nous aider à nous relever et nous inviter à suivre le Christ. Comme à Cana, elle ne cesse de nous dire : “Faites tout ce qu’il vous dira”.
Dans sa lettre aux chrétiens de Corinthe, saint Paul nous adresse une bonne nouvelle. Il insiste sur la conséquence inouïe de la résurrection de Jésus : c’est un événement majeur qui nous concerne tous : “Jésus n’est pas ressuscité pour lui tout seul mais pour tous.” Par sa mort et sa résurrection, il nous a ouvert un passage vers ce monde nouveau qu’il appelle le Royaume de Dieu. Nous sommes tous appelés à cette victoire. Notre Dieu n’est pas le “Dieu des morts” mais le “Dieu des vivants”. Il veut que nous ayons la vie en abondance. Cette fête du 15 aout est une fête de la vie.
C’est pour cette bonne nouvelle que Marie rend grâce à Dieu. Avec lui, les premiers sont les derniers. Les petits, les humbles, les exclus ont la première place dans son cœur. Marie se reconnait proche d’eux ; elle le montre dans sa prière mais aussi dans son engagement. C’est cet amour qui l’a poussée à faire ce long déplacement pour se rendre chez sa cousine Élisabeth. Et c’est au nom de ce même amour qu’elle accueille tous ses enfants. Elle est là pour nous ramener au christ et à son Évangile. Avec Marie, notre vie actuelle est une marche à la suite du Christ vers cette grande fête que Dieu nous prépare.
Cette fête de l’Assomption de Marie est donc pour nous l’occasion d’une grande joie. Mais en disant cela, il nous faut éviter une confusion. Nous ne prions pas Marie comme une déesse. La prière que nous faisons passer par elle est orientée vers Dieu. Notre ancien évêque (Mgr Bourrat) disait : quand nous crions “Marie”, l’écho répond “Jésus”. La fête de l’Assomption nous est donnée pour rendre “grâce à Dieu avec le cœur de Marie”. Avec elle, nous chantons et nous proclamons : “Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur. Tout le magnificat est entièrement tourné vers le Seigneur qui réalise des merveilles.
En ce jour, nous nous associons à la joie de Marie. Elle est proclamée bienheureuse parce qu’elle a cru. Elle a rejoint son Fils dans la gloire du Père. Ce que Dieu a réalisé pour elle, il le veut aussi pour chacun de nous. Jésus est parti “nous préparer une place”. Heureux sommes-nous si nous croyons. L’heure où nous quitterons cette terre sera notre assomption. Que cette fête fasse grandir en nous le désir d’imiter la Vierge Marie ; qu’elle fasse grandir notre confiance en sa prière maternelle pour partager un jour avec elle sa gloire. Amen
Commentaire: Abbé Dom. Josep ALEGRE Abbé de Santa Mª de Poblet (Tarragona, Espagne)
Mon âme exalte le Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur
Aujourd’hui, nous célébrons la Solennité de l’Assomption de la Vierge Marie en corps et en âme au Ciel. «Aujourd’hui —saint Bernard nous dit — la Vierge glorieuse, montant au ciel, a considérablement accru le bonheur des esprits qui l’habitent. Et il ajoute ces paroles précieuses: «Notre terre a adressé aujourd’hui au ciel un cadeau de grand prix, afin de sceller par cet échange une heureuse alliance entre le monde humain et le monde divin, la terre et le ciel, l’ici-bas et l’altitude. Le meilleur fruit de la terre est monté jusqu’aux lieux d’où descendent les dons et les grâces. Établie dans les hauteurs, la Vierge bienheureuse à son tour dispensera des présents aux humains».
Le premier don qu’elle répand sur nous ce la Parole, qu’elle a su garder si fidèlement dans son cœur, en la faisant fructifier depuis son silence accueillant et profond. Avec cette Parole dans son espace intime, alors qu’elle engendrait dans son ventre maternel la Vie pour tous les hommes, «Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth» (Lc 1,39-40). La présence de Marie exulte de joie, et Élisabeth lui dit: «Car, lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi» (Lc 1,44).
Mais, surtout, elle nous fait cadeau de sa louange, de sa même joie devenue musique, son Magnificat: «Mon âme exalte le Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur!» (Lc 1,46-47). Quel superbe cadeau le ciel nous rend avec le Cantique de Marie, devenu Parole de Dieu. Dans ce Cantique nous trouvons les indices pour comprendre comment l’humain et le divin, le terrestre et le céleste, se fusionnent ensemble, et pouvoir ainsi réagir, comme elle l’a fait, au cadeau que Dieu nous fait dans la personne de son Fils, à travers sa Sainte Mère: pour devenir un don de Dieu au monde, et, demain, un cadeau de l’humanité pour Dieu, en suivant l’exemple de Marie, qui nous a précédé dans cette glorification qui nous attend.