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Veillée de Noël 1

Abbé Jean Compazieu | 25 novembre 2013

 

Yves Garric

 

TEMPS DE NOËL

 

 

TEMPS DE NOËL

LE DÉCOR:

L’action se passe devant la Crèche, qu’on pourra représenter ou simplement figurer. La plupart des intervenants viendront s’incliner devant l’Enfant. Est-il besoin de préciser qu’ils s’exprimeront tous face au public ? On concevra donc en conséquence décor et mise en scène.

 

LES PERSONNAGES :

– L’ARCHANGE et L’ANGE : ils se tiennent en permanence près de la Crèche, un peu en retrait. Ils commentent l’action à laquelle ils servent, en quelque sorte, de fil conducteur.

– LE BERGER

– L’HOMME PRESSÉ

–  LES PARENTS, PÈRE et MÈRE

– L’HOMME D’AFFAIRES

– LES ROIS MAGES : GASPARD, MELCHIOR et BALTHAZAR

– UN GROUPE D’ENFANTS qui mimera des tableaux au fil de la pièce ; qui pourra aussi, si on dispose de nombreux figurants, composer un chœur de petits Anges autour de l’ARCHANGE et de l’ANGE.

 

L’ANGE, l’air désabusé

Et c’est reparti pour un tour…

 

L’ARCHANGE, moqueur

Tu ne vas quand même pas me dire que tu n’aimes plus la fête de Noël. Chaque année tu fais des pieds et des mains – et même des ailes – pour être de service à la Crèche.

 

L’ANGE

Ouais bien sûr. Je ne dis pas… M’enfin…

 

L’ARCHANGE

M’enfin, quoi ? C’est un sacré privilège qui nous est fait d’être à ce poste la nuit de Noël.  Tout près de l’Enfant, tu te rends compte ! Presque aussi près que l’âne et le bœuf…

 

L’ANGE

Je trouve la comparaison flatteuse, en effet.

 

L’ARCHANGE, riant

Quoi, tu voudrais prendre la place de l’âne, maintenant ? À chacun son souffle, non ? Le tien t’a été donné pour jouer de la trompette et annoncer ainsi à la Terre  entière la grande nouvelle de l’Enfant nouveau-né. S’il a choisi de venir ici, dans cette pauvre étable, tu sais bien que ce n’est pas par hasard. Notre frère l’âne est chargé de le réchauffer. À chacun sa mission. Avoue que tu ne cèderais pas la tienne pour tout l’or de l’Univers. Moi non plus la mienne, d’ailleurs.

(Extatique) On ne saurait rêver meilleur emplacement. D’ici, on ne perd pas un sourire de l’Enfant, pas une  miette de  la joie qui illumine Marie et Joseph, pas une seconde de l’allégresse qui inonde le cœur de tous leurs visiteurs…

 

L’ANGE

Les visiteurs… les visiteurs… Ah ! Parlons-en de tous ces casse-pieds qui ne vont pas tarder à affluer dans la Crèche…

 

L’ARCHANGE, indigné un tantinet

Allons, bon, maintenant ! Des casse-pieds tous ces braves gens qui vont venir, parfois de bien loin, pour rendre hommage à l’Enfant ?! Des casse-pieds, les bergers qui descendent de leur montagne, laissant leur troupeau, juste pour le privilège de s’incliner un moment devant Lui ?! Des casse-pieds, les Rois Mages qui traverseront le désert et suivront l’étoile jusqu’ici ?! Des casse-pieds tous ces hommes, toutes ces femmes humbles, pauvres souvent, misérables parfois au point de ne rien posséder et qui trouveront quand même moyen d’arriver à la Crèche les bras chargés…

 

L’ANGE

Eh ben justement !

 

L’ARCHANGE

Justement, quoi ?

 

L’ANGE

Tu viens de mettre le doigt là où ça fait mal !

 

L’ARCHANGE

Vraiment, je ne vois pas…

 

L’ANGE

Moi, ce grand défilé des cadeaux dans la Crèche, ça finit par me taper sur l’auréole.

 

L’ARCHANGE

C’est plutôt sympathique, non, tous ces visiteurs qui veulent faire plaisir à Jésus, Marie et Joseph !

 

L’ANGE

Comme chaque fois, on va se retrouver avec de véritables troupeaux d’agneaux, vivants ou en peluche, sans parler des nounours, chats, chiens, éléphants, panthères, des girafes en caoutchouc et autres doudous à faire ressembler la Crèche à une arche de Noé.  Il va nous tomber dessus assez de  babygros pour ouvrir cinquante nurseries. Et des jouets, des gâteaux, des denrées de toutes sortes ! Le bouquet viendra avec les Rois Mages. Il faut n’avoir vraiment aucun sens des réalités pour oser s’amener dans cette Crèche avec de l’or, de l’encens et de la myrrhe ! Qu’est-ce que cet Enfant peut avoir à en faire, Lui qui a choisi de naître dans le dénuement le plus complet, comme tu viens toi-même de le rappeler. Pauvre Marie, tiens, obligée de faire bonne figure devant ces rupins qui n’ont pas trois sous de jugeote ni de  délicatesse. Tant d’inconscience ressemble à de la provocation. Moi, si j’étais Joseph, je les virerais proprement, les Rois Mages, avec leur or, leur encens, leur myrrhe et toutes leurs simagrées.

 

L’ARCHANGE, vivement

Mais enfin… tu es fatigué de savoir que cet or, cet encens et cette fameuse myrrhe des Rois Mages doivent s’interpréter comme les symboles très forts qu’ils représentent !  C’est un geste d’allégeance absolument émouvant, pour ne pas dire bouleversant, qu’accomplissent ces éminents personnages en venant poser de telles offrandes devant ce Tout-Petit qui est couché sur de la paille. Ils ne sauraient plus magnifiquement manifester qu’ils connaissent et reconnaissent sa Gloire à venir. Je ne vois pas où sont les « simagrées » !

 

L’ANGE

Bon, soit ! D’accord pour les Rois Mages, les bergers et tous ces autres qui viennent à la Crèche avec leurs offrandes… (Un temps. Songeur 🙂 Mais quand même tu ne m’enlèveras pas de l’idée que tous ces cadeaux, toutes ces offrandes, là… il faudrait pas que ça finisse par déraper. Tu sais comme moi que, avec les hommes, il faut se méfier. Ils ont vite fait d’arranger la sauce à leur façon.

 

L’ARCHANGE

De quoi as-tu peur, exactement ?

 

L’ANGE

Que les hommes perdent le sens de Noël ! Qu’ils enferment l’Enfant-Sauveur dans un paquet-cadeau… (Un temps. Subitement inspiré 🙂 Je vois… comme une sorte de paquet-cadeau géant… avec un immense nœud qui clignote autour de la Terre…  Et cette guirlande ne réchauffe plus aucun cœur…

 

L’ARCHANGE

 Dis-donc, c’est le foie, la rate ou la vésicule biliaire ? Pour un ange, tu me parais avoir l’humeur assez peu… angélique ! Ou alors, tu as mal dormi, la nuit dernière.

L’ANGE, revenant à la réalité

(Soupirant) Il y a de cela, en effet. (Un temps. Songeur 🙂 Pour tout dire, j’ai fait un drôle de cauchemar.

 

L’ARCHANGE, riant

Et c’est ça qui te tourneboule au point d’en vouloir à ces pauvres bergers de la Crèche, aux Rois Mages et à la Création entière… (Ironique) Au moins, tu n’as rien contre Jésus, Marie et Joseph ?

 

L’ANGE, qui suit son idée

C’était un  curieux songe… Ça se passait dans l’avenir, je ne saurais trop te dire quand.  (À nouveau inspiré) La Crèche était toujours là. Mais elle disparaissait derrière une forêt de  sapins couverts de lumières.

 

On pourra, à partir de là, inclure un mime sur le songe de l’Ange : un défilé d’enfants silencieux portant des petits sapins illuminés, puis ployant sous  des charges de paquets-cadeaux. À chaque metteur en scène d’imaginer un ou des tableau(x) à l’appui du texte.

 

L’ARCHANGE, riant de plus belle

Des sapins couverts de lumières !

 

L’ANGE, poursuivant

Oui, comme qui dirait des sapins illuminés. Les bergers et tous les autres visiteurs ne venaient plus faire qu’un petit tour pour la forme à la Crèche. Ils posaient à l’entrée les brassées de cadeaux dont ils étaient chargés. Ils se dépêchaient de s’agenouiller devant l’Enfant sans rien lui laisser, pas la moindre peluche, ni le moindre vêtement. Et puis ils reprenaient leurs paquets-cadeaux, pressés  d’aller se perdre dans la forêt de sapins. Les Rois Mages n’étaient plus seulement trois mais ils se comptaient par milliers. Ils n’avaient de « mages » que la carte de visite. L’or qu’ils portaient avait perdu tout éclat. Et ils avaient remplacé l’encens et la myrrhe par du caviar, des truffes et du foie gras.

 

L’ARCHANGE, redevant sérieux, et l’air outré

L’encens et la myrrhe remplacés par du caviar et du foie gras ! Tu as décidément l’imagination  sinistre !

 

 

 

L’ANGE, poursuivant, tout à son inspiration

Bientôt, au pied de chacun de ces sapins, s’élevait une véritable montagne d’emballages de toutes les tailles, de toutes les formes et de toutes les couleurs.

 

L’ARCHANGE

Et  ça ne s’arrange pas !

 

L’ANGE

Quand le jour se levait, des hordes d’enfants énervés partaient à l’assaut de cette montagne. Ils s’escrimaient à en extraire des trésors qui n’arrivaient pas à les combler. À peine avaient-ils découvert le contenu d’un paquet qu’ils le reposaient pour ouvrir en hâte le cadeau suivant.

 

Un groupe d’enfants pourra mimer cette scène qui donnera lieu à tout un concert de papiers d’emballage déchirés, froissés, éparpillés sur l’espace scénique… On pourra même réaliser une sorte de chorégraphie sur ce thème. 

 

L’ARCHANGE, reprenant, après cette scène mimée

Arrête ! Maintenant tu n’es pas drôle !

 

L’ANGE, qui n’entend pas ou fait mine

                                                     de ne pas entendre

Moins d’une heure plus tard, la forêt entière était couverte de papiers d’emballage déchirés. Nulle joie n’y régnait en dépit des guirlandes qui continuaient à clignoter. Pas le moindre chant d’oiseau dans la ramure des sapins qui commençaient à se dessécher sous leur faux costume de lumière froide.

 

L’ARCHANGE

Tu vas finir par me saper le moral !

 

L’ANGE

Dans les mêmes moments, s’entendaient de lointains et sourds gémissements d’enfants affamés, en proie à la peur, à la guerre, à la maladie, aux mauvais traitements. Des enfants oubliés vers qui se tournaient douloureusement les sourires du Nouveau-né de la Crèche…  

 

Temps de silence lourd. Et puis :

 

L’ARCHANGE, les yeux mi-clos, et subitement inspiré

Voici… voici  la vision qui m’est envoyée pour chasser ce méchant cauchemar. Ouvre  bien les yeux et les oreilles. Laisse-toi, laissons-nous transporter en ces temps futurs qui verront le renouveau des hommes. Ils sont encore plus loin de nous que ceux où nous a conduits ton songe. Mais ils viendront, sois-en persuadé, car l’espoir de Noël s’imposera toujours.

Vois ces visiteurs de la Crèche qui viennent se prosterner devant l’Enfant. Écoute bien ce qu’ils ont à lui dire. Regarde ce qu’ils lui offrent, toi dont le cœur ploie sous le fardeau des paquets-cadeaux.

Premier arrivé, comme de juste : l’éternel berger. L’humble berger que le concert des anges a, avant tout le monde, prévenu de l’incroyable nouvelle.

 

Commence alors le défilé de ces visiteurs. Ils sont en costume d’aujourd’hui.

 

LE BERGER, venant s’agenouiller devant l’Enfant, et

         après un temps de recueillement

Petit Enfant Jésus, sitôt que j’ai appris ta naissance, j’ai laissé mon troupeau et j’ai couru jusqu’à Toi. À vrai dire, j’ai bien failli sauter sur mon quad ou ma moto tout terrain pour foncer à la Crèche. Mais l’idée m’est brusquement venue que j’avais des jambes pour marcher. Et que tu préfèrerais sans doute que je ne vienne pas t’asphyxier avec mes vapeurs d’essence. (Un temps) Tu es peut-être étonné que je ne t’apporte pas un agneau, comme le voudrait la tradition. Dommage pour le folklore. J’ai pensé que j’avais beaucoup mieux à t’offrir.

Tu sais, Petit Enfant, je suis devenu le berger pressé, l’éleveur productiviste qui ne prend plus le temps de marcher ni au rythme de ses moutons, ni à celui de la nature. La montagne ne m’émerveille plus. Je n’entends plus le chant des oiseaux. Je ne respire plus le parfum des fleurs. La nuit, je ne lève pas les yeux vers la voûte du ciel étoilé. C’est miracle qu’aujourd’hui j’ai pu apercevoir l’étoile qui m’a conduit jusqu’ici et que j’ai accepté de la suivre. Pour moi, la terre n’a plus d’odeur. Les saisons ont perdu leur couleur. Du travail, du rendement, des chèques… c’est toute ma vie de berger.

(Un temps) Petit Enfant, je te promets – et ce sera mon offrande – de retrouver le temps d’être berger. Je te promets de voir et de respecter la vie dans ta Création. De m’emplir le cœur de joie de toutes ces merveilles que tu mets sous nos yeux. De laisser venir à moi la joie des blés mûrs et des sources.

Je te fais, Petit Enfant, cadeau de mon temps. D’un peu de ce temps que tu me donnes.

Il sort.

 

 

L’ANGE, à L’Archange

Du temps ! Il apporte du temps à L’Enfant. Voilà, au moins qui est original. C’est en tout cas un cadeau qui ne lui a pas coûté bien cher. Il n’a même pas eu les frais du papier d’emballage.

 

L’ARCHANGE

Il faudrait savoir ce que tu veux, toi qui t’offusquais il y a quelques secondes de la débauche des dépenses de Noël. Mais fais-donc un peu silence. Et tâche d’ouvrir les yeux et les oreilles du cœur si tu veux comprendre ce qui est en train de se passer. Je te le dis : Noël aura rarement été si magnifiquement célébré.

Entends maintenant les paroles de cet inconnu qui s’approche en retenant ses pas d’homme naturellement pressé.

 

L’HOMME PRESSÉ

(Après un temps de recueillement) Ces dix secondes de recueillement que je viens à l’instant même de t’offrir, Petit Enfant, tu sais mieux que personne l’exploit que ça représente pour moi ! Il y avait des années que je m’étais pas vraiment arrêté dans ma tête. Même en dormant, j’agite des idées et des rêves vains de projets à mener, de profits à réaliser, de promotions à conquérir, de loisirs à consommer… Il n’y avait plus place dans mon existence pour le moindre sourire qui vienne de toi. Mon cerveau était si encombré de mes propres paroles que je ne pouvais plus entendre ta voix. J’ai couru dans les couloirs, couru dans le métro, couru d’un rendez-vous à l’autre, d’un avion à l’autre. Et qu’ai-je trouvé au bout du compte ?

Mais cette nuit, ton sourire ma rattrapé. Merci ! Oh  Jésus ! Infiniment merci pour ce temps que tu me permets de te donner ! Du temps, il y en aura désormais dans mon existence pour Toi, pour moi, et pour tous mes frères. (Alors qu’il va pour sortir 🙂 Gloire, gloire à Toi, Petit Enfant qui me fais retrouver le temps !

 

L’ANGE, à L’Archange

Il faut qu’il ait de la patience, Jésus, pour écouter ces sornettes !

 

L’ARCHANGE

Jésus, Jésus, il aura rarement aussi joliment souri  qu’à ces visiteurs…

 

L’ANGE

C’est ma foi vrai.

 

L’ARCHANGE

Et pour moi, c’est un signe qui ne trompe pas ! Mais, chut ! Voyons la suite de mon songe.

 

Un homme et une femme, LES PARENTS, vient prendre leur tour dans la Crèche.

 

LE PÈRE

Petit Enfant, nous sommes les parents. Les parents qui n’ont pas le temps.

 

LA MÈRE

Nous sommes les parents débordés.

 

LE PÈRE

Débordés… et qui ne faisons rien pour ne pas l’être. Nous faisons passer nos enfants après notre travail, nos soucis d’augmentation, de promotion, de réussite sociale…

 

LA MÈRE

Après nos préoccupations  de maison, de voiture, de vacances même…

 

LE PÈRE

Nous rentrons éreintés, énervés le soir et nous ne préoccupons pas de ce qu’ils ont fait dans la journée…

LA MÈRE

Nous ne surveillons pas leurs devoirs.

 

LE PÈRE

Nous ne leur donnons aucune éducation. Nous laissons ce soin à l’école.

 

LA MÈRE

Et nous prenons pour une offense personnelle la moindre remarque d’un enseignant, la moindre punition.

 

LE PÈRE

Nous laissons des mercredis et des dimanches entiers nos enfants devant la télévision.

LA MÈRE

Pour nous racheter, nous remplissons leurs chambres des jouets les plus coûteux.

LE PÈRE

Croyant nous faire pardonner tout ce temps que nous leur volons, nous leur passons à coups d’argent le moindre de leurs caprices. Ils ont une chaîne hi fi, un téléviseur dans leur chambre. Nous dépensons des fortunes, nous dévalisons les magasins chaque Noël pour garnir leur sapin.

 

LA MÈRE

Mais grâce à Toi, Petit Enfant Jésus, grâce à l’étincelle que tu viens de faire jaillir dans note cœur, ce Noël ne ressemblera pas aux autres. Il n’y aura que peu de cadeaux, accroché aux branches du sapin. Et ce seront des présents choisis, de ceux qui incitent au partage, au dialogue, à la complicité entre les membres d’une même famille. De ces jeux de société qui plaisent tant aux enfants.

 

LE PÈRE

Et nous te le promettons, Petit Enfant, chaque jour, désormais, ce sera Noël dans notre maison.

 

LA MÈRE

Nous t’offrons, Petit Enfant, tout ce temps que nous consacrerons à nos enfants.

 

LE PÈRE

Bénis-le, ce temps. Et crois bien que nous prenons cette résolution en conscience, mesurant dans toute sa plénitude cette parole si belle que tu prononceras un jour : « Ce que vous faites au plus petit d’entre vous, c’est à moi que vous le faites. »

LA MÈRE

Et puissent Joseph et Marie nous aider à bien tenir notre promesse de prendre le temps d’être parents.

 

Ils sortent.

L’ANGE

On l’aura entendu, ce refrain sur le temps ! À croire qu’ils se sont donné le mot…

 

L’ARCHANGE

Ou que « on » leur a donné le mot ! Tu appartiens au chœur des anges depuis assez longtemps pour savoir d’où viennent les miracles ! A fortiori les miracles de Noël…

L’ANGE, chantonnant l’air d’Aznavour

Le temps, le temps

Le temps et rien d’autre

Le tien, le mien

Celui qu’on veut nôtre…

Il s’interrompt, curieux d’écouter le visiteur suivant.

 

L’HOMME (ou LA FEMME) D’AFFAIRES

Pas besoin, Petit Enfant,  de te préciser mon métier, mon job ? Ils  se devinent au premier coup d’œil, n’est-ce pas ? Tout y est : le costard-cravate, l’ attaché -case, la montre haut de gamme… Sans oublier ces éclairs de rapace qui, malgré moi,  me traversent  le regard, y compris quand je me présente devant Toi dans cette Crèche. Eh oui : je suis l’homme d’affaires. Pour moi, le temps, c’est de l’argent. Non pas seulement le mien. Plus encore celui des autres : ceux que je fais bosser le plus possible au rabais jusque dans les plus lointains pays en voie de développement. Pour un billet d’un dollar, je suis prêt à sacrifier la planète entière. Enfin, j’étais. Car, grâce à Toi, maintenant, je suis en train de devenir un autre homme. Depuis quelques minutes, j’ai changé de devise. Pour moi, le temps, ce n’est plus de l’argent. Le temps, c’est de l’amour. De l’amour que je veux donner aux autres. À Toi pour commencer, Petit Enfant, qui sauras si bien me le rendre. Oh ! j’aurai sans doute quelques rechutes. Mais j’emporte avec moi ce sourire que tu me donnes. Il me servira de repère. Il me rappellera ce contrat que je passe avec Toi. Le plus gros contrat, sans nul doute, de toute ma carrière d’homme d’affaires… Et celui-là, il est inutile de le signer devant notaire.

 

L’ARCHANGE, à l’Ange

Alors, te voilà convaincu, toi qui avais l’air de désespérer de Noël, avec tes histoires de montagnes de paquets-cadeaux  dans des forêts de sapins déguisés en casinos de Las Vegas ?

 

L’ANGE

Je ne vois rien dans les mains des autres visiteurs qui se pressent en foule à l’entrée de la Crèche. Je suppose qu’ils vont eux-aussi faire le coup de l’offrande du temps à l’Enfant ?

 

L’ARCHANGE

Ils ne sauraient Lui faire de cadeau plus agréable, crois-le bien. Mais pour ne pas trop allonger la séance, nous allons accélérer le film et passer aux Rois Mages. Les voici qui s’avancent. Comme tu peux le constater, Gaspard, Melchior et Balthazar arrivent eux-aussi les mains vides.

 

GASPARD, se prosternant devant l’Enfant

En guise d’or, Petit Enfant, je t’apporte le temps qui fait les vrais sages et les vrais rois. Le temps de la patience, de la réflexion, de l’écoute, du dialogue. Le temps du pardon. Le temps de s’accorder. Le temps de se comprendre, qui n’est jamais perdu. Le temps de prendre sa part. Et puis celui de s’effacer, une fois accomplie sa mission.

 

MELCHIOR

Que te tienne lieu d’encens, Petit Enfant, cette promesse de temps que je viens mettre à tes pieds. D’un temps qui ne joue pas la montre, n’érode pas les bonnes volontés, ne cumule pas les mandats,  n’use pas les âmes et les corps…

 

BALTHAZAR

Que te soit aussi agréable que la myrrhe, Petit Enfant, le temps donné sans compter, le temps du pain partagé, celui de la fête entre frères, celui de toutes les solidarités… Le temps gratuit qui n’a pas de prix. Le temps du renouveau qui finit toujours par advenir… 

 

MELCHIOR, enchaînant

Le temps de la paix.

 BALTHAZAR, enchaînant

Le temps de l’amour qui, telle une cassette sertie de pierres précieuses, englobe tous les autres.

 

GASPARD, MELCHIOR et BALTHAZAR, ensemble

Voici notre offrande. Et voici l’offrande que tu nous fais.

 

Les Rois Mages sortent.

 

L’ARCHANGE, à l’Ange

Et toi, Ange préposé au service de la Crèche, quel temps tu lui offres, à l’Enfant ?

 

L’ANGE, l’air embarrassé

Ben… ben… heu (temps d’hésitation)… heu… c’est-à-dire… tiens, cette année, même s’il y a dépassement d’horaire dans le service, je fais cadeau de mes heures supplémentaires.

L’ARCHANGE

(À l’Ange, riant) C’est bien noté. En tant que ton chef de service, pas besoin de me le dire deux fois.

(Redevenant sérieux, s’adressant à l’auditoire) Et vous qui venez d’être les spectateurs de cette scénette sans prétention mais qui se veut, tout de même, porteuse d’un message de Noël, quel temps,  offrirez-vous à l’Enfant ? Prenons, voulez-vous, le temps de deux minutes de réflexion. Que chacun de nous, en son intime bonne volonté, fasse joyeusement l’offrande du temps qui lui paraîtra opportun. Pas besoin de paquet-cadeau. L’emballage du cœur suffira. (Un léger temps) La pièce est terminée. Mais surtout, surtout, n’applaudissez pas. L’intensité du petit temps de silence que vous allez observer maintenant sera notre meilleure récompense. Elle nous dira si nous avons réussi à porter jusqu’à vous l’espoir de l’Enfant nouveau-né.

 

L’Archange et l’Ange sortent cependant que l’assistance observe un temps de silence.

 

 

 

 

 

 

 

copyright © Yves Garric

 

 

 

 

 

Consignes importantes :

  • le nom de l’auteur ne doit pas être annoncé lors de l’interprétation publique de cette piécette.
  • les copies, photocopies et autres reproductions de ce texte sont autorisées à  l’expresse condition qu’y figurent le nom de l’auteur ainsi que ces consignes.
  • aucun droit n’est dû pour ce texte précis qui est hors répertoire habituel de l’auteur. On peut, en revanche, si on l’utilise, envoyer un petit mot à l’auteur à l’adresse suivante : yvesgarjm@orange.fr

 

Le site d’Yves Garric : http://www.yvesgarric.com/

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« Veillée de Noël 2 Homélie du 2ème dimanche de l’Avent (8 décembre 2013) »

5 commentaires pour “Veillée de Noël 1”

  1. peyrot dit :
    26 novembre 2013 à 19:57

    bonsoir   je suis un peu déçue   la messe de Noël n’est pas un théatre    les enfants peuvent s’exprimer à un autre moment  soit avant la messe  soit un samedi ou dimanche aprés-midi       ce qui  fait la splendeur  de la nuit de Noël  c’est la joie d’accueillir dans la beauté des chants  et le partage des lectures  la Parole de Dieu   avec le regard tourné vers celui qui vient (‘dans les bras de Marie)  rayon de Lumière  ou l’on entend battre le coeur de Dieu       que la joie qui illumine chaque enfant soit partage de paix et de confiance.

  2. Meyer dit :
    27 novembre 2013 à 8:10

    Je prends le temps de remercier la vie d’apprécier chaque minute de ce temps précieux. Il est plus facile de reconnaître la beauté et la générosité lorsque nous avons la santé en cadeau. Alors merci à cette Création de nous guider et de nous ÉCLAIRER  sur la voie de l’amour.

  3. Yves Garric dit :
    27 novembre 2013 à 11:45

    Chère Madame Peyrot,

    En tant qu’auteur, je voudrais vous préciser deux choses :

    – cette pièce n’est pas spécialement écrite pour les enfants. Je crois même qu’elle est plutôt pour les adultes, les enfants y participant en appoint, dans les rôles de figurants prévus pour eux. Ce serait même, à mon sens, une erreur de la faire jouer par des enfants qui seraient en grand décalage par rapport à un message qui s’adresse expréssément à des adultes.

    – un auteur ne dit jamais à quel moment ni dans quel contexte ses oeuvres doivent être jouées.

    En prélude à un office de Noël ou à un autre moment, si ce texte peut faire réfléchir sur un sujet qui me tient vraiment à coeur, tant mieux. Je n’ai pas d’autre ambition.

    Bien cordialement.

     

  4. Abbé Jean Compazieu dit :
    27 novembre 2013 à 12:00

    Comme l’an dernier, j’ai demandé à M. Yves Garric s’il pourrait nous proposer quelque chose pour la veillée de Noël. Il s’est mis au travail pour rendre service à la paroisse dont il fait partie. Il nous donne à choisir entre deux pièces. Nous le remercions de tout cœur
    S’il a accepté qu’elles soient publiées sur ce site, c’est aussi pour rendre service à ceux qui pourraient être intéressés. Bien sûr, personne n’est obligé de les adopter pour la soirée de Noël. On peut aussi en tirer un grand profit dans la simple lecture personnelle. Ces deux pièces nous disent quelque chose du message de Noël. Elles peuvent être un point de départ pour notre réflexion personnelle, notre engagement et notre prière. Encore merci M. Garric
    Bon Noël à tous

  5. mireille dit :
    2 décembre 2013 à 12:01

    Oh, oui, qu’ils font réfléchir vos deux petits contes…. 

    Et ils sont bien pour des adultes avec un langage 21e siècle

    Fin 2013, Noël, ce n’est pas de l’angélisme….

    super, continuez, un immense merci..

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