Jour de Pâques
Abbé Jean Compazieu | 5 avril 2009En ce jour de Pâques, il y a un mot qui revient très souvent dans nos chants : c’est le mot “Alléluia” : ce mot signifie “Rendez grâce à Dieu”, dites merci à Dieu. Mais je suis persuadé que dans le monde, il y a des gens qui n’ont pas envie de chanter “Alléluia”. Ils sont nombreux ceux qui ont des soucis, des peines, des peurs pour le présent et pour l’avenir. Nous pensons à ceux et celles qui ont des soucis causés par une maladie, une discorde, la perte d’un être cher. Et puis, il y a aussi des peurs pour l’avenir à cause de la crise, du chômage, de la précarité. Et même si nous ne portons aucune de ces peines, nous ne pouvons pas faire l’impasse de tout le mal du monde, les violences dans nos villes, dans les écoles, les haines, les guerres, les divisions, les famines.
Si nous chantons “Alléluia”, merci à Dieu, ce n’est pas pour nous réfugier dans la religion. Car la foi chrétienne c’est tout le contraire d’une fuite. C’est une attitude d’un réalisme incroyable. Elle nous oblige à regarder notre présent et à envisager notre avenir. Mais ce regard, nous le portons sous un angle différent parce qu’à la base de notre foi il y a Jésus ressuscité. Il est présent au cœur de nos vies. Il nous envoie vers ceux et celles qui sont douloureusement éprouvés et il attend de nous que nous soyons auprès d’eux des témoins de l’espérance qui nous anime.
Tout au long de ce temps de Pâques, nous entendrons des évangiles qui nous parlerons de la résurrection de Jésus. En les lisant, nous constatons qu’ils ont une manière différente de raconter les événements. On ne peut pas faire une chronologie du jour de Pâques. Mais ils sont d’accord sur une chose essentielle : Ils nous disent que les amis de Jésus n’ont pas cru, ce jour-là, à la résurrection de leur Maître et ami. Ils ont d’abord douté. Ils ont dit : “Ce n’est pas possible.” Il n’y en a qu’un qui a cru, c’est Jean. Les autres sont restés enfermés.
Même les femmes qui avaient pour mission d’annoncer la bonne nouvelle sont restées enfermées chez elles. Les uns et les autres, sauf Jean, ont pensé que si le tombeau était resté vide, c’est que le corps avait été volé. Or il se trouve que, quelques heures plus tard, ces hommes et ces femmes vont être transformés. Ils vont passer du doute à la foi, de la peur à une assurance incroyable, pas seulement pour quelques jours, mais pour toute leur existence. Que s’est-il passé ? Essentiellement une expérience que chacun a faite, une rencontre avec Jésus vivant. Ils ont mangé et bu avec lui ; ils l’ont touché ; toute leur vie en a été touchée.
Le même Christ ressuscité nous rejoint en ce jour de Pâques pour raffermir notre foi. Il est présent dans l’Eucharistie qui nous rassemble, dans les baptêmes qui ont été célébrés cette nuit et ceux qui le sont en ce jour de Pâques. Il veut aussi être avec nous dans les joies et les peines de notre vie, dans nos gestes de partage et de solidarité, dans notre travail et nos loisirs. Rien de ce que nous vivons ne peut lui être étranger. Vivre en ressuscités c’est aller dire aux autres qu’ils peuvent aussi se relever, qu’ils peuvent aussi marcher vers la Lumière. C’est aller leur dire qu’ils sont enfants de Dieu et que Dieu les veut près de Lui pour toujours.
La bonne nouvelle de ce jour c’est que Dieu n’est pas du côté du mal, de la souffrance et de la mort ; il est du côté de la vie, du côté des vivants. Si nous sommes atteints par la maladie ou la souffrance, il faut se dire qu’elles ne vient pas de Dieu. Un Dieu amour ne peut être que du côté de la vie. A travers la résurrection de Jésus, les apôtres découvrent que Dieu est plus fort que la mort. Ils se disent alors : Si Dieu est plus fort que la mort, s’il est capable de ressusciter son Fils, cela change tout pour nous. Dans notre lutte contre les forces du mal, nous sommes assurés de gagner.
Dans le fait de la résurrection, les disciples trouvent une assurance formidable pour leur propre vie. Ils sont prêts à affronter toutes les souffrances, les tortures et même la mort plutôt que de renier leur foi. Pour eux, la mort est un passage vers une vie autre qu’ils ont touchée en la personne de Jésus. Tout cela nous renvoie à notre vie de croyants. Etre croyants, ce n’est pas se faire une petite idée en se disant : “je crois qu’il y a quelque chose la haut.” Ce n’est pas cela, même si nous le pensons.
Etre croyants, c’est croire en Jésus ressuscité ; cela change toute notre existence. A partir de ce moment-là, nous allons avoir un plus grand réalisme. Nous ne pourrons jamais nous boucher les yeux devant le mal du monde. Au contraire, nous nous engagerons à le combattre comme Jésus l’a fait. D’autre part, nous irons avec cette assurance que nous sommes gagnants, et que tout cela, ça change. Ca peut changer aujourd’hui et ça continuera à changer. Le monde nouveau est commencé. Nous sommes déjà ressuscités, nous dira l’apôtre Paul.
Alors oui, nous avons raison de chanter “Alléluia”. Parce qu’au centre de notre foi, il y a cette assurance que Jésus est ressuscité. Nous chanterons Alléluia parce que notre vie prend un tout autre sens et une toute autre valeur.
D’après diverses sources
Alléluia ! Joie des cœurs et de toutes les nations ! Fête universelle ! Célébration chrétienne dans la liturgie de ce jour de Pâques ! Nous l’avons chanté avec le refrain du Psaume : « Ce jour que fit le Seigneur est un jour de joie, alléluia ! ». Nous fêtons, nous chantons la résurrection du Christ Jésus. Comment ne pas nous réjouir ?
Bien avant l’évènement il était annoncé au peuple juif sous les traits du Messie.
« Eternel est son amour » nous dit le Psaume. Jésus révèlera non seulement l’amour sans faille de Dieu mais que Dieu est Amour.
« Je ne mourrai pas, je vivrai ». C’est une vie éternelle et une résurrection, semblable à la sienne, que le Christ promet. Avec un engagement : « pour annoncer les actions du Saigneur », chemin tracé par Jésus à ses disciples.
Résurrection ! Evènement qui ne va pas de soi pour les humains que nous sommes. L’Evangile (Jean 20, 1-9) le signale pour Jésus dès sa réalité. Marie Madeleine, femme pécheresse convertie par Jésus et qui lui a voué un amour pur et profond, s’est unie au groupe composé de Marie et d’autres femmes accompagnant Jésus et les apôtres dans leur mission d’annonce de la Bonne Nouvelle. Elle a assisté à sa mort en croix et sa mise au tombeau. Le troisième jour après sa mort sa dévotion la porte à se rendre au tombeau. Stupéfaction ! Le tombeau est ouvert, l’énorme pierre qui en fermait l’entrée a été enlevée. Elle court vers les apôtres Pierre et Jean (l’autre disciple). « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis ». Aucune intuition de sa résurrection. Il en sera de même pour les apôtres après la vue de Marie Madeleine du Christ vivant. Elle ne sera pas crue.
L’Evangile ici nous retrace la course rapide de Pierre et Jean avertis pour se rendre au tombeau. Jean, le plus jeune, arrive en premier. Il aperçoit le linceul plié qui enveloppait le corps de Jésus mais n’entre pas. Pierre, chef des apôtres entre et voit le linceul et le linge qui couvrait la tête du Christ. Jean entre à son tour. « Il vit et il crut ». Son cœur profondément aimant est éclairé par l’Esprit sur la vérité de la résurrection.
A l’aube de ce jour apôtres et disciples n’auront guère la foi en la résurrection du Seigneur. Plusieurs fois il leur avait annoncé ce qui devait arriver, mais pour eux le mot résurrection restait incompris. Il leur faudra être témoins de cette vie nouvelle de Jésus pour éclairer leur foi et leur amour du Fils de Dieu ressuscité, bien vivant !
Pierre nous le fait comprendre (1ère lecture des Actes) en se rendant à Césarée chez un centurion de l’armée romaine d’occupation. Il annonce Jésus : « Dieu l’a consacré par l’Esprit Saint, rempli de force ». Il faisait le bien, guérissait tous ceux « qui étaient sous le pouvoir du démon ». Sa force ? Celle d’un amour de l’humanité entière qu’il est venu sauver et l’a conduit à accepter la croix, révélatrice de son amour victorieux de la mort et du péché. Mort glorieuse que la résurrection fait éclater aux yeux de tous, même des païens, comme l’était le centurion.
Pierre signale encore la tâche confiée par Jésus à son Eglise : proclamer à tous les peuples la Bonne Nouvelle, tâche qui deviendra celle de tous ses disciples non sans condition : « Tout homme qui croit en lui reçoit par lui le pardon de ses péchés ». Grâce à Jésus s’est créée une nouvelle alliance de Dieu avec toute l’humanité avec l’espérance de la victoire sur la mort et le péché, sur l’esprit du mal.
St Paul (2ème lecture) va l’exprimer dans une réalité merveilleuse : « Vous êtes ressuscités avec le Christ ». Dès ce monde débute notre résurrection. Une exigence : « Recherchez les réalités d’en haut ». Elles sont celles qu’il saura préciser, de la bonté, du service des autres , du don de soi, du véritable amour à la suite du Christ et comme lui. « Morts avec le Christ, notre « vie cachée avec lui en Dieu », « avec lui, nous paraîtrons en pleine gloire ».
Pâques ? Chantons ! « Ce jour que fit le Seigneur est un jour de joie, alléluia ! »
Fête de Pâques 2009 – 12 avril 2009
Jésus est Ressuscité ! Vrai ou faux ?
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” Jésus est mort et il est ressuscité ! ” : Savons-nous assez que dans cette proclamation réside tout l’Evangile ?
Que la Bonne Nouvelle n’est pas d’abord un livre, un code de lois, un enseignement de bonne conduite, une pratique de rites mystérieux ?..
Osons-nous l’affirmer, le répéter à nos enfants ?
Notre vie chrétienne est-elle une habitude héréditaire, une soumission inconditionnelle, un honnête comportement – ou tire-t-elle son inspiration du cri de la foi: “Jésus est mort et ressuscité pour nous” ?
Notre foi est-elle morale ou pascale ? …vertueuse ou vitale ?…
Notre messe est-elle routine ou manifestation dominicale de l’essence du credo chrétien ?
“Résurrection” ?: ce cri de l’Eglise se heurte au scepticisme, aux sarcasmes, à l’incrédulité. Même en nous, avouons-le, des doutes parfois surgissent.
En ce jour de Pâques, nous avons à mettre les choses au point, à vérifier nos certitudes. —
A nouveau saint PAUL va nous éclairer.
Saint Paul parmi les philosophes (Actes des Apôtres 17, 16-34)
En ces jours-là – en l’an 50 ou 51 de notre ère -, pour la première fois de sa vie sans doute, Paul de Tarse arpentait les rues d’Athènes la magnifique, la Ville Lumière de l’antiquité, la capitale des beaux esprits, le lieu des grands débats philosophiques. Dans la cité, nul ne sait qu’il y a à peine 20 ans, un certain Jésus de Nazareth a été crucifié à Jérusalem.
Sur la place publique, l’Aréopage, Paul se mêle aux philosophes en train de discuter des dernières théories à la mode et il se met à leur exposer ce qui est sa foi, sa sagesse, le message qu’il a reçu mission, dit-il, de divulguer dans le monde. On écoute avec un certain intérêt cette “nouvelle doctrine”.
Cet inconnu affirme qu’il n’y a qu’un seul Dieu créateur du monde, qu’il est tellement transcendant qu’on ne peut l’enfermer dans des temples de pierres, que l’humanité est une, qu’elle a même une certaine ressemblance avec Dieu, que l’âme est immortelle et promise à l’éternité. Tant qu’il décline ces vérités, l’auditoire approuve: voilà une théorie intéressante qui consonne bien avec ce que nos génies, Platon et Aristote, ont découvert et que nos grands maîtres stoïciens nous enseignent.
Mais là-dessus Paul poursuit en parlant de Jésus:
il ose proclamer qu’il est ressuscité et que Dieu l’a placé comme Juge de l’humanité !!!
A ces mots, l’auditoire éclate de rire. Comment peut-on tenir des affirmations aussi ridicules ? Oui nous avons une âme immortelle mais, prisonnière d’un corps de misère, elle doit au contraire s’en libérer pour atteindre la béatitude céleste. Nous, gens intelligents, nous n’avons vraiment pas de temps à perdre avec cette jacasse ! Et tous de se détourner de ce Juif ridicule avec ses calembredaines incroyables.
Toutefois, raconte saint Luc, une ou deux personnes poursuivirent la conversation et se convertirent. Paul reprit la route et gagna Corinthe.
Paul rend raison de la Résurrection aux Corinthiens.
Dans cette ville opulente, connue pour ses deux ports, son trafic commercial et ses mœurs libertines, Paul réussit à fonder une Eglise. Mais là également des questions surgirent, des doutes se levèrent.
Dans la 1ère Lettre qu’il écrivit plus tard à la communauté, il rappela l’essentiel de ce qu’il avait expliqué naguère
( cf. 1 Corinthiens , chap. 15 )
—- D’abord il pointe le cœur de la foi chrétienne: Jésus est mort pour nos péchés, il a été enseveli mais il est ressuscité et il est apparu à ses apôtres, puis à un grand groupe de disciples – dont plusieurs sont encore vivants, dit Paul, et vous pouvez les rencontrer à Jérusalem. Et enfin Christ lui est apparu à lui, Paul, alors qu’il était un persécuteur de l’Eglise. Cet événement l’a complètement retourné et il a mission d’annoncer cette Bonne Nouvelle à tous les peuples.
Donc la résurrection de Jésus ne repose pas sur l’affirmation du tombeau vide mais sur l’assurance de dizaines de témoins que l’on pouvait rencontrer, questionner et qui étaient pleins d’une joie nouvelle.
—- Ensuite Paul met en garde et rappelle le caractère nécessaire de cette révélation pascale: c’est là que s’engage le tout de la vie chrétienne:
“Si le Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vide et votre foi est illusoire !
Vous demeurez dans vos péchés!”.
Sans Pâques, Jésus n’est qu’un martyr et nous sommes les élèves d’un cours de morale.
—- D’autre part il ne faut pas imaginer cette résurrection comme la réanimation d’un cadavre. A Pâques a surgi Jésus, le même homme mais tout autre. Et avec lui, une nouvelle humanité. Certes nous demeurons membres d’une lignée biologique avec un corps promis à la mort. Mais la foi nous donne dès aujourd’hui une Vie nouvelle, un Esprit qui nous recrée.
Et ainsi nous gardons une espérance solide: oui, nous ressusciterons !
Et viendra un jour où la mort sera vaincue définitivement et où ” Dieu sera tout en tous “.
—- Si cette résurrection des corps est inimaginable, la nature permet d’entrevoir le mystère. On sème des grains, il pousse des épis, on plante un gland, il surgit un chêne. De même on enterre un corps de chair, il en surgira un “corps spirituel: c’est la même personne mais animée par l’Esprit-Saint donc incorruptible, éclatante de Gloire !
Le poète a fait graver sur sa tombe: ” Ci-gît la semence de Paul Claudel”
—- Enfin, emporté par la joie de son élan, Paul conclut :
Rendons grâce à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ !
Aussi, mes frères, soyez fermes, inébranlables; faites sans cesse des progrès dans l’œuvre du Seigneur
sachant que votre peine n’est pas vaine dans le Seigneur”
Donc l’Eglise n’a pas à se vanter de ce qu’elle fait. La véritable victoire, celle sur la mort, ne pouvait que lui être donnée par son Seigneur.
Mais cette victoire – acquise une fois pour toutes – doit se vivre parmi les difficultés, les épreuves et les tentations du monde.
Pâques nous donne tout mais il nous appartient de demeurer fidèles à ce don: “Soyez fermes, inébranlables, faites des progrès…”. Le Corps Vivant du Christ doit apparaître dans le Corps de l’assemblée eucharistique.
*
Le renouveau de notre foi, la tension nouvelle de notre espérance, la chaleur nouvelle de notre amour nous seront donnés par l’Esprit-Saint.
Voici le temps pascal: 50 jours pour vivre de la joie de Pâques
dans la prière à l’Esprit.
R. D…, dominicain