Homélie pour la fête de tous les saints
Abbé Jean Compazieu | 24 octobre 2014
L’immense cortège de tous les saints
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En ce jour de Toussaint nos églises accueillent plus de monde que d’habitude. Ils sont nombreux ceux et celles qui reviennent à leur paroisse d’origine. C’est à tous que le Christ adresse son message d’espérance aujourd’hui. Cette fête de la Toussaint, c’est celle de la victoire. Nous célébrons la victoire de la vie sur la mort, tout comme le jour de Pâques. D’ailleurs, ces deux fêtes sont intimement liées. Le jour de Pâques, les amis de Jésus se sont rendus au tombeau. Et en ce jour de Toussaint, nous avons l’habitude de nous rendre auprès des tombes de nos défunts. Mais aujourd’hui comme autrefois, nous entendons cet appel de l’Evangile : “Ne cherchez pas parmi les morts celui qui est vivant”.
C’est cette bonne nouvelle que nous rapporte le livre de l’Apocalypse (1ère lecture). Saint Jean s’adresse à des chrétiens qui connaissent le désarroi. Ils sont affrontés à la persécution. Beaucoup sont morts. On leur avait annoncé “le jour du Seigneur” mais rien ne se passe. C’est plutôt l’échec, la souffrance et la mort. Alors, on s’interroge : où est-il ce jour annoncé ? C’est pour répondre à cette question que saint Jean écrit son apocalypse. Oui, Jésus est ressuscité ; il est vivant. Il est là au cœur de nos vies et de nos épreuves. Tous ces morts que nous pensions disparus, emportés dans la tourmente, sont avec Jésus dans le bonheur de son Royaume. Ils ont obtenu la récompense de leur amour et de leur fidélité. Ce message d’espérance est très important pour notre période bouleversée. Accueillons-le comme un appel à réveiller notre foi et à réchauffer notre espérance.
Dans la seconde lecture, c’est encore saint Jean qui nous annonce une bonne nouvelle. C’est comme une confidence que le Seigneur nous fait : “Tu es mon enfant bien-aimé, je t’aime.” Oui, nous sommes enfants de Dieu. Ce que nous serons ne paraît pas encore clairement. Mais à ce moment-là, nous le verrons tel qu’il est. Voilà une bonne nouvelle qui doit ranimer notre espérance. Oui, mais comment croire quand on est meurtri par la vie, la solitude, les injustices, la violence. Pensons à tous ceux et celles qui sont exclus et méprisés. Personne ne les aime parce qu’ils sont différents, parce qu’ils ont fait de la prison ou encore parce qu’ils n’ont pas eu une vie très belle. Mais le Seigneur nous dit que son amour est offert à tous, y compris au criminel qui était à ses côtés sur la croix. Même si nous sommes tombés très bas, il est toujours là pour nous relever et nous remettre en route.
L’Evangile de ce jour est aussi un appel à la joie et à la sainteté. Jésus s’adresse à des gens qui sont rassemblés autour de lui sur la montagne. Son message est proclamé aujourd’hui dans toutes les églises du monde entier. Il nous rejoint tous quand nous sommes rassemblés en son nom. Sa présence au milieu de nous est déjà source de joie et de bonheur. Les paroles qu’il nous adresse sont celles de la Vie éternelle.
“Heureux les pauvres de cœur”. Voilà une parole qui va à contresens de ce que pensent spontanément la plupart des gens. Etre heureux, n’est-ce pas être riche et en bonne santé plutôt que pauvre et malade ? Et pourtant nous voyons bien que les richesses et la santé ne suffisent pas à nous combler. Le seul qui peut nous rendre vraiment heureux c’est le Seigneur. En allant à lui, nous choisissons la meilleure part. Mais cela ne sera vraiment possible que si nous ne sommes pas accaparés par nos richesses. Ainsi, nous serons entièrement disponibles pour accueillir le salut de Dieu. Si nous lui donnons la priorité absolue dans notre vie, si à cause de lui, nous sommes prêts à renoncer à tout ce qui nous détourne de lui, nous trouverons le seul vrai bonheur. Lui seul pourra nous combler pleinement.
C’est ce chemin qui a été suivi par les saints que nous fêtons en ce jour. C’est une foule immense que nul ne peut dénombrer. L’Eglise est fière de nous montrer tous ceux et celles qui ont vécu au mieux l’Evangile des béatitudes. Nous pensons à tous ceux et celles qui ont marqué l’histoire humaine et chrétienne, les apôtres, les martyrs d’hier et ceux d’aujourd’hui. Mais la sainteté n’est pas seulement offerte à quelques élites. Pour y parvenir, nous n’avons pas à accomplir des performances de vertus et de sacrifices. Ce qui nous est demandé, c’est d’accueillir le Seigneur et de le laisser agir en nous.
Cette fête d’aujourd’hui nous rappelle que nous sommes tous appelés à devenir des saints. La tentation est grande de dire que “ce n’est pas pour moi pauvre pécheur”. Il faut le dire et le redire : Nous sommes tous appelés à devenir des saints ; au ciel, il n’y a que des saints. Certains ont été des grands pécheurs mais ils ont accueilli le pardon de Dieu. Pensons à Pierre qui avait renié le Christ, Paul qui avait persécuté les chrétiens, Saint Augustin qui a passé une partie de sa vie dans la débauche… Leur rencontre avec le Christ a complètement changé leur vie Le Seigneur est capable de venir nous chercher très loin et très bas pour faire de nous des saints.
Alors, en communion avec tous les chrétiens du monde entier nous chantons : “Dieu, nous te louons, Seigneur nous t’acclamons dans l’immense cortège de tous les saints”
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Homélie du Père Henri (80 ans)
Fête de Toussaint
“Je veux vivre, tu entends, vivre” ces, paroles combien de Garçons ou de filles ne les ont-elles pas prononcées à certains moments de leur vie. Adultes ou avancés en âge ne nous arrivent-ils pas d’en avoir envie de dire la même chose.
Chers amis,
La fête de la Toussaint ne doit pas être la fête de la mort mais la fête de la vie : de notre vie d’aujourd’hui et celle de demain, de la vie de notre corps et de celle de l’âme.
Notre vie d’aujourd’hui
Hélas ! Nous rencontrons de plus en plus des gens, qui n’ont plus envie de vivre, la vie pour eux ne vaut plus la peine d’être vécu, ils ont perdu ce qui pour eux était leur raison d’être : la perte d’un être cher, un handicap, l’infirmité, la vieillesse et que sais-je encore.
Et malgré cela du fond de leur être monte intérieurement ce cri : ” Je veux vivre, vivre tu entends” mais pour vivre il ne faut pas se tuer, et aujourd’hui combien se tuent par l’alcool, la débauche, les excès de toutes sortes. Egalement, il ne faut pas tuer les autres par la haine et la violence. Pour vivre ne prenons pas le chemin de la Mort.
Pour vivre prenons le chemin de la Vie Le chemin de la Vie, le chemin du Bonheur le Christ vient de nous l’indiquer dans l’évangile de ce jour de Toussaint. Je vous invite à y réfléchir.
Il vient de nous dire “Heureux les pauvres en esprit, c’est à dire ceux qui sont libres de ce qui est matériel, libres des biens de ce monde leur donnant que leur juste valeur, libres en acceptant de partager avec leur frères qui sont dans le besoin. Alors, si un jour des coups durs les frappent, s’abattent sur eux, ils continueront à vivre, à être heureux, car en eux se trouvent d’autre richesses, d’autres espoirs.
HEUREUX LES DOUX. J’ai retrouvé un cahier d’un enfant du temps ou je faisais le caté, je leur avais demandé de mettre en dessin cet Evangile de la Toussaint. Alors, il avait fait un dessin montrant quelqu’un qui soignait un animal blessé, et il écrivait :”cette homme respecte la vie, il veut qu’il vive, car ni la haine, ni la violence ne rend heureux, n’aide pas à vivre”. Combien il avait raison ! Faisons attention à ceux qui souffrent. Ceux qui sont attentifs aux malheurs des autres, qui soignent les plaies non seulement du corps mais aussi de l’âme, du cœur, ceux là connaîtront le bonheur et se sentiront vivre.
Heureux les artisans de paix. Pour illustrer ces paroles l’enfant à fait un dessin d’un coté des gens détruisant le mur de la haine qui sépare, qui divise, de l’autre coté des gens construisant le pont de la paix pont, qui rassemble, qui rapproche les hommes, pont bâti non avec du béton mais avec du pardon, des gestes d’amitié, des paroles apaisante. Ensemble bâtissons la paix entre nous tous et notre vie sera plus belle.
Heureux ceux qui pleurent, il est humain que nous versions des larmes devant une grosse peine ou la mort d’un être bien aimé. Il est humain que certain pleurent aujourd’hui sur une tombe fraîchement recouverte. Ces larmes sont la preuve, de notre souvenir, de notre amour restant toujours vivant. Aujourd’hui le Christ leur dit qu’ils seront consolés, car ils les reverront vivants et heureux.
Toussaint est aussi la fête d’une autre vie qui dépasse celle de notre corps, la vie de notre esprit, de notre âme, la vie qui est à l’intérieur de nous, la vie des baptisés.
Et C’est cette vie la, qui nous fait vivre plus intensément, qui nous rempli d’espoir, et de courage, qui nous rend heureux, qui nous empêche de faire de nous des blasés de découragés, des dégoûtés de la vie. C’est elle, qui nous fait relever la tête, qui nous aide à faire face aux épreuves de la vie. Cette vie, c’est celle de Dieu, Dieu avec nous, Dieu qui nous parle, Dieu nous rend heureux.
Toussaint, “c’est aussi la fête des morts vivants” me disait un enfant. Je trouve cette définition très belle. Oui aujourd’hui, c’est la fête de la vie avec tous ceux qui sont partis pour une autre vie ; Aujourd’hui, nous sommes avec eux, notre pensée rencontre leur pensée. Nous les écouterons quand nous irons nous recueillir sur leur tombe, ils ont de choses à nous dire.
Nous aussi nous avons des choses à leur dire, à leur demander ils sont près du Seigneur, ils peuvent nous aider, nous aider à marcher sur le chemin qui conduit à Dieu, sur le chemin qui nous mènera vers un monde de joie de lumière et de paix.
Comme à l’époque où Jean a écrit l’Apocalypse, les chrétiens sont encore persécutés, tués, dépouillés de leurs biens, chasssés de leur pays… Ils nont pas pour autant renié leur foi. Ils sont nos frères, nous appartenons à la grande famille des enfants de Dieu. Nous formons un seul corps.
Nous sommes tous appelés à la sainteté; nous sommes images de Dieu, créés à sa ressemblance. Le chemin de la sainteté, c’est vivre les béatitudes, vivre comme Jésus, imiter Jésus. Savoir l’accueillir, avoir un coeur dépouillé, un coeur de pauvre, attentif aux autres.
“Heureux les pauvres de coeur ”
Savoir consoler avec douceur, ceux qui sont dans le malheur, la souffrance.
“Heureux les doux”
Savoir pleurer avec ceux qui pleurent, pleurer sur nos péchés,pleurer sur les souffrances, sur les péchés du monde.
“Heureux ceux qui pleurent”
Se battre pour la justice, l’égalité, que tous soient traités dignement, avec respect.
“Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice”
“Heureux les miséricordieux”
“Heureux les coeurs purs”
“Heureux les artisans de paix”
“Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, le Royaume des cieux est à eux”
Par notre baptême, nous avons été plongés dans la mort et la résurrection du Christ; nous sommes des vivants, nous cheminons avec Lui vers la sainteté. Le fil conducteur c’est l’amour.
Ecoutons Saint Jean :
Une petite anecdote : un jour un journaliste voulant faire un article sur Mère Thérésa, s’adressant à elle, il lui dit : je voudrai voir la sainte; elle lui répondit : c’est moi ! voyant sa surprise, elle sourit et lui dit : mais vous aussi mon fils vous êtes saint.
Merci Soeur Claire pour ce commentaire des Béatitudes !