Homélie du 2ème dimanche de l’Avent
Abbé Jean Compazieu | 29 novembre 2014
Le Seigneur vient
Textes bibliques : Lire
Les textes liturgiques de ce dimanche nous lancent un appel à l’espérance. C’est important car nous vivons dans un monde souvent désespérant. En de nombreux endroits, c’est l’escalade de la violence, haine et du malheur. Et c’est là que la Parole de Dieu intervient. En ce temps de l’Avent, elle vient nous annoncer le “Messager de la Paix”.
“Consolez, consolez mon peuple” dit le prophète Isaïe dans la première lecture. Le peuple en question se trouve en exil en terre étrangère. Il a été écrasé, humilié. Mais la situation est en train de changer. L’oppresseur est lui-même battu par l’armée de Cyrus. Et c’est là que le prophète intervient pour apporter un message de réconfort. Le temps de l’épreuve est terminé. Dieu va sauver son peuple. Chacun est invité à se redresser et à se reprendre vigoureusement en main. Il s’agit de collaborer ensemble au projet de Dieu qui veut sauver son peuple et lui manifester sa gloire. L’Eglise d’aujourd’hui nous invite à maintenir le cap sur Dieu. Avec force et parfois avec angoisse, elle reprend le cri des prophètes : “Voici votre Dieu qui ne cesse de vous aimer.”
La seconde lecture est de l’apôtre Pierre. Il s’adresse à des chrétiens qui trouvent que le jour du Seigneur “a du retard”. Il lance une vigoureuse mise en garde contre l’affadissement de l’espérance. Le délai qui nous est laissé doit être accueilli comme un signe de l’infinie patience de Dieu. Il laisse à chacun la possibilité de se convertir. Si le Seigneur prend du temps, c’est pour laisser à l’humanité le temps de murir. Mais une chose est sûre : le jour du Seigneur viendra inexorablement et de façon imprévisible. C’est ce message que vient nous rappeler ce temps de l’Avent. L’important, c’est de se tenir tendu vers la pleine réalisation du projet de Dieu.
L’Evangile de saint Marc nous présente le “commencement de la bonne nouvelle de Jésus Christ Fils de Dieu”. C’est donc Dieu lui-même qui vient en la personne de Jésus. Cet Evangile s’ouvre par la prédication de Jean Baptiste : “A travers le désert, une voix crie… et Jean Baptiste parut dans le désert”. Alors, on peut se poser la question : pourquoi avoir choisi le désert pour annoncer cette bonne nouvelle ? Pourquoi n’avoir pas choisi un lieu de passage des foules ?
En fait, il y a plusieurs raisons : dans le monde de la Bible, le désert, c’est un lieu symbolique très fort. C’est le lieu de la rencontre avec Dieu. C’est dans cet espace dépouillé qu’il parle au cœur de l’homme pour l’inviter à se convertir : “Préparez les chemins du Seigneur, aplanissez sa route…” Nous voici donc mobilisés. Nous devons nous arracher à nos fauteuils confortables, retrousser nos manches et mettre la main à la pâte. Se convertir, c’est sortir de nos habitudes sclérosées et de nos lamentations stériles. Jean Baptiste nous recommande d’aplanir la route. Il s’agit d’enlever tous les obstacles pour que le Seigneur puisse passer et que nous puissions le rejoindre.
Le désert est aussi le symbole de l’aridité de nos cœurs. Nous le voyons bien tous les jours : nos cœurs ressemblent souvent à cette terre aride, altérée et sans eau. Pensons à tous ces déserts d’humanité où l’homme est devenu pire qu’un loup pour l’homme, déserts de dignité dans lesquels des hommes et des femmes sont traités comme du matériel qu’on utilise et qu’on jette. Et nous n’oublions pas les nombreux déserts de solitude, les déserts d’amour de ceux qui ne savent pas aimer et ne se sentent pas aimés. Dans tous ces déserts, nous voyons des hommes qui n’arrivent pas à se comprendre ni à se supporter.
Or c’est là que le Christ nous rejoint pour venir nous chercher. L’Evangile commence dans les déserts de nos vies. Dans le sable du désert, il n’y a pas de vie. Mais dès qu’il pleut, le sol se recouvre de végétation et de fleurs. De même, sans la présence du Seigneur, nos vies sont desséchées. Mais Dieu ne nous abandonne pas. Ce qu’il sème en nos cœurs ne meurt jamais. A la première occasion favorable, il se révèle pour transfigurer notre vie.
Et puis, il y a un dernier point qu’il ne faut pas oublier : le désert n’est pas ce lieu de rêve qu’on choisit pour goûter la tranquillité. Bien au contraire, c’est le lieu de tous les combats, c’est le lieu où l’on meurt de soif et de chaleur. En choisissant le désert, Jean Baptiste annonce qu’il y aura un combat, une lutte. Jésus commence son ministère en affrontant le démon au désert. Tout au long de son ministère, il sera combattu par ses adversaires. Ces derniers finiront par l’arrêter, le condamner et le mettre à mort sur une croix. Notre vie chrétienne est une lutte contre les forces du mal. Aujourd’hui comme autrefois, de nombreux chrétiens sont persécutés et mis à mort. Mais avec le Christ ressuscité, c’est l’amour qui triomphera.
C’est de cette espérance que nous avons à témoigner dans le monde d’aujourd’hui. Cela commence en donnant la première place au Christ dans notre vie. Il n’est pas possible de l’annoncer aux autres si nous ne l’accueillons pas en nous. Noël c’est Jésus qui vient à nous. Vivre Noël, c’est d’abord accueillir cette venue du Sauveur dans notre vie. Il est la source qui vient irriguer nos déserts ; il fait revivre ce que l’on croyait mort. Aujourd’hui, nous te prions, Seigneur, toi qui es le Sauveur et l’Ami des hommes, donne-nous d’être les témoins de ton amour auprès de tous ceux et celles que tu mets sur notre route. Amen
Sources : Revues liturgiques Feu Nouveau, Signes, Dimanche en Paroisse, Homélies Année B (A Brunot), Guide Emmaüs des dimanches et fêtes, Reste avec nous quand vient le soir (Laurette Lepage)
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Posté par diaconos le 26 novembre 2014
Ce temps de l’Avent nous invite à l’espérance : voici que va venir Celui qui nous sauvera. Il nous apportera la vraie charité et nous fera devenir des hommes au sens chrétien du mot. Il y a quelque 2000 ans que Jean-Baptiste criait dans le désert : » Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. » Ce message, déjà exprimé au livre d’Isaïe, s’adresse à nous. Une voix proclame : » Préparez à travers le désert le chemin du Seigneur. Tracez dans les terres arides une route aplanie pour notre Dieu. » ( Is 40, 3 ) Il nous faut préparer le chemin du Seigneur : il s’agit de nous tourner vers Jésus, le Christ et de marcher à sa suite. C’est cela la conversion que nous avons à faire.
« Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route ! » Nous voici arrivés à devenir des ouvriers sur la route du Seigneur, à devenir les mains et les cœurs qui se mobilisent pour agir. Ce ciel nouveau et cette terre nouvelle est entre nos mains et chacun selon ses capacités et ses forces peut et doit poser des gestes pour le faire advenir, ici et dès aujourd’hui, afin que tous puissent partager la joie d’une vie pleinement humaine.
Source de l’image → Un chemin s’ouvre – Vas-y !
« Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu » (Is. 40, 1a) Dieu vient ! Aujourd’hui je suis invité à préparer, à tracer une route pour lui. Je suis invité à tracer droit dans les terres arides une route pour notre Dieu. Que tout ravin soit comblé. Que toute montagne et colline soit abaissée. (Is 40, 3-4) Toutes ces images sont évocatrices. Quelles sont mes montagnes à moi ? Celles que je doive absolument aplanir pour répondre à l’appel du Seigneur ?
Si nous mettions de côté les obstacles (collines de l’orgueil, vallées de la tiédeur…), nous chanterions avec des larmes aux yeux: « Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous: nous étions en grande fête! » (Ps 125,3).
« Montez sur une haute montagne, vous qui apportez à Sion la bonne nouvelle ; élevez la voix avec force, vous qui apportez à Jérusalem la bonne nouvelle ; élevez-la, ne craignez point ; dites aux villes de Juda : Voici votre Dieu » (Is 40,9) – C’est un appel à proclamer la venue du Seigneur… Évangéliser, dire la Bonne Nouvelle : « Voici votre Dieu. Dieu vient ! » Il faut y croire sois-même , pour pouvoir l’annoncer aux autres ! Exerce- toi à découvrir la venue de Dieu dans les signes imperceptibles.
Voici votre Dieu… il vient lui-même et il va vous sauver. Jésus, le fils de Dieu n’est pas venu prendre quoi que ce soit, il est venu donner et ils est venu sauver. Il est venu apporter la Bonne Nouvelle à toutes les personnes qui ont un cœur de pauvre et veulent bien accueillir cette parole : celles qui ne sont pas embourbées dans le matériel, le pouvoir, l’argent, les objets, le mensonge… et dont l’horizon dépasse un peu ce que propose la société matérialiste ! Celles là sont capables d’entendre cette Bonne Nouvelle.
Préparer le chemin du Seigneur, aplanir sa route sont deux actions qui te sont demandées d’accomplir.
Comment peux-tu répondre positivement à cet appel ?
→ Voici quelques pistes …
◊ en corrigeant ta conduite,
◊ en cessant de faire le mal, et te mettre à faire le bien,
◊ et en te retournant vers Dieu, tu donneras un nouvel élan à ta vie.
La conversion que Jean nous demande d’accomplir, tous, c’est un retournement vers Dieu : il s’agit de nous tourner vers Dieu, avec des conséquences morales et sociales : lutte contre l’égoïsme, l’injustice, l’esclavage du plaisir et de l’argent, l’impureté, la paresse, la domination des autres… Jean Baptiste proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. (Mc 1, 8) Le pardon des péchés est un acte de Dieu, toujours offert à tous. Il ne peut devenir efficace que si nous l’accueillons librement.
Chaque jour nous apporte le lot de violences, de haine, de racisme, des drames de l’indifférence comme cette jeune femme trouvée morte chez elle, apparemment depuis plus de 7 mois; des faits divers à donner froid dans le dos. La presse nous en abreuve; que de raisons de baisser les brais ! mais bien heureusement, il y a aussi des élans de générosité, exemple cet entrepôt des Restos du Coeur qui a été ravagé par un violent incendie; toute une population, grande surfaces, mairie, pouvoir publics…tous se sont mobilisés pour remettre sur pied une nouvelle structure et l’approvisionner.
Des signes d’espérance ! nous en avons bien besoin. Dieu vient à nous sous les traits d’un petit enfant fragile; il vient tous les jours sous des traits si différents : l’étranger qui risque sa vie sur un bateau de fortune, l’enfant autiste qu’on refuse dans les établissements dits “pour enfants normaux”… “Celui qui accueille un enfant comme celui-là, c’est moi qu’il accueille”…
Se convertir, changer de vie, se retourner, se préparer à l’accueillir, c’est être à l’écoute du frère qui est différent, ne pas le juger, il est moi puisque nous faisons partie du même corps, du même Christ; l’aimer comme il est, même quand ce qu’il fait me déplaît; ça ne va pas de soi. Mais en l’aimant, c’est toi Seigneur que nous aimons.
Ne jamais désespérer de l’autre, ni de nous-même. Soyons des semeurs d’espérance comme le disait si bien François, le Poverello d’Assise, alors Noël viendra.