Homélie du 1er dimanche du Carême
Abbé Jean Compazieu | 13 février 2015Peuple de l’alliance
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Depuis mercredi dernier, nous sommes entrés dans le temps du Carême. Quand nous en parlons, nous pensons “pénitence” ou “privation”, un peu comme le Ramadan des musulmans. On se dit qu’il va falloir faire des sacrifices. En fait, le Carême des chrétiens c’est tout autre chose. Il nous est offert pour redécouvrir qui est le vrai Dieu. C’est un Dieu qui n’a jamais cessé de nous aimer. Aujourd’hui, il nous fait comprendre que par notre péché, nous nous sommes détournés de lui. Malgré cela, il continue à nous appeler : “Revenez à moi de tout votre cœur”.
Vivre le carême, c’est redécouvrir que Dieu fait alliance avec l’humanité. C’est ce message que nous trouvons dans la première lecture (Livre de la Genèse). Les grandes heures de cette alliance ont commencé avec Noé sauvé du déluge. L’arc en ciel, que tous peuvent voir, en est le signe. Dieu veut se faire partenaire de l’homme et devenir son compagnon. Il veut partager notre vie. Vivre le Carême, ce n’est pas d’abord faire des sacrifices, c’est regarder vers Dieu et nous attacher à lui. Si nous comprenons cela et si l’intégrons dans notre vie, notre carême sera rempli de cette présence et de cet amour de Dieu.
Dans sa première lettre, saint Pierre nous invite à faire un pas de plus. Il nous fait découvrir un sens nouveau à ce récit du déluge. Il nous présente Jésus comme le nouveau Noé : il a affronté la tempête ; il a arraché à la mort tous ceux qui étaient voués à périr. Son salut est offert à tous et pas seulement à quelques uns. En tant que chrétiens baptisés, nous sommes tous envoyés par le Christ : notre mission est de porter son témoignage dans notre vie de tous les jours. Nous avons sans cesse à rendre compte de l’espérance qui nous anime. Que chacun redécouvre le caractère victorieux de cette espérance. Nous sommes engagés à vivre comme Jésus en faisant passer l’amour de Dieu et de nos frères avant toute autre chose. La vie nouvelle de Jésus ne peut envahir notre existence que si nous abandonnons tout égoïsme. Voilà un appel essentiel au moment d’entrer dans un nouveau Carême.
L’Évangile nous montre Jésus qui est venu pour le salut de tous les hommes. Il vient d’être baptisé par Jean au bord du Jourdain. Il a été désigné comme le “Fils Bien-aimé” du Père. Aussitôt après cet événement, l’Esprit le pousse au désert. Il nous faut insister sur l’importance de ce mot “aussitôt” qui revient souvent dans l’Évangile de Marc. Nous devons en tirer les conséquences pour notre carême : ce n’est pas pour demain ou pour quand je serai à la retraite. C’est ici et maintenant que le Seigneur attend notre réponse.
Jésus a donc été conduit au désert. Il y est resté pendant quarante jours, tenté par Satan. L’Évangile nous dit qu’il vivait parmi les bêtes sauvages (je peux vous assurer qu’on les y entend). Saint Marc ajoute que “les anges le servaient”. En quelques mots, il nous présente les signes de la victoire de Jésus. En lui, l’homme a vaincu Satan. Il vit dans un univers réconcilié, en paix avec les bêtes sauvages et en communion avec Dieu. Le même Christ nous rejoint dans notre combat de tous les jours. Il veut que nous soyons avec lui dans sa victoire sur le mort et le péché.
Le Carême n’est donc pas un temps triste. Bien au contraire, c’est un temps de libération. C’est LE moment favorable pour nous libérer de tout ce qui nous empêche d’aller vers Dieu et vers les autres. Durant ces quarante jours, nous n’avons rien d’autre à faire que d’aimer. Et Jésus est là pour nous ouvrir le chemin. Nous vivons dans un monde imprégné par la violence, l’indifférence et le rejet de toute référence religieuse. A travers notre témoignage, tous doivent pouvoir reconnaître que le Règne de Dieu s’est approché.
Ce qu’il faut avoir bien en vue, c’est que tout au long de ces quarante jours, nous sommes en marche vers Pâques. Un Carême sans Pâques serait vraiment triste. Le fil conducteur de cette période se trouve résumé en quelques mots : “le Règne de Dieu est là. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle.” N’oublions jamais que notre carême est d’abord un chemin de liberté, de joie et de victoire.
“Sur les routes de l’Alliance
Ta Lumière nous conduit.
Nous marchons pleins d’espérance.
Tu nous mènes vers la vie.”
Sources : Revues Signes, Feu Nouveau, Dimanche en paroisse, Homélies pour l’année B (Amédée Brunot), Guide Emmaüs des dimanches et fêtes (JP Bagot), Missel communautaire (André Rebré)
Merci pour ton homélie qui dédramatise le Carême. Pendant cette période, je veillerai à me convertir chaque jour et j’essaierai d’être moins indépendante.
Seigneur, merci pour l’amour inouï que tu nous portes. Que le mien grandisse !
Le fruit concret de cette méditation pourrait être une décision renouvelée de s’abandonner en tout et pour tout à la conduite intérieure de l’Esprit Saint, comme pour une sorte de « direction spirituelle ». Il est écrit que « lorsque la nuée s’élevait au-dessus de la Demeure, les Israélites se mettaient en marche. Si la nuée ne s’élevait pas, ils ne se mettaient pas en marche » (Ex 40, 36-37). Nous non plus, nous ne devons rien entreprendre si ce n’est pas l’Esprit Saint, dont la nuée était la représentation, selon la tradition, qui nous a poussés, et si nous ne l’avons pas consulté avant toute action.
Nous devons nous abandonner à l’Esprit Saint comme les cordes de la harpe s’abandonnent aux doigts de celui qui les bougent. Comme de bons acteurs, nous devons tendre l’oreille à la voix du souffleur caché, pour réciter fidèlement notre rôle sur la scène de la vie. C’est plus facile qu’on ne le pense, car notre souffleur nous parle au-dedans de nous-mêmes, nous enseigne toute chose, nous instruit sur tout. Il suffit parfois d’un simple coup d’œil intérieur, d’un mouvement du cœur, d’une prière.
Merci beaucoup pour ton homélie et que Dieu te remplisse avec son amour et sa sagese!
” Convertissez et croyez à l’Evangile”, c’est ce que nous avons dit hier à la messe des Cendres qui nous ouvre le chemin vers Pâques.
Convertissez-vous, car le Seigneur est proche; faites pénitence, changez de comportement; retournez-vous, prenez la bonne route ! déchirez vos coeurs et non pas vos vêtements…
Faire Carême, comme vous le dites, Jean, ce n’est pas faire le ramadan. Le Carême, c’est se préparer à la joie de Pâques par la prière, le jeune, le partage. Se retourner, se détourner de toutes les entraves.
C’ est un temps privilégié de se détourner de sa petite personne,de ses mauvaises habitudes, de ses paresses, de ses peurs qui enferment; peurs de se croire pire qu’on est en réalité.
N’aies pas peur, laisse-toi regarder par le Christ, laisse-toi regarder car il t’aime; nous chantait RaymonD Fau.
Laissons-nous regarder. Acceptons de nous laisser aimer.
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Merci pour cette homélie pleine de sagesse et de vérité.
Merci pour l’homélie de ce jour qui m’aide à voir ce temps de carême autrement. Bonne semaine