Homélie du 12ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 13 juin 2015Textes bibliques : Lire
Pour comprendre ces textes d’aujourd’hui, il faut savoir que dans le monde de la Bible, la mer c’est le repère des forces du mal. Dans la première lecture, nous voyons Job qui est très douloureusement éprouvé par ce mal. Dieu lui répond en affirmant sa puissance sur la mer, et, à travers elle, sur tout ce qui détruit l’homme. Si nous lisons la suite de ce récit, nous découvrons que Job va retrouver une situation encore plus belle que celle qu’il avait au début. Comme Job, les hommes peuvent crier leur souffrance vers Dieu. La bonne nouvelle c’est qu’il ne nous laisse pas désespérés. Il vient vers nous.
Dans la seconde lecture, saint Paul nous invite à faire un pas de plus. En venant dans le monde, le Christ a pris sur lui toutes nos souffrances et nos péchés. Toute la vie de Paul a été transformée par la découverte de ce Jésus qui est mort pour tous les hommes en portant sur lui le poids du mal. Notre situation s’en trouve totalement modifiée. Si Jésus est mort pour nous, nous n’avons pas le droit de vivre enfermés dans notre égoïsme. Nous devons accueillir la vie nouvelle qu’il nous a obtenue par sa Passion et sa mort. C’est une vie essentiellement caractérisée par un immense amour.
Dans l’Evangile, nous voyons Jésus qui invite ses disciples à passer vers “l’autre rive”. Nous devons comprendre ici que cette “autre rive” ce n’est pas seulement l’autre côté de la mer. C’est d’abord celle du monde païen. Jésus veut le rejoindre là où il en est pour le libérer des puissances du mal et lui annoncer la bonne nouvelle de l’Evangile. C’est une manière de dire qu’il n’est pas venu pour le seul peuple d’Israël mais aussi pour tous les hommes du monde entier. Il veut que tous aient la vie en abondance.
En lisant cet Evangile, nous pensons aux nombreux prêtres, religieux, religieuses et laïcs qui ont répondu à cet appel du Christ. Ils ont quitté leur famille, leurs amis, leur pays pour aller vers l’inconnu. Ils ont traversé les océans pour annoncer Jésus à des peuples qui ne le connaissaient pas. Et actuellement, nous voyons des prêtres Africains, Indiens ou autres qui ont également quitté leur pays pour venir nous évangéliser. La bonne nouvelle doit être annoncée à tous. Elle est en priorité pour les pauvres, les exclus, les malades, les prisonniers. Dieu les aime tous tels qu’ils sont, et il veut leur salut.
Quitter son pays pour rejoindre “l’autre rive” cela suppose une grande confiance. L’Evangile nous parle de la tempête et de la peur panique des disciples. En calmant cette tempête, le Christ affirme sa victoire sur les forces du mal. Il faut savoir que saint Marc écrit son Evangile bien après la résurrection du Christ (vers les années 60 – 70). Il s’adresse à des chrétiens persécutés et désemparés par cette tempête qui les accable. L’Eglise est un peu comme la barque de Pierre qui est en train de sombrer. Alors, ils appellent au secours : “Sauve-nous ! Nous périssons.” C’est aussi la prière de nombreux chrétiens d’aujourd’hui qui subissent la violence et la persécution. Mais Jésus est là et avec lui, les puissances du mal n’ont pas le dernier mot.
Si nous voulons rester fidèles à l’Evangile, nous serons exposés aux difficultés de notre temps : nous aurons à lutter contre le racisme, à prendre la défense des opprimés, à faire preuve de solidarité avec les plus pauvres. En affrontant le mal, les chrétiens peuvent se mettre en danger ou être tournés en dérision. Mais ils se rappellent qu’avec Jésus, il n’y a rien à craindre car il a vaincu toutes les formes de tempêtes. Avec lui, nous pouvons affronter les mêmes combats contre le mal et maîtriser toutes les tempêtes, celles de l’égoïsme, de la haine, de l’injustice et de la violence. Avec lui, nous avons la ferme assurance que c’est l’amour qui triomphera.
En ce jour, nous pouvons faire nôtre cette prière du chanteur Raymond Fau :
Tu es là au cœur de nos vies
Et c’est toi qui nous fais vivre
Tu es là au cœur de nos vies
Bien vivant, ô Jésus-Christ.
Sources : Revues Signes et Feu Nouveau, Guide Emmaüs des dimanches et fêtes (JP Bagot), Ta Parole est ma joie (J. Proux), Lectures bibliques des dimanches (A. Vanhoye, site des ADAP, Sous le figuier avec Nathanaël
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A la lecture des textes de ce dimanche, deux mots me viennent à l’esprit : confiance et espérance. Quoiqu’il puisse nous arriver, ne jamais perdre de vue que le Seigneur veille, même quand nos yeux sont embrumés par la douleur, l’inquiétude, les soucis de santé, la solitude. Nous croyons qu’il dort, qu’il n’entend pas nos cris d’angoisse, de douleur.
Où es-tu Seigneur quand je t’appelle ? j’angoisse, je ne vois plus la fin du tunnel; quand trouverai-je la paix ? quand m’accepterai-je telle que je suis, avec mes peurs, mes doutes, mes remords ?
Je te crois endormi dans ta barque, comme les disciples, je crie au secours, j’ai peur de la tempête, je crie comme Pierre, Seigneur, sauve-moi !
Aller sur l’autre rive pour te suivre, ça coûte souvent, il y a tant de choses qui alourdissent ma barque. Toi, tu es toujours prêt à me venir en aide. Quand je sens que je sombre parce que la houle est trop forte, que je déprime, tu me dis “courage, n’aies pas peur, c’est moi” ! Tu me rassures, me réconfortes.
Tes deux bras cloués à la croix sont mon support, je peux m’y accrocher. Avoir la foi, c’est te faire confiance, toujours, quoiqu’il m’arrive, quoique je fasse. Garder toujours l’espoir.
Cultiver la petite graine d’espérance, même quand autour de nous tout va mal.
Oui, Seigneur, Tu es là au coeur de nos vies !
Merci Marie-Jeanne pour ce partage et pour votre fidélité