Homélie du 16ème dimanche du Temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 10 juillet 2015“Venez à l’écart et reposez-vous un peu”.
Textes bibliques : Lire
Les textes bibliques de ce dimanche commencent par une terrible accusation contre les responsables politiques d’Israël. Leur mission était de rassembler le peuple dans la paix et l’unité. Mais c’est le contraire qui arrive. Ils n’ont cherché que leurs intérêts personnels. Ils se sont enrichis au détriment des plus pauvres. C’est à cause d’eux que le peuple est dispersé.
Mais le prophète annonce une bonne nouvelle : Dieu reste fidèle. Il n’abandonne pas ses enfants trompés par ces hommes sans conscience. Comme au temps de Moïse, il a vu la misère de son peuple. Il annonce qu’il rassemblera lui-même ses brebis dispersées. Il laisse entrevoir la venue d’un Pasteur unique, le fils de David. Ce sera le Christ. Avec lui, la bonne nouvelle sera annoncée aux pauvres, aux exclus, aux prisonniers, aux malades… C’est lui qui refera l’unité du peuple de Dieu.
A travers ce texte biblique, le prophète nous adresse un message de la plus haute importance. La principale priorité de notre Dieu n’est pas que nous lui organisions de magnifiques cérémonies. Ce qu’il veut, c’est d’abord le bonheur de son peuple, c’est le droit et la justice pour tous. Il attend de nous que nous vivions ensemble comme des frères, solidaires les uns des autres. Il est impossible de parler de Dieu en oubliant les autres. Plus tard, Jésus dira à ses disciples que c’est à notre amour que nous serons reconnus comme disciples. Saint Paul nous le dira à sa manière : “Si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien.” Le grand désir de Dieu c’est que chacun soit respecté et vive pleinement en paix.
Dans sa lettre aux Ephésiens, saint Paul nous apporte un éclairage nouveau sur le Christ et sa mission. Il se présente à tous comme le grand rassembleur. Par son sacrifice, il réalise l’unité du genre humain brisée par le péché. Il a abattu “le mur de la haine” que certains hommes avaient élevé pour défendre leurs privilèges. Dieu qui aime tous les hommes veut que nous arrivions à nous rassembler et à nous aimer. L’unité finale sera le fruit d’un tel amour. Dès maintenant, nous sommes invités à nous tourner vers la croix du Christ. Elle unit le ciel et la terre. Elle attire tous les hommes à lui.
Dans l’Evangile, nous voyons Jésus qui vient d’associer ses apôtres à sa mission de pasteur. Il les a envoyés prêcher, chasser les démons, soulager les malades. Quand ils reviennent, ils lui rapportent tout ce qu’ils ont fait et enseigné. Jésus les entend. Il les invite à venir à l’écart pour un temps de repos. C’est dans le silence et la prière que lui-même se repose. Et de nos jours, nous voyons de plus en plus de gens qui cherchent cette forme de repos dans les monastères. Ce sont des lieux de ressourcement très appréciés.
Mais nous voyons que tout ne se passe pas comme prévu. Au lieu du silence et du désert, c’est une immense foule qui cherche à voir Jésus, à le toucher et à l’entendre. Le Christ voit ces foules, celles de son temps, et celles d’aujourd’hui. Il est saisi de pitié car elles sont comme des brebis sans berger. Alors, il prend lui-même le relai et se met à les enseigner longuement. Contrairement aux mauvais pasteurs décrits par le prophète Jérémie, il se dépense corps et âme. Lui-même nous dit qu’il est venu pour “chercher et sauver ceux qui étaient perdus”.
Cet Évangile est d’une actualité brulante : nous vivons dans un monde blessé par les guerres, les violences, le désespoir. Beaucoup ont perdu leurs repères. Mais le Seigneur est là. Avec lui, il n’y a pas de situation désespérée. Il veut nous aider à retrouver un sens à notre vie. Il ne veut pas que nous soyons perdus, sans savoir où nous allons. Il vient nous apporter la lumière de sa présence, la chaleur de son amour. Avec lui, nous avançons vers toujours plus d’amour. N’oublions jamais, Jésus “berger de toute humanité” est amour. Il n’est qu’amour.
Cette bonne nouvelle doit être annoncée au monde entier. C’est notre mission et notre responsabilité. Nous sommes envoyés pour être porteurs de joie et d’espérance auprès de tous les blessés de ce monde.
L’évangile de Marc ne nous dit pas le contenu du long sermon de Jésus ce jour-là. Mais nous le devinons : Pendant cinq dimanches, nous allons écouter le plus long sermon de Jésus, celui sur le Pain de Vie. Seigneur, nous te prions : Que cette Eucharistie nous aide à changer notre regard sur toi, sur notre monde et sur nous-mêmes.
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Sources : Revues Signes et Feu nouveau – Homélies pour l’année B (A. Brunot) – Lectures d’Evangile d’un vieux prêtre de Montpellier – Guide Emmaüs des dimanches et fêtes (JP Bagot) – Homélies des dimanches (L. Soulier)
ADAP
Sous le figuier avec Nathanaël
Quelle énergie ! quel vitalité ! déjà l’homélie du 16ème dimanche ! comment faites-vous ? et moi, qui suis toujours à la traîne, ouf ! il faut s’accrocher avec vous ! bravo, en tout cas et merci.
Il faut bien anticiper car demain j’ai aussi un mariage
alors j’aimerais vous dire que je fais partie de l’équipe du journal dans une paroisse située au cameroun, la paroisse Saint Matthieu de ndog mbè et jaime énormement vos homelies que je n’hésite pas à les proposer à nos lecteurs chaque dimanche qui comme moi en sont tombés eux aussi amoureux de ce style qui est le votre et qui parle à chacun de nous
que Dieu vous benisse pour tous ce que vous faites
Ce passage de Jérémie est tout à fait d’actualité. Regardons-les, les mauvais bergers, qui au lieu de rassembler le troupeau le disperse à leur profit. Diviser pour mieux régner. Nous vivons des temps vraiment impitoyables. L’égoïsme, la dureté du coeur, l’intolérance, le manque de respect envers les plus démunis, les mal logés, les va-nu-pieds, on leur interdit même le droit de mendier ! Ca fait mauvais effet pour les touristes ! quelle mascarade.
Pauvre troupeau qui dérive, qui quitte son pays pour un monde meilleur; quel accueil pour ces brebis égarées, quel avenir ?
Jésus, le bon pasteur veut les rassembler, ne veut en perdre aucune, car il les aime toutes, surtout les plus vulnérables, les malades, les blessées…
On se sent si petits, si impuissants devant une telle tâche qui nous attend.
J’ai fait une fausse manoeuvre, je n’avais pas terminé; ouf, j’ai cru que mon message avait été effacé.
Le Seigneur nous invite comme aux apôtres de venir un peu à l’écart dans un endroit désert et de nous reposer un peu. Se reposer un peu; nous en avons besoin dans ce monde turbulent, où tout va si vite pour être dispo à l’écoute de sa Parole, se ressourcer; pas besoin d’aller bien loin, ne serait-ce au fond de sa chambre, prendre le temps de la méditation, de la prière.
Marc nous dit : Jésus fut saisi de compassion car ils étaient comme des brebis sans berger.
Jésus tu veux rassembler tous les hommes sans distinction. Donne-nous un coeur semblable au tien.
Quelle leçon nous donne Jésus devant le contretemps provoqué par la foule! car nous sommes des hommes structurés. Regardons notre agenda: toutes les dates sont prises pour l’année prochaine, tout est planifié .c’est très bien tout ça. Mais il arrive que des demandes pressantes bouleversent le programme, que des visites impromptues obligent à laisser refroidir le repas préparé. Dieu se plaît à intervenir à contre-sens. L’obéissance à l’événement sera meilleure qu’un enfermement dans une structure.