Homélie du 23ème dimanche du temps ordinaire (6 septembre)
Abbé Jean Compazieu | 26 août 2015Ouvre-toi
Textes bibliques : Lire
Les textes bibliques que nous venons d’écouter pourraient se résumer en deux mots : “Ouvre-toi”. Et tout d’abord ouvre-toi à l’espérance. Parfois, nous avons l’impression que le mal l’emporte toujours, que l’homme est un éternel condamné à la souffrance et que demain sera pire qu’aujourd’hui. Or voilà qu’en ce jour, nous avons la réponse d’Isaïe dans la première lecture : “Prenez courage, ne craignez pas, voici votre Dieu ; c’est la vengeance qui vient, la revanche de votre Dieu. Il va vs sauver.”
Nous ne devons pas nous tromper sur le sens de ces paroles. Nous avons tendance à penser à la vengeance contre ceux qui nous ont fait du mal et nous disons que c’est “un plat qui se mange froid”. Ici, ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Le prophète ne parle pas de la vengeance contre des hommes mais contre le mal. Il annonce la victoire de l’amour de Dieu contre le mal, la haine, la violence. C’est un encouragement pour ceux et celles qui ont vécu dans la peur. La revanche de Dieu c’est de supprimer le mal, c’est de faire en sorte que les aveugles voient et que les sourds entendent. La bonne nouvelle c’est cet amour infini de Dieu pour tous les hommes. C’est à cette espérance que nous devons nous ouvrir.
La lettre de saint Jacques (2ème lecture) nous apporte un éclairage nouveau sur cette bonne nouvelle : elle nous invite à réagir contre certaines attitudes contraires à l’Évangile. Nous parlons d’égalité et de fraternité, mais nous nous laissons aveugler par tout ce qui brille. Pendant ce temps, les pauvres sont bien laissés de côté. L’apôtre nous rappelle que nous ne devons pas faire de “différence entre nous”. Ce n’est pas l’argent ni la pauvreté qui font la valeur d’un homme mais la foi. La foi c’est l’accueil de Dieu dans toute notre vie. Il n’est contre personne. Si nous voulons être en communion avec lui, il nous faut être ouverts et accueillants pour tous, même s’ils sont différents. Cette mise au point de saint Jacques s’adresse aussi à nous aujourd’hui. Il s’agit d’avoir le regard même de Dieu sur tous ceux et celles qui nous entourent.
Dans l’Évangile, nous trouvons Jésus en plein territoire païen. Il n’hésite pas à sortir des frontières d’Israël. C’est une manière de dire que la bonne nouvelle n’est pas réservée à quelques-uns mais au monde entier. Le voilà donc au milieu de tous ces gens qui n’ont pas d’oreille pour entendre la Parole de Dieu ni de bouche pour proclamer sa louange. Comme leurs idoles ils “ont une bouche et ne parlent pas… des oreilles et n’entendent pas.” (Psaume 113) Or voilà que l’Évangile nous donne une pitoyable illustration de ce monde païen : un sourd muet est amené à Jésus.
Jésus se met tout de suite au travail : imposer les mains ne suffit pas ; le mal est trop grand : il faut aller à l’écart, mettre les doigts dans les oreilles, toucher la langue, lever les yeux au ciel, soupirer et prier. Le mal est très fort. Jésus se bat contre lui ; ce n’est pas sans peine mais il finit par gagner. Les oreilles s’ouvrent, la langue se délie. A travers cet homme, Dieu donne aux païens une oreille pour entendre la Parole de Dieu et une bouche pour proclamer sa louange.
“Ouvre-toi !” C’est aussi à chacun de nous que le Christ s’adresse en ce jour. Nous savons bien qu’il n’y a pas de pire sourd que celui qui ne veut pas se laisser toucher par les appels de Dieu et de ses frères. Ces sont nos fermetures, nos blocages qui entravent une vraie communication entre nous. “Ouvre-toi” nous dit le Seigneur. Ne reste pas enfermé sur tes soucis personnels ni sur tes relations habituelles, ni sur ton milieu social. Ouvre-toi à Dieu et aux autres. Ce n’est pas pour rien que notre pape François nous recommande d’aller jusqu’aux “périphéries”.
Depuis Pentecôte 2015, notre diocèse de Rodez est en période de synode. Une grande réflexion est lancée sur le thème “Pour que les hommes aient la vie, disciples et missionnaires”. C’est un vaste chantier qui durera deux ans. Des équipes se sont mises en route. Ce dimanche de rentrée est un jour de relance. Les équipes existantes sont appelées à continuer. D’autres sont invitées à se lancer. Tout le monde est invité. Profitons de cette chance pour prendre la parole.
En ce dimanche, accueillons cet appel à nous ouvrir à notre paroisse, à notre diocèse et au monde dans lequel nous vivons. Notre rôle de chrétiens baptisés et confirmés, c’est de bâtir avec Jésus des communions ouvertes et accueillantes aux autres. Soyons plus spécialement attentifs à tous les blessés de la vie, à ceux qui n’ont jamais la parole et que personne n’écoute. Ils ont la première place dans le cœur de Dieu.
En ce jour, nous faisons nôtre cette prière :
“Ouvre mes yeux, Seigneur, aux merveilles de ton amour.
Je suis l’aveugle sur le chemin, guéris-moi, je veux te voir.
Fais que j’entende, Seigneur, tous mes frères qui crient vers moi.
A leur souffrance et à leurs appels, que mon cœur ne soit pas sourd.”
Sources : Revues Signes et Feu Nouveau – Homélies pour l’année B (Amédée Brunot) – Au service de la Parole (Bernard Prévost) – Guide Emmaüs des dimanches et fêtes (JP. Bagot)
Le site http://www.puiseralasource.org est en cours de reconstruction. Une petite visite s’impose
Effata ! Ouvre-toi ! Oui, ouvre-toi, va vers les autres, ne reste pas enfermé dans ton microcosme ! sors de tes frontières, va aux périphéries. Le Christ n’hésite pas à sortir, à aller en territoire païen, son salut est pour tous les hommes.
600 ans avant Lui, Isaïe annonçait le salut donné par Dieu, il employait des images qui étaient comme des signes annonçant la venue du Messie : les yeux des aveugles s’ouvriront, le sourd entendra, le muet parlera. Ici, Jésus réalise, accomplit la prophétie. Il se révèle comme le Messie, le Sauveur. Il vient restaurer la confiance et l’espérance.
Ce qui est admirable en Jésus, c’est que lui-même s’ouvre à Dieu; avant une guérison, il se retire à l’écart, dans le calme.
Il l’emmena loin de la foule, Les yeux levés au ciel, vers le Père, il soupira et lui dit :
“Effata!” Il lui ouvre non seulement les yeux et les oreilles mais l’âme elle-même : “ouvre-toi”; “Tout ce qu’il fait est admirable !” Oui, Seigneur, tout ce que tu fais est admirable.
En Jésus, le salut est là ! une nouvelle humanité est née :” Dieu sauve” !
Le Christ, le Messie, vient nous ouvrir. Nous ouvrir aux autres, à tous les autres, ne pas faire de différence entre les hommes, comme nous le dit Jacques : Dieu, lui, n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres au yeux du monde ? Il les a fait riches de la foi, il les a fait héritiers du Royaume.
Je te chanerai, Seigneur tant que je vivrai.
QUE DIEU NOUS REMPLISSE DE JOIE ET DE PAIX !