Homélie du 24ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 5 septembre 2015La foi qui sauve
Textes bibliques : Lire
Les lectures bibliques de ce dimanche nous parlent de la foi. Nous avons tout d’abord le témoignage d’Isaïe. En lisant ce texte, nous pensons aux prophètes qui doivent faire face à des adversaires violents. Mais malgré les difficultés, ils restent fidèles à leur mission. Ils sont obligés de ramer à contre courant. Ils sont victimes d’outrages et de crachats. Mais Isaïe ne se décourage pas car, dit-il, “le Seigneur vient à mon secours… Il prend ma défense ; qui donc me condamnera ?”
Les chrétiens d’aujourd’hui doivent aussi ramer à contre courant pour rester fidèles à leur foi. Ils sont affrontés à l’indifférence et à la dérision. C’est dans ce monde tel qu’il est que nous avons à témoigner de notre foi. Pour beaucoup, cela va jusqu’au sacrifice de leur vie. Mais leur confiance en Dieu reste inébranlable. Ils ont la ferme conviction que le mal et la violence n’auront pas le dernier mot. C’est l’amour qui triomphera.
Dans sa lettre, saint Jacques nous invite à accueillir cet amour qui est en Dieu. Mais il ne suffit pas d’avoir la foi dans le cœur. Nous ne pouvons pas nous contenter de belles paroles. La foi qui n’agit pas est morte. Nous ne pouvons pas nous dire disciples du Christ si nous n’agissons pas en conséquence. Cet engagement doit se traduire par un service effectif des autres. Seuls les actes disent la vérité de nos paroles. Un jour, Jésus a dit : “ce ne sont pas ceux qui disent Seigneur, Seigneur qui entreront dans le Royaume des cieux mais ceux qui font la volonté de mon Père.
Dans l’Évangile, nous trouvons Jésus à Césarée de Philippe en plein territoire païen. Il marche dans la campagne et il interroge ses disciples : “Pour les gens qui suis-je ?” Son ministère a connu un grand succès. Il a manifesté une bonté extraordinaire à l’égard des malades, des pécheurs et des exclus de toutes sortes. Sa puissance a beaucoup impressionné les gens qui le voyaient. Alors son se demande qui est ce personnage à la fois si puissant et si bon.
Les disciples lui rapportent les paroles qui circulent dans la foule. Pour certains, il est Jean Baptiste ressuscité, pour d’autres Élie, pour d’autres encore un prophète. Dans notre monde d’aujourd’hui, c’est souvent la même chose : on entend dire que Jésus est un homme généreux, un sage, un homme qui fait des miracles. En fait, on ne sait pas trop. La plupart ne sont pas certains de sa véritable identité.
Mais voilà qu’arrive une question un peu provocante : “Et vous, que dites-vous ? Pour vous qui suis-je ?” La réponse de Pierre semble la meilleure : “Tu es le Christ.” Cette affirmation est porteuse de toutes les espérances du monde juif. On attendait un Messie qui libèrerait le pays de l’occupant étranger. Il rétablirait la royauté en Israël. Avec lui, ce serait l’avènement du règne d’un Dieu puisant et fort.
“Tu es le Christ” dit Pierre. Cette réponse est bonne mais elle a des limites. Les mots ne suffisent pas. Il faut que notre vie soit en accord avec nos paroles. Jésus montre à Pierre et à chacun de nous le décalage entre notre pensée et celle de Dieu. Dans l’Évangile, il annonce qu’il va souffrir, être rejeté et condamné à mort par les autorités. Pierre ne s’attendait pas à une telle révélation. C’est vrai pour nous aussi. Le Christ n’est jamais celui qu’on imagine.
Pour accepter un messie de douleur, il y a un abîme à franchir. Les apôtres ont du mal croire en un Messie souffrant. Et c’est vrai aussi pour nous aujourd’hui. Mais après la résurrection de Jésus, ils comprendront que la mort n’est pas un échec. Elle nous a ouvert le plus haut chemin, celui qui a donné naissance à une nouvelle humanité.
Au fond, pour vraiment connaître Jésus, il n’y a qu’une méthode : c’est de marcher à sa suite, c’est de se laisser conduire par lui, c’est de mettre nos pas dans les siens. Nous sommes sur un chemin de croix, non plus le nôtre, mais celui de Jésus. Rappelons-nous cette parole : “Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive !” Cette croix, nous la portons peut-être en boitant. Mais elle ne nous empêche pas de chanter : “Victoire, tu règneras, o croix tu nous sauveras.”
Sources : Revues Signes et Feu nouveau – Reste avec nous quand vient le soir (Laurette Lepage) – Homélies des dimanches B (Mgr Léon Soulier) – Guide Emmaüs des dimanches et fêtes (JP Bagot – Lectures bibliques des dimanches (Albert Vanhoye.
Il arrive qu’un dessin en dit plus que des belles paroles. Pour preuve, je vous signale celui de “Lapin bleu” :
http://lapinbleu.over-blog.net/article-3621000.html
Pour vous qui suis-je ? cette question, nous la connaissons : Tu es le Messie ! la réponse remplie de confiance et d’espoir de Pierre fuse de son coeour : “Tu es le Messie !” Même mieux, dans Matthieu, il dira : “Tu es le Christ, le fils du Dieu vivant !”
Après cette affirmation, il ne peut pas admettre que le Christ puisse souffrir sa Passion et mourir; pas possible du tout; il se met à lui faire de vifs reproches. La réaction de Jésus ne se fait pas attendre : “Passe derrière moi, Satan ! tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes.” Pauvre Pierre, il lui a fallu du temps pour comprendre, comme à nous-mêmes. La souffrance déconcerte toujours et souvent elle scandalise; qui peut aimer la souffrance ? quand Jésus déclare qu’il va beaucoup souffrir, qu’il sera rejeté par tous, qu’il sera même tué, on peut comprendre sa réaction
Dans la première lecture de ce dimanche, dans Isaïe, on voit ce messager de Dieu en butte à la persécution, mais il garde confiance, il croit en Dieu. Isaïe nous présente le portrait du serviteur souffrant. Le Seigneur s’identifie à ce serviteur : souffrir et garder confiance en Dieu qui le glorifiera.
“Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et me suive.” Pour le suivre il faut avoir le même état d’esprit; Ne pas être tenté de suivre un Messie dominateur, d’oublier l’angoisse du doute, de la misère humaine, de la mort… Mais le Fils de l’Homme refuse d’être roi : le Serviteur est bafoué, crucifié par les grands prêtres, il assume sa mission jusqu’à mourir sur la Croix.
Et nous, qui suivrons-nous, Lui ou les puissants de ce monde ? Comment rester dans le camp de Dieu dans cette jungle, du chacun pour soi ? L’apôtre Jacques nous aide à répondre à cette question, non pas par des mots mais par des actes, pour marcher derrière le Serviteur souffrant. Notre foi pour être authentique doit s’exprimer par des actes concrets : “C’est par mes actes que je te montrerai ma foi.” en étant serviteur de ceux qui souffrent, de ceux qui ont faim, de ceux qui sont persécutés.
Ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, (…) afin que quiconque croit en lui ne se perde pas »
Aujourd’hui notre Seigneur Jésus Christ est en croix et nous sommes en fête, afin que vous sachiez que la croix est une fête et une célébration spirituelle. Jadis la croix désignait un châtiment, maintenant elle est devenue objet d’honneur. Autrefois symbole de condamnation, la voici maintenant principe de salut. Car elle est pour nous la cause de biens innombrables : elle nous a délivrés de l’erreur, éclairés dans les ténèbres et réconciliés avec Dieu ; nous étions devenus pour lui des ennemis et des étrangers lointains, et elle nous a rendu son amitié et rapprochés de lui. Elle est pour nous la destruction de l’inimitié, le gage de la paix, le trésor de mille biens.
Grâce à elle, nous n’errons plus dans les déserts, car nous connaissons le vrai chemin. Nous ne demeurons plus hors du palais royal, car nous avons trouvé la porte. Nous ne craignons pas les armes enflammées du diable, car nous avons découvert la fontaine. Grâce à elle, nous ne sommes plus dans le veuvage, puisque nous avons retrouvé l’Époux. Nous n’avons pas peur du loup, car nous avons le bon pasteur. Grâce à la croix, nous ne redoutons pas l’usurpateur, puisque nous siégeons aux côtés du Roi.
Saint Jean Chrysostome