Homélie du 26ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 19 septembre 2015
Changez vos cœurs
Les lectures bibliques de ce dimanche nous révèlent un Dieu qui veut nous conduire sur le chemin de la Vie. Pour cela, il vient nous libérer de tout ce qui nous en détourne. Sur la route vers la terre promise, les hébreux n’étaient qu’un simple ramassis d’esclaves. Moïse avait été choisi par Dieu pour les conduire vers la liberté. Mais comme la charge devenait trop lourde, il a réparti son pouvoir en nommant des responsables. Dieu lui a promis de répandre son esprit sur ces derniers.
Mais un problème se pose : deux hommes, Eldad et Médad se mettent à prophétiser alors qu’ils n’ont pas été désignés. Josué les dénonce à Moïse. Il leur reproche un “exercice illégal de prophétie”. Mais on ne peut empêcher l’Esprit de Dieu de souffler où il veut. Personne n’en a le monopole. C’est vrai aussi pour nous aujourd’hui. On a longtemps pensé que seuls le pape, les évêques et les prêtres étaient les seuls à avoir le droit de parler de la part de Dieu. Aujourd’hui, nous voyons des chrétiens qui se forment pour exercer des responsabilités d’enseignement religieux et d’aumônerie dans les collèges, les lycées ou les hôpitaux. Et ce qui est extraordinaire c’est que l’Esprit est à l’œuvre même en dehors de l’Église. Il intervient aussi dans le cœur de ceux qui sont d’une autre religion et dans celui de tous les hommes.
Dans l’Évangile, c’est un peu la même question qui est posée à Jésus. Rappelons-nous, ils viennent de se disputer les premiers postes. Ils pensent qu’ils sont les seuls titulaires de ce pouvoir. Ils sont contrariés de voir un homme qui chasse les démons au nom de Jésus. C’est de la concurrence déloyale. Le Christ voudrait les ramener à un peu plus d’humilité. Il ne faut pas empêcher celui qui agit au nom de Jésus. Comprenons bien, le démon c’est celui qui nous entraîne sur des chemins de perdition. Si on le chasse, on ne peut pas être contre Jésus.
La suite de l’Évangile nous montre les avertissements sévères à l’égard de celui qui entraînera la chute d’un petit. Faire tomber un disciple qui a décidé de suivre Jésus est extrêmement grave. Quand saint Marc écrit son Évangile, il pense à ceux qui ne sont pas de “notre Église”. Parmi eux, se trouvent des sympathisants qui sont prêts à franchir le seuil. On ne doit pas les refouler. Bien au contraire, nous sommes envoyés pour travailler au salut de tous les hommes. Dieu les aime tous et il ne veut pas qu’un seul se perde.
Dans l’Évangile, nous trouvons trois exemples pour prévenir la chute. Jésus nous parle d’abord de la main. Elle est faite pour recevoir les dons de Dieu et les partager. La main qui entraîne au péché c’est celle qui cherche à accumuler des richesses au détriment des plus pauvres. Elle n’hésite pas à frapper pour en avoir encore plus. C’est cette soif de richesses qui peut entraîner la chute d’un petit. C’est extrêmement grave, surtout quand ça vient d’un chrétien.
Le pied, c’est l’indépendance et l’autonomie. Il permet d’aller et venir. Aujourd’hui, nous comprenons que Jésus nous appelle tous à marcher à sa suite. Il est le chemin, la Vérité et la Vie. C’est par lui que nous allons au Père. On peut pécher avec le pied quand on court vers le mal et qu’on y entraîne les autres. Pécher avec le pied, c’est se détourner de Dieu et s’engager sur des chemins de perdition.
Le péché de l’œil c’est de voir bon ce que Dieu déclare mauvais. Les yeux peuvent nous entraîner dans l’illusion et nous détourner de Dieu et des autres. Nous pensons au riche qui n’avait pas vu le pauvre Lazare au pied de sa porte. Son péché a été de ne voir que lui même et ses intérêts personnels immédiats.
C’est exactement cela que dénonce la lettre de Saint Jacques (2ème lecture). Il s’attaque à ceux qui accumulent pour eux richesses et argent. Il s’en prend à ceux qui exploitent les travailleurs qui sont sous leurs ordres. Ces richesses qu’ils empilent “sont pourries”. Elles ne font que fausser les relations de fraternité et de justice. Si Dieu nous donne plus de biens, c’est pour faire plus d’heureux. Ce qui fait la valeur d’une vie c’est l’amour.
Dans l’Évangile, Jésus nous demande de couper et de trancher. Il ne s’agit pas d’une mutilation ; ce qui nous est demandé c’est de rompre d’une manière catégorique avec ces habitudes qui nous entraînent au péché. Le Seigneur attend de nous un véritable retournement : que notre main soit toujours tendue vers Dieu et vers les autres, que nos pieds marchent à la suite de Jésus, que nos yeux voient les autres avec le regard même de Dieu, un regard plein d’amour et de tendresse.
En ce jour, nous faisons nôtres les paroles de ce chant : “Changez vos cœurs, croyez à la Bonne Nouvelle. Changez de vie, croyez que Dieu vous aime !”
Sources : Revue Signes, Homélies pour l’année B (Amédée Brunot) – au service de la Parole (Bernard Prévost) – Guide Emmaüs des dimanches et fêtes (JP. Bagot) – Commentaire de Sœur Claire.
Une précision : Le petit logo “spam poison” est destiné aux très nombreux robots spammeurs qui cherchent à polluer ce site. Il ouvre sur des adresses mail fantaisistes qui vont les saturer.
“ah ! si le Seigneur pouvait mettre son Esprit en eux pour faire de tout son peuple, un peuple de prophètes ! La même réaction dans la première lecture et l’Evangile.
On se croit propriétaire ! mais l’Esprit souffle où il veut !
C’est l’esprit qui agit, qui est à l’oeuvre dans et hors de l’Eglise. Nous n’en avons pas le monopole. On le voit du temps de Moïse pour Eldad et Médad qui se mirent à prophétiser, bien que n’étant pas allés à la Tente de la Rencontre; mais ils reçurent l’Esprit et cela choque Josué; comme plus tard, Jean de voir de ceux “qui n’étaient pas des leurs, chasser des esprits mauvais.
Aujourd’hui, comme au temps de Moïse, l’Esprit de Dieu n’est pas confiné dans nos églises, dans nos frontières.
Sommes-nous les propiétaires de l’Esprit ? sommes-nous jaloux que d’autres, hors de la religion puissent agir au nom de ce même Esprit ? Réjouissons-nous plutôt de voir que l’Esprit soit répandu, donné gratuitement, en abondance pour que tout homme se conduise en homme libre et juste.
Le salut de Dieu est offert à tous les hommes. Le Seigneur, n’a pas fait le tri quand il s’est offert en victime sur le bois de la Croix. L’Esprit de Dieu est un Esprit de liberté.
“Dieu veut que tous les hommes soient sauvés (1 Timothée 2, 5). Aussi, nous devons laisser l’Esprit s’exprimer hors de nos cadres habituels et prendre conscience, comme Jésus le rappelle, que l’Esprit n’appartient pas seulement aux disciples. Il est donné à tous, à condition que les coeurs ne soient pas esclaves ni des biens matériels, ni des mondanités.
Dans la lettre de Jacques, on voit que là encore les choses n’ont pas changé; et comme à son habitude, il ne mâche pas ses mots : Ecoutez-moi, vous les gens riches !… des travailleurs ont ont moissonnés vos terres et vous ne les avez pas payés… Ne venons-nous pas de voir ce qui s’est passé avec les travailleurs marocains qui ont du lutter pendant 15 ans pour obtenir la justice ? Le temps passe
mais les hommes sont toujours les mêmes.
Seigneur, mets en nous ton Esprit d’amour et de justice.