Homélie pour la fête de tous les saints
Abbé Jean Compazieu | 23 octobre 2015L’immense cortège de tous les saints
Textes bibliques : Textes bibliques : Lire
Les lectures de ce jour nous annoncent une bonne nouvelle : nous sommes tous appelés à devenir des saints. Certains peuvent se dire : “ce n’est pas pour moi pauvre pêcheur”. En fait, la sainteté est bien pour tous car le ciel il n’y a pas des saints. Pour nous aider comprendre cet appel, nous prenons le temps de revenir sur les textes bibliques de ce jour.
Nous avons l’Apocalypse de saint Jean. Ce mot « Apocalypse » nous fait penser à une catastrophe. En réalité, il s’agit d’une révélation. Ce livre vient nous révéler le but de la vie chrétienne. Il veut encourager les chrétiens persécutés : « tenez bon, le mal n’aura pas le dernier mot ». Nous sommes tous appelés à la plénitude de la joie. Tous ces morts que nous pensions emportés dans la tourmente sont avec Jésus dans le bonheur de son Royaume. Ils ont obtenu la récompense de leur amour et de leur fidélité. En écoutant ce texte nous pensons, bien sûr, aux nombreux chrétiens persécutés d’hier et d’aujourd’hui. Leur témoignage doit réveiller notre foi et notre espérance.
Dans la seconde lecture, c’est saint Jean qui nous parle. Il nous dit que chacun de nous est un « enfant bien-aimé de Dieu » ; nous sommes appelés à partager sa gloire. Un jour, nous le verrons tel qu’il est. Nos pauvres mots sont bien limités pour dire ce monde tout autre de Dieu. C’est un monde qui nous surprendra quand il se manifestera. Nous sommes invités à l’accueillir en répondant chaque jour à l’amour dont Dieu nous entoure. Saint Paul nous dit : “S’il me manque l’amour, je ne suis rien… L’amour ne passera jamais.”
L’Évangile qui est proclamée en ce jour ne nous parle que de bonheur. Il nous dit : “heureux les pauvres de cœur… Ceux qui pleurent… Ceux qui sont persécutés pour la justice… les cœurs purs… les miséricordieux…” Voilà un message qui va à contresens de ce que pensent la plupart des gens. Notre monde croit que pour être heureux, il faut être riche et en bonne santé plutôt que pauvre et malade. Beaucoup n’hésitent pas à frapper pour posséder toujours plus. Ils pensent que l’accumulation des biens matériels pourra les combler. Mais ce n’est pas vrai.
Le seul qui peut vraiment nous combler c’est Dieu lui-même. Pour aller à lui, il nous faut nous débarrasser de tout ce qui nous encombre, notre orgueil, nos prétentions. Pensons à mère Teresa de Calcutta : elle n’avait rien pour elle même. Tout était pour Dieu à travers les plus pauvres parmi les pauvres. Ce témoignage et bien d’autres nous rappellent que ce qui fait la valeur d’une vie, c’est l’amour. Si nous donnons à Dieu la priorité dans notre vie, si nous sommes prêts à renoncer à tout ce qui nous détourne de lui, nous trouverons le vrai bonheur ; lui seul pourra nous combler pleinement.
Voilà ce chemin de sainteté qui nous est proposée. Comprenons bien : les saints que nous fêtons en ce jour, ce ne sont pas des gens qui n’ont rien à se reprocher. Nous connaissons l’histoire de ce pharisien qui rendait grâce à Dieu parce qu’il était meilleur que tous les autres. Pendant ce temps, le publicain suppliait : « Mon Dieu prend pitié du pêcheur que je suis. » Or c’est précisément ce pauvre pêcheur qui a trouvé grâce devant Dieu. Il était ouvert à la miséricorde divine.
Tout cela nous rappelle que la sainteté ne se gagne pas à la force du poignet. Il ne s’agit pas de performances à accomplir. Il n’est pas question de faire des choses pour « avoir droit » au Royaume. Ce que Dieu attend de nous, c’est que nous le laissions agir en nous. Il est comme le potier qui veut réaliser un chef-d’œuvre. Il attend de nous que nous soyons coopératifs pour qu’il nous façonne son image. Avec une infinie délicatesse, il nous fait avancer d’étape en étape ; il nous fait abandonner ce qui nous retient loin de lui ; il guérit nos blessures, il redresse ce qui est faussé à nous, sans le briser.
Un jour, une petite fille regardait des vitraux dans une église. On lui explique les personnages, la vierge Marie, Saint-Joseph, sainte Thérèse… Quelques jours plus tard, elle est dans un groupe de catéchismes. On demande aux enfants s’ils savent ce qu’est un saint. Elle a aussitôt cette réponse merveilleuse : « c’est quelqu’un qui laisse passer la lumière ». C’est vrai la lumière et l’amour de Dieu doivent pénétrer en nous au plus profond de nos vies. C’est ainsi que le Seigneur veut faire de nous des saints.
Notre pape François vient de canoniser Louis et Zélie Martin, parents de Sainte Thérèse de Lisieux. Ils ont vécu une vie toute simple mais ils ont “laissé passer la lumière”. En communion avec tous les chrétiens du monde entier nous proclamons et nous chantons : “Dieu, nous te louons, seigneur, notamment dans l’immense cortège de tous les saints.”
D’autres commentaires sur le blog de notre paroisse
Sources : revue feu nouveau – signes – homélies pour l’année C, dimanches et fêtes (Amédée Brunot) – ADAP Nouvelle-Calédonie
FETE DE TOUS-LES-SAINTS – année B – Dimanche 1er novembre 2015 – Evangile de Matthieu 5, 1-12
DU BONHEUR TERRESTRE AU BONHEUR DU CIEL
Chaque fois que survient une catastrophe ou une calamité naturelle, il y a toujours un journaliste ou un témoin rescapé pour s’exclamer : « Une vision d’apocalypse ! ». Ce mot est devenu synonyme d’horreur, de destruction épouvantable. Curieuse dérive car les dictionnaires grecs nous apprennent que « apocalypse » signifie « révélation », dévoilement d’une réalité cachée. Lorsque Jean, jadis, à Patmos, intitule son livre « Apocalypse de Jésus Christ », il transmet l’heureuse révélation qu’il a reçue : si l’histoire des hommes ressemble souvent à un enfer de crimes, de cruautés et de désastres, à travers ces dévastations qui font des millions de victimes, Dieu réalise le salut des hommes.
L’Apocalypse est donc une Bonne Nouvelle : en dépit des apparences, il n’y a pas une fatalité de la victoire du mal, une dictature de la mort, une déchéance inéluctable vers l’abîme. Jean contemple la réussite du projet de Dieu et nous y sommes convoqués. – 1ère lecture de ce jour.
J’ai vu une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, de toutes nations. Ils se tenaient debout devant le Trône de Dieu et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main. Et ils s’écriaient d’une voix forte : « Le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le Trône et à l’Agneau ! » Tous les anges se prosternèrent devant Dieu et ils disaient : « Amen ! Louange, gloire, sagesse et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen ! » L’un des Anciens me dit : « Ces gens vêtus de robes blanches viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont purifiées par le sang de l’Agneau. C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu, et le servent, jour et nuit, dans son sanctuaire. Celui qui siège sur le Trône établira sa demeure chez eux. L’Agneau qui se tient au milieu du Trône sera leur pasteur pour les conduire aux sources des eaux de la vie. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. »
La vie de ces hommes a toujours été un dur combat contre les tentations mais ils sont devenus tous saints non par leur héroïsme, leurs talents, leurs extases mais parce qu’ils ont cru que le sang de Jésus leur donnait le pardon de toutes leurs fautes et les comblait de Vie.
Maintenant déjà, en suivant l’Agneau qui leur montre le chemin dans l’Evangile, leur existence est comme un pèlerinage qui les conduit à leur Père tandis que la multitude des Anges loue Dieu capable de cette merveille. Ils ne pleureront plus, ils étancheront leur désir d’amour aux sources du salut.
Prodigieuse vision apte à nous remplir d’espérance et de force pour continuer le combat. Marie, la Mère de Jésus, Joseph, Pierre et les Apôtres, les plus grandes figures de l’histoire – St Benoît, St François, St Dominique, St Vincent de Paul, P. Damien, M. Kolbe…- mais également les milliards d’hommes et de femmes, de tous âges, de toutes conditions, de toutes nations : enfin l’Humanité est reconstituée dans sa beauté. Enfin apparaît sa véritable grandeur, non celle que donnent la richesse, la gloire, la renommée, mais celle de l’amour portant les stigmates du service, des coups et de la persécution.
S’ils ont atteint le terme bienheureux de leur existence, c’est parce que, ici bas, ils avaient décidé de chercher le bonheur par le chemin révélé par Jésus, le Bon Pasteur qui veut nous éviter les impasses, les bonheurs mensongers pour nous accomplir en plénitude. – évangile du jour.
HEUREUX CEUX QUI S’ENGAGENT SUR LA VOIE DES BEATITUDES
Portique d’entrée de la mission de Jésus, ce message ne promulgue pas une loi : il invite quiconque à entrer, à prendre ce chemin étroit sans s’égarer sur la route large de la perdition.
Les huit Béatitudes vont par paires : nous ne cesserons jamais de les méditer.
Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
Le trésor du Royaume ne peut être donné qu’aux pauvres. La pauvreté est d’abord intérieure, « en esprit », celle du cœur débarrassé de son orgueil et de sa vanité ; mais elle entraîne évidemment la sobriété, la simplicité du mode de vie. En effet « les doux héritant la terre » sont, d’après le psaume 37, les croyants qui jugulent leur avidité, n’accumulent pas les possessions, n’usent pas de violence pour accroître leurs biens, ont pitié des malheureux. Le pauvre attend le Seigneur avec confiance, il limite son avidité, il partage, il est désencombré de lui-même.
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
Il ne s’agit pas des gens qui sont en deuil et que l’on console par une vague promesse mais « des endeuillés de Sion » (Isaïe 61, 7), c.à.d. des gens qui souffrent terriblement de voir les impies saccager la Ville que Dieu voudrait bâtir avec les hommes qui désirent la justice de tout leur cœur. Que de raisons de sangloter en constatant la perversité de certains, en énumérant les victimes de leurs carnages, en voyant des femmes vendues comme esclaves et des enfants violés ! Ces spectacles à répétition nous jetteraient par terre, nous entraîneraient dans le désespoir : Jésus nous appelle à tenir bon dans l’espérance. Tandis que s’écrouleront les unes après les autres les folles constructions des impies, ceux qui ont faim de la justice et de la paix seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Dans la Bible, le cœur ne désigne pas l’affection mais le lieu central de la personne, là où elle prend ses décisions, où elle opte pour des valeurs. Le cœur peut se fermer, devenir insensible à autrui : il étouffera dans son blockhaus. Mais il est heureux s’il se garde tendre et fragile, s’il compatit aux détresses des autres, s’il se donne afin d’alléger leurs peines, les guérir de leurs maladies. Ce cœur recevra au centuple ce qu’il a pu donner, Dieu le comblera de sa miséricorde infinie.
Le cœur peut aussi être indécis, voltiger dans tous les sens, s’ouvrir à toutes les mixtures et impuretés : refusant d’opter, il reste aveugle. Mais le cœur qui rassemble ses énergies pour chercher vraiment, celui qui sera unifié, purifié par sa recherche de vérité, découvrira Dieu.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute
et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux !
C’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.
Certains rêvent de paix, y aspirent, se fient à d’autres pour la faire ou, lassés, abandonnent toute recherche. Le croyant « heureux de Dieu » n’attend pas la paix : il la construit peu à peu, à longueur de vie comme un petit artisan. Il ne rate aucune occasion, il invente des procédés, il multiplie les démarches et lorsque son œuvre est détruite par les impies, sans se lasser il recommence. L’essentiel n’est pas que la paix surgisse définitive mais que le travail, l’artisanat opéré par la charité, se poursuive.
Pire que ses maladresses et ses échecs, l’artisan de paix fera l’expérience douloureuse, sanglante, de l’opposition, de la contradiction, des injures, des coups et même de la mort. Car la paix qu’il veut n’est pas celle d’un clan, d’une nation, d’une armée mais celle qui cherche à rassembler la diversité des hommes en une seule humanité, celle qui croit au respect de l’autre et non à la violence, celle qui se bâtit par le dialogue et le pardon. Toujours, hélas, certains enragés se lèveront contre cet idéal.
Devant le danger, la peur risquera de nous arrêter : aussi Jésus insiste fortement. Si on t’injurie, si on te frappe, si on te condamne au nom de ta foi et par attachement à Moi, ne crains pas. Car c’est alors que tu vivras l’ensemble des 8 Béatitudes :
Tu seras vraiment pauvre, dépouillé de tes biens et surtout de toi-même ; tu seras atteint par la souffrance des hommes, tu gémiras, tu pleureras avec eux sur tant de vies perdues ; ainsi ton cœur sera purifié de ses scories, unifié par un seul amour ; alors comblé par la miséricorde du Père tu pourras pardonner de tout ton cœur ; sans idéologie ni illusions mais avec patience et ténacité, tu apporteras ta petite pierre pour bâtir la paix. Et « ta récompense » sera d’être parfois incompris, critiqué, moqué et parfois frappé, condamné, persécuté pour ta foi.
Et tout cela, nous le recevrons, nous le vivrons comme une Bonne Nouvelle, un « Bonheur ». Alleluia !!
En suivant l’Agneau en compagnie de la multitude infinie de nos frères en foi, ensemble, rescapés de la grande épreuve, nous exulterons dans la Louange éternelle.
Raphaël. dominicain.
Ils sont nombreux les bienheureux
Qui n’ont jamais fait parler d’eux
Et qui n’ont pas laissé d’image
Tous ceux qui ont depuis des âges
Aimé sans cesse et de leur mieux
Autant leurs frères que leur Dieu !
Ceux dont on ne dit pas un mot
Ces bienheureux de l’humble classe
Ceux qui n’ont pas fait de miracle
Ceux qui n’ont jamais eu d’extase
Et qui n’ont laissé d’autre trace
Qu’un coin de terre ou un berceau.
Ils sont nombreux, ces gens de rien
Ces bienheureux du quotidien
Qui n’entreront pas dans l’histoire
Ceux qui ont travaillé sans gloire
Et qui se sont usé les mains
A pétrir, à gagner le pain.
Ils ont leurs noms sur tant de pierres
Et quelquefois dans nos prières
Mais ils sont dans le coeur de Dieu !
Et quand l’un d’eux quitte la terre
Pour gagner la maison du Père
Une étoile naît dans les cieux.
Ils sont nombreux les bienheureux
Qui n’ont jamais fait parler d’eux
Et qui n’ont pas laissé d’image
Tous ceux qui ont depuis des âges
Aimé sans cesse et de leur mieux
Autant leurs frères que leur Dieu !
Ceux dont on ne dit pas un mot
Ces bienheureux de l’humble classe
Ceux qui n’ont pas fait de miracle
Ceux qui n’ont jamais eu d’extase
Et qui n’ont laissé d’autre trace
Qu’un coin de terre ou un berceau.
Ils sont nombreux, ces gens de rien
Ces bienheureux du quotidien
Qui n’entreront pas dans l’histoire
Ceux qui ont travaillé sans gloire
Et qui se sont usé les mains
A pétrir, à gagner le pain.
Ils ont leurs noms sur tant de pierres
Et quelquefois dans nos prières
Mais ils sont dans le coeur de Dieu !
Et quand l’un d’eux quitte la terre
Pour gagner la maison du Père
Une étoile naît dans les cieux.
Vivre les béatitudes, c’est suivre l’exemple de Jésus, Il était les “Béatitudes” : doux et humble de coeur, miséricordieux….
Les Béatitudes, c’est la bonne nouvelle que le Seigneur est venu nous apporter.
Le bonheur se réalise dans l’oubli de soi-même, au service des autres. Oui, ils sont heureux, ceux qui se sont détachés d’eux-mêmes pour se mettre à l’écoute de ceux qui sont dans la peine.
Heureux, ceux qui pleurent sur le malheur de leurs frères. Heureux, ceux qui aiment la justice, qui se battent pour la paix et pour les causes qu’ils croient justes.
Le bonheur d’une vie est dans la qualité de nos relations avec les autres, dans la capacité à aimer, à servir, à durer dans le service. Heureux, dit le Christ, celui dont le coeur est assez pauvre, assez disponible pour s’ouvrir à Dieu et aux autres.
Heureux ceux qui sont persécutés à cause de leur foi, qu’ils soient dans l’allégresse, ils sont au coeur de Dieu.
Heureux serez-vous si l’on vous persécute, et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux !
Heureux sommes-nous dès maintenant de nous savoir aimés, soutenus dans notre marche à la rencontre de ceux qui nous ont précédés auprès du Père.