Homélie de la fête du Baptême du Seigneur.
Abbé Jean Compazieu | 2 janvier 2016
“Appelés enfants de Dieu…”
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Dimanche dernier, c’était la fête de l’Épiphanie ; nous devons nous rappeler que ce mot signifie « manifestation » ou « révélation ». Cette fête nous montre Jésus qui est manifesté au monde. Elle ne se limite pas à la visite des mages. L’Épiphanie c’est tout autant la naissance de Jésus à Bethléem, la visite des mages, le baptême de Jésus au Jourdain, les noces de Cana (dimanche prochain).
Cette bonne nouvelle était déjà annoncée par le prophète Isaïe (première lecture). Nous avons entendu des paroles très fortes : “Consolez, consolez mon peuple.” Ce message d’espérance est adressé à un peuple qui vient de vivre des années de guerre, de destruction et de déportation. Rien ne lui a été épargné. Et voilà que le prophète Isaïe lui annonce qu’il a reçu le double pour toutes ses fautes. Il ne s’agit pas d’une double punition mais d’une surabondance de consolation. “Là où le péché abondé, l’amour à surabondé” (lettre de saint Paul aux Romains). Quand on revient vers le Seigneur et qu’il nous console, nous retrouvons la joie. C’est de cela que nous avons besoin.
Dans sa lettre à Tite (deuxième lecture), saint Paul donne précisément à Jésus le titre de Sauveur. Il s’agit du « salut de tous les hommes ». Le baptême donné par Jean-Baptiste n’était qu’un geste de pénitence. Avec Jésus Sauveur, nous sommes plongés dans cet océan d’amour qui est en Dieu Père, Fils et Saint Esprit. Désormais plus rien ne peut être comme avant. Pour ceux qui venaient du monde païen, c’était un changement radical. Avec Jésus c’est une vie nouvelle qui commençait pour eux. C’était comme une nouvelle naissance. Nous avons tous besoin de retrouver la force de cette présence du Seigneur dans notre vie et notre monde.
Avec l’Évangile, nous trouvons Jean-Baptiste qui annonce la venue de de celui qui apporte la “consolation” au monde. Nous devons nous disposer à l’accueillir. Dans ce récit du baptême de Jésus, nous assistons à un double mouvement de descente et de remontée : le Christ vrai Dieu et vrai homme descend de plus en plus bas dans l’abîme de notre perdition ; il nous rejoint dans l’horreur de notre iniquité, de la déchéance de l’homme qui tue l’homme son frère. Lui qui est sans faute, il laisse entrer en lui notre désespérance. Il est descendu jusqu’à la croix, jusqu’aux enfers que l’homme se forge ; il vient nous en arracher.
Puis c’est la remontée. Après avoir été plongé par Jean Baptiste dans l’eau, Jésus est en prière. Et voilà que le ciel s’ouvre : c’est l’annonce de notre divinisation ; on attendait cela depuis les origines ; les cieux étaient fermés depuis le péché d’Adam et Eve ; tous attendaient le salut de Dieu. Tout au long de la Bible, nous trouvons des prières qui disent cette attente : « Ah ! Si tu ouvrais les cieux et si tu descendais ! » Aujourd’hui, le ciel s’est ouvert à la prière de Jésus. Cette espérance se réalise.
« L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus. » Saint Pierre Chrysologue évoque la colombe de Noé qui annonce la fin du déluge. Cette même colombe annonce que le naufrage du monde a cessé définitivement. Les cieux se sont ouverts et ils ne se sont plus jamais fermés. On a de nouveau accès à Dieu. La communion avec lui est rendue parfaitement possible. En remontant de l’eau, Jésus entraîne et élève le monde avec lui.
Au jour de notre baptême, nous avons été plongés dans l’amour Trinitaire pour devenir un avec Dieu. Jean Baptiste annonçait le baptême dans l’Esprit Saint et le feu. C’est de cela qu’il s’agit : le baptême nous donne le Christ pour passer avec lui continuellement de la mort à la vie, du péché à la sainteté, de l’angoisse à l’amour.
Le pape François nous a fait entrer dans une année de la miséricorde. Cette porte sainte que nous avons passée nous rappelle que le Christ est « la porte des brebis ». C’est par lui que nous passons pour aller à Dieu. Pour avancer sur cette route, nous sommes invités à nous nourrir de sa Parole et de son Eucharistie.
« Vivons en enfant de lumière
sur les chemins où l’Esprit nous conduit.
que vive en nous l’amour du Père. »
Sources : revue signes, feu nouveau, saisons bibliques 1, lecture biblique des dimanches (Albert Vanhoye), commentaire de Claire Patier.
Télécharger : Le baptême de Jésus
Le « fleuve en crue » de l’arrogance, de la méchanceté humaine et de la misère « ne peut rien contre l’océan de miséricorde qui inonde notre monde » (Pape François)
Nous venons de fêter la naissance du Seigneur, naissance comme celle de tous les enfants du monde; puis l’adoration de mages et sa manifestation à toute les nations, Jésus Lumière du monde, lumière pour tous; que les païens aient droit au même héritage, au même corps, au partage de la même Promesse, dans le Christ, par l’annonce de l’Evangile. Merveille d’amour. Don gratuit. Aujourd’hui, nous célébrons son baptême. Jésus n’est plus un nourrisson ! il est adulte, ce n’est pas un bébé qu’on porte sur les fonts baptismaux.
C’est un adulte qui s’engage.
Mais Jésus n’avait pas besoin de se faire baptiser par Jean, il n’avait rien à se faire pardonner : Vrai Dieu, né du Vrai Dieu. Mais il a voulu vivre notre condition humaine dans tous les actes de la vie. Homme parmi les hommes. Il s’est petit, humble, serviteur, il s’est couvert de nos péchés, Lui qui est Dieu, s’est engendré par l’Esprit dans une femme, pour être semblable à nous. Voilà pourquoi, il demande le baptême, lui le Saint, Jésus, Fils de Dieu. Il a voulu vivre et faire les mêmes actes de ses contemporains, vivre comme nous.
Alors qu’il priait après qu’il ait été baptisé, le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint sous l’apparence d’une colombe descendit sur lui et du ciel une voix se fit entendre : “c’est toi mon Fils : moi, aujourd’hui, je t’ai engendré”.
L’Esprit Saint s’est souvent manifesté dans la vie de Jésus jusque sur la Croix où “il remit l’esprit”, nous dit Jean.
Jésus, sauveur du monde, s’est donné pour nous racheter de toutes nos fautes, et et de nous purifier. Il l’a fait dans sa miséricorde, et non pas à cause de nos actes méritoires.
C’est par la prière que l’Esprit Saint s’est manifesté à Jésus; il s’est toujours adressé au Père avant d’accomplir quelque guérison, quelqu’acte que ce soit.
Seigneur apprends-nous à prier comme toi seul sait le faire : Père, que ton Nom soit sanctifié.