Homélie du 5ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 29 janvier 2016
Allez par toute la terre…
Textes bibliques : Lire
Les textes bibliques de ce dimanche nous montrent comment Dieu appelle des hommes pour être ses messagers. Il s’est adressé à Isaïe qui n’avait que 20 ans pour lui confier la mission d’être prophète auprès de son peuple. Isaïe est saisi d’effroi ; devant la sainteté de Dieu, il prend conscience de son péché. Mais le feu divin purifie les lèvres d’Isaïe. Il pourra ainsi transmettre la parole brulante du Seigneur. Le même Dieu compte aussi sur nous pour nous partager sa vie. Il nous envoie pour être son messager malgré nos faiblesses et notre péché. Il a besoin de porte-paroles pour faire connaître et communiquer au monde ses secrets de bonheur.
La 2ème lecture nous parle de saint Paul qui est devenu apôtre du Christ. Au départ, il persécutait les chrétiens. Ce qui a fait de lui un apôtre du Christ ce n’est pas d’abord ses qualités d’orateur ni ses voyages missionnaires, ni son souci des pauvres et des opprimés. Le vrai point de départ a été sa rencontre avec le Christ ressuscité sur le chemin de Damas. Il l’a vu vivant au milieu des siens. Le Christ l’a appelé à le suivre ; lui-même nous dit : “c’est par la grâce de Dieu je suis ce que je suis”. Nous aussi, nous sommes le fruit de cette grâce aussi bien par nos qualités humaines que par la foi que nous avons reçue. Le Christ est toujours avec nous ; comme Paul et bien d’autres nous avons la responsabilité de transmettre ce que nous avons reçu.
L’Évangile nous parle de l’appel des premiers disciples. Pressé par la foule, Jésus a besoin d’être aidé. C’est important car il faut que le filet de la Parole atteigne tous les hommes. Cette aide, il va la demander aux pêcheurs qui ont mis leurs barques à sa disposition. Il va d’abord les inviter à avancer au large et de jeter leurs filets pour prendre du poisson.
Simon qui avait peiné toute la nuit sans rien prendre répond à l’invitation du Maître : “Sur ta parole, je vais jeter les filets.” Simon joue gros sur la Parole de Jésus. Il joue son avenir mais il ne le sait pas encore. Un seul geste exécuté à la demande du Seigneur et le résultat est inespéré. Il doit même demander à ses compagnons de l’autre barque de venir l’aider sinon cette pêche extraordinaire aurait été perdue.
Aujourd’hui comme autrefois, le Christ nous invite à avancer au large. Comme Pierre, nous n’avons peut-être pas envie de quitter la rive de nos habitudes, le sol ferme de nos certitudes. Comme Pierre, nous avons peiné des mois et des années sans grand résultat. Nous nous sommes engagés dans nos paroisses, nos quartiers, nos lieux de travail et de loisirs. Mais nous constatons que nos églises se vident ; la plupart des jeunes n’y mettent plus les pieds. Nos petits-enfants ne sont pas baptisés. Alors, on se dit qu’il faut s’organiser pour sauver ce qui peut l’être. On ne pense qu’à se protéger d’un monde qui nous ignore, nous ridiculise ou nous persécute.
Mais ce n’est pas cela que le Seigneur attend de nous : Ce qu’il nous demande, c’est d’avancer au large. Simon refait exactement ce qu’il a fait toute la nuit sans rien prendre. Mais cette fois, tout est changé car Jésus est à bord. Le bateau coule tellement il est chargé. La pêche miraculeuse, ça ne se fait pas tout seul : c’est une mission de toute l’Église. Mais il faut que Jésus soit à bord. Il doit être là pour commander la manœuvre, donner des ordres et se faire obéir. Il ne suffit pas d’avoir des plans bien élaborés ni d’utiliser les techniques les plus modernes. Le plus important c’est de jeter les filets et de la faire avec foi “sur sa parole”. La pêche miraculeuse, c’est lui qui s’en charge. Le principal travail, c’est lui qui le fait dans le cœur de ceux et celles à qui nous annonçons la Parole.
Comme Isaïe et les apôtres Pierre et Paul, nous sommes tous appelés par le Seigneur. Il compte sur nous pour une mission bien précise. Il ne s’adresse pas nécessairement aux meilleurs ni aux plus saints. Il n’appelle pas que les enfants sages. Il peut venir nous chercher très loin et très bas. Les grands témoins de la foi sont des pécheurs pardonnés. Son appel est toujours le même : “Avance au large et jetez vos filets.” Avec ce qui est petit et faible, le Seigneur peut faire des grandes choses. L’important c’est d’être AVEC le Seigneur.
En ce jour, nous te rendons grâces, Seigneur, car nous avons bénéficié de la pêche miraculeuse : le baptême nous a arrachés aux flots de la mort et nous a hissés sur la barque ; nous sommes sortis de l’eau comme le Christ est sorti du tombeau. Et nous sommes envoyés à notre tour comme Isaïe et Simon-Pierre. Inspire-nous les paroles et les gestes qui nous permettront d’arracher nos frères aux flots de la misère et de nous mettre à ton service. Amen
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Sources : Revue Signes – Feu Nouveau – Semainier chrétien – Missel des dimanches et fêtes des 3 années (Michel Wackenheim) – Homélies pour l’année C (Amédée Brunot) – Célébrons dimanche (Assemblées de la Parole des dimanches et fêtes)
“Avance au large, et jetez les filets!” Si Jésus envoie les siens à la pêche des hommes, c’est qu’ils viennent d’être pris eux-mêmes au filet de sa parole. Il leur faut alors courir l’aventure de la foi, accepter le risque de larguer les amarres, quitter la sécurité du port bien abrité, pour aller, au-delà de ce qui est prévisible et raisonnable, là où souffle l’Esprit. Il leur faut, après avoir été poissons, devenir pêcheurs à leur tour, sans craindre de peiner, comme de vrais apôtres: quitte à faire signe à leurs compagnons de l’autre barque – nous-mêmes – de venir les aider. En ces temps de crise où la tentation est grande de se replier sur tout ce que nous croyons en péril, la foi doit être plus que jamais une audace, une manière d’avancer au large, de jeter le filet, pour sauver tout ce qu’il faut encore gagner au Christ VIRC
Dieu peut venir nous chercher très loin et très bas. La preuve :
Comme Jérémie, Pierre, Paul, quand Dieu nous appelle, nous nous sentons si petits, si pécheurs, que notre première réaction c’est de lui dire : Seigneur, je n’ai aucune connaissance, aucune instruction, comment annoncer ta Parole ? comment parler en ton Nom ?
Ma vie aurait pu être tout autre si Dieu n’était pas venu me chercher dans les bas-fonds de la société dans une famille bancale; élevée par ma grand-mère qui faisait tout son possible, la pauvre pour que j’aie suffisamment à manger, mais trop pauvre pour être scolarisée – à l’époque, rien n’était gratuit, il fallait acheter livres, cahiers… pas de chaussures, de vêtements chauds. Pas de cathé, elle m’apprenait quand même les prières. La pauvre, elle-même, qu’elle vie avait-elle eue.
C’est la vie du Père René-Luc qui m’a fait penser à la mienne. Je ne m’étendrai pas comme il l’a fait. J’ai dailleurs hésité d’en parler. Mais ça permet de comprendre jusqu’où Dieu peut venir nous chercher, rien ne le rebute, rien ne le dégoûte, son amour est si grand; nous en avons de nombreux exemples dans la Bible.
La chance de ma vie, a été la rencontre à 15 ans d’une petite soeur de l’Assomption; j’ai suivi une catéchèse pendant 2 ans et à 17 ans je recevais le sacrement de confirmation. Ca été le départ de mon engagement.
Oui, le Seigneur peut venir nous chercher très loin et très bas. Merci Père René-Luc.
Nous ne pouvons rien faire sans Dieu, mais Dieu ne veut rien faire sans nous (Marie Noëlle Thabut)