23ème dimanche du temps ordinaire B
Abbé Jean Compazieu | 30 août 2009Textes bibliques : Lire
Voici un nouveau récit de guérison près du lac de Galilée. Jésus revient de Tyr en Syro Phénicie. Il s’attarde longuement en terre païenne. Il n’hésite pas à sortir des frontières d’Israël. C’est une manière de dire que ces frontières que les hommes dressent entre eux n’ont pas cours dans le monde de Dieu. Ce que Dieu veut c’est que tous les hommes arrêtent de se faire la guerre et qu’ils tissent entre eux de plus en plus de liens d’amitié et de solidarité. Le grand projet de Jésus c’est de les aider à entrer dans une plus grande communion entre eux et avec Dieu.
C’est donc dans ce milieu païen que se déroule la scène de l’évangile de ce dimanche : « On amène à Jésus un sourd muet, et on le prie de poser la main sur lui. » Comme souvent, dans l’évangile de Marc, les gens ne viennent pas seuls à Jésus. Ils y sont conduits par d’autres. L’homme dont parle l’évangile est atteint de surdité physique. Il n’entend pas les vibrations des sons, ne distingue pas le sens des mots. Il a beaucoup de mal à communiquer avec les autres. Il est enfermé dans son isolement. C’est un exclu.
Cet infirme, c’est l’image de l’humanité éloignée de Dieu. Les relations d’amour voulues par le Créateur ont été rompues. L’homme, créé à l’image de Dieu, ne l’écoute plus, ne lui parle plus. Cet infirme c’est souvent nous quand nous sommes fermés à la Parole de Dieu, quand nous ne prions plus. Trop souvent, nous organisons notre vie et nos activités en dehors de ce Dieu qui ne cesse de nous appeler. Mais le Seigneur s’arrange toujours pour mettre sur notre route des gens pour nous ramener à lui. Il est là pour nous accueillir et nous guérir. Saint Paul nous le dit à sa manière : « Là où le péché a abondé, l’amour a surabondé. »
« On amène donc ce sourd muet à Jésus et on le prie de poser sa main sur cet homme. Jésus le conduisit à l’écart, loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, et prenant de la salive, lui toucha la langue. » Or la loi de Moïse interdit formellement tout contact avec les païens. Mais en transgressant cette loi, Jésus veut nous faire comprendre une chose de la plus haute importance : Il ne se contente pas de franchir les limites territoriales ; il abolit également les frontières entre les hommes.
Dans la seconde lecture, saint Jacques invite les chrétiens à réagir contre ces frontières entre riches et pauvres. Le riche bénéficie de nombreux privilèges et des places d’honneur, ce qui n’est pas le cas pour le pauvre. Agir ainsi, nous dit l’apôtre, c’est juger selon des valeurs fausses. Cet appel vaut aussi pour nous : Ne nous arrive-t-il pas d’ériger des barrières, de classer dans des catégories différentes ceux qui sont soi-disant vertueux et ceux qui ne correspondent pas aux normes de la bonne morale.
Mais Jésus n’épouse pas notre regard. Il ne regarde chaque personne, même la plus diminuée, que dans la lumière de l’amour de son Père. Il supprime toutes les distances pour ne voir plus qu’un être humain à remettre debout. Il veut tous nous aider à retrouver notre dignité d’enfants de Dieu. Par un simple toucher, il transmet la puissance de vie qui est en lui. C’est sa manière de se donner. C’est aussi cela qu’il attend de nous : En regardant et en accueillant les blessés de la vie à la manière de Jésus, nous pouvons les aider à retrouver leur dignité ; nous pouvons faire renaître l’espérance dans leur vie.
Le grand message de cet évangile c’est « effata » (Ouvre-toi). Cette parole vient de Jésus, entièrement ouvert aux autres et à son Père. A son tour, il lance un appel à l’ouverture. Lui qui a des oreilles qui entendent et une bouche qui proclame des bonnes nouvelles vient rejoindre cet homme dans ses fermetures et les faire sauter. Quand la vie de Dieu fait irruption, elle franchit toutes les barrières. Nous le voyons chez les catéchumènes : Ils se mettent en chemin vers le Père en s’ouvrant à celui-là même qui les saisit.
Cet appel à l’ouverture nous rejoint tous aujourd’hui. Nous pensons aux enfants et aux jeunes qui vont reprendre le chemin du catéchisme ou de l’aumônerie. Des équipes de partage et de réflexion vont également se mettre ou se remettre en route. L’important c’est que chacun, là où il est, soit vraiment ouvert à la Parole du Seigneur et à son amour. Ainsi, nous pourrons témoigner des merveilles de Dieu auprès de tous ceux qui nous entourent.
Nous n’aurons jamais fini de reconnaître les signes du Royaume. Jésus nous dit qu’il est là lorsque nous entendons ce que nos oreilles ne peuvent percevoir d’elles-mêmes et que nos lèvres proclament le travail caché de Dieu dans le monde. Jésus est là pour nous ouvrir à la réalité de ce monde caché. Par l’Eucharistie, il se fait encore plus proche de nous : il touche notre langue ; demandons-lui de la guérir et de la délier pour que nous parlions correctement de lui à nos frères et sœurs. Qu’il ouvre aussi nos oreilles pour que nous sachions l’écouter et être attentifs aux autres. Approchons-nous de lui pour qu’il fasse de nous des êtres neufs, guéris de leur surdité et de leur mutisme et capables de proclamer les merveilles de Dieu dans le monde d’aujourd’hui.
D’après diverses sources
Jésus guérit.
La puissance et l’amour divins se révèlent dans une guérison. ” Tout ce qu’il fait est admirable : il fait entendre les sourds et parler les muets “.
La prière de ceux qui lui amènent un sourd-muet est ” Qu’il pose la main sur lui “. “que Dieu pose la main sur ceux dont on lui parle, qu’il pose son regard sur eux et sur nous: ” Tout ce qu’il fait est admirable “.
« Ouvre-toi ! »
Effata !, « Ouvre-toi ! » est certainement le mot clé de ce dimanche.
Ouvre-toi au Seigneur, à sa Parole, à son amour !
Ouvre-toi à ta famille, à ton conjoint, à tes enfants. Écoute-les ! Parle-leur distinctement le langage de la tendresse, de l’affection, de la foi !
Ouvre-toi aux problèmes de ce temps au lieu de rester emmuré dans tes habitudes et ton milieu social !
Ouvre-toi aux handicapés dans leur corps ou dans leur cœur, aux blessés de la vie, à ceux qui n’ont pas la parole ou que personne n’écoute !
Ouvre-toi à l’Église, à son avenir ! Ouvre-toi à ceux et à celles qui se sentent exclus ou très loin d’elle !
En ce dimanche, accueillons avec enthousiasme les paroles dites par Jésus au sourd muet : « Ouvre-toi ! ». Puissions-nous laisser chaque sacrement reçu ouvrir d’avantage notre cœur et délier notre langue.
« Ouvre-toi » est un très bon remède à la surdité de notre cœur ! Il n’y a pas de pire sourd que celui qui ne veut pas se laisser toucher par les appels de Dieu et de ses frères. Ouvrons donc, frères et sœurs nos oreilles et notre cœur au Seigneur. Ne disons pas trop vite qu’il ne nous parle pas. Il faut tendre l’oreille, être aux aguets pour pouvoir dire comme le petit Samuel : « Parle Seigneur, ton serviteur écoute » (1S 3, 9)
Seigneur, délie notre langue pour retrouver le goût de la prière et de la louange. Délie notre langue Seigneur, pour crier dans notre entourage la Bonne Nouvelle qui nous habite.
Tu ouvres les yeux sur tout homme. Donne-nous, comme toi, d’être attentif et réceptif à chacun, Seigneur, nous te prions !
Tu fais jaillir l’eau dans le désert. Donne à tous ceux qui ont le cœur desséché par la routine de se laisser surprendre par la nouveauté de ton Évangile, Seigneur, nous te prions !
Tu fais parler les muets. A tous ceux qui n’osent plus ouvrir la bouche : en famille, à l’école, au travail, en réunion… donne la paix et l’audace de ton Esprit, Seigneur, nous te prions !
Tu es attentif à l’étranger. Donne à chacun de nous d’être simplement accueillant à tous, sans distinction, Seigneur, nous te prions !
Amen…..
( d’après différentes sources)
Merci, Père Jean et Techer pour vos belles réflexions. Elles sont richement porteuses d’espoir et de sagesse.
“Ouvre-toi !” En ce moment, immobilisée par une vilaine sciatique, je m’approche de plus en plus du Seigneur. En effet, j’écoute très souvent RADIO ESPERANCE et jusqu’à hier, j’ai bénéficié des enseignements des sessions d’été. D’autre part, j’ai reçu un très beau livre “PRIER DANS L’INSTANT” de Mme Berthelin. C’est un livre magnifique, écrit par une Soeur qui nous raconte comment elle rejoint Dieu à chaque instant de la journée.
La lire me fait énormément de bien, ainsi que les revues chrétiennes qui recommencent à affluer avec la rentrée.
Oui, je m’ouvre au Seigneur, et je le reçois le coeur grand ouvert.
Je m’ouvre encore davantage à ma famille et à tous les gens que je côtoie : quoi que je fasse pour eux, je revêts mon “tablier de service” et j’effectue mes tâches avec la plus grande attention.
Et Jésus me regarde tendrement et il me dit : “oui, c’est bien, entre dans la joie de ton Seigneur”.
Je suis une femme au foyer et j’ai l’impression de ne rien faire pour le Seigneur mais à la réflexion, je fais de mon mieux car je me rends bien compte que je suis un des piliers de la maison. Et tout l’équilibre de ma famille dépend de mon sourire et de mes paroles joyeuses.
Seigneur, je te remercie de me rendre chaque jour NEUVE afin que je puisse au mieux répondre à ton appel : “parle Seigneur, ton serviteur écoute”.
Et pour être un bon serviteur, montre – moi Seigneur, ce qui va dans le sens de la vie, de la communication fraternelle et ce qui aura goût de Toi. Je sais aussi que tu m’appelles dans ce que je suis. Pas à côté. Et surtout, je ne veux pas agir en solitaire mais toujours avec Toi.
Seigneur, sois ma force !
PORTEZ-VOUS BIEN !!
Christiane
Du Père RD
23ème dimanche – année B – 6 septembre 2009 – Evangile de Marc 7, 31 – 37
Entendre pour Parler
A part un bref passage en Décapole, territoire au nord-est du lac ( 5, 1), Jésus n’a d’abord exercé sa mission que dans sa province de Galilée. Tout à coup il entreprend un long voyage à l’étranger : il entraîne ses disciples en Phénicie, le pays des grands navigateurs et du commerce de la pourpre, avec ses grands ports célèbres de Tyr et Sidon (aujourd’hui le Liban) . Il entend bien y passer incognito mais sa réputation l’a précédé : une femme, à force d’insistances, parvient à lui arracher la guérison de sa petite fille (7, 24-30). Alors que, dans son pays, tant de scribes et de pharisiens le critiquent parce qu’il en prend à son aise avec les observances du shabbat et les pratiques rituelles (évangile de dimanche passé). Jésus a découvert une païenne qui lui fait confiance ! La porte de la mission universelle s’entrouvre !
Sautant cet épisode capital, le texte de ce dimanche enchaîne avec une autre rencontre d’un païen.
Jésus quitta la région de Tyr ; passant par Sidon, il prit la direction du lac de Galilée et alla en plein territoire de la Décapole. On lui amène un sourd-muet et on le prie de poser la main sur lui.
Là également Jésus est reconnu comme thaumaturge : on lui présente un handicapé de la parole. En réalité, Marc écrit : « un sourd qui, de plus, parlait difficilement » : or ce dernier verbe n’apparaît qu’une seule fois dans la Bible, en Isaïe 35, 5-6, que la liturgie nous fait entendre en 1ère lecture. Nous verrons la raison de cette référence.
Jésus accède à la demande mais curieusement, au lieu d’opérer la guérison d’un mot et sur-le-champ, il entreprend une démarche mystérieuse.
Jésus l’emmena à l’écart, loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles et, prenant de la salive, lui toucha la langue. Puis les yeux levés au ciel, il soupira et lui dit : « Effata ! » c.à.d. « Ouvre-toi ».
Ses oreilles s’ouvrirent : aussitôt sa langue se délia et il parlait correctement.
Bizarre : alors que si souvent Jésus guérit d’une parole, ici il semble se heurter à un obstacle difficile qui d’abord exige le secret : l’homme doit expérimenter une rencontre seul à seul avec Jésus. Puis il faut des contacts, des touchers avec les organes malades. On sait par ailleurs que de tels gestes étaient également pratiqués par les guérisseurs de l’époque.
A juste titre, Jésus guérit d’abord l’ouïe car c’est à cause de la déficience de ce sens que l’homme ne parvient pas à s’exprimer. Le langage correct vient d’une écoute normale.
Ensuite Jésus fait appel à la force divine : « les yeux au ciel, il soupire… » : il invoque « le Père qui est aux cieux » et appelle le Souffle de l’Esprit.
Enfin il prononce un ordre que Marc a conservé dans la langue originale : « EFFATA ». L’homme était enfermé en lui-même : n’entendant pas, il ne pouvait bien s’exprimer, il bredouillait des sons informes. Jésus lui rend la communication, le langage, la parole.
Alors Jésus lui recommanda de n’en rien dire à personne ;
mais plus il le leur recommandait, plus ils le proclamaient.
Pourquoi Jésus interdit-il de propager ses guérisons ? Parce que les gens n’y voient que le côté miraculeux, la santé rendue. D’un côté ces gestes sont nécessaires puisque, avec Jésus, le Royaume de Dieu est survenu et que la Présence de Dieu doit rendre la vie à tout l’homme donc aussi à son corps ; mais d’un autre côté leur aspect sensationnel bloque les spectateurs dans l’admiration devant le merveilleux. D’où l’interdiction – sans guère d’effet – de Jésus qui ne veut pas être réduit à la figure d’un messie bienfaiteur.
Ses actions ne sont que des « signes » qui attirent l’attention mais qui doivent conduire à demander une guérison beaucoup plus essentielle, celle du cœur. Au lieu de s’extasier devant les exploits d’un guérisseur exceptionnel, les foules devraient s’interroger en profondeur : quelle est donc la surdité qui frappe le païen ? Pourquoi le païen ne parvient-il pas à s’exprimer avec justesse sur Dieu ? Pourquoi bégaie-t-il des mythes, des fables, des négations ? N’est-ce pas parce qu’il n’a pas entendu la Révélation reçue par Israël ? Jésus n’est-il pas l’Envoyé qui vient l’ « ouvrir », lui donner une ouïe neuve qui va lui permettre de s’exprimer en toute justesse et de louer Dieu en joignant sa voix à celle d’Israël ?
Très vivement frappés, ils disaient :
« Tout ce qu’il fait est admirable : il fait entendre les sourds et parler les muets »
Très astucieusement Marc termine son petit récit en plaçant dans la bouche des païens la phrase d’Isaïe 35. En fait ce texte évoquait l’allégresse du Liban lorsque les Judéens exilés revinrent de Mésopotamie
( – 6ème siècle):
« Que la steppe exulte ! Qu’elle danse et crie de joie ! La gloire du Liban lui est donnée… et on verra la Gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu…
Ne craignez pas : voici votre Dieu, il vient vous sauver…
Alors les yeux des aveugles verront et les oreilles des sourds s’ouvriront…
Là on construira une route, la voie sacrée…
Ceux qui appartiennent au Seigneur prendront cette route. Ils reviendront, ceux que le Seigneur a rachetés… … Sur leur visage une joie sans limite ! »
Pour l’évangéliste, l’événement passé n’est pas qu’un souvenir à rappeler : il devient une promesse de l’avenir. En Jésus, effectivement, c’est bien Dieu qui, aujourd’hui, vient traverser le Liban et y répandre ses bienfaits : enfin les aveugles voient et « les oreilles des sourds s’ouvrent ».
« EFFATA » : le pays qui gisait dans l’ombre de l’incroyance découvre la lumière ; les captifs de l’incrédulité s’ouvrent à la lumière de la foi ; la tristesse de la fatalité se mue en joie folle devant Jésus. Juifs et païens qui suivaient, depuis des siècles, des routes différentes se rejoignent maintenant sur « la voie sacrée », le chemin de l’Evangile, Bonne Nouvelle de la libération universelle.
En racontant cette scène à sa communauté de Rome, Marc nous apprend comment s’y faisait l’admission des païens lors du baptême – car, née en Israël, l’Eglise doit s’ouvrir au monde et imiter son Seigneur :
– des gens (les parrains) lui emmènent un homme qui ne connaît pas Dieu, qui bredouille des à peu près, des insanités, des blasphèmes…
– il faut le prendre à part, lui donner un temps d’isolement afin qu’il assume sa décision personnelle de se convertir…
– l’assemblée prie : on invoque l’amour du Père … on appelle la puissance de l’Esprit …
– on le touche, on procède à des contacts charnels (au grand scandale des faux mystiques des religions désincarnées !)
– on proclame avec confiance la Parole de Jésus : « EFFATA – OUVRE-TOI ! »
– Avec le nouveau « baptisé », tous chantent la Gloire de Dieu qui opère des merveilles par son Fils :
« Sur leur visage, une joie sans limite » !
Et Marc nous invite de la sorte à poursuivre aujourd’hui ce travail d’ « ouverture ». L’heure est venue de sortir de notre enfermement et de remarquer les « sourds ». Ne soyons pas scandalisés par les propos parfois odieux, parfois obscènes, par les affirmations d’athéisme. Ces gens « parlent mal » parce qu’ils n’ont pas entendu la Bonne Nouvelle. L’ouïe, bouchée par les décibels déchaînés ou les slogans menteurs d’une société fermée sur elle-même, ne peut entendre la douce voix de l’Evangile.
Mais parmi ces jeunes que l’on dit perdus, il en est qui attendent que quelqu’un vienne les prendre par la main et les conduise à la rencontre du Seigneur. Que nos communautés s’ouvrent, elles aussi, qu’elles les accueillent avec allégresse. Alors le chœur de la louange s’agrandira et ensemble nous proclamerons tout joyeux : « Tout ce qu’il fait est admirable : il fait entendre les sourds et parler les muets ! »
R. D dominicain
Ce sourd-muet de l’évangile a bien des choses à nous dire maintenant que Jésus lui a rendu la parole. Jésus le rencontre dans la Décapole, sur une terre non juive. Jésus se rend donc là où la Parole de Dieu n’a pas été prononcée, là où elle n’est pas connue. Les habitants y sont comme sourds à Dieu parce qu’on ne leur a pas appris Dieu.
« On amène donc ce sourd muet à Jésus et on le prie de poser sa main sur cet homme. Jésus le conduit à l’écart, loin de la foule, lui met les doigts dans les oreilles, et prenant de la salive, lui touche la langue. » La loi de Moïse interdit formellement tout contact avec les païens. En transgressant cette loi, Jésus signifie qu’il ne se contente pas de franchir les limites territoriales, mais qu’il abolit également les frontières entre les hommes. Dans la seconde lecture, saint Jacques invite les chrétiens à réagir contre ces frontières entre riches et pauvres. Cet appel vaut aussi pour nous : veillons à ne pas dresser des barrières entre les gens.
Le sourd-muet nous représente d’une certaine manière quand nous sommes sourds à la Parole, quand nous la mettons volontairement de côté, quand nous ne voulons plus communiquer ni avec les autres ni avec Dieu. Nous devenons alors spirituellement sourds et muets. Nous avons besoin d’en être guéris.
C’est à cette guérison que nous sommes appelés. Jésus-Christ n’est pas venu faire des miracles physiques dans nos vies comme si être Dieu consistait essentiellement à empêcher le cours normal des lois naturelles et à agir à coup de merveilleux… Le Fils de Dieu est venu nous ouvrir à sa Parole pour que celle ci fasse des miracles dans nos vies.
Le vrai miracle est d’aimer sans se lasser ses semblables. Le vrai miracle est de pardonner, de surmonter ses raisons de se venger. Le vrai miracle est d’arriver à poser des actes qui dénouent des liens de la haine. Dieu peut tout faire, vraiment tout, dans une vie qui s’ouvre à Lui.
Cet appel à l’ouverture nous rejoint tous aujourd’hui. Pensons aux enfants et aux jeunes qui vont reprendre le chemin du catéchisme. Des équipes de partage et de réflexion vont également se mettre ou se remettre en route. L’important c’est que chacun, là où il est, soit vraiment ouvert à la Parole du Seigneur et à son amour. Ainsi, nous pourrons témoigner des merveilles de Dieu. Isaïe nous en donne une description très belle et poétique : « L’eau jaillira dans le désert, des torrents dans les terres arides. »
Cela n’arrivera cependant pas comme par magie. Cela arrivera lorsque les yeux des aveugles seront ouverts et que les oreilles des sourds seront libérées et que la langue des sourds chantera. Cela arrivera lorsque les hommes seront ouverts les uns aux autres et à Dieu.
À un moment de l’histoire, l’humanité est devenue totalement ouverte, en une personne, la jeune-fille de Nazareth. Et parce qu’elle était totalement ouverte, elle reçut la plénitude de la Parole de Dieu. Tout son être en fut pénétré; de sa chair et de son sang, aussi bien que par l’amour de son cœur, elle enfanta Dieu.
Puisse cette célébration eucharistique, faite en mémoire du Christ, être la source de notre ouverture à Dieu et aux autres.
Avec l’aimable autorisation de kerit.be