Homélie du 8ème dimanche du Temps ordinaire (A)
Abbé Jean Compazieu | 17 février 2017Ayez confiance en votre Père…
Textes bibliques : Lire
À travers les textes bibliques de ce dimanche, c’est Dieu lui-même qui nous parle. Il ne demande qu’à nous rejoindre dans ce que nous vivons. Dans la 1ère lecture, c’est le prophète Isaïe qui s’adresse aux habitants de Jérusalem. Ces derniers vivent une situation très douloureuse : les Babyloniens ont pris leur ville ; une partie de la population est en exil ; certains ont tendance à penser que le Dieu des Babyloniens est plus fort que celui de Jérusalem ; d’autres se disent que Dieu a abandonné son peuple.
Le prophète leur fait part de la réponse de Dieu : non, ils ne sont pas abandonnés. Pour leur parler, le Seigneur utilise les mots qui disent la tendresse d’une mère pour son enfant : une maman ne peut pas l’abandonner. Et même si cela arrive, Dieu ne nous abandonnera jamais. Même quand tout va mal, il est là ; c’est lui qui nous porte. Il ne demande qu’à remplir notre vie de son amour. C’est en lui seul que nous pouvons trouver notre salut. Nous pouvons toujours compter sur lui. Saint Paul nous le dit à sa manière : “Rien ne peut nous séparer de son amour.”
Dans l’Évangile, c’est également cet appel à la confiance que nous entendons : “Ne vous faites pas tant de soucis pour votre vie, ni pour le corps au sujet du vêtement… Ne vous faites pas tant de soucis pour demain…” Comment recevoir cet Évangile. Jésus ne dit pas qu’il ne faut pas s’occuper de la nourriture ni du vêtement. Il ne dit pas non plus que l’argent est mauvais. Il veut simplement nous inviter à ramener les choses à leur juste niveau : la nourriture, le vêtement et l’argent ne doivent pas être le but premier de notre vie. Ce qu’il nous faut chercher en priorité c’est le Royaume de Dieu et sa justice. Nous sommes créés pour Dieu et pour nos frères. Nous ne pouvons pas laisser l’argent devenir le seul but de notre vie et de nos actions.
En ce siècle de la vitesse, nous entendons dire que “le temps c’est de l’argent”. Le résultat, c’est que dans les bureaux, les usines, les commerces, des hommes et des femmes sont soumis à un rythme infernal. Il faut toujours courir pour sauvegarder l’économie moderne. C’est une cause de nos infarctus, surmenages et dépressions. Pensons à cet homme d’affaires qui a son agenda plein de rendez-vous. Seuls manquent les rendez-vous avec sa femme, ses enfants, avec lui-même et encore plus avec Dieu.
Autre méfait provoqué par le pouvoir de l’argent : Tous les jours, les médias nous parlent d’attaques à main armée, de vols, de délits et malversations en tous genres. Des hommes, des femmes et même des enfants sont réduits en esclavage pour permettre à des riches de s’enrichir toujours plus. Quand il nous gagne, l’argent devient un tyran. Il peut nous entraîner aux pires bassesses. C’est comme une drogue dont on est toujours en manque et qui nous détruit. N’oublions pas que si Judas a trahi Jésus, c’est pour “trente pièces d’argent” (le prix d’un esclave !)
Pour mieux comprendre cet Évangile, nous sommes aidés par le chapitre 13 de l’Évangile de saint Matthieu : Jésus y explique la parabole du semeur : il dit que le grain tombé dans la terre avec des épines est étouffé. Ce grain, c’est la Parole de Dieu qui est semée en nous : ce qui l’étouffe, c’est “la richesse et les préoccupations du monde”. Dans de telles conditions, la Parole de Dieu ne peut pas grandir en nous. Elle meurt car elle n’est pas gardée. Elle est étouffée.
Jésus vient à nous pour nous libérer de toutes ces obsessions qui ne font que nous égarer. Il veut nous rendre disponibles pour l’essentiel, le Royaume de Dieu et sa justice. Cette justice, ce n’est pas seulement l’équité mais aussi la sainteté. Ce qui est premier, ce n’est pas la belle situation.
Le seul vrai trésor c’est Jésus ; il ne demande qu’à remplir notre vie de son amour.
La première lecture nous disait que Dieu n’abandonne pas ceux qui souffrent. Mais il a besoin de nos mains, de nos yeux et de nos cœurs pour aller à eux. On peut faire beaucoup de bien avec de l’argent. Les associations caritatives en ont besoin. Bien sûr, on ne peut pas donner pour tout ni à tous. Mais notre budget chrétien doit comporter une part pour les pauvres ; c’est l’argent du “bon Samaritain” donné à l’auberge pour le blessé de la route.
Dans sa lettre aux Corinthiens, Saint Paul aborde une question un peu différente. Il s’adresse à des chrétiens qui n’ont pas bien compris l’Évangile. Il y a chez eux des querelles de clans. Chacun ne jure que par son prédicateur préféré. Paul intervient pour remettre les choses à l’endroit. Les prédicateurs ne sont pas des maîtres auxquels on devrait appartenir. Leur mission c’est de nous montrer le Christ et de tourner leur communauté vers lui. Nous avons mieux à faire que de les comparer les uns aux autres : “Cherchez le Royaume de Dieu et sa justice”.
Le carême qui commence dans quelques jours nous aidera à entrer dans cette perspective. Il nous rappellera que Dieu ne nous a pas abandonnés. C’est nous qui nous sommes détournés de lui. Mais il ne cesse de nous appeler : “Convertissez-vous… Revenez à moi de tout votre cœur.” Nous prions ensemble le Seigneur pour que notre réponse soit de plus en plus à la mesure de son amour pour nous. Amen
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Évangile du jour et son commentaire
Sources : Revues Signes, Feu Nouveau, Fiches dominicales, Elle est vivante la Parole de Dieu (R. Houlliot) , François Selon Saint Matthieu ; Ta Parole est ma joie À (Joseph Proux)
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