Homélie du mercredi des Cendres
Abbé Jean Compazieu | 22 février 2017“Profession de joie”
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“Le Carême est commencé, et j’aimerais qu’il ne finisse pas !” Quelques étonnés demanderont : “Mais pourquoi donc ?” Le sourire et la joie au cœur, nous répondrons : “Parce que je vis avec des frères et des sœurs qui sont de jour en jour plus attentifs, plus à l’écoute, mieux inclinés à servir, empreints de paix, solidaires et généreux… Et je trouve cela tellement bon ! Alors, je n’ai plus envie que cela s’arrête. Je voudrais que le carême n’ait pas de fin… (Livret “Carême à domicile” édition 2017).
Le carême n’a donc rien à voir avec les expressions “face de carême… visage triste et maussade.” Beaucoup ne voient cette période que sous son aspect négatif. On y parle de renoncement et d’effort (même si on n’en fait aucun). Un jour, un animateur de radio a cru bon de dire que le carême est “tombé en désuétude”. Il nous appartient, à nous chrétiens de prouver que ce n’est pas vrai. Ils sont de plus en plus nombreux ceux et celles qui veulent redonner à cette période toute sa valeur.
Oui, bien sûr, le carême est un temps de pénitence, mais c’est aussi un temps de joie. Et c’est cette “profession de joie” que nous sommes appelés à faire nôtre en ce début de Carême. Les textes bibliques de ce jour nous invitent à sortir de nos chemins de perdition et de désespérance et à nous tourner vers le Seigneur. Le Carême est un temps favorable pour nous laisser réconcilier et renouveler par la tendresse du Père. Son amour miséricordieux nous est offert gratuitement et sans mérite de notre part.
En ce premier jour du Carême, nous entendons cet appel de Dieu : Revenez à moi de tout votre cœur !” Et dans la seconde lecture, c’est l’apôtre Paul qui nous dit : “Nous vous le demandons au nom du Christ : “Laissez-vous réconcilier avec Dieu.” Il n’est pas un juge qui chercherait à nous prendre en défaut. Il est un Père qui aime chacun de ses enfants et qui ne veut que leur bonheur. Là où le péché a abondé, son amour a surabondé. Le vrai Dieu est miséricorde. Il ne sait pas être autre chose. Vivre le carême, c’est redonner toute sa place au Seigneur qui ne demande qu’à nous combler de son amour et de sa joie.
C’est vrai que parmi les pratiques religieuses du carême, il y a l’aumône, le jeûne et la prière. Ces trois pratiques tiennent une place de la plus haute importance. Mais si nous jeûnons, ce n’est pas pour le plaisir de nous imposer des mortifications et des sacrifices. Le plus important est ailleurs. Si Jésus nous demande de tout laisser pour le suivre, c’est parce qu’il a beaucoup mieux à nous proposer. Ce bien supérieur qui nous est proposé, c’est Dieu, c’est son amour, son Royaume. Voilà le vrai but de notre vie. Et il importe que nous nous libérions de tout ce qui pourrait faire obstacle à notre marche à la suite du Christ.
Si nous jeûnons, c’est aussi pour partager avec ceux qui ont faim. Ils sont de plus en plus nombreux, même chez nous en France. Chaque année, le CCFD Terre Solidaire nous sensibilise à des situations dramatiques. Il ne s’agit pas de donner de l’argent ou de la nourriture mais d’aider des populations à sortir de leur situation de misère. Tout au long de ce carême, nous serons invités à soutenir des projets de développement et de reconstruction. C’est à nos gestes de partage et de solidarité que nous serons reconnus comme disciples du Christ. Rappelons-nous ce qu’il a dit un jour : “Chaque fois que vous l’avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait.
Ceci dit, l’Évangile nous met en garde contre certaines dérives : La prière, l’aumône et le jeûne sont trois piliers très importants du Carême. Mais le Christ nous recommande de ne pas agir pour être bien vus des autres. Le but recherché ce n’est pas la gloire qui vient des hommes ; Il ne s’agit pas d’améliorer notre image de marque ni notre réputation. Dieu voit ce que nous faisons dans le secret. Il nous le revaudra. Nous ne devons pas chercher plus. Sincérité, discrétion et humilité nous ouvrent à la grâce surabondante du Père.
Voilà donc ce chemin de conversion que l’Évangile nous montre, non seulement pour ce carême mais aussi pour toute notre vie. Il ne cesse de nous appeler à revenir vers lui et à accueillir son amour, un amour qui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. Tournons-nous vers Celui qui veut nous associer à sa victoire sur la mort et le péché. Que cette promesse nourrisse notre espérance et notre amour.
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