Homélie du vendredi saint
Abbé Jean Compazieu | 1 avril 2017
L’Amour est crucifié
Ce long récit de la passion nous montre Jésus qui est exténué par la fatigue. Il n’a pas dormi de la nuit. Il est ensanglanté, enfiévré. Il avance vers le Calvaire en portant sur ses épaules la lourde croix de bois. Simon de Cyrène est réquisitionné pour l’aider à porter cette croix puis pour la porter lui-même à sa place car Jésus tombait ; mais il se relevait toujours. Nous avons tous une croix à porter. Ces croix s’appellent souffrances, longue maladie, accident, épreuves familiales… La croix éclaire ce que nous vivons. Nous ne souffrons pas moins mais nous souffrons autrement.
Il y a deux manières d’accepter nos croix, en les acceptant ou en les refusant. Mais si on les refuse, on les a quand même, avec en plus le poids de la révolte. Et la souffrance en est redoublée. Si on les accepte, on a bien sûr la même douleur, mais une douleur pacifiée. Les yeux levés vers le ciel, on supporte la vie telle qu’elle est.
Comme le Christ, il peut nous arriver de tomber. Et comme lui, on se relève. Ne craignons pas notre faiblesse, nos défaillances, notre vulnérabilité. Remettons-nous debout pour avancer. Une seule chose nous est interdite : le blasphème car c’est justement ce que Satan attend de nous. Ne lui donnons pas cette joie.
Il peut nous arriver d’aider un autre à porter sa croix quand nous soulageons le chagrin d’un enfant, d’un vieillard, quand nous avons écouté, réconforté, rendu service… Le feu de l’amour et l’amour c’est le Christ. C’est lui qui nous aide à porter notre croix. Il infuse alors Sa force à lui.
Puis c’est le Crucifiement : Jésus meurt sur la croix entre deux brigands. C’est l’heure des ténèbres, le paroxysme de la souffrance. Il ressent l’abandon, celui que nous connaissons aussi. Il pardonne à ses bourreaux. Sa mission divine est terminée : “Tout est accompli.”… “Mon Père, entre tes mains, je remets mon Esprit.”
L’amour est crucifié. L’amour crucifie toujours… Le trop grand amour reste toujours incompris… la race des hommes n’a pas changé. Les uns sont étanches à tes paroles. Les autres se laissent saisir par ton amour… Plus tu aimes, plus tu prends le risque de te voir délaissé. La pire des tentations c’est le découragement. Le Christ l’a connue comme nous et pour nous. La seule issue c’est la confiance, l’abandon au Père : Père, je remets mon esprit entre tes mains.” Un jour, nous pourrons dire : “Tout est accompli”.
En communion les uns avec les autres et avec toute l’Église, nous pouvons proclamer : “Victoire, tu régneras! Ô Croix, tu nous sauveras.
Chemin de croix