32ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 1 novembre 2009Textes bibliques : Lire
Cette page d’évangile nous interpelle tous. Il nous faut la recevoir comme une invitation à nous tourner vers le Seigneur et à le prier. Nous lui demandons qu’il nous donne son regard, qu’il nous apprenne à regarder comme lui. Il ne s’arrête pas à l’extérieur, qu’il soit brillant ou non. Il va au cœur de l’homme pour y découvrir le sens profond de nos gestes. Il sait que ce qui en fait la valeur c’est notre amour pour Dieu et pour tous nos frères.
“Méfiez-vous des scribes” nous dit Jésus. Non pas de tous les scribes mais de ceux qui cherchent à attirer leurs regards sur eux par leur tenue ou leur comportement. Ils tiennent à sortir en robes solennelles. Ils aiment les salutations sur les places publiques, les places d’honneur dans les dîners. Ils affectent de prier longuement mais leur prière est mauvaise car elle ne les rapproche pas de Dieu. Ils ne se soucient pas des autres. Ils s’en prennent aux plus faibles. Ces scribes vaniteux, on les trouve partout et à toutes les époques.
Ces paroles du Christ nous renvoient à nous-mêmes. Car c’est vrai, nous sommes tous menacés par cette tentation du “paraître”, même parfois inconsciemment. L’hypocrisie et les faux semblants sont de tous les temps. Nous sommes dans la civilisation du tape-à-l’œil ; on veut paraître autre que ce qu’on est. Tout cela, Jésus le voit. Il dénonce les paroles qui ne correspondent pas aux actes. Il est facile de donner de bons conseils mais si nous ne donnons pas l’exemple, c’est un contre témoignage. “On parle de bonnes actions sans les accomplir et on en commet de mauvaises sans en parler.” Oui, demandons au Seigneur de nous guérir et de nous éclairer.
Ce qu’il nous faut bien comprendre c’est que le regard de Jésus n’est pas un regard d’inquisition. Il ne cherche pas à nous prendre en défaut pour nous enfoncer. Son regard c’est celui du Père. Il ne peut être qu’un regard d’amour passionné. Son seul but c’est de nous guérir, nous pardonner et nous relever. Il est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus. Il ne cesse d’accueillir l’enfant prodigue pour qu’il retrouve sa place de fils. Jésus veut que tous les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. Alors oui, allons à lui, humblement en reconnaissant notre péché comme le publicain qui disait : prends pitié du pécheur que je suis.”
L’évangile nous donne un exemple très concret de ce regard de Jésus. Cela se passe dans l’enceinte du temple, face à la salle du trésor. Les pèlerins sont venus en grand nombre pour la fête de la Pâque. Pour eux, c’est le moment de déposer leur offrande. Il faut en effet finir de financer la restauration du temple. Beaucoup de gens riches y mettent des grosses sommes. Pour les responsables de la trésorerie, c’est un grand moment. Malheureusement, ils ne savent pas regarder au-delà des apparences. Pour eux, il n’y a que l’argent qui compte.
Arrive une pauvre veuve qui verse deux piécettes. Personne ne l’a remarquée. Personne n’a vu qu’elle a tout donné, tout ce qu’elle avait pour vivre. Personne n’a mesuré la valeur de sa générosité. Or voilà que sans même le savoir, elle a attiré l’attention de Jésus. Il montre à tous qu’elle a tout donné, tout ce qu’elle avait pour vivre. Elle ne peut plus s’appuyer sur aucun soutien matériel. C’est à Dieu qu’elle donne tout. Elle choisit de mettre sa confiance en lui seul. Sans le savoir, elle met en pratique la parole de l’évangile : “Cherchez d’abord le Royaume et sa justice et tout le reste vous sera donné par surcroît.”
Le Christ ne nous incite pas à l’insouciance ni à la paresse. Il nous provoque à nous demander où nous mettons nos premières préoccupations : dans les biens matériels qui restent périssables ou dans la confiance en Dieu qui ne nous abandonne jamais. Risquer la confiance c’est tout donner, c’est donner le peu que nous avons en argent, en compétence, en force physique et spirituelle. Tout cela, nous l’avons reçu gratuitement pour le partager. En ce temps où nous préférons nous barder d’assurances vies, voilà un appel exigeant.
En célébrant l’Eucharistie, nous nous tournons vers la croix du Christ. Il est celui qui a tout donné jusqu’au bout. Et il continue à se donner à chacun. Prions-le pour qu’il nous donne la foi de cette pauvre veuve, qu’il nous apprenne à voir comme lui, à ne pas nous arrêter aux apparences, si belles soient-elles, mais à découvrir la beauté cachée au fond des cœurs.
D’après diverses sources
Permettez-moi de commencer par une anecdote rapportée par nos amis du Québec. À l’époque où un maxi cornet de crème glacée ne coûtait pas cher, un petit garçon de 10 ans entre dans le café d’un hôtel et, s’assoit à une table. Une serveuse s’approche. C’est combien pour un maxi cornet de crème glace ? demande-t-il. Cinquante cents, répond la serveuse. Le petit garçon sort la main de sa poche et se met à compter la monnaie qu’elle contient. Bien… Combien pour un simple plat de crème glacée ? demande-t-il à nouveau. Et pendant ce temps-là, les clients attendent pour une table et la serveuse commence à perdre patience… 35 cents, répond-elle sèchement. Je vais prendre le plat de crème glacée, dit-il finalement. La serveuse lui apporte sa crème glacée, dépose l’addition sur la table et s’en retourne. L’enfant déguste sa crème glacée, paie à la caisse et s’en va. Mais lorsque la serveuse revient, pour nettoyer la table, les larmes brusquement lui montent aux yeux. Bien placés à côté du plat vide, elle voit 15 cents. Le petit garçon ne pouvait pas prendre le maxi cornet, pour la simple raison qu’il ne lui restait pas suffisamment de monnaie pour lui laisser un pourboire !
Le don fait par la pauvre veuve de l’Évangile semblait bien dérisoire à côté des flots d’or des riches donateurs. Mais elle se moque, de ce que pèsent ses piécettes. Elle aime Dieu. Elle aime ce Temple où Il vit au milieu de son peuple depuis des siècles. Elle respecte ses prêtres et ses scribes qui lui parlent de Lui. Et c’est son tout, c’est son cœur qu’elle met dans le tronc, sans compter, quand les autres se contentent d’y poser le bout du doigt.
Quant à la veuve de Sarepta à laquelle est envoyée le prophète Elie, elle est encore plus émouvante si possible. Elle n’a plus rien à manger, et son enfant va mourir. « Sors me chercher de l’eau » lui dit le prophète. Et elle va chercher de l’eau tout simplement avec tout l’amour de son cœur. Quand elle revient. Élie continue : « Apporte-moi encore un petit morceau de pain ! » L’épreuve est pour elle que ce petit pain ne sera pas pour son enfant, pour qu’il vive encore un petit peu. Comme la pauvresse du Temple qui met ces deux piécettes dans le tronc, elle donne tout.
Cela me fait penser à une autre veuve, Marie, au pied de la Croix qui offre le fruit de toute sa vie. Et l’admiration de Jésus pour ces femmes vient de ce qu’Il est justement celui qui livre sa vie, après avoir été dépouillé de ses vêtements, donné sa mère et son disciple. « Lui qui était dans la condition de Dieu, n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. » (Philippiens 2, 6-7.)
Le quotidien de nos vies est souvent difficile. Nous savons que le travail est lourd, que nous sommes surchargés, qu’en accompagnant la souffrance, nous devons porter la nôtre. Chacun de nous connaît des situations difficiles en famille, en foyer ou en Église. Comment se comporter dans ces moments difficiles ? « Elle a tout donné, tout ce qu’elle avait pour vivre ». Être uni à Dieu dans l’amour et l’espérance, c’est, aux moments difficiles, répondre à qui nous demande un service.
Ne dites jamais que vous vous sentez trop pauvres pour faire du bien, trop maladroits pour être aimables, trop timides pour aller vers eux, trop nuls pour leur proposer vos services. Vous avez tort. Donnez avec ce que vous êtes avec ce que vous avez. A trop attendre d’être un type formidable ou une femme extra, vous risqueriez bien de mourir sans avoir rien fait.
Avec l’aimable autorisation de Kerit.be
Merci, Père Jean, pour ces deux très belles homélies. J’ai d’ailleurs honte car depuis longtemps je n’ai pas fait de don au CCFD.
Il y a encore deux ans, je donnais volontiers à RADIO ESPERANCE ou à des associations caritatives. Ma seule excuse pour garder de l’argent est que je dois installer mon fils dans son studio. Et puis ne dit-on pas charité bien ordonnée commence par soi-même ?
Mais heureusement, je suis économe et je PARTAGE avec mes enfants. Ainsi l’effort consenti devient sanctification du magnifique don de Dieu. Et puis mon partage atteint non plus le superflu mais le NECESSAIRE, voire LE MANQUE.
En tout cas, le don de deux piécettes que fait la veuve m’a marquée. Non seulement dans la radicalité de son geste mais parce qu’elle atteste par lui que toute son existence est référée à celui à qui elle offre : DIEU.
Seigneur, il y a longtemps que je n’ai offert de l’argent à une association. Alors, je me demande si je suis capable de tout remettre à Dieu, sans ostentation mais dans une reconnaissance éperdue.
Seigneur, je peux te donner autre chose : mon temps, mon amour, et le service que j’offre en servant du mieux que je peux les miens et tous ceux que je côtoie.
Seigneur, je te demande toujours et encore de me centrer sur l’ESSENTIEL et de savoir offrir cet essentiel jusqu’à en être comblée.
PORTEZ-VOUS BIEN !!
Christiane
Qu’est-ce que je donne et à qui ? C’est sur les dons que l’Eglise en ce dimanche attire notre attention. Reconnaissons qu’aujourd’hui nous ne sommes guère privés d’appels à donner avec de nombreuses intentions notifiées. Combien d’associations humanitaires nous sollicitent ! Si parmi elles en existent qui ont bien besoin d’être satisfaites, nous savons hélas que des appels à notre générosité ne servent parfois qu’à enrichir les organisateurs d’associations au titre séduisant. Résultat ? La fermeture du porte-monnaie, ouvert alors que pour les besoins personnels.
Utilité des dons au profit de besoins essentiels ! La 1ère lecture du livre des Rois nous le dévoile.
Le prophète Elie qui fuit le roi d’Israël Akhab, adorateur d’idoles, demandant sa mort du fait de ses interventions divines, se dirige vers Sarepta, pays étranger aux juifs. Ayant faim il demande à être restauré auprès d’une veuve vivant avec son fils. A cause de la famine elle n’a plus grand chose pour vivre : « un petit pain », un peu d’huile. Son cœur n’hésite pas. Elle sait se priver pour l’autre jusqu’à engager sa vie et celle de son enfant. Elle donne tout à Elie, envoyé de Dieu.
Dans la connaissance de la volonté divine le prophète lui déclare : « Ainsi parle le Seigneur, Dieu d’Israël : Jarre de farine point ne s’épuisera, vase d’huile point ne se videra, jusqu’au jour où le Seigneur donnera la pluie pour arroser la terre » … C’est ce qui se produira !
L’Evangile (Marc 12, 38-44) nous montre Jésus tournant son regard, avec ses disciples, vers la foule qui, sans le Temple, dépose de l’argent dans un tronc. « Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes », sans doute pour se faire remarquer, mais ce n’était pour eux qu’un superflu ne les privant guère. Attitude aussi en notre siècle !
« Une pauvre veuve s’avança et déposa deux piécettes ». Jésus indique : « cette pauvre veuve a mis dans le tronc plus que tout le monde »… « Elle a pris sur son indigence : elle a tout donné, tout ce qu’elle avait pour vivre ». Comment ne pas admirer sa générosité. Sans aller à cette extrémité n’est-elle pas souvent celle des pauvres, des nécessiteux, vis à vis de leurs frères indigents, et peut-être du Denier de l’Eglise ?
Plus que le combien, c’est le comment je donne qu’il nous faut remarquer. Donner culmine en : Se donner !
La lettre aux Hébreux (2ème lecture), à travers l’attitude de Jésus, nous révèle comment Dieu donne. Maintenant, ressuscité, vivant, « il est entré dans le ciel même … pour nous, devant la face de Dieu ». Mieux que de l’argent ou des vivres c’est sa vie même qu’il a donnée, offrant son sang « pour détruire le péché par son sacrifice », « les péchés de la multitude ».
L’imitation du Christ, dans son Eglise, pour ne faire qu’un avec Lui, membres de son Corps mystique, nous demande d’aimer comme il nous a aimés, avec la même générosité.
Saurons-nous l’imiter en l’aimant, et en aimant le Père comme il l’a toujours aimé, Dieu qui est Amour ?
Saurons-nous ouvrir nos cœurs et servir nos frères humains comme il a su le faire ?
« Il apparaîtra une seconde fois … pour le salut de ceux qui l’attendent ».
Soyons de ceux-là et confions à Marie, sa mère et notre mère du ciel, le soin de nous y aider.
« Je te chanterai, Seigneur, tant que je vivrai »
Les deux veuves de la 1ère lecture et de l’Evangile se rejoignent. Elles donnent tout sans réserve. Elles se privent pour enrichir un autre. Elles se sacrifient, elles acceptent de mourir pour que vivent d’autres. C’est là la vraie charité, elle qui coûte vraiment. Savoir donner en souffrant et souffrir en donnant. Leur geste a ceci de théologique que cela rejoint même l’attitude de Dieu. Dieu qui donne tout à l’homme. Il ne réserve rien pour lui même. Ce qui compte ce n’est pas ce qu’on donne mais la manière de donner. Dieu ne regarde pas la main ou le doigt qui donne mais le coeur qui donne. Et tout ce qu’on n’a pas donné de bon coeur est perdu. Cela pose aussi la question de nos offrandes et quêtes à l’Eglise. Jésus est là qui nous regarde faire……Ayons conscience de cela
Oui, il y a un lien étroit entre ces deux veuves qui ont tout donné. Mais comment ne pas penser à une troisième, celle qui se trouvait au pied de la croix de son fils au Golgotha. Plus que toutes les autres elle a tout donné.
Cher Abbe Jean Compazieu,
Je suis heureux de recevoir vos homélies. Ils sont vraiment touchantes! Vous les avez ancré dans le texte biblique, ainsi que sur votre expérience et sur celle de la vie du peuple. Vous donnez vraiment belles idées.
J’ai enseigné l’exégèse biblique et la sociologie au Séminaire Patriarcal de Rachol, Goa, et maintenant je travaille dans une ville-paroisse de Margao, Goa.
J’ai écrit sur la parole de Jésus, trouvée dans les Actes des Apôtres 20:35: «Il vaut mieux donner que recevoir». Vous nous donnez un bon exemple des veuves, celle de Sarepta et de l’Evangile, ainsi que de Marie, la Mère de Jésus. Elles ont tout donné, elles se sont données, elles sont donne leurs cœurs. Il est beau pour nous de lire vos idées et de les contextualiser dans notre milieu. J’ai prêché aujourd’hui et demain dois-je encore prêcher dans notre langue de Goa, Konkani.
Je connais français, ainsi que quatorze langues, anciennes et nouvelles.
J’espère utiliser vos homélies au profit de notre peuple. Nous avons des problèmes similaires ici-bas.
Je serai en contact avec vous.
Avec mes sentiments tres dévoués.
Fr.Dr.Ivo C. da Souza (Holy Spirit Church, Margao, Goa 403601, (Inde)
Merci cher ami. Nous sommes la même Eglise de Jésus Christ. Il est heureux que l’Internet nous donne les moyens d’annoncer l’Evangile au monde entier. Ce dimanche, nous prierons en communion les uns avec les autres.