Homélie du 32ème dimanche du Temps ordinaire (Armistice 2018)
Abbé Jean Compazieu | 5 novembre 2018“Aimer c’est tout donner”.
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Les trois textes bibliques de ce dimanche nous parlent du don généreux. Dans la première lecture et l’Évangile, nous avons entendu le témoignage de deux pauvres veuves, une païenne et une fille d’Israël. Elles ont donné tout ce qu’elles avaient pour vivre. Ces témoignages nous rejoignent : en ce jour anniversaire de l’armistice, nous pensons à ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie pour que nous puissions vivre dans un pays libre. À leur manière, ils ont tout donné.
La première lecture nous parle du prophète Élie. Il avait combattu le culte aux dieux païens. Mais il n’avait pas réussi à changer en profondeur la société et les mentalités. Il a dû s’enfuir car la reine Jézabel voulait sa mort. Il s’est retrouvé en plein territoire païen. Il y a été accueilli par une pauvre veuve qui n’avait plus rien. Cette femme est choisie par Dieu pour une mission de générosité. Elle n’a qu’une poignée de farine et un peu d’huile pour elle et pour son fils. Mais à la demande du prophète, elle donne tout et s’en remet à Dieu.
Pour nous chrétiens d’aujourd’hui, cette veuve est le visage de la foi qui partage. Les grands témoins de la charité sont souvent des gens qui n’ont pratiquement plus rien. Mais ils n’hésitent pas à risquer le peu qu’ils ont pour secourir les plus nécessiteux. Ils nous apprennent à penser aux autres avant de penser à nous-mêmes. Et surtout, ils nous apprennent à faire confiance à Dieu qui sait ce dont nous avons besoin avant que nous le lui demandions. La foi n’est pas seulement une “croyance”. C’est surtout une confiance à Dieu et à sa parole.
L’Évangile nous présente une autre veuve très pauvre mais particulièrement généreuse. Cela se passe sur le parvis du temple de Jérusalem. Jésus s’y trouve pour donner un enseignement à la foule. Il recommande à tous de ne pas imiter les scribes quand ils pèchent par orgueil et par désir de paraître. Le plus grave c’est qu’ils volent les plus pauvres. Jésus nous met en garde contre tous ces dangers. Le salut qu’il est venu apporter au monde doit nous amener à être vrais avec nous, avec Dieu et avec les autres. Les apparences peuvent tromper les hommes mais Dieu voit ce qu’il y a dans le cœur de chacun.
C’est exactement cela que nous découvrons en lisant la suite de cet évangile. Jésus est assis en face du trésor et il observe les gens qui déposent leurs offrandes. Il voit des riches qui donnent beaucoup, et c’est très bien. S’ils ont beaucoup c’est normal qu’il donne beaucoup. Mais voilà qu’arrive une veuve très pauvre. Elle n’a rien mais elle donne tout. Nous pouvons imaginer qu’elle devait avoir honte de ne donner que deux que deux petites pièces. Mais sans le savoir elle a attiré l’attention de Jésus : “cette pauvre veuve a mis dans le trésor plus que tous les autres… Elle a donné tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre.”
Quand Marc écrit son Évangile, le temple de Jérusalem n’existe plus. La situation historique a changé. En nous racontant cet événement, l’évangéliste a voulu rappeler aux chrétiens ce regard de Jésus sur la discrète générosité. Il alerte les chrétiens de tous les temps contre le désir de paraître. Ne soyez pas comme les scribes qui “agissent pour être vus”.
C’est très important pour nous aujourd’hui. Nous recevons souvent des appels à la générosité. La question nous est posée : sommes-nous capables d’accomplir une action généreuse sans chercher à nous mettre en avant ? Jésus nous recommande de ne pas attendre des témoignages de considération et de reconnaissance. Lui seul connaît vraiment ce qu’il y a dans le cœur de chacun.
En ce jour où nous commémorons le centième anniversaire de l’armistice, nous pensons à ceux qui ont quitté leur famille et leur lieu de vie pour défendre leur patrie. Devant le monument aux morts, nous penserons à tous ceux qui ont donné leur vie pour que nous puissions vivre dans un pays libre. Nous n’oublions pas les victimes de toutes les guerres, des violences et des attentats. Nous penserons aussi aux familles endeuillées, aux enfants orphelins et à tous les grands blessés.
Nous n’oublions pas que sur d’autres continents, des peuples connaissent la guerre et les conflits. Dans notre prière au Christ, nous rejoignons toutes les victimes de la haine, de la violence, du terrorisme et de l’indifférence. Nous sommes invités à vivre cette journée comme un appel à donner le meilleur de nous-mêmes pour la construction d’un monde plus juste et plus fraternel.
La lettre aux hébreux nous invite à tourner notre regard vers le Christ. Il est vraiment celui qui a tout donné. Sur la croix, il a offert une fois pour toutes le sacrifice de sa propre vie. En allant communier nous recevons de lui la confiance et la générosité. Alors, comme dans « la jarre de farine et le vase huile » l’amour et la joie ne manqueront jamais dans nos cœurs.
Oui seigneur, apprends-nous à donner le meilleur de nous-mêmes. Fais de nous des artisans de paix, de justice et de réconciliation. Que notre vie soit vraiment remplie de l’amour qui est à toi.
Sources : Revue Feu nouveau – Homélies pour l’année B (Amédée Brunot) – Ta parole et ma joie (Joseph Proux) – Homélies de l’année liturgique B (Simon Faivre) – Reste avec nous quand vient le soir (Lorette Lepage) – guide Emmaüs des dimanches et fêtes (Jean-Pierre Bagot)
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Belle homélie merci beaucoup pére Jean compaeieu tes homélies m’aide beaucoup elles m’apprennent a vivre en bon chrétien