Homélie du 4ème dimanche du Carême
Abbé Jean Compazieu | 25 mars 2019
Soyez dans la joie
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Ce 4ème dimanche du Carême est appelé “dimanche de la joie”. Toute la liturgie de ce jour nous invite à nous réjouir et à exulter. La raison de cette joie c’est la découverte émerveillée du monde de Dieu dans lequel nous sommes tous appelés à vivre. Cette joie c’est avant tout celle de celui qui reçoit la miséricorde de Dieu.
La première lecture nous dit la joie du peuple d’Israël qui a été libéré de l’esclavage d’Égypte. Après une longue traversée du désert, il entre dans la Terre promise. Cette entrée donne lieu à une grande fête. Ce texte du livre de Josué nous révèle un Dieu libérateur et sauveur. Il veut que nous soyons libres et heureux. C’est aussi ce que nous rappelle la campagne du CCFD Terre Solidaire : “Devenons des acteurs du justice et de fraternité”.
Ce bonheur auquel nous sommes tous appelés passe par la réconciliation. C’est saint Paul qui nous le rappelle dans la 2ème lecture : “Laissez-vous réconcilier avec Dieu.” C’est le monde entier qui a besoin d’être réconcilié. Mais Dieu ne nous a pas abandonnés : il a pris l’initiative d’envoyer son Fils pour “chercher et sauver ceux qui étaient perdus”. Si nous prenons le temps de l’accueillir, ce sera la joie retrouvée. Alors oui, laissons-nous réconcilier avec Dieu et entre nous.
L’Évangile nous invite à faire un pas de plus dans la découverte du vrai visage de Dieu. Cette parabole du fils prodigue, nous la connaissons bien parce que nous l’avons entendue souvent. C’est l’histoire d’un garçon qui réclame sa part d’héritage et s’en va loin de sa famille. Après avoir tout dépensé dans une vie de débauche, il finit par se trouver dans la misère. Cet Évangile nous parle de Dieu et de nous. Il nous dit que c’est ainsi que Dieu agit avec nous ; il nous laisse libres. En nous créant, il nous a fait le don de la liberté. C’est à nous d’en faire un bon usage.
Mais quand nous nous éloignons de lui, quand nous courons à notre perte, Dieu nous porte toujours dans son cœur ; il attend notre retour confiant. Il est comme ce père qui scrute la route dans l’espoir de voir revenir son enfant. Et un jour, il le voit apparaître ; il est tout ému en le voyant, il court à sa rencontre, il le serre dans ses bras et l’embrasse. Malgré les nombreuses bêtises de ce fils, son père est très heureux de l’accueillir.
Quand on se sent pécheur, on se sent vraiment peu de chose, on se sent sale ; c’est alors que nous sommes invités à aller vers le Père. Et nous découvrons que sa grande joie c’est de nous accueillir et de nous guérir. Il est incapable d’en vouloir à ses enfants quoi qu’ils aient fait ; il n’est que miséricorde pour tous, même pour celui qui a commis le pire. Nous sommes tous aimés de Dieu ; son Royaume est offert à tous. Il nous appartient de le dire et de le redire à ceux qui ne le savent pas.
Mais dans l’Évangile de ce jour, il y a un problème : le fils aîné rejette son frère au lieu de l’accueillir. Au premier abord, il a raison : ce frère a gravement fauté ; il a déshonoré sa famille ; il doit assumer les conséquences de ses actes. Ce fils aîné se considère comme juste et irréprochable. Mais il oublie que son orgueil le coupe de l’amour de son père. Nous ne pouvons pas accueillir Dieu si nous ne sommes pas fraternels avec ceux et celles qui nous entourent.
Ce père dont nous parle l’Évangile nous révèle le cœur de Dieu. Nous découvrons que notre Dieu est le Père miséricordieux qui nous aime au-delà de toute mesure. Il attend toujours notre conversion chaque fois que nous nous détournons de lui. Il est toujours prêt à nous accueillir à bras ouverts quoi qu’il arrive. Comme ce père dont nous parle l’Évangile, il continue à nous considérer comme ses enfants alors que nous nous sommes égarés. Il vient à notre rencontre quand nous revenons à lui. Et il nous parle avec beaucoup de bonté, même quand nous nous croyons justes.
Il est urgent pour nous d’entrer dans ce monde de Dieu, monde de la miséricorde, de la gratuité et du pardon. En ce temps du Carême qui nous prépare à Pâques, nous sommes tous appelés à intensifier ce chemin intérieur de conversion. Laissons-nous toucher par ce regard plein d’amour du Père et retournons à lui de tout notre cœur, en rejetant tout compromis avec le péché. L’Eucharistie que nous célébrons rassemble des pécheurs pardonnés. Ensemble, nous rendons grâce à Dieu notre Père pour ce passage de la mort à la vie.
Télécharger : 4ème dimanche du Carême
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Sources : Missel des dimanches 2019 – Missel des dimanches et fêtes (Bayard) – Au service de la Parole (Bernard Prévost) – Pape François.