Baptême du Seigneur
Abbé Jean Compazieu | 5 janvier 2020
“Celui-ci est mon Fils Bien-aimé”
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Dimanche dernier, nous étions encore à Bethléem en compagnie des mages. À travers eux, c’était la manifestation de Jésus au monde païen et à tous les chercheurs de Dieu. Aujourd’hui, nous sommes renvoyés à trente ans plus tard pour fêter une autre Épiphanie, celle qui a eu lieu au cours de son baptême par Jean. Aujourd’hui, il est révélé à Jean Baptiste et à ses disciples ainsi qu’à la foule. C’est le début de son ministère public.
Cet événement était annoncé au sixième siècle avant Jésus Christ. À cette époque, le peuple d’Israël se trouve en exil à Babylone ; le prophète Isaïe s’efforce de lui redonner du courage : il annonce le “serviteur” qui aura pour mission d’accomplir l’œuvre de salut de Dieu. La volonté de Dieu c’est de sauver toute l’humanité. Il est celui qui ouvre les yeux des aveugles et qui rend la liberté aux opprimés. Il est surtout celui qui fait alliance avec son peuple.
C’est de cette espérance que doit témoigner le peuple que Dieu s’est choisi. Même s’il est ballotté par les grands empires du moment, rien ne doit l’arrêter. Il a pour mission de faire connaître le vrai Dieu aux païens. Il doit annoncer le message de Dieu “”avec fermeté et douceur”. Aux yeux des hommes, cela peut paraître dérisoire. Mais Dieu est là. Il fait reposer son Esprit sur son serviteur. Ce dernier doit témoigner que Dieu est lumière et libération pour tous les hommes.
Le Nouveau Testament applique ce poème d’Isaïe à Jésus. C’est cette bonne nouvelle que proclame la voix venue du ciel. Jésus est vraiment ce serviteur non violent, plein de douceur et de discrétion. C’est lui que nous sommes invités à écouter et à suivre. Il se présente à nous comme la “lumière des nations”. Nous, chrétiens baptisés et confirmés, nous sommes envoyés pour porter cette lumière au monde d’aujourd’hui. Nous vivons dans une société qui veut mettre à distance la bonne nouvelle de l’Évangile. De nombreux pays sont guettés par la déchristianisation. Mais rien ne peut arrêter la réalisation du plan de Dieu.
Mais la deuxième lecture est là pour nous parler de l’Évangile “pour tous”. Il n’est pas seulement réservé à une élite de fervents. Il doit atteindre le monde entier. Il n’y a pas de borne au message de paix et de liberté que Dieu annonce par don Fils. Jésus Christ s’est fait le Seigneur de tous, y compris des païens. L’Esprit de Dieu nous précède dans leur cœur. C’est lui qui fait que la Parole de ses messagers porte du fruit. La Pentecôte en milieu païen continue tous les jours. Dieu ne cesse d’agir au-delà des frontières visibles de son Église.
L’Évangile de ce dimanche nous parle du baptême de Jésus près du fleuve Jourdain. Jésus se mêle à la foule des pécheurs pour recevoir ce baptême de pénitence donné par Jean. Pourtant, il n’a pas de péché à se faire pardonner. Il n’a donc pas besoin de repentir. Ce baptême de Jésus n’était pas nécessaire pour lui. Jean, lui-même le reconnaît : “C’est moi (pauvre pécheur) qui ai besoin d’être baptisé par toi…”
Mais ce geste de Jésus était nécessaire pour nous. Il est précisément venu pour combler cette distance entre l’homme et Dieu. Il est entièrement du côté de Dieu mais aussi entièrement du côté de l’homme. Il a voulu être immergé dans notre condition humaine très concrète. Il est entré dans l’eau du Jourdain pur de tout péché. Il en est ressorti porteur de tout le péché du monde. Ce mal qui nous accable, il le prend sur lui pour nous en libérer. Il veut nous en libérer car il veut que nous soyons heureux.
Cette fête du Seigneur nous annonce un autre baptême bien plus grand, celui que reçoivent les chrétiens. Avec ce baptême, nous sommes plongés dans cet océan d’amour qui est en Dieu Père, Fils et Saint Esprit. Nous sommes envoyés dans ce monde tel qu’il est pour lui dire et lui montrer par toute notre vie que Dieu l’aime. Avec Jésus, plus rien ne peut être comme avant. Il est celui qui a donné Dieu aux hommes et les hommes à Dieu.
Cet Évangile se termine par la Parole du Père : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis tout mon amour.” C’est lui que nous sommes invités à suivre et à écouter. Et c’est de son amour que nous avons à témoigner dans ce monde qui en a bien besoin.
C’est en vue de cette mission que nous venons nous ressourcer à la table eucharistique. Le Christ est là pour nous communiquer sa vie. Il est le pain vivant sur nos chemins humains. Nous te prions, Seigneur, aide-nous à vraiment redécouvrir la force et la grandeur ce don que tu nous fais. Donne-nous de nous plonger chaque jour dans cet océan d’amour qui est en Dieu, Père, Fils et Saint Esprit. Amen
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Sources : Revue Feu Nouveau, L’Intelligence des Écritures (Marie Noëlle Thabut), Lectures bibliques des dimanches (A Vanhoye), Ta Parole est ma joie (Joseph Proux). François selon Isaïe
L’événement du baptême de Jésus nous donne l’occasion de réexaminer notre démarche de foi au sein de la communauté des chrétiens. Pour la majorité d’entre nous, notre baptême a été décidé par nos parents. À présent, il est temps de témoigner notre engagement personnel sur la voie tracée par le Christ.
Où en suis-je actuellement ? Un chrétien de nom ? Un chrétien passif qui se laisse guider sans jamais prendre l’initiative ? Ou un chrétien engagé, guidé par la foi, qui donne son temps à Dieu et au service des autres ?
Le chrétien est appelé à vivre activement sa foi éclairée par la lumière de l’Évangile. Pour saint Jacques, la relation entre Foi et Action est primordial : « Mes frères, si quelqu’un prétend avoir la foi, sans la mettre en œuvre, à quoi cela sert-il ? […] La foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte. » (Jc 2:14,17) Croire et agir doivent aller de pair ! Dans sa lettre aux Corinthiens, saint Paul insiste : « J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. » (1 Cor 12:2) Le disciple du Christ doit savoir ouvrir largement son cœur et ses bras aux prochains. C’est le témoignage concret de notre appartenance à son Corps sacré. « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13:35)
Redécouvrons le chemin de notre foi, un parcourt spirituel qui sort de l’ordinaire. Par notre mode de vie, rayonnons la paix et l’amour autour de nous. Soyons le messager de la Bonne Nouvelle là où nous vivons. « Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » (Mt 5:14-16)
Cependant, la foi reçue n’est pas vécue de la même manière par tous. En effet, au détour de certaines de nos conversations nous pouvons entendre : « Oh, vous savez, je suis croyant, mais pas pratiquant. » Ces personnes affirment, avec une certitude tranquille, qu’il est plus important de vivre honnêtement tous les jours que de s’enticher des pratiques religieuses ! ‘Est-ce si important !’, disent-il ? Ils ne vont pas à la messe du dimanche, certes, mais ils mettent en pratique des valeurs essentielles. Ils sont fidèles dans leur couple et résolus dans leurs engagements. Ils pratiquent la tolérance et le partage… En fin de compte, ils sont beaucoup plus croyants qu’ils ne le pensent. Que de fois, les Évangiles nous citent des exemples de ce type ! Ce qui leur manque, précisément, c’est une rencontre personnelle avec Dieu. À ceux-là, Jésus leur dit : « Viens et suis-moi ! » (Mt 19:21) Jésus les appelle à devenir ‘plus chrétiens’, à donner une dimension plus spirituelle à leur vie.
Plaçons Dieu au centre de notre existence. « Celui qui s’unit au Seigneur est un même esprit avec lui. » nous dit saint Paul (1 Cor 6:17) La voix de Dieu le Père nous recommande vivement notre adhésion à la personne du Christ : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j’ai mis tout mon amour. »
Nguyễn Thế Cường
Bravo Nguyen pour votre commentaire qui m’a beaucoup interrogé sur ma foi.
Merci père Jean pour ton homélie très riche et pour le commentaire de soeur CLaire
Nguyen The Cuong, merci pour tes commentaires.