Homélie du 1er dimanche du Carême
Abbé Jean Compazieu | 23 février 2020« Le diable a joué sa dernière carte »
Textes bibliques : Lire
Depuis mercredi dernier, nous sommes entrés dans le temps du Carême. Ils sont nombreux ceux et celles qui ne savent plus très bien ce que c’est. Beaucoup pensent d’abord aux privations : on jeûne… on ne mange pas de viande… Les enfants ajoutent qu’on ne mange pas de bonbons…
Oui, bien sûr, tout cela peut faire partie du Carême. Mais ces privations ne sont que des moyens. Le véritable but de ces quarante jours c’est de nous débarrasser. Notre seule priorité c’est Jésus mort et ressuscité. Quand on a compris cela, tout le reste est accessoire. Nous sommes invités à nous éloigner des bruits du monde et à nous libérer des bagages qui encombrent. Le Carême n’est pas une période de manque mais un temps de retrouvaille avec le Seigneur qui n’a jamais cessé de nous aimer.
Les textes bibliques de ce dimanche nous apportent un éclairage lumineux. Le récit de la Genèse (1ère lecture) nous dit que l’homme a été créé pour le bonheur, la paix et la joie. Dieu veut notre bien et celui de notre monde. Mais le tentateur cherche à nous détourner de Dieu. Il veut nous faire croire que Dieu a de mauvaises intentions sur nous. Ce n’est là que mensonge. Au désert, le peuple d’Israël a fait l’expérience de serpents venimeux. Le soupçon porté sur Dieu est un poison mortel qui empoisonne nos vies.
Aujourd’hui comme autrefois, le Seigneur nous voit nous enfoncer dans le péché et nous détourner de lui. En ce début du Carême, il nous adresse un appel solennel : “Revenez à moi de tout votre cœur…” C’est une supplication pressante de notre Dieu. Il ne veut que notre bonheur. Toute la bible nous dit qu’il est “tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment”. Dieu n’est pas là pour nous punir mais pour nous sauver et nous combler de ses bienfaits. C’est avec lui que nous trouvons la joie d’être pardonnés. Et du coup, nous retrouvons l’intimité avec notre Dieu. Et nous pourrons rendre grâce pour cette merveille qu’il réalise dans notre vie.
Voilà ce chemin qui nous est proposé. Mais sur ce chemin, nous rencontrons la tentation. L’Évangile de ce jour nous dit que Jésus y a été affronté. Derrière ces tentations, il y a quelqu’un : La bible le nomme “le diable”. Il est celui qui cherche à faire tomber l’homme. Il est présent dans toutes les luttes de notre vie et n’en démord pas. Jésus a été tenaillé par la faim. Mais il a refusé de céder à la tentation de posséder et de consommer. Il est le Fils bien-aimé du Père et il veut lui rester fidèle jusqu’au bout. Il répond par un rappel de la Parole de Dieu : “L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu…”
Jésus sait très bien qu’avec Satan, on ne peut pas dialoguer. Il choisit de se réfugier dans la Parole de Dieu. Nous l’avons entendu : Ce n’est pas seulement de pain que vit l’homme. Manger c’est vital. Être en accord avec Dieu est encore plus vital : “Tu ne tenteras pas le Seigneur”. Ne le provoque pas. À Dieu seul, tu rendras un culte… Ne te prosterne pas devant les idoles, devant les personnes et encore moins devant le diable. Ces tentations sont aussi appétissantes que le fruit défendu de la Genèse. À nous de choisir si nous voulons vivre en enfants de Dieu et être en relation de fraternité entre nous. Si nous choisissons de marcher à la suite du Christ, nous vivrons ; sinon c’est la jungle.
Jésus a résisté au tentateur et celui-ci a fini par le quitter. Le Seigneur nous montre comment faire face à toutes ses attaques. Il nous invite à nous réfugier, comme lui, dans la Parole de Dieu ; les Écritures nous ouvrent le cœur de Dieu. Leur méditation, leur mise en pratique auprès de nos frères nous rapprochent de Dieu. C’est avec lui que nous trouverons force et courage dans notre lutte contre le mal. Avec le Christ, nous apprendrons à rejeter toutes les publicités mensongères qui courent à travers le monde et nous détournent de l’Évangile. La Lumière de la Parole de Dieu nous est offerte pour éclairer notre vie.
Si nous approfondissons un peu plus les Évangiles, nous découvrons une bonne nouvelle : Tout ce que le diable lui promet, Jésus l’obtiendra de son Père : ce sera l’événement de la multiplication des pains, puis la résurrection d’entre les morts au matin de Pâques. Mais tandis que le diable lui offre de posséder tout cela immédiatement, Jésus ne veut le recevoir que de son Père, en acceptant la voie douloureuse qui l’établira en Messie glorieux.
À chaque Eucharistie, le Seigneur ne demande qu’à nous nourrir du “Pain vivant descendu du ciel”. Il nourrit la foi ; il fait grandir l’espérance et nous donne la force d’aimer. Puissions-nous, tout au long de ce Carême à avoir toujours faim du Christ, seul Pain vivant, et de toute parole qui sort de sa bouche.
Télécharger : 1er dimanche du Carême
Sources : Revue Feu Nouveau, Pensées sur l’Évangile de Matthieu (Christoph Schonborn), François selon saint Matthieu, Vivre la messe du dimanche 2020, plaquettes du Carême, dossiers personnels…
Mercredi des Cendres marque le début du Temps de Carême. Une étape de l’année liturgique où l’on reprend souffle et dynamisme dans notre démarche vers Dieu. Ce temps fort spirituel nous aide à retrouver notre chemin intérieur et nous prépare à célébrer Pâques.
L’Évangile de ce dimanche nous invite à suivre Jésus dans le désert. Cette immensité calme et sereine a toujours fasciné les hommes en quête d’absolu. Un lieu où l’on ne pourra jamais se targuer d’en avoir exploré l’intégralité. Cet espace isolé nous donne la sensation d’être coupés du monde. Par sa solitude dépouillée, le désert provoque un réveil vivifiant où tout est remis en question ! Y pénétrer, c’est s’éloigner de la foule pour mieux se retrouver.
Cet horizon à perte de vue nous reconnecte à ce que nous sommes, avec franchise et sans détour. Ce passage dans notre désert intérieur nous apprête à la rencontre en tête-à-tête avec Dieu. Au fin fond de nous-mêmes, le Seigneur nous ouvre les yeux sur d’innombrables tentations qui nous assaillent. De manière symbolique, ‘le tentateur’ essaye de nous enfermer dans les satisfactions de la richesse et du pouvoir. Il cherche à remplacer Dieu par les biens de consommation et les exigences frivoles. De toutes parts, les messages séducteurs essaient de nous convaincre de suivre la mode et de rechercher les plaisirs de la vie. L’abondance de biens matériels crée en nous des besoins. Et insensiblement, cette soif d’acquisition fait de nous des esclaves. Les superflus nous asservissent ! Ainsi encombré, notre cœur ne dispose plus de place vacant ni pour Dieu ni pour les autres.
Il est urgent de nous libérer de tout ce qui risque de nous ligoter, de nous emprisonner. Un temps de recueillement nous est nécessaire pour reconsidérer nos choix afin d’être plus disponible à notre vie spirituelle et à ouvrir d’avantage notre cœur aux autres.
En ce Temps de Carême, faisons un lien étroit entre la prière et le partage, entre la relation à Dieu et le rapport avec les autres. Saint Paul nous exhorte : « Puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes sanctifiés, aimés par lui, revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. Supportez-vous les uns les Ce petit passage dans notre désert intérieur nous apprête à la rencontre en tête-à-tête avec Dieu.autres, et pardonnez-vous mutuellement si vous avez des reproches à vous faire. Le Seigneur vous a pardonnés, faites de même. Par-dessus tout cela, ayez l’amour, qui est le lien le plus parfait. » (Col. 3:12-14) Renouons avec les forces de l’amour et du service. Faisons un pas de plus vers tous les gens que Dieu mets sur notre route. C’est de cette façon que l’horizon de Pâques nous illumine et prépare notre âme à s’ouvrir sur la Vie.
Durant cette période liturgique, le Chemin de Croix ne doit pas nous enfermer dans le dolorisme. Par le don généreux de sa vie, le Christ nous ouvre les yeux sur les petitesses de notre égoïsme et éclaire notre parcourt à travers les turbulences de l’existence. La Passion du Christ n’est qu’une traversée du tunnel. La lumière de sa Résurrection est au bout. C’est cela notre objectif : Le triomphe de l’Amour sur la mort.
« Qui aime sa vie la perdra ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. » (Jn 12:25)
Nguyễn Thế Cường
Je trouve vos paroles particulièrement belles cette semaine.
Bon carême à tous.
Désolé ! Je me suis mélangé les pinceaux en citant l’extrait de la lettre de saint Paul aux Colossiens (Col. 3:12-14). Je vous renvoie mon texte. Bon Carême à toutes et à tous.
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Mercredi des Cendres marque le début du Temps de Carême. Une étape de l’année liturgique où l’on reprend souffle et dynamisme dans notre démarche vers Dieu. Ce temps fort spirituel nous aide à retrouver notre chemin intérieur et nous prépare à célébrer Pâques.
L’Évangile de ce dimanche nous invite à suivre Jésus dans le désert. Cette immensité calme et sereine a toujours fasciné les hommes en quête d’absolu. Un lieu où l’on ne pourra jamais se targuer d’en avoir exploré l’intégralité. Cet espace isolé nous donne la sensation d’être coupés du monde. Par sa solitude dépouillée, le désert provoque un réveil vivifiant où tout est remis en question ! Y pénétrer, c’est s’éloigner de la foule pour mieux se retrouver.
Cet horizon à perte de vue nous reconnecte à ce que nous sommes, avec franchise et sans détour. Ce passage dans notre désert intérieur nous apprête à la rencontre en tête-à-tête avec Dieu. Au fin fond de nous-mêmes, le Seigneur nous ouvre les yeux sur d’innombrables tentations qui nous assaillent. De manière symbolique, ‘le tentateur’ essaye de nous enfermer dans les satisfactions de la richesse et du pouvoir. Il cherche à remplacer Dieu par les biens de consommation et les exigences frivoles. De toutes parts, les messages séducteurs essaient de nous convaincre de suivre la mode et de rechercher les plaisirs de la vie. L’abondance de biens matériels crée en nous des besoins. Et insensiblement, cette soif d’acquisition fait de nous des esclaves. Les superflus nous asservissent ! Ainsi encombré, notre cœur ne dispose plus de place vacant ni pour Dieu ni pour les autres.
Il est urgent de nous libérer de tout ce qui risque de nous ligoter, de nous emprisonner. Un temps de recueillement nous est nécessaire pour reconsidérer nos choix afin d’être plus disponible à notre vie spirituelle et à ouvrir d’avantage notre cœur aux autres.
En ce Temps de Carême, faisons un lien étroit entre la prière et le partage, entre la relation à Dieu et le rapport avec les autres. Saint Paul nous exhorte : « Ainsi donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous d’ardente compassion, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous les uns les autres et faites-vous grâce réciproquement ; si quelqu’un a à se plaindre d’un autre, comme le Christ vous a fait grâce, vous aussi, faites de même. Mais par-dessus tout, revêtez-vous de l’amour qui est le lien de la perfection. » (Col. 3:12-14) Renouons avec les forces de l’amour et du service. Faisons un pas de plus vers tous les gens que Dieu mets sur notre route. C’est de cette façon que l’horizon de Pâques nous illumine et prépare notre âme à s’ouvrir sur la Vie.
Durant cette période liturgique, le Chemin de Croix ne doit pas nous enfermer dans le dolorisme. Par le don généreux de sa vie, le Christ nous ouvre les yeux sur les petitesses de notre égoïsme et éclaire notre parcourt à travers les turbulences de l’existence. La Passion du Christ n’est qu’une traversée du tunnel. La lumière de sa Résurrection est au bout. C’est cela notre objectif : Le triomphe de l’Amour sur la mort.
« Qui aime sa vie la perdra ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. » (Jn 12:25)
Nguyễn Thế Cường