Homélie du 14ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 28 juin 2020“Venez à moi…”
Textes bibliques : Lire
Les textes bibliques de ce dimanche nous adressent un message d’espérance. C’est le salut qui est annoncé aux petits, aux pauvres et aux exclus. Nous y découvrons la puissance de la Parole de Dieu. Cette bonne nouvelle rejoint tous ceux et celles dont la vie est un fardeau très lourd à porter.
La première lecture est extraite du livre de Zacharie. Il s’agit d’une parole de consolation en période de guerre. La situation semble désespérée. Mais Dieu va intervenir. Le prophète annonce la venue d’un roi “humble, monté sur un âne.” Non, ce n’est pas une plaisanterie. La force de ce roi vient du fait qu’il est “juste”, c’est-à-dire pleinement ajusté à Dieu. Notre Dieu n’a pas besoin d’une puissante cavalerie. Il va venir instaurer un avenir de paix, non seulement pour les rescapés de son peuple mais aussi pour toutes les nations. Il faut le dire et le redire : Toute la Bible ne cesse de nous annoncer l’amour passionné de Dieu. C’est de cette bonne nouvelle que témoignent tous les martyrs d’hier et d’aujourd’hui. La haine, la violence, les persécutions n’auront pas le dernier mot. C’est l’amour qui triomphera.
C’est aussi ce message que nous lisons dans la lettre de saint Paul aux Romains. II leur recommande de ne pas vivre “sous l’emprise de la chair”. Pour Paul, vivre “sous l’emprise de la chair” c’est vivre loin de Dieu, c’est se contenter des limites de l’intelligence et des forces humaines ; c’est le péché qui nous détourne de Dieu pour nous entraîner vers des impasses. Au contraire, vivre “selon l’Esprit”, c’est se laisser guider par Dieu, c’est être habité par lui. Nous sommes appelés à devenir des “maisons de l’Esprit”. C’est lui qui commande. Il prend possession du croyant pour répandre en lui l’amour qui est en Dieu.
L’Évangile de ce jour nous rapporte une prière d’action de grâce de Jésus : “Je proclame ta louange ; ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout petits”. Ne nous trompons pas sur le sens de cette parole. La bonne nouvelle n’a été cachée à personne ; elle a été proclamée dans toute la Galilée. Jésus y a fait beaucoup de miracles. Il n’a jamais cessé d’inviter les uns et les autres à se convertir ; mais voilà : “il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu.” A plusieurs reprises, Jésus s’est trouvé affronté à la dureté de cœur de ses auditeurs. Ils n’ont pas su répondre à son attente.
Les sages et les savants que Jésus dénonce, ce sont ceux qui s’accrochent à leurs raisonnements humains. Ils pensent avoir raison contre tout le monde, y compris contre le pape et les évêques. Ils sont imbus de leurs connaissances et de leurs certitudes. De ce fait, ils deviennent incapables d’accueillir une vérité qui vient d’ailleurs. Pour accueillir cette bonne nouvelle, il nous faut avoir un cœur de pauvres, entièrement ouvert à Dieu. Jésus se révèle aux tout petits pour leur dire qu’ils sont les plus grands de ce monde. Nous ne pouvons qu’exulter de joie face à un Dieu pareil. Il remet toute chose à sa juste place. Ce qui a de la valeur à ses yeux, ce n’est pas l’argent ni les richesses de ce monde mais l’amour de tous les jours pour tous ceux et celles qui nous entourent.
S’adressant aux tout petits, Jésus leur dit : “Venez à moi.” Voilà cet appel qu’il nous faut entendre et accueillir, venir à Jésus. Il est toujours là pour nous accueillir. Son amour nous est toujours offert ; il ne demande qu’à nous accompagner partout où nous allons. Cette bonne nouvelle est offerte à tous. Mais la priorité de Jésus va vers tous ceux et celles qui ploient sous le poids de leur fardeau. Nous pensons à tous ceux qui sont douloureusement éprouvés par la maladie, la souffrance physique ou morale.
S’adressant à ceux qui ploient sous le fardeau, le Seigneur leur dit : “Prenez sur vous mon joug”. Ne nous trompons pas sur le sens de cette parole : ce jour n’est pas un fardeau de plus. Jésus veut nous faire comprendre qu’il veut que nous soyons reliés à lui. Ce fardeau qui nous accable, il veut le porter avec nous. Il sait que par nos seules forces, ce ne sera pas possible. Mais avec lui, il n’y a pas de situation désespérée.
Nous qui sommes rassemblés à l’église, nous sommes venus à toi, Seigneur Jésus. Nous nous unissons à ton action de grâce : “ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits.” Donne-nous d’en être les témoins fidèles auprès de tous ceux que tu mettras sur notre route.
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Sources : Revue Feu Nouveau – L’intelligence des Écritures (MN. Thabut) – Reste avec nous quand vient le soir (Laurette Lepage) – dossiers personnels
À l’époque de Jésus, sous l’occupation romaine, le peuple d’Israël connaissait une fiscalité très lourde et une existence précaire. La population est accablée par les soucis et les ennuis de toutes sortes. En plus de cela, la religion, telle qu’elle est proposée par les autorités religieuses, est faite de lourdes contraintes. La Loi de Moïse est devenue un carcan de rites, de pratiques et d’interdits… C’est à ce peuple en désarroi, et à chacun de nous aujourd’hui, que Jésus adresse son message d’Amour : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. » Jésus va au plus intime du cœur de l’homme !
Une Parole qui enchante le cœur ! Jésus se propose de partager notre fardeau quotidien. Il veut nous alléger du poids des soucis trop lourd à porter. À plusieurs reprises, l’Évangile de saint Matthieu nous révèle que Jésus est un homme de compassion. Souvenons-nous du regard rempli de bonté sur la foule qui venait à Lui : « À la vue des foules, Jésus eut grande compassion, car ces gens étaient fatigués et abattus comme des brebis qui n’ont pas de berger. » (Mt 9:36) C’est toute la sollicitude du ‘Bon Pasteur’ qui veille sur son troupeau… Une attention chaleureuse et pleine d’humanité envers tous ceux qui sont sous sa protection, faisant le lien avec la prophétie d’Ezéchiel : « Comme un pasteur s’occupe de son troupeau, quand il est au milieu de ses brebis éparpillées, je m’occuperai de mes brebis. Je les retirerai de tous les lieux où elles furent dispersées, au jour de nuées et de ténèbres.» (Ez 34:12)
Autour de nous, la société exalte la réussite et la force. La publicité vante la beauté et la richesse. Dans un monde où l’argent et le pouvoir ont une place prédominante, la loi du plus fort règne en maître ! La vie au quotidien laisse peu de place aux gens ordinaires et aux faibles ! « Venez à moi… » Jésus s’adresse à tous ceux qui peinent sous le poids du labeur, à tous ceux qui sont écrasés par les épreuves et les ennuis de toutes sortes. Il invite tous ceux qui sont à la recherche d’un havre de paix à venir puiser chez Lui une énergie nouvelle pour mieux avancer dans la vie. Il leur promet son soutien. Un appel à suivre sa voie pour avoir la joie et la paix dans l’âme. Sa Parole procure du réconfort et son enseignement n’est pas un poids de plus qui nous courbe mais le chemin vers le Bonheur.
« Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »
En cette période de l’année où tout nous évoque le mot ‘vacances’ ! Après un temps pertubé et un confinement bien contraignant avec son lot quotidien de préoccupations et de soucis, beaucoup d’entre nous ressentent le besoin d’un moment de répit pour reprendre son souffle. La liturgie de ce 14ème dimanche du Temps Ordinaire rejoint l’aspiration de chacun au repos. Une détente du corps mais aussi de l’esprit pour diminuer l’impact du stress. Un repos qui permet à l’organisme de se régénérer. Une sérénité qui aide l’âme à se ressourcer. Rompre avec la routine et les agitations de la vie quotidienne pour mieux s’organiser et préparer l’avenir… Et pourquoi pas de courts voyages vers notre for intérieur pour une retrouvaille personnelle avec Jésus. Nous n’avons pas besoin d’aller bien loin, il suffit de l’accueillir au plus profond de notre cœur. Dans ces moments privilégiés, confions-lui nos joies et nos peines. Faisons-lui part de nos projets pour l’avenir ou de nos aspirations… À deux, les soucis devienent moins stressants. À deux, les projets pour l’avenir se révèlent plus exaltants. L’esprit en paix et le cœur léger, nous serons plus en mesure de faire un pas vers ceux qui nous entourent et les accueillir comme ils sont.
Ce que Jésus fait pour nous, nous sommes invités à le réaliser pour les autres. Soulager autant que possible leur fardeau. Être à l’écoute de ceux qui ont besoin de notre aide. Partager leur peine. Ceux qui viennent à notre rencontre devraient repartir avec un cœur moins lourd et avec le sentiment que quelqu’un les porte dans son amitié et dans sa prière.
Nguyễn Thế Cường Jacques
J’ai beaucoup apprécié vos commentaires, merci.
merci pour ces commentaires simples et lumineux !
c’est récomfortant de revenir à l’essentiel .