Homélie du 15ème dimanche du Temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 5 juillet 2020Semeur de la Bonne Nouvelle
Textes bibliques : Lire
Les lectures bibliques de ce dimanche nous apportent un message d’espérance. Dans ce monde qui est le nôtre, nous en avons bien besoin. Nous avons tout d’abord un extrait du livre d’Isaïe. Il s’adresse à des croyants qui doutent parce qu’ils ne voient guère se réaliser les promesses des prophètes. Pour eux, tout va mal et ils commencent à désespérer. Ils ont été déportés en exil sur une terre étrangère. Alors le prophète leur apporte un message de consolation. Pour cela, il utilise une comparaison que tout le monde peut comprendre : Quand la pluie et la neige abreuvent la terre, la semence ne peut que pousser et donner du pain à celui qui mange. De même la parole de Dieu ne lui revient pas sans produire du résultat. Elle accomplit toujours sa mission. Elle fait ce que Dieu veut.
Il nous appartient d’en tirer les conséquences : ce qui est important pour nous, c’est d’être vraiment à l’écoute de cette parole. Si Dieu nous parle c’est pour notre bonheur. Il ne demande qu’à nous rejoindre, mais il ne va pas forcer notre porte car il respecte notre liberté. Plus tard, le Christ se présentera à nous comme le “Verbe” de Dieu, la Parole de Dieu. Son ministère sera celui de la réconciliation. Le “Verbe fait chair” n’est pas retourné au Père “sans résultat” sans avoir accompli son ministère de réconciliation.
C’est aussi cette bonne nouvelle que nous lisons dans la lettre aux Romains (2ème lecture). La Parole de Dieu vient changer le cœur de l’homme. Elle tend à reconstituer la Création qui s’était désintégrée sous l’effet du péché. Cette lettre nous dit que l’Évangile est puissance de Dieu pour le salut de tout croyant » (Rm 1,16). Il est très important que nous soyons convaincus de cette force vitale présente dans la Parole de Dieu. Jésus se compare à une semence. Elle-même n’a rien de très impressionnant. Et pourtant, elle renferme une capacité de vie remarquable. Elle est capable de donner naissance à une grande plante malgré les obstacles qu’elle rencontre. De même, la Parole de Dieu est une force vitale capable de changer le monde.
Dans l’Évangile, Jésus nous raconte la parabole du semeur. Ce récit, nous le connaissons bien parce que nous l’avons entendu souvent. Mais il ne faut surtout pas le lire comme une leçon d’agriculture. Cet Évangile nous parle d’abord de Dieu et de nous. Il s’agit d’un Dieu qui « sort » parce qu’il a choisi d’ensemencer la terre. Cette semence c’est la Parole de Dieu. Elle nous dit tout l’amour de Dieu pour le monde. Dieu la répand avec une générosité extraordinaire. Il cherche à rejoindre tous les hommes sur tous les terrains, y compris ceux qui se trouvent dans les situations les plus désespérées. Son message de salut doit être proclamé dans le monde entier. Nous n’oublions pas que les paroles de Jésus sont celles de la Vie éternelle.
L’évangile nous parle de quatre terrains différents, le bord du chemin, le sol pierreux, le sol envahi par les mauvaises herbes et enfin la bonne terre. Ces terrains bons ou mauvais, c’est chacun de nous. D’un côté, nous avons l’homme au cœur dur. Il refuse la Parole de Dieu car elle ne l’intéresse pas. Le deuxième terrain c’est celui qui manque de profondeur. Il a accueilli la Parole avec joie, mais un jour, tout s’arrête. Le troisième terrain c’est celui qui est envahi par les mauvaises herbes. C’est quand nous nous laissons envahir par les soucis de la vie et la séduction des richesses. Nous avons là des pièges qui nous détournent de Dieu.
Puis nous avons la bonne terre. Le grain peut y prendre racine et se développer. Cette terre c’est l’homme qui reste ouvert à la Parole de Dieu. Il s’en nourrit chaque jour et il la met en pratique dans toute sa vie. Sur un terrain favorable, elle ne peut que produire du fruit. Ces fruits, c’est la conversion, c’est la transformation de toute une vie. Ils sont nombreux ceux et celles qui peuvent dire : « Il a changé ma vie ». Quand l’Esprit Saint est là, le résultat est extraordinaire.
À la suite du Christ, nous sommes envoyés pour être des semeurs de la bonne nouvelle et pour proposer l’Évangile aux hommes d’aujourd’hui. Nous avons tendance à nous lamenter sur les églises vides alors que les supermarchés sont pleins. Être missionnaire c’est aller sur tous les terrains, vers les croyants mais aussi les non croyants et les mal croyants. Le Christ veut les sauver tous. À sa suite et avec lui, nous sommes envoyés pour semer à profusion. Il ne s’agit pas de faire croire mais de dire et de témoigner de la foi qui est en nous. Même si nous n’en voyons pas les résultats, rien ne peut empêcher la Parole de Dieu de produire du fruit.
Que la Vierge Marie nous apprenne, par son exemple, à accueillir la Parole de Dieu, à la garder, et à la faire fructifier en nous et chez les autres.
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Sources : Revue signes, Feu Nouveau – La Parole de Dieu pour chaque jour de 2014 (V. Paglia) – Paroles pour la Route année A (Jean-Yves Garneau) – Guide Emmaüs des dimanches et fêtes – L’intelligence des Écritures (Marie Noëlle Thabut) – Lectures bibliques des dimanches (A. Vanhoye) – François, selon Saint Matthieu.
« Voici que le semeur est sorti pour semer. Comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin, […] d’autres sur le sol pierreux, […] d’autres dans les ronces, […] d’autres sur la bonne terre… » Une parabole magnifique sur la gratuité de la grâce divine !
À travers ce geste généreux du ‘semeur’, Jésus nous fait découvrir la générosité de Dieu et la prodigalité de sa bonté. À la différence d’un agriculteur avisé, sélectionnant le terrain à semer pour une meilleure récolte, Dieu répand sa grâce sur chacun de nous sans préjuger de l’accueil qui lui sera fait et sans considérer la qualité du milieu sur lequel ses bienfaits vont tomber. Telle une semence de vie, la Parole de Dieu est répandue en abondance. Libre à nous de bien l’accueillir et de la faire germer dans de bonnes conditions.
À l’image des terrains décrits dans la parabole, la grâce de Dieu est présente dans le cœur de chacun, même si nous n’en avons pas toujours conscience. Sa Parole est semée. Elle se fait entendre à l’intérieur de nous en diverses occasions et sous une variété de formes, pour nous conseiller, nous inspirer des solutions à nos problèmes, nous réconforter quand nous sommes accablés et nous réorienter quand nous sommes déconcertés.
Le prophète Isaïe compare la Parole de Dieu à la pluie qui abreuve la terre et la féconde. Elle fait germer ses bienfaits dans notre vie. « La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer, pour donner la semence au semeur et le pain à celui qui mange ; ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce que je veux, sans avoir accompli sa mission. » (Isaïe 55:10-11)
La grâce de Dieu est accordée à tous ! La Parole de Dieu est semée sur tout type de terrain, sans restriction. Mais si nous n’y prêtons pas attention, c’est comme un son qui passe. Elle n’aura aucune résonance dans notre vie. Comme toute semence, elle ne peut se développer qu’avec la complicité du terrain. Elle ne peut pas agir sans notre participation. Ses bienfaits dépendent de notre disponibilité pour se déployer. La concrétisation de l’action divine nécessite une implication active de notre part.
Et moi, quel genre de terrain suis-je ? Un terrain broussailleux étouffé par les besoins futiles ou le luxe éphémère ? Un terrain rocailleux rendant ma foi superficielle ? Un terrain en marge de toute vivacité religieuse ? Et même, si je suis une bonne terre, ne puis-je pas la travailler encore davantage pour bien accueillir la semence ?
En réalité, selon les moments favorables ou non, chacun de nous est comme l’un ou l’autre des terrains mentionnés dans la parabole. Plus ou moins accueillant à la ‘semence’, selon le temps et les circonstances. À certains moments, la Parole de Dieu vibre au plus profond de nous-mêmes. C’est l’émerveillement devant un texte ou un message. La ‘semence’ semble bien germer. Mais rapidement, quand l’ardeur retombe, nous sommes vite repris par la routine de la vie. Et à la première difficulté, tout partira comme un fétu de paille emporté par le vent, sans effet durable sur notre foi. Cependant, la ‘semence’ peut aussi prendre du temps pour montrer ses premières bourgeons. Ne nous étonnons pas de l’apparente lenteur du résultat. Si elle est bel et bien enfouie dans notre cœur, elle prospérera. Il faut du temps pour que la Parole de Dieu puisse s’implanter et agir en nous.
La Parole de Dieu est toujours là pour se faire entendre et résonner en nous. Elle ne s’impose pas. Elle fait appel à notre hospitalité pour germer. Ouvrons généreusement notre cœur pour l’accueillir et la faire croître en nous. « Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c’est l’homme qui entend la Parole et la comprend ; il porte du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. » (Mt 13:23)
Nguyễn Thế Cường Jacques