Homélie du 22ème dimanche du Temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 23 août 2020Nous ajuster à Dieu
Textes bibliques : Lire
Dans le livre du prophète Isaïe, nous lisons cette parole du Seigneur : “Mes pensées ne sont pas vos pensées”. C’est une manière de nous faire comprendre que nous avons sans cesse à nous ajuster à notre Dieu. Et nous voyons bien que ce n’est pas facile ; c’est ce qui se passe avec le prophète Jérémie (1ère lecture) : il est envoyé par Dieu pour appeler son peuple à la conversion. Mais il se trouve affronté à des gens qui ne veulent rien entendre. On le considère comme un trouble-fête car il n’arrête pas d’annoncer des catastrophes imminentes. Il se voit rejeté de tous et il crie son désespoir. Il voudrait échapper à Dieu mais celui-ci l’a séduit. C’est comme un feu qu’il ne peut contenir. Il ne peut se taire car la vérité de Dieu est plus forte que lui.
C’était il y a longtemps ; mais aujourd’hui, cela n’a guère changé. Nous vivons dans une société qui se laisse imprégner par la mentalité du monde. L’Évangile nous invite à aller à contre-courant. Aujourd’hui comme autrefois, le Seigneur ne cesse de nous envoyer des prophètes pour nous dire et nous redire : “Convertissez-vous, sinon vous courez à la catastrophe.” Or ces appels ne sont pas pris au sérieux. Ils sont souvent tournés en dérision. Mais rien ni personne ne peut empêcher la progression de la Parole de Dieu. C’est à cette parole que nous devons nous ajuster chaque jour et non aux idées du monde.
C’est exactement cet appel que nous lisons dans le témoignage de saint Paul (2ème lecture). Après avoir été un persécuteur des chrétiens, il a changé de cap. Il s’est ajusté à Jésus Christ. Et aujourd’hui, il nous invite à faire de même : “Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu.” C’est en progressant dans l’amour que nous trouvons la vraie joie. Dieu est amour. Sa joie est d’aimer et de se donner avec une absolue générosité.
Dans l’Évangile, nous voyons Pierre qui a du mal à s’ajuster à Jésus. Dimanche dernier nous l’avons entendu faire une belle profession de foi. Il proclamait : “Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant”. Jésus le proclamait “heureux”. Il lui a alors fait comprendre qu’il n’avait pas découvert cette vérité tout seul mais grâce à son Père du ciel. Mais il sait que ses disciples sont loin d’avoir tout compris. C’est pour cette raison qu’il leur impose le silence.
Aujourd’hui, nous comprenons mieux pourquoi. Jésus vient d’annoncer sa Passion, sa mort sur la croix et sa résurrection. Pour Pierre, c’est impensable. Il s’attendait à un Messie qui allait triompher avec puissance sur tous les obstacles. Comme les gens de son temps, il voyait en lui celui qui allait libérer son peuple de ses péchés et de l’occupation Romaine. Jésus résiste violemment à cette mentalité comme il le fit lors de la tentation au désert. Comme Pierre, nous risquons nous aussi de nous égarer en nous faisant une fausse idée de Jésus. C’est pour cela qu’il nous faut lire et relire les Évangiles chaque jour.
En ce jour, nous entendons, de la part de Jésus, une mise au point très ferme : “Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive.” Il ne s’agit plus pour les disciples de tracer leur route selon leurs propres désirs mais de marcher derrière Jésus. C’est lui qui nous montre le chemin pour nous conduire vers la vraie vie. Son amour va jusqu’à livrer son corps et verser son sang pour nous et pour la multitude. Le chemin qu’il nous montre n’est pas un chemin de facilité mais de renoncement et de don de soi.
Être disciple du Christ c’est donc prendre notre croix. Porter sa croix c’est accepter le risque de la fidélité, le risque d’être incompris, bafoué et ridiculisé. C’est accepter de donner la priorité au service des autres. Nous sommes loin des perspectives du monde qui met le “moi” au premier plan, le service des autres au deuxième et le service de Dieu en dernier (quand il est considéré). Celui qui choisit les perspectives de ce monde peut obtenir des avantages matériels immédiats. Mais à quoi ça sert si nous devons y perdre notre véritable vie, celle qui conduit à Dieu ?
Voilà ces textes bibliques qui nous provoquent à nous ajuster à Dieu et à son projet. C’est une conversion de tous les jours qui se sera possible que dans la méditation de l’évangile et la prière. Si nous le voulons bien, le Christ sera toujours là pour nous guider sur le chemin de la vie et nous accompagner dans notre lutte contre la tentation. Avec lui, les forces du mal n’auront jamais le dernier mot. Il en a été victorieux et il veut nous associer tous à sa victoire.
C’est pour mieux répondre à cet appel du Seigneur que nous nous réunissons chaque dimanche pour célébrer l’Eucharistie. C’est là que nous nous nourrissons de la Parole et du Corps du Christ. Grâce au don qu’il nous fait, nous apprenons à ne pas nous conformer au monde mais à lui et à son amour. En lui, nous entrons dans une vie féconde source de joie et de partage, source de paix et d’amour. La Vierge Marie nous précède sur ce chemin ; laissons-nous guider par elle.
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Sources : Revue Feu Nouveau – L’Intelligence des Écritures (MN Thabut) – Guide Emmaüs des dimanches et fêtes – commentaires du missel communautaire (Père André Rebré) – dossiers personnels.
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« Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. »
Encore une fois, les propos de Jésus nous surprennent par son aspect d’exigence. Son message d’aujourd’hui aura du mal à passer auprès d’un large public qui recherche le bien-être dans la vie. On a plutôt tendance à fuir tout ce qui nous dérange et à se protéger contre toute forme de souffrance. Or, dans ce passage de l’Évangile, Jésus nous parle de la croix à porter comme condition pour être son disciple ! Et nous comprenons fort bien que la réaction de Pierre était vive. Depuis presque trois ans, il avait souvent assisté à l’enthousiasme du peuple, à l’enchantement de la foule sur son enseignement et à la puissance de ses miracles. Lui-même avait éprouvé une joie intense à ses côtés. À présent, il refuse le destin tragique d’un Messie promis à la croix. « Dieu t’en garde, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas. »
‘Renoncer à soi-même et prendre sa croix !’ À nous aussi, cette Parole de Jésus semble nous ouvrir la perspective d’une vie de mortification. Un chemin de foi affligeant ! Le bonheur dans la Paix et l’Amour annoncé avec force par Jésus nous semble bien lointain. Devons-nous interpréter sa requête aujourd’hui comme un appel à la souffrance ? Or, la souffrance seule, hors de tout contexte, est absurde et révoltante. ‘Prendre sa croix’, qu’est-ce que cela veut dire au juste ? Sommes-nous obligés de passer par un tel chemin pour Le suivre ? Non seulement, nous devrions porter notre croix mais en plus de cela nous sommes priés de renoncer à nous-mêmes !… Mais, ne nous trompons pas sur le vrai sens du message de Jésus. ‘Prendre sa croix’, c’est tout simplement une invitation à Le suivre avec courage malgré les adversités et les affres de la vie. C’est un appel à entretenir toujours en nous le goût du Bonheur et à laisser Dieu occuper une place de choix dans notre vie. Jésus ne nous demande pas de nous infliger le mal-être ou d’éviter les petites joies de l’existence mais Il nous invite à faire des efforts nécessaires pour toujours garder notre cap vers le vrai Bonheur !
Par moment, les sacrifices nous seront nécessaires pour rester fidèle à notre idéal. Un choix difficile entre devoir et frivolité. L’altruisme implique souvent un certain renoncement. Être chrétien, ce n’est pas prendre la voie de la facilité. Pour cela, il faut y mettre le prix. C’était en effet le destin du prophète Jérémie ! Rien ne le prédestinait à être le porte-parole de Dieu. Prévoyant les difficultés à affronter, il a essayé de refuser la mission que Dieu lui a confiée. Mais envers et contre tout, il lui a fallu transmettre les messages de Dieu à son peuple. Dieu est entré violemment dans sa vie. « Seigneur, tu as voulu me séduire, et je me suis laissé séduire ; tu m’as fait subir ta puissance, et tu l’as emporté. » Comme Jérémie, suivre le Christ bousculera notre façon de vivre.
‘Prendre sa croix et renoncer à soi-même’, c’est donc oser aller au delà de nous-mêmes afin de percevoir l’étendue de l’horizon qui s’ouvre à nous et qui nous dépasse. C’est voir la vie autrement, la regarder et l’apprécier avec les yeux de Dieu. Ainsi, ‘renoncer à soi-même’ ne signifie pas se renier, mais se laisser séduire par l’idéal que le Christ a réveillé en nous. C’est se donner de la peine pour apporter le Bonheur au monde. Cet état d’esprit demande une profonde transformation de nous-mêmes. C’est ce que saint Paul nous exhorte dans sa lettre aux Romains : « Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait. » (Rm 12:2)
« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. » (Mt 11:28) Cette parole du Christ reste toujours d’actualité. En ouvrant son cœur, Jésus nous touche au plus profond de nous-mêmes. Restons à ses côtés quoi qu’il arrive !
Nguyễn Thế Cường Jacques
Merci pour votre fidélité
Chaque jour, sans exception, je médite l’Evangile EAQ. Une fois par semaine j’écoute l’Evangile selon saint Jean sur Internet. Et j’attends toujours l’homélie du Père Jean et le commentaire de Jacques avec impatience.
Je suis très heureuse de retrouver soeur Claire.
Comme le dit si bien Jacques, restons toujours près de Jésus quoi qu’il arrive ; pour ce qui me concerne, soit j’adore le Seigneur soit je lui en veux mais cela ne dure pas longtemps !
Bonne semaine à tous et que Dieu vous bénisse.
Grande est ma joie de vous voir toujours fidèles. En effet, c’est depuis Mars 2020, c’est seulement demain 30 Août que nous allons ouvrir les portes de notre paroisse. Je vous remercie de nous avoir gardés prêts de l’évangile pendant 5 mois durant.
Restez bénis.