Homélie du 26ème dimanche du Temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 20 septembre 2020Travailler à la vigne du Seigneur
Textes bibliques : : lire
Les textes bibliques de ce dimanche dénoncent les incohérences qui peuvent exister dans nos jugements. C’est ce qui se passait au temps d’Ézéchiel (1ère lecture). Le prophète s’adresse à un peuple déporté loin de sa terre natale. La nation juive a été disséminée en terre païenne. Beaucoup pensent que c’est à cause des fautes des générations précédentes qu’ils subissent une telle catastrophe. Le prophète réagit contre cette mentalité : il rappelle à chacun ses responsabilités ; c’est également important pour nous : nous sommes tous appelés à réorienter notre vie vers le Seigneur et à le suivre.
Dans la seconde lecture, saint Paul nous donne des précisions sur ce que doit être cette conversion. Il nous parle de vie fraternelle, d’humilité et même d’abaissement. Notre modèle doit être le Christ. Il a accepté la mort par amour de ses frères. C’est cette attitude qui lui a valu de triompher. Et c’est à ce triomphe sur la mort et le péché qu’il veut tous nous associer. Avoir les mêmes sentiments que lui, c’est être tout entier orienté vers le salut et la vie des hommes.
Dans l’Évangile, Jésus nous nous raconte la parabole des deux fils qui sont envoyés par leur père pour travailler à sa vigne. Ces enfants qui disent oui mais ne font rien, nous en connaissons tous. Quand on leur demande de faire quelque chose, ils savent dire un oui convaincant, mais une heure plus tard, on les retrouve devant leur télévision ou plongés ou leur téléphone portable sans avoir bougé le petit doigt. À travers ce constat, Jésus nous interpelle sur notre vie : “vous avez de belles paroles mais vous ne faites pas ce que Dieu attend de vous. Votre vie n’est pas en accord avec ce que vous prétendez être. Vous croyez être parfaits, mais vous n’êtes pas convertis.
Au même moment, nous avons des mal-croyants notoires, des gens de mauvaise vie, voleurs et tricheurs, des femmes qu’on disait perdues : les uns et les autres étaient considérés comme irrécupérables. Or voilà qu’ils accueillent l’annonce du Salut : ils se convertissent et changent de vie. Leur “non” est devenu un “oui” parce qu’ils ont cru à l’amour de Dieu qui les ouvrait à un avenir nouveau.
Ce que Jésus dénonce, c’est l’orgueil et aussi le mépris à l’égard du pécheur. Ce dernier est enfoncé dans son passé et sa mauvaise réputation. On ne lui laisse aucune chance, mais Dieu n’est pas ainsi. Comme nous l’a rappelé le prophète Ézéchiel, le juste peut se pervertir et le méchant se convertir. Jésus voit ce qu’il y a dans le cœur de chacun. Il accueille le pécheur qui revient à Dieu. Les publicains et les prostituées avaient commencé par dire non à cet appel. Mais ils se sont convertis. Ils ont accueilli celui qui, seul, pouvait donner un sens à leur existence. Cette rencontre avec Dieu a complètement changé leur vie. Tout au long des évangiles, nous découvrons que les grands témoins de la foi sont des pécheurs pardonnés.
Au-delà des grands prêtres et des anciens, Jésus s’adresse aussi à chacun de nous ; c’est à nous qu’il pose la question : “Lequel des deux a fait la volonté du Père ?” La réponse nous appartient mais il ne faut pas oublier d’en tirer les conséquences : nous ne pouvons pas nous contenter de bons sentiments, de superbes résolutions, d’ardentes prières… il en faut bien sûr, mais si les actes ne suivent pas, nous ne sommes pas convertis. Une simple visite à un malade compte plus qu’un beau discours sur la maladie ; un pardon donné a plus de poids qu’une dissertation sur la paix.
En ce jour, nous entendons la Parole du Père : “Mon fils, va travailler aujourd’hui à ma vigne !” Cette vigne c’est le Royaume de Dieu, Royaume d’amour, de justice et de paix. C’est là que Dieu veut rassembler tous les hommes, y compris ceux qui sont loin de lui.
Travailler à la Vigne du Seigneur, c’est participer à cette œuvre de rassemblement, c’est témoigner de la foi et de l’espérance qui nous habitent. Nous sommes tous envoyés dans ce monde pour y être des messagers de l’Évangile. C’est à notre amour que ns serons reconnus comme disciples du Christ.
Nous allons célébrer ensemble cette Eucharistie : qu’elle soit pour chacun de nous le lieu du repentir qui précède un engagement plus vrai dans la vigne du Seigneur.
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Sources : revues liturgiques – “Ta Parole est ma joie” (Joseph Proux).
« Quel est votre avis ? Un homme avait deux fils… »
Voilà une parabole qui touche en plein cœur de notre vie quotidienne. Une épisode courante dans la réalité familiale, entre parents et enfants. À la demande d’un service, il y en a qui commencent par dire ‘non’, mais par la suite, rongés par le remord, accomplissent le travail requis. D’autres se contentent tout simplement de belles paroles !…
En société, l’un des reproches les plus sévères que l’on puisse faire à quelqu’un c’est de dire qu’il est riche en paroles mais pauvre en actions ! En somme, un ‘beau parleur’ en qui on ne peut avoir confiance ! Sa parole donnée cesse d’être fiable… ‘Le bavardage est l’écume de l’eau, l’action est une goutte d’or.’ (Proverbe tibétain) La valeur d’une personne ne se mesure pas à la valeur de ses mots mais plutôt à celle de ses actes. Et cette attitude n’est pas rare dans notre vie de foi. Il y en a ceux qui proclament haut et fort la Parole de Dieu sans la réaliser et d’autres la pratiquent au jour le jour sans jamais claironner !
De quel côté suis-je ? Celui qui s’empresse de dire ‘oui’ à l’appel de Dieu ou à une sollicitation de service, mais, au moindre empêchement, n’a pas le courage de concrétiser sa promesse ? Ou celui qui, dans un premier temps, hésite ou dit franchement ‘non’ mais, après réflexion, rectifie sa conduite pour emboîter au plus près le pas du Christ ? Celui qui agit ou celui qui se campe dans la velléité ? Sans doute les deux ! Cela dépend des jours…
Nous avons tous nos moments de générosité et de faiblesse. Des instants de lumière où nous sommes prêts à faire de grandes promesses, mais avec le temps qui use, nous reprenons vite nos vieilles habitudes. Sans la pratique religieuse, un chrétien ne l’est que de nom. La foi sans action concrète est une foi morte. Saint Jacques insiste : « Mes frères, si quelqu’un prétend avoir la foi, sans la mettre en œuvre, à quoi cela sert-il ? Sa foi peut-elle le sauver ? […] Ainsi donc, la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte. » (Jac 2:14,17) C’est dans la pratique de l’altruisme et de la charité que la foi révèle son meilleur visage.
Jésus a sévèrement reproché aux pharisiens leurs belles paroles sans les actes : « Ils disent mais ne font pas. » (Mt 23:3) Il nous met en garde : « Ce ne sont pas ceux qui disent ‘Seigneur, Seigneur’ qui entreront dans le Royaume des cieux, mais ceux qui font la volonté de mon Père » (Mt 7:21) Parler, même bien parler, ne suffit pas. Pour Jésus, l’essentiel, c’est de mettre en pratique sa foi, ses convictions… Le monde a davantage besoin de partenaires zélés qui savent prendre l’initiative que des gens à la parole facile. Ainsi, on juge quelqu’un sur ce qu’il fait et non pas sur ses bonnes intentions. ‘Un acte vaut mieux que mille discours.’ La seule bonne volonté ne suffit pas, il faut passer à l’action. Le zèle qui ne dépasse pas l’étape de démarrage ne peut pas faire bouger les choses. Bienheureux Frédéric Ozanam remarque : ‘Il y a beaucoup de bonnes intentions, beaucoup d’inspirations généreuses, peu de résolutions, encore moins de persévérance.’ Oser le changement, c’est bien mais surtout il faut décider d’entrer en action ! Le moment parfait pour entreprendre n’existent pas… Les conditions idéales pour agir n’arrivent que très rarement ! Alors, ne passons pas tout notre temps à planifier. Osons sortir de notre zone de confort, de nos habitudes, de notre façon de penser pour nous ouvrir davantage au monde. Osons partager les belles initiatives et nous mettre à l’action ! Le plus difficile à faire c’est le tout premier pas ! Il y a ceux qui parlent et ceux qui agissent… Dans quelle catégorie sommes-nous ?
« Mon enfant, va travailler aujourd’hui à ma vigne. » Cette invitation nous laisse les mains libres mais en même temps nous rend responsables. Notre réponse est souvent hésitante, comme celle de ces deux fils. Mais ce qui compte, ce n’est pas d’avoir dit ‘non’ un jour, mais c’est notre capacité à nous changer pour repartir du bon pied. Ne restons pas emprisonnés par nos propres refus. Soyons actifs, bâtissons notre foi sur des actions tangibles et dynamiques. Saint Paul nous exhorte : « Ce ne sont pas ceux qui écoutent la parole de Dieu qui sont justifiés, mais ceux qui mettent cette parole en pratique » (Rm 2:13)
Nguyễn Thế Cường Jacques
J’ai reçu Chantal et André samedi et nous avons beaucoup parlé de la Foi en général. Cela m’a fait le plus grand bien. Je n’agis pas du tout mais je fais de mon mieux là où je me trouve
À la semaine prochaine.