Tous les saints
Abbé Jean Compazieu | 25 octobre 2020L’immense cortège de tous les saints
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En ce jour de Toussaint, beaucoup ont choisi de revenir vers leur paroisse d’origine. Ce qui les motive, c’est le souvenir de leurs défunts. Nous sommes comme ces femmes qui se sont rendues au tombeau du Christ pour lui rendre un dernier hommage. Mais comme elles, nous devons entendre cette parole qui leur a été adressée : “Ne cherchez pas parmi les morts Celui qui est vivant.” Et nous n’oublions pas cette autre parole du Christ : “Dieu n’est pas le Dieu des morts mais des vivants.
C’est cette bonne nouvelle que nous avons entendue dans la première lecture. Ce texte extrait du livre de l’Apocalypse a été écrit pour des chrétiens qui vivent sous la menace perpétuelle de la persécution. Pour des raisons de sécurité, il est écrit dans un langage codé que seuls les initiés peuvent comprendre. Son but est de réveiller leur espérance : “On vous persécute, on vous élimine, mais ne perdez pas courage. Les forces du mal ne peuvent rien contre vous. Elles sont déjà vaincues. Les vrais vainqueurs, c’est vous, à l’image du Christ lui-même.
L’Apocalypse nous annonce la victoire de Dieu et de son Christ sur les forces du mal, même les plus terrifiantes. Saint Jean nous parle d’une “foule immense que nul ne pouvait dénombrer”. Il nous montre tous ces gens qui ont été introduits auprès du trône de Dieu, la palme de la victoire à la main. Tous les saints que nous fêtons en ce jour sont des hommes, des femmes et des enfants comme nous. Ils ont cru que l’amour était plus fort que tout. Leur victoire est déjà la nôtre. Nous attendons le triomphe définitif du Christ sur les forces du mal.
Cet amour de Dieu pour chacun de nous, c’est quelque chose d’extraordinaire. C’est saint Jean qui nous le dit dans la deuxième lecture. Dieu “a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu et nous le sommes”. Mais la sainteté n’est pas quelque chose que nous pouvons acquérir par nos seules forces ni en accomplissant des performances spirituelles ; c’est Dieu qui nous la communique, même à nous pauvres pécheurs. Ce qui nous est simplement demandé, c’est d’avoir les mains et le cœur ouverts pour accueillir cet amour qui est en Dieu. C’est ainsi que nous pourrons vivre notre condition de fils. Nous vivons des situations difficiles, mais si nous nous attachons au Christ, rien ne peut nous séparer de son amour.
L’Évangile est un appel à la joie et à la sainteté, ce qui est la même chose. Il nous annonce que les larmes, les pleurs, les injustices disparaissent dans le Royaume de Dieu. Les béatitudes nous annoncent la venue prochaine de ce Royaume. Elles nous montrent le chemin du vrai bonheur. Ce chemin, c’est le refus de la violence, la soif de justice, de miséricorde. Jésus nous indique ce chemin : il est lui-même le pauvre de cœur, assoiffé de justice, miséricordieux, artisan de paix. Ce chemin qu’il nous montre peut paraître rude. Mais le Christ est toujours là pour nous accompagner et nous aider à tenir bon.
Cette fête nous rappelle une fois de plus que nous sommes tous appelés à devenir des saints. La tentation est grande de dire que “ce n’est pas pour moi pauvre pécheur”. Il faut le dire et le redire, elle est pour chacun de nous ; au ciel, il n’y a que des saints et des saintes. Certains ont été de grands pécheurs, mais ils ont accueilli le pardon de Dieu : pensons à Pierre qui avait renié le Christ, Paul qui avait persécuté les chrétiens, saint Augustin qui avait passé toute une partie de sa vie dans la débauche… Leur rencontre avec le Christ a complètement bouleversé leur vie. C’est ce qu’il veut aussi pour chacun de nous : il est capable de venir nous chercher très loin et très bas.
Nous serons appelés à aller à contre-courant de la mentalité du monde et de toutes les propagandes contraires à la mentalité de l’évangile. Mais nous ne sommes pas seuls : Le Seigneur nous assure de sa présence chaque jour jusqu’à la fin du monde. Marie, la reine des saints est là pour nous ramener au chemin des béatitudes. J’ai lu quelque part que la Toussaint c’est la “séance de rattrapage”. Elle nous annonce la destinée glorieuse de tous les membres du Peuple de Dieu, non pas les purs mais les pécheurs sauvés, les pécheurs que Dieu veut combler de sa sainteté à lui.
En union avec la foule immense de tous les saints du ciel et avec tous les chrétiens du monde entier, nous chantons notre action de grâce Seigneur. Et nous demandons au Seigneur de nous aider à faire de toute notre vie une marche vers ce Royaume qu’il nous a préparé pour tous ceux qui acceptent de le suivre.
Sources : Revues liturgiques, L’intelligence des Écritures, Lectures bibliques des dimanches année A (Albert Vanhoye), l’Évangile au Présent (Denis Sonet)
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2 novembre : Journée de prière pour les défunts
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La fête de la Toussaint vient comme l’aboutissement d’un cheminement. Aujourd’hui, nous célébrons tous les Saints et demain ce sera la commémoration des défunts. Les deux cérémonies évoquent la lente traversée de l’homme vers son lieu originel. Le parcours d’une vie. Un trajet plein de péripéties vers la vraie Vie ! Un enchevêtrement d’incidents, petits et grands, prévisibles et imprévisibles, heureux et insensés… Ainsi va la vie !
Les saints et nos chers défunts nous ont précédé. Ils ont marqué notre existence. Les uns et les autres nous ont transmis, chacun à leur manière, les expériences de la vie, leur pratique personnelle du beau message de l’Évangile. Cette multitude d’hommes et de femmes que nous fêtons aujourd’hui n’étaient pas fondamentalement différents de ce que nous sommes. Ils n’étaient pas infiniment meilleurs. Ils ne vivaient pas une sainteté inaccessible. Ils nous ont transmis, chacun à leur manière, leurs meilleures expériences de la vie et leur pratique personnelle du beau message de l’Évangile. Tous ont vécu les Béatitudes transmises par le Christ, bien souvent sans même en avoir conscience. Et pour eux, Dieu a accompli ses promesses de Bonheur. C’est l’occasion de nous rappeler que tous sont appelés à la sainteté.
« Heureux ! » Voilà ce que Jésus proclame à plusieurs reprises dans l’Évangile d’aujourd’hui. Il déclare ‘heureux’ ceux qu’on considérerait plutôt comme malheureux. Nous sommes intrigués par cette alternance de bonheur et de souffrance, qui, par son caractère paradoxal, prend à contre-pied notre perception normale des choses. Pas très clair dans notre esprit… Les Béatitudes sont comme les rayons aveuglants du soleil, elles nous éblouissent. Elles nous séduisent autant qu’elles nous déroutent. Elles vont à contre-sens de notre soif de jouissance ! Les Béatitudes seraient-elles l’éloge de la faiblesse, de la pauvreté, voire de la misère et des situations de mépris ? Qu’est-ce qu’elles nous disent donc ?
Ah ! Le bonheur, le vrai, c’est le rêve de tout être humain ! Mais on le confond souvent avec un état de satisfaction et de réussite sociale. On l’associe à la possession et au pouvoir. Des fois, on croit le saisir alors qu’en réalité ce n’est qu’une illusion éphémère. Cette façon de rechercher les jouissances devient alors un vaste terrain d’âpres compétitions. Pour aller au bout de leurs désirs, beaucoup n’hésitent pas à employer des moyens les plus téméraires au risque d’utiliser la violence et l’injustice. Sont-ils heureux pour autant avec une tache sur la conscience ? Face à un monde axé sur le gain et la puissance, le message des Béatitudes va à contre-sens de cette ‘lutte pour la vie’, Jésus nous invite à rechercher un Bonheur durable.
Le bonheur à la manière de Jésus, c’est dans l’altruisme ! « Heureux êtes-vous ! » Jésus nous invite à aborder la vie sous un autre angle qu’en fonction des intérêts personnels et à rendre service sans rien attendre en retour. Les Béatitudes n’excluent donc pas l’abnégation de soi et la privation pour le bonheur des autres. Un dévouement désintéressé à l’égard des personnes les plus vulnérables. Cette joie résulte d’un état d’harmonie avec Dieu, avec les autres et avec soi-même. Une invitation à un bonheur simple, à la portée de tous.
‘Heureux’ ceux dont la générosité fait oublier leur propre besoin. ‘Heureux’ ceux qui sont aimables et attentionnés. ‘Heureux’ ceux qui découvrent leur force au cœur même de leurs fragilités. ‘Heureux’ ceux qui ne sont pas encombrés d’eux-mêmes. ‘Heureux’ ceux pour qui l’Amour sera leur seul bagage pour un pèlerinage dont le cap serait l’éternité.
C’est cette ouverture de cœur qui crée un réel bonheur en compagnie de tous ceux qui nous entourent. Les Béatitudes nous montrent la voie à suivre pour faire régner la paix et la justice, même au prix des sacrifices consentis. Il est vrai que quelque fois c’est un chemin inconfortable et exigeant qui nous pousse à sortir de nous-mêmes et à être humbles mais c’est de loin le plus efficace pour instaurer l’harmonie et la paix entre nous. C’est une petite voie qui va à contre-sens des tapages qui promettent le bonheur par la consommation, qui valorise la fortune et le pouvoir. C’est cette voie de l’Amour nous rapproche de Dieu.
« Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! » (Mt 25:34-36)
Nguyễn Thế Cường Jacques
Dieu n’est pas le DIEU des morts mais des VIVANTS (père Jean)
Le bonheur à la, manière de Jésus c’est dans l’altruisme (Jacques)
Merci bien, Compazieu. Vos méditations nous aident beaucoup à bien nous préparer pour le dimanche.